John Allen Giles

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John Allen Giles
John Allen Giles peint par Charles J. Grant.
Fonction
Prêtre anglican
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Enfant

Le pasteur John Allen Giles (né à Southwick House, paroisse de Mark, dans le Somerset, le , mort en ) est un historien britannique, professeur de Corpus Christi College à Oxford[1], spécialiste des écrits anglo-frisons et de l'histoire. Il a remanié la traduction par Stevens de la Chronique anglo-saxonne et retraduit en anglais moderne l’Histoire ecclésiastique du peuple anglais de Bède le vénérable.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils de William Giles et de Sophia Giles-Allen, il est admis à l’âge de seize ans à Charterhouse School comme écolier du Somerset. Ses résultats à Charterhouse lui valent une bourse du Diocèse de Bath et Wells pour étudier à Corpus Christi College (Oxford), où il est admis le . Il est successivement licencié ès Arts (1829), Maître ès Arts (1831), boursier Vinerien et Docteur en droit en 1838. Il est élu fellow de Corpus Christi le [2].

Giles aurait voulu devenir avocat, mais sa mère le convaint d’opter pour la prêtrise, et il devient vicaire anglican de Cossington. L’année suivante il renonce à sa fellowship d’Oxford et se marie. En 1834, il est nommé proviseur de la Camberwell College School, puis le de la City of London School. Mais par suite de spéculations immobilières hasardeuses, ce dernier établissement commence à péricliter financièrement, et il démissionne le , passant la main à George Ferris Whidborne Mortimer. Il se retire dans sa résidence de Bagshot, où il alterne cours particuliers et écriture d’essais critiques[2].

Quelques années plus tard, Giles devient curé de Bampton (Oxfordshire), sans toutefois modifier ses activités antérieures. C'est ainsi qu'en 1854 il publie un essai intitulé Christian Records, où il remet en cause la datation traditionnelle et l’authenticité des livres du Nouveau Testament. L’évêque d'Oxford Samuel Wilberforce le conjure de renier son livre et de rompre avec son coauteur, sous peine de perdre le bénéfice de sa cure. Il s'ensuit une correspondance entre les deux prélats, qui est d'ailleurs publiée, au terme de laquelle Giles vient à résipiscence[2].

Le Giles doit comparaître devant la cour d'assises d’Oxford, présidée par Lord Campbell, pour avoir enregistré dans les registres de Bampton un mariage à la date du , qu’il a en réalité célébré le 5 du mois, et avec cela en dehors des heures canoniques (vers 6 du matin) ; d'avoir en outre menti sur la régularité des bans et d'avoir imité la signature d'un témoin qui dément avoir assisté à la cérémonie. Il plaide non coupable, mais il apparait clairement au cours des débats que le prêtre a enfreint la loi pour cacher la maternité de l'une de ses domestiques, enceinte des œuvres d'un apprenti cordonnier du nom de Richard Pratt. Le patron de Pratt, membre de la paroisse tenue par Giles, est le plaignant. Giles ne parle qu'en son nom propre, et se présente comme l'auteur de plus d'une centaine de livres et l'évêque d'Oxford prend sa défense ; il est condamné, mais avec circonstances atténuantes. Lord Campbell le condamne à un an de détention. Il est incarcéré au château d'Oxford, mais libéré trois mois plus tard, le , par grâce royale[2].

Trois ans plus tard, Giles se voit confier une nouvelle cure à Perivale, dans le Middlesex, et 5 ans plus tard devient curé de Harmondsworth, près de Slough. À la fin de 1860, il démissionne et se retire non loin de là, à Cranford, où il reprend ses cours particulier, puis déménage pour Ealing. Il ne reprend ses fonctions ecclésiastiques qu'en 1867 à Sutton (Surrey), paroisse dont il s'occupe encore 17 ans, jusqu'à sa mort survenue le [2].

Œuvres[modifier | modifier le code]

La plupart des essais de Giles ont été composés à la hâte, pour fournir les librairies scolaires. Son recueil des Scriptores Græci minores date de 1831, sa grammaire latine en est à sa troisième édition en 1833, et son lexique du grec ancien parut en 1839[2].

De 1837 à 1843, Giles dirige la collection des Patres Ecclesiæ Anglicanæ en 34 volumes, où l'on trouve les écrits d'Aldhelm, de Bède le vénérable, de saint Boniface, de Lanfranc, de Thomas Becket, de Jean de Salisbury, de Pierre de Blois, de Gilbert Foliot etc. Il retraduit sur les originaux l’Historia Regum Britanniae de Geoffrey of Monmouth (1842[3]), qui comporte en outre le texte des Prophéties de Merlin[4]. Il coordonne la rédaction de plusieurs volumes de la Caxton Society, essentiellement entre 1845 et 1854 : Anecdota Bædæ et aliorum, Benedictus Abbas, de Vita S. Thomæ, Chron. Angliæ Petroburgense, La révolte du Conte de Warwick et Vitæ quorundam Anglo-Saxonum. Son recueil des Scriptores rerum gestarum Willelmi Conquestoris[2] parait en 1845.

Giles traduit pour Bohn's Antiquarian Library un recueil de Matthieu Paris (1847), l’Histoire ecclésiastique du peuple anglais de Bède le vénérable, et la Chronique anglo-saxonne, (1849) etc. Sa « Vie de Thomas Becket[5] » (1845), est traduite en français sous le titre « Saint Thomas Becket, sa vie et ses lettres » (1858) ; il compose History of the Ancient Britons (2 vol, 1847), La vie d'Alfred le Grand[2] (1848) et un recueil, Six Old English Chronicles[6] qui reproduit plusieurs traductions antérieures.

En ce qui concerne l'histoire locale, il donne une History of Bampton (2 vol., 1847–8), puis History of Witney and some neighbouring Parishes (1852). La publication de ses Hebrew Records (1850), étude critique sur la datation et l'authenticité des livres de l'Ancien Testament, puis ses Christian Records on the Age, Authorship, and Authenticity of the Books of the New Testament (1854) se situe lors de sa période de Bampton. Dans la préface de ce dernier livre, datée du , il avance que « les Évangiles et les Actes des Apôtres n'ont pas été rédigés avant l'an 150 » et signale que « les objections des philosophes de l'Antiquité : Celse, Porphyre etc. ont été emportées par la vague du ressentiment orthodoxe[7],[2]. » Une recension critique contemporaine des Christian Records[8],[9] résume ainsi cet essai : « Son but est d'établir (...) que les livres historiques du Nouveau Testament ne présentent aucun indice, interne ou externe, permettant de fixer leur origine à la période apostolique ; qu'ils abondent en contradictions irréconciliables[10]. »

« Les écrits de Justin Martyr, qui composa son « Apologie des Chrétiens » en 151  ... ne mentionnent aucun des huit auteurs censés avoir rédigé les livres du Nouveau Testament. Il ne cite nulle part les noms même des évangélistes Matthieu, Marc, Luc et Jean —ils n'apparaissent pas une fois dans ses œuvres. Il n'est donc pas vrai qu'il citait les évangiles tels qu'ils existent aujourd'hui, ni qu'il prouve qu'ils aient existé sous cette forme à son époque[11],[12]. »

En 1853, Giles entreprend de créer une collection destinée à la jeunesse (Dr. Giles's Juvenile Library), dont les premiers volumes paraissent à la fin des années 1850, et qui comprend plusieurs livres scolaires : initiation à l’histoire anglaise, l’histoire de France, de l'Irlande, des Indes, éléments de géographie, d'astronomie, d'arithmétique etc. Il a contribué à l'anthologie Popular Poets de Moxon[2] (1881).

Mariage et descendance[modifier | modifier le code]

Plaque commémorative en bronze dans l'église de Dunsford (Devon), posée par Anna Isabella Giles en hommage à son mari, le colonel Baldwin Fulford (1801–1871), où l'on voit les armoiries des Giles: Azure, a cross between four cups uncovered or on a chief argent three pelicans vulning themselves proper[13]

Giles épouse A. S. Dickinson, qui lui survit et lui donne plusieurs enfants :

  • (fils) Giles, affecté à la police du Bengale,
  • Herbert Giles, professeur de mandarin à l'université de Cambridge.
  • Anna Isabella Giles, sa fille aînée, épouse en premières noces Dundas W. Cloeté de Churchill Court (Somerset)[2], et se remarie en 1868 au colonel Baldwin Fulford (1801–1871) de Great Fulford, Dunsford, juge du Devon, président des Quarter Sessions et colonel de la 1st Royal Devon Yeomanry[14].
  • une fille cadette, restée célibataire[2].

Notes[modifier | modifier le code]

  1. L'histoire suivante a été rapportée dans Good stories from Oxford and Cambridge and the dioceses (1852, réimprimé en 1922) : « Une fillette de 8 ans, Miss Brassie venait de jeter un verre de vin ; J. A. Giles, qui était assis à côté d'elle, fit observer que ce geste était indigne d'une lady (an unladylike thing). - Ce n'est pas davantage digne d'un gentilhomme, répondit la fillette, de me l'avoir fait remarquer. »
  2. a b c d e f g h i j k et l « Giles, John Allen », sur DNB
  3. Reimprimée en 1848 et 1896.
  4. Robert John Stewart, Merlin : The Prophetic Vision and the Mystic Life, Arcata California, RJ Stewart Books, , 408 p. (ISBN 978-0-9819246-5-6), p. 180
  5. Life and Times of Thomas Becket, 2 vols.
  6. Six Old English Chronicles, of Which Two Are Now First Translated from the Monkish Latin Originals; ce recueil contient la Chronique d'Ethelwerd, la L'Histoire du roi Alfred du moine Asser, l’Historia regum Britanniae de Geoffroy de Monmouth, Gildas, Nennius et De situ Britanniae. L'édition posthume reconnaît toutefois que « la traduction [de Nennius] est pour l'essentiel celle du pasteur W. Gunn, publiée en 1819 » et que le De situ Britanniæ est un apocryphe du XVIIIe siècle dû à la verve de Charles Bertram.
  7. Tiré de Letters of the Bishop of Oxford and Dr. J. A. G., publiées en volume à part.
  8. John Allen Giles, Hebrew and Christian Records : An Historical Enquiry Concerning the Age and Authorship of the Old and New Testaments, vol. 1, Trübner & Company, , p. 3
  9. John Allen Giles, Hebrew and Christian Records : An Historical Enquiry Concerning the Age and Authorship of the Old and New Testaments, vol. 2, Trübner & Company, , p. 3
  10. « Christian Records ; an Historical Inquiry concerning the Age, Authorship, and Authenticity of the New Testament." By the Rev. Dr. Giles, late Fellow of Corpus Christi College, Oxford. London: Whittaker and Co. 1854. », The Foreign Quarterly Review, Treuttel,‎ , p. 552
  11. John Allen Giles, Hebrew and Christian Records : An Historical Enquiry Concerning the Age and Authorship of the Old and New Testaments, vol. 2, Trübner & Company, , « XIII. Gospels not Named by Him) », p. 122
  12. John Allen Giles, Christian Records : an historical enquiry concerning the age, authorship, and authenticity of the New Testament, , p. 71
  13. Berry, William, Encyclopaedia Heraldica, Vol.4
  14. Burke's Genealogical and Heraldic History of the Landed Gentry, 15th Edition, ed. Pirie-Gordon, H., London, 1937, pp. 847–8, pedigree of Fulford of Fulford
Attribution

Liens externes[modifier | modifier le code]