Jeanne Lapointe

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Jeanne Lapointe
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Jeanne Lapointe est une intellectuelle québécoise, née le à Chicoutimi et morte le à Québec.

Biographie[modifier | modifier le code]

10, avenue Wilfrid-Laurier, Québec
« Ici vécut Jeanne Lapointe (1915-2006), première professeure de littérature à l’Université Laval, pionnière en études féministes et artisane de la Révolution tranquille. »

Jeanne Lapointe devient professeure de littérature à l'Université Laval en 1940. C'est la première femme à obtenir ce poste au sein de ce département. Ses essais et ses actions vont contribuer à l'avènement de la modernité littéraire au Québec[1], notamment grâce à ses débats intellectuels publiés dans la revue Cité Libre (années 1950) et à son influence sur des écrivaines québécoises majeures telles que Marie-Claire Blais, Anne Hébert et Gabrielle Roy[2], pour qui elle a joué le rôle de mentore[3]. Son action en tant que commissaire (Commission Parent et Commission royale d'enquête sur la situation de la femme au Canada) pendant la Révolution tranquille a donné une tribune politique à ses idées progressistes sur l'éducation au Québec et la condition des femmes au Canada. C'est alors que sa parole s'est définie avec ironie contre les discours de domination et les inégalités sexuelles, rhétorique qu'elle a développée dans ses analyses littéraires psychanalytiques (années 1970), puis féministes (années 1980-1990)[4]. Sa correspondance témoigne de l'importance de ses échanges avec plusieurs intellectuels et écrivains du Québec et de l'Europe: Jean Le Moyne, Louky Bersianik, Pierre Gélinas, Judith Jasmin, Félix-Antoine Savard, Pierre Elliott Trudeau, Driss Chraïbi, Nathalie Sarraute, etc. Outre le fait qu'elle a été la réviseuse de Gabrielle Roy et la conseillère de Marie-Claire Blais, elle a collaboré, à partir de la fin des années 1950, avec la scénariste Marthe Morisset Blackburn[5].

Commémoration[modifier | modifier le code]

Pavillon à l'Université Laval[modifier | modifier le code]

Le 8 mars 2024, Journée internationale des droits des femmes, l'Université Laval annonce que le Pavillon situé au 2320 Rue des Bibliothèques, autrefois appelé le Pavillon des Sciences de l'éducation devient le Pavillon Jeanne-Lapointe. Il s'agit du second pavillon à porter le nom d’une femme dans cette université (après le pavillon Agathe-Lacerte) [6].

Événements[modifier | modifier le code]

  • L'exposition « Jeanne Lapointe, pionnière de la Faculté des lettres de l’Université Laval (1937-2007) » est présentée à l'automne 2007 à la Bibliothèque Jean-Charles-Bonenfant de l'Université Laval, à l'occasion du 70e anniversaire de la Faculté des lettres (1937-2007). Commissaire : Chantal Théry. Création du Fonds d'archives Jeanne Lapointe (P.474 / Archives de l'Université Laval) à partir de 2007.
  • Une plaque commémorative Ici vécut Jeanne Lapointe[7] est dévoilée par la Ville de Québec, le , en hommage à une femme exceptionnelle qui a marqué l'histoire du/de Québec : « Jeanne Lapointe : Première professeure de littérature à l'Université Laval, pionnière en études féministes au Québec et artisane de la Révolution Tranquille ». Dossier initié et piloté par Chantal Théry, qui souhaitait que le nom de Jeanne Lapointe soit donné à une rue ou à une place.
  • Le lancement du premier livre de Jeanne Lapointe, Rebelle et volontaire. Anthologie 1937-1995, a lieu le à la librairie féministe L'Euguélionne. Y sont réunies toutes les collaboratrices à la préparation de l'ouvrage: Marie-Andrée Beaudet, Mylène Bédard, Claudia Raby, Lori Saint-Martin et Juliette Bernatchez.
  • La revue Études littéraires publie en un numéro consacré à Jeanne Lapointe[8], sous la direction de Marie-Andrée Beaudet et de Mylène Bédard.
  • Une matinée-conférence organisée le 9 mars 2020 par le Conseil du statut de la femme et l'Université Laval célèbre 10 pionnières de cette institution, dont Jeanne Lapointe. On y dévoile le microsite « Pionnières de l'Université Laval »[9], qui retrace le parcours de ces précurseures.

Création de récompenses au nom de Jeanne Lapointe[modifier | modifier le code]

Fonds Jeanne-Lapointe[modifier | modifier le code]

Le Fonds Jeanne-Lapointe en études féministes[10] provient d'un don fait par Jeanne Lapointe à la Fondation R.A.F (Recherche et action pour les femmes). Il sert à l’attribution de bourses d'excellence ainsi qu'au soutien de nouveaux projets de recherche, de services aux collectivités féministes, et d'activités de formation et de rayonnement des études féministes. La Chaire Claire-Bonenfant – Femmes, Savoirs et Sociétés assume l'évaluation des projets soumis; le Fonds est sous la responsabilité de la Fondation de l'Université Laval.

Bourse Théry-Lapointe[modifier | modifier le code]

La bourse d'excellence Théry-Lapointe[11] fut créée par Chantal Théry, professeure retraitée de l'Université Laval. Elle est octroyée chaque année afin d'encourager la diffusion de travaux de recherche et de création féministes par les étudiants et les étudiantes de 2e et 3e cycles de la Faculté des lettres et des sciences humaines de l'Université Laval.

Prix Acfas Jeanne-Lapointe[modifier | modifier le code]

La création du prix Acfas Jeanne-Lapointe[12] a été annoncée le par l'Acfas. Il récompense l'excellence et le rayonnement des travaux et des actions d’un chercheur ou d’une chercheuse dans le domaine des sciences de l’éducation. Le prix est « nommé en l’honneur de Jeanne Lapointe, membre de la Commission royale d'enquête sur l'enseignement dans la province de Québec (commission Parent), seule femme laïque, principale rédactrice du rapport Parent et chercheuse en sciences humaines au parcours académique exceptionnel. [Elle] a été une pionnière dans le monde universitaire francophone, où elle a œuvré pendant 47 ans[13]. »

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Textes de Jeanne Lapointe[modifier | modifier le code]

Essais et études[modifier | modifier le code]

  • « Sillage sur la Mer Caraïbe », Regards, vol. 1, no 3 (), p. 103-107.
  • Un professeur aux cours d’été [pseud.], « Juillet 44 à l’Université Laval », Le Travailleur, vol. XIV, no 42 (), p. 1-2.
  • « Pour une morale de l’intelligence », Le Devoir littéraire, , p. 19.
  • « La prédication et son auditoire », Revue dominicaine, vol. LXII, no 2 (), p. 74-84.
  • « Humanisme et humanités : étude présentée à la Commission du Programme de la Faculté des Arts de Laval », 1958, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (Montréal), Centre de conservation, ms. 233158 CON.
  • « La langue de l'élite. Sa situation dans les professions libérales, les carrières intellectuelles et le monde des affaires » suivi de « La langue parlée; les correctifs dans la langue de l'élite », La langue parlée, Travaux du XIe congrès de l'Association canadienne des éducateurs de langue française sur le français parlé au Canada, Québec, Éditions ACELF, 1958, p. 49-60 et 145-149.
  • « Vacances en URSS avec l’Intourist », Cité Libre, no 24 (janvier-), p. 11-13.
  • « L’éducation au Canada français », dans Canada, Éditions Burin/Martinsart, Paris, 1967, p. 179-256.
  • « Jeanne Lapointe », entretien du sur le Rapport Parent, dans Gabriel Gosselin et Claude Lessard (dir.), Les deux principales réformes de l’Éducation du Québec moderne. Témoignages de ceux et celles qui les ont initiées, Presses de l’Université Laval, Québec, 2008, p. 51-66.

Critique littéraire[modifier | modifier le code]

  • Nadie [pseud.], « En marge de Wuthering Heights », L'Hebdo-Laval, « Plume féminine », vol. IV, no 17 (), p. 4.
  • « Revue des livres - Ils posséderont la terre par Jean Charbonneau », Regards, vol. III, no 6 (mars 1942), p. 279.
  • « Les livres... - Jean Santeuil », Le Devoir, 13 décembre 1952, p. 7.
  • «Quelques apports positifs de notre littérature d’imagination », Cité Libre, no 10 (), p. 17 à 36. [Repris dans Gilles Marcotte, Présence de la critique. Critique et littérature contemporaines au Canada français, HMH, Montréal, 1971 [1966], p. 103-120].
  • « À la mémoire d'un grand écrivain », Le Devoir, 20 novembre 1954, p. 8.
  • « De notre littérature. II- Réponse à la lettre précédente », Cité Libre, no 12 (), p. 34-39.
  • « Saint-Denys Garneau et l’image », Cité Libre, no 27 (), p. 26-28 et 32. [Repris dans Gilles Marcotte, Présence de la critique, op. cit., p. 123-130].
  • « Mystère de la parole par Anne Hébert », Cité Libre, no 36 (), p. 21-22. [Repris dans Gilles Marcotte, Présence de la critique, op. cit., p. 120-123].
  • « Histoire de la littérature canadienne-française by Gérard Tougas », French Studies, vol. XV, no 3, juillet 1961, p. 282–284.
  • « La sociologie comme critique de la littérature : commentaire », dans Fernand Dumont et Jean-Charles Falardeau (dir.), Littérature et société canadiennes-françaises, Presses de l’Université Laval, Québec, 1964, p. 241-244.
  • « Gérard Tougas: History of French-Canadian Literature (2e edition) », French Studies, vol. XXII, no 1, janvier 1968, p. 88-89.
  • « Une petite aventure en littérature expérimentale », dans Frank Scott et Anne Hébert, Dialogue sur la traduction : à propos du Tombeau des rois, Bibliothèque québécoise, Québec, 2000 [1970], p. 19-28.
  • « Hommage à Gabrielle Roy 1909-1983 », La Vie en rose (magazine), no 13 (septembre-), p. 51. Lire en ligne
  • « Notes sur Le Premier jardin d’Anne Hébert », Écrits du Canada français, no 65 (1989), p. 47-50.
  • « Hommage à Anne Hébert », Arcade, no 49 (1996), p. 88-91.

Critique psychanalytique[modifier | modifier le code]

  • « Attention flottante sur La Chamade, de Françoise Sagan. Où trouver le langage de l’inconscient dans un roman sans qualité? », Institut de psychothérapie du Québec, Québec, tapuscrit sans date.
  • « Notes sur rire, narcissisme et intersubjectivité dans Vous les entendez ?, roman de Nathalie Sarraute », Institut de psychothérapie du Québec, Québec, tapuscrit sans date.
  • « Lecture psychanalytique de La Maison de Petrodava, roman de Virgil Georghiu », dans Études en psychothérapie, vol. 1, no 4 (), p. 130-154.
  • «To the lighthouse, de Virginia Woolf, et le monde de la féerie fusionnelle », Études en psychothérapie, vol. 1, no 10 (), p. 354-385.

Critique féministe[modifier | modifier le code]

  • « Du discours de domination », dans Gabrielle Frémont (dir.), Études littéraires (revue), vol. 12, no 3 (), p. 351-355.
  • « La femme comme non-sujet dans les sciences dites humaines », Institut Simone de Beauvoir, Université Concordia, Montréal, , tapuscrit disponible au GREMF de l’Université Laval.
  • « Research on Women : a Question of Life and Identity », Le Bulletin/Newsletters, vol. 3, no 6 (), Université Concordia, p. 9-11.
  • « Le meurtre des femmes chez le théologien et le pornographe », dans Suzanne Lamy et Irène Pagès (dir.), Féminité, subversion, écriture, Remue-Ménage, Montréal, 1983, p. 209-223 [Les Cahiers du GRIF (), p. 43-53].
  • Jeanne Lapointe et Margrit Eichler, Le traitement objectif des sexes dans la recherche, Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, Ottawa, 1985.
  • « Fantasmes/réalités », dans Pauline Fahmy (dir.), Les évènements de Polytechnique. Analyses et propositions d’action, Actes d’un colloque tenu à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval le , Le GREMF édite, cahier 4, 1990, p. 35-38.
  • « Perspectives féministes en littérature », dans Roberta Mura (dir.), Un savoir à notre image? Critiques féministes des disciplines, vol. 1, Adage (Coll. EF), Montréal, 1991, p. 37-48.
  • « Préface », dans Claudine Baudoux, La gestion en éducation : une affaire d'hommes ou de femmes? : pratiques et représentations du pouvoir, Cap Rouge, Presses Inter universitaires, 1994, p. 1-2.

Chroniques radiophoniques[modifier | modifier le code]

  • « Revue des Arts et des Lettres », série de chroniques radiophoniques présentée à Radio-Collège, Radio-Canada, 1952-1954, Fonds Jeanne Lapointe, série C.1, P 474, Université Laval [tapuscrit].
  • « L’écrivain et son style », série de quinze chroniques radiophoniques présentée à Radio-Collège, Radio-Canada, du au , Fonds Jeanne Lapointe, série C.1, P 474, Université Laval [tapuscrit].

Anthologie[modifier | modifier le code]

Textes sur Jeanne Lapointe[modifier | modifier le code]

Études[modifier | modifier le code]

Témoignages et hommages[modifier | modifier le code]

Autres articles[modifier | modifier le code]

Ressources audiovisuelles[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Robert Schwartzwald, « Littérature d'imagination valorisée », dans Institution littéraire, modernité et question nationale au Québec (1940 à 1976), thèse de doctorat en Lettres, Université Laval, 1985, p. 69-97.
  2. Gabrielle Roy, Femmes de lettres. Lettres à ses amies 1945-1978, Éditions Boréal, Montréal, 2005, 256 p.
  3. Mylène Bédard, « Jeanne Lapointe, mentore et amie », Études littéraires,‎ , p. 65-79 (lire en ligne Accès libre [PDF])
  4. Claudia Raby, Le parcours critique de Jeanne Lapointe, Québec, Université Laval, , 139 p. (lire en ligne)
  5. Marthe Léger, archiviste – BAnQ Vieux-Montréal, « Jeanne Lapointe et Marthe Blackburn : amitié et mentorat », sur Instantanés, (consulté le )
  6. « Le pavillon des Sciences de l’éducation de l’Université Laval devient le pavillon Jeanne-Lapointe », sur Salle de presse, (consulté le )
  7. « La Ville de Québec a dévoilé quatre plaques commémoratives en hommage… », sur sisyphe.org (consulté le ).
  8. « Jeanne Lapointe », sur ulaval.ca (consulté le ).
  9. « Éclairons toutes les voix – Pionnières de l'Université Laval – Conseil du statut de la femme », sur Conseil du statut de la femme (consulté le ).
  10. « Le Fonds Jeanne-Lapointe - Chaire Claire-Bonenfant », sur ulaval.ca via Wikiwix (consulté le ).
  11. « 3234G - Bourse d’excellence Théry-Lapointe en études féministes », sur ulaval.ca (consulté le ).
  12. « Appel de candidatures 2020 », sur Acfas (consulté le ).
  13. « Prix Acfas : Création d’un prix en sciences de l’éducation, nommé en l’honneur de Jeanne Lapointe », sur Acfas (consulté le )
  14. « Prix Acfas Jeanne-Lapointe », sur Acfas (consulté le )
  15. « Susanne Lajoie, Prix Acfas Jeanne-Lapointe - Prix Acfas 2021 | Acfas », sur www.acfas.ca (consulté le )
  16. « Abdelkrim Hasni, Prix Acfas Jeanne-Lapointe - Prix Acfas 2022 | Acfas », sur www.acfas.ca (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]