To be or not to be (film, 1942)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Jeux dangereux)
To Be or Not to Be, ou Jeux dangereux
Description de cette image, également commentée ci-après
Affiche de 1942.
Titre original To Be or Not to Be
Réalisation Ernst Lubitsch
Scénario Melchior Lengyel
Edwin Justus Mayer
Acteurs principaux
Sociétés de production United Artists
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre comédie
Durée 99 minutes
Sortie 1942

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

To Be or Not to Be, parfois appelé en français Jeux dangereux[1], est un film américain réalisé par Ernst Lubitsch, sorti en 1942.

Synopsis[modifier | modifier le code]

L'action se passe à l'orée de la Seconde Guerre mondiale (1939), et est traitée sur le ton de la comédie. Une troupe de théâtre polonaise répète laborieusement une pièce mettant en scène Hitler, alors que dans la réalité les troupes allemandes vont envahir la Pologne. La pièce censurée, le théâtre et ses acteurs doivent redonner Hamlet, de William Shakespeare. Un jeune pilote de bombardier est amoureux de l'actrice, Maria Tura. En essayant de la contacter depuis Londres, il découvre une opération d'espionnage visant le démantèlement de la Résistance polonaise. Il est parachuté à Varsovie pour tenter de court-circuiter l'opération. Il retrouve Maria et la troupe, qui vont devoir mettre à profit leur talent de comédiens pour sauver la Résistance et, profitant des costumes de SS et d'un sosie d'Hitler (Tom Dugan), essayer d'abuser la Gestapo et sauver leur peau.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Maude Eburne et Carole Lombard dans une scène du film.
Acteurs non crédités

Commentaire[modifier | modifier le code]

Jeux dangereux est une comédie sur un sujet dramatique, tournée alors qu'Hitler met l'Europe à feu et à sang et que l'issue de la guerre est encore incertaine. Le but du film est, d'une certaine façon, de ridiculiser le Führer et les nazis, et Lubitsch emploie à cet effet une dérision étonnante pour l'époque, multipliant les scènes à double sens. Lubitsch lui-même a expliqué dans le New York Times du que « ses » nazis n’étaient plus les tortionnaires sadiques que l’on montre communément, mais qu’ils avaient franchi ce cap :

« Pour eux, les coups et la torture relèvent depuis longtemps de la routine. Ils en parlent comme des commerçants parlent de la vente d’un sac à main. Leur humour porte sur les camps de concentration et les souffrances de leurs victimes[6]. »

Cette analyse peut être rapprochée du concept de « banalité du mal » forgé par Hannah Arendt en 1963 dans Eichmann à Jérusalem : les nazis sont des êtres « normaux », à la différence près que leur travail consiste à répandre la mort. Tura, déguisé en Siletsky, le traître pro-nazi, interroge « Concentration-Camp-Ehrhardt » sur le « grand » acteur Tura et se voit répondre : « Ce qu’il faisait à Shakespeare, nous le faisons à la Pologne. »

La comédie de Lubitsch joue sur une opposition que l’on trouve déjà dans Le Dictateur de Charlie Chaplin sorti deux ans plus tôt : l’univers uniformément mécanique et militarisé du monde « esclave » contraste avec la diversité et la normalité, parfois un peu médiocre, du monde « libre »[7].

Remake et postérité[modifier | modifier le code]

Le titre original a été conservé lors de sa sortie dans les pays francophones européens, incitant les distributeurs à faire de même lorsque la version originale de Lubitsch est ressortie.
  • Wax Tailor, dans son sample Ungodly Fruit sur l'album Tales Of The Forgotten Melodies (), utilise une partie de la piste sonore du film. Il s'agit de ce que le professeur Siletzky dit à Maria Tura (Carole Lombard) : « We are just like other people, we love to sing, we love to dance, we admire beautiful women, we are human, and sometimes, very human[8]. ». Il sample également plusieurs répliques du film (notamment du narrateur dans la scène d'ouverture) dans son morceau Que sera.

Distinction[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Depuis la sortie du remake de 1983, les distributeurs utilisent principalement le titre original, comme pour un autre film de Lubitsch : Rendez-vous (The Shop Around the Corner).
  2. Le titre est inspiré de la première phrase du célèbre monologue d'Hamlet dans la pièce éponyme de Shakespeare. Dans le film, cette phrase sert de signal au lieutenant Sobinski pour rejoindre Maria Tura dans sa loge, son mari étant retenu en scène le temps de ce long monologue.
  3. Le film sortit en France et dans la plupart des pays européens dans les années suivant la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais il fallut attendre 1960 pour le voir projeté en République fédérale d'Allemagne.
  4. Carole Lombard trouva la mort peu après la fin du tournage dans un accident aérien. Une des dernières scènes qu'elle a tournées se situe dans ce film, dans une carlingue d'avion. La phrase qu'elle prononce à ce moment (« Que peut-il arriver en avion ? ») fut supprimée juste avant que le film ne sorte.
  5. Armand Wright sur Musicals101.com
  6. (en) Nicholas Jones, « Hamlet in Warsaw: The Antic Disposition of Ernst Lubitsch », Enter Text: An Interactive Interdisciplinary E-Journal for Cultural & Historical Studies & Creative Work, Brunel University, West London, 2001, p. 275 .
  7. François Genton, « En rire ou pas : Chaplin, Lubitsch et Capra contre Hitler », Ligeia nos 61-64, juillet-décembre 2005, p. 66-80.
  8. « Nous sommes comme tout le monde, nous aimons chanter, nous aimons danser, nous admirons les belles femmes ; nous sommes humains, et parfois, très humains. »

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :