Joseph Doucé

Biographie
Naissance	13 avril 1945 Saint-Trond
Décès	19 juillet 1990 (à 45 ans) Bullion
Nationalités	française (à partir de 1982) belge
Activités	Psychologue, pasteur

Joseph Doucé, né le 13 février 1945 à Saint-Trond en Belgique et mort probablement le 19 juillet 1990 dans la forêt de Rambouillet, est un pasteur baptiste (excommunié) belge, diplômé en psychologie-sexologie à l'université protestante d'Amsterdam, naturalisé français en 1982.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né dans une famille paysanne néerlandophone, après avoir servi comme volontaire dans une division de l'OTAN à Limoges (où il reçoit le grade de caporal), il fait des études dans un séminaire catholique en Belgique^[1]. Juste après ses années de Latin et Humanités, il est accepté dans l'Europa Seminär Stenonius à Maastricht en 1965, une institution placée sous la houlette de l'évêché catholique de Roermond, avec des élèves de différentes provenances : Malte, Espagne, Belgique, Hollande, États-Unis , etc. L'année suivante, il se convertit au protestantisme baptiste^[1]. Il fonde le 10 octobre 1976^[1] le Centre du Christ Libérateur (CCL) à Paris où il réside depuis 1964^[2]. Ce Centre du Christ Libérateur est un espace d'accueil et de parole pour les croyants appartenant aux minorités sexuelles et de genre : homosexuels, transgenres^[3], sado-masochistes et pour des pervers sexuels ou les pédophiles. Naturalisé français en 1982^[1], il crée une maison d'édition 3 rue Clairaut, Lumière et Justice, qui publie sous sa direction les ouvrages collectifs La question transsexuelle (1986), Couples homosexuels et lesbiens : juridique et quotidien (1987), La pédophilie en question (1988) dans lequel, selon Guillaume Perrodeau, « il développe des thèses scabreuses et explique vouloir dépénaliser la pédophilie^[4] », et Le sadomasochisme en question (1989). Doucé gère également les abonnements du magazine Gaie France ; revue de pornographie d’adolescents dirigé par le néonazi Michel Caignet^[5]. En mars 1990 Claude Bardon, directeur des RG parisiens, ordonne la surveillance de Joseph Doucé, soupçonné d'animer un réseau de pédophilie depuis sa librairie^[6]. L'ex-pasteur accueille en effet des groupes de parole pédophiles le dimanche soir^[4].

Son assassinat[modifier | modifier le code]

Joseph Doucé est assassiné dans des circonstances non élucidées. Le 19 juillet 1990, peu avant 21 heures, deux hommes se présentant comme policiers, sonnent à son domicile, rue Clairaut, et le somment de les suivre. Vingt-quatre heures plus tard, inquiet, son concubin, Guy Bondar, alerte la police et quatre jours plus tard, porte plainte pour enlèvement et séquestration arbitraire. Le pasteur est retrouvé mort dans la forêt de Rambouillet le 24 octobre de la même année. L'autopsie suggère qu'il a pu être étranglé peu après sa disparition^[7].

Cet assassinat mystérieux a donné lieu à de nombreuses rumeurs^[8]. Selon le livre de Bernard Violet Mort d'un pasteur^[9], Joseph Doucé fréquentait des patrons de revues pédophiles. Il était, selon son compagnon, surveillé par la sous-direction des Renseignements Généraux de la Préfecture de Police de Paris (RGPP). L'inspecteur des RGPP chargé de sa surveillance (Jean-Marc Dufourg, chef de groupe à la cellule des RG des GER, Groupe des enquêtes réservées) est interrogé par la police car soupçonné du meurtre ; il prend pour avocat Jacques Vergès. L'enquête ne permet pas de l'impliquer mais il est révoqué en 1991 pour une autre affaire^[10]. Il est condamné le 24 février 1998, en correctionnelle, pour « faux en écritures privées et usage » (à cause de ses rapports mensongers et antidatés sur la surveillance du pasteur), à huit mois de prison avec sursis, une amende de 20 000 francs, et 20 000 francs de dommages et intérêts pour Guy Bondar. Il fait appel et est relaxé le 16 décembre 1998 par la cour d'appel de Paris^[11]. L'enquête est close sur le plan judiciaire depuis le 24 octobre 2007, lorsque le juge Marc Trévidic signe une ordonnance de non-lieu^[12].

L'activité du CCL est repris par la pasteure Caroline Blanco, jusqu'à son décès en 2010^[13]^,^[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

↑ ^{a b c et d} La question transsexuelle, Lumière & justice, 1986, p. 256.
↑ Christian Colombani, « Une union d'" amitié homosexuelle " a été célébrée dans un temple à Paris », Le Monde,‎ 15 décembre 1979 (lire en ligne, consulté le 10 juillet 2023)
↑ Hommage à Joseph Doucé sur un syndromedebenjamin.free.fr.
↑ ^{a et b} Christophe Hondelatte, « L'étrange disparition du pasteur Doucé : "Il y a peu de chances que l’on connaisse un jour la vérité" », sur europe1.fr, 14 janvier 2019.
↑ Michaël Prazan, « Barbarie et antijudaïsme. Du massacre de Lod aux connexions pornographiques », Pardès, n^o 38,‎ 2005, p. 49 à 64 (DOI 10.3917/parde.038.0049).
↑ Gaetner Gilles, « Le pasteur victime des brebis galeuses », sur lexpress.fr, 4 avril 1996.
↑ Jérôme Pierrat, Grandes énigmes de la police, First Éditions, 2010, p. 142.
↑ « L'enquête sulfureuse de Bernard Violet sur l'assassinat du pasteur Doucé » Article de Rémi Darne publié le 18 mai 1994 dans L'Humanité
↑ Mort d'un pasteur Bernard Violet ed. Fayard
↑ La disparition du pasteur Doucé, documentaire diffusé le 27 février 2005 dans l'émission Faites entrer l'accusé sur France 2.
↑ Gilbert Abas, Les coups tordus des services secrets français, Companyëtquen Editions, 2014, p. 200.
↑ Fabrice Arfi, La République sur écoute, Don Quichotte, 2015, p. 89.
↑ Arnaud Alessandrin, Sociologie des transidentités, Paris, Le Cavalier bleu, 2018, 136 p. (ISBN 979-1-031-80279-4, lire en ligne), « Les mouvements trans ».
↑ Claude Besson, Homosexuels catholiques, sortir de l'impasse, Ivry-sur-Seine, Éditions de l'Atelier, 2012, 143 p. (ISBN 978-2-7082-4201-2, lire en ligne), p. 137.

Articles de presse[modifier | modifier le code]

« L'affaire Doucé resurgit » Article de Gilles Gaetner publié le 31 juillet 1997 dans L'Express.
« RG: Les clés d'un livre à clés », article publié le 11 mai 1991 dans L'Idiot international.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Collectif, sous la direction du pasteur Doucé :
- La question transsexuelle, Lumière & Justice, 1986.
- Couples homosexuels et lesbiens : juridique et quotidien, Lumière & Justice, 1987.
- La pédophilie en question, Lumière & Justice, 1988.
- Le sadomasochisme en question, Lumière & Justice, 1989.
Françoise d'Eaubonne, Le Scandale d'une disparition, vie et œuvre du pasteur Doucé,éditions du libre arbitre, 1990.
Jean-Marc Dufourg, Section manipulation : De l'antiterrorisme à l'affaire Doucé, Michel Lafon, 1991.
A. Toet e.a., Voor alles pastor, de zorg van Joseph Doucé voor sexuele minderheden, Aalsmeer 1993.
Bernard Violet, Mort d'un pasteur, l'affaire Doucé, Fayard, 1994.
Maxime Foerster, Histoire des transsexuels en France, essai H&O, 2006.

Documentaire télévisé[modifier | modifier le code]

Faites entrer l'accusé, présenté par Christophe Hondelatte, le 27 février 2005, « La disparition du pasteur Doucé », sur France 2.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notices d'autorité :
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- Belgique
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Biographie du pasteur Doucé sur un site consacré aux affaires criminelles.

[question-1] {a b c et d} La question transsexuelle, Lumière & justice, 1986, p. 256.

[2] Christian Colombani, « Une union d'" amitié homosexuelle " a été célébrée dans un temple à Paris », Le Monde,‎ 15 décembre 1979 (lire en ligne, consulté le 10 juillet 2023)

[3] Hommage à Joseph Doucé sur un syndromedebenjamin.free.fr.

[europe1-4] {a et b} Christophe Hondelatte, « L'étrange disparition du pasteur Doucé : "Il y a peu de chances que l’on connaisse un jour la vérité" », sur europe1.fr, 14 janvier 2019.

[5] Michaël Prazan, « Barbarie et antijudaïsme. Du massacre de Lod aux connexions pornographiques », Pardès, n^o 38,‎ 2005, p. 49 à 64 (DOI 10.3917/parde.038.0049).

[6] Gaetner Gilles, « Le pasteur victime des brebis galeuses », sur lexpress.fr, 4 avril 1996.

[7] Jérôme Pierrat, Grandes énigmes de la police, First Éditions, 2010, p. 142.

[8] « L'enquête sulfureuse de Bernard Violet sur l'assassinat du pasteur Doucé » Article de Rémi Darne publié le 18 mai 1994 dans L'Humanité

[9] Mort d'un pasteur Bernard Violet ed. Fayard

[10] La disparition du pasteur Doucé, documentaire diffusé le 27 février 2005 dans l'émission Faites entrer l'accusé sur France 2.

[11] Gilbert Abas, Les coups tordus des services secrets français, Companyëtquen Editions, 2014, p. 200.

[12] Fabrice Arfi, La République sur écoute, Don Quichotte, 2015, p. 89.

[13] Arnaud Alessandrin, Sociologie des transidentités, Paris, Le Cavalier bleu, 2018, 136 p. (ISBN 979-1-031-80279-4, lire en ligne), « Les mouvements trans ».

[14] Claude Besson, Homosexuels catholiques, sortir de l'impasse, Ivry-sur-Seine, Éditions de l'Atelier, 2012, 143 p. (ISBN 978-2-7082-4201-2, lire en ligne), p. 137.

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