Jean de Terrevermeille

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Jean de Terrevermeille
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Œuvres principales

Jean de Terrevermeille, né vers et mort à Nîmes le [1], est un juriste du XVe siècle, spécialiste de droit romain. Il est l'auteur de Contra rebelles suorum regum, un traité juridique et politique en trois parties achevé en [2]. Il y défend le roi de France, Charles VI, et son fils, le Dauphin Charles, contre le duc de Bourgogne, Jean sans Peur[2]. Il défend l'idée que la royauté est une fonction dont le roi n’est pas propriétaire.

Biographie[modifier | modifier le code]

Nous disposons de deux biographies incomplètes — et en partie contradictoires — de Jean de Terrevermeille[3]. La première[3], par Jacques Bonaud de Sauzet[4] près d'Uzès[3], est parue en dans l'editio princeps du Contra rebelles suorum regum ; la seconde, par Léon Ménard[3], est parue en dans le troisième tome de son Histoire civile, ecclésiastique et littéraire de la ville de Nismes[5].

Jean de Terrevermeille — plus connu autrefois sous le nom de Jean de Terrerouge — naquit à Nîmes vers 1370.

Issu d'une famille de juristes nîmois, il entre à l'université de Montpellier en et y suit des études de droit[6]. Jacques Rebuffi (Jacobus Rebuffus) figure au nombre de ses enseignants[6]. Licencié en [6], il ne semble pas avoir poursuivi ses études au-delà de la licence[3]. Peut-être après avoir débuté une carrière de praticien à Nîmes[6], il est nommé commissaire du sénéchal de Beaucaire en [3]. Le premier de sa famille[3], il devient consul de Nîmes à deux reprises, en [6],[3] puis en [3].

Terrevermeille mène une vie de notable municipal et de consultant[6]. En , Gilles de Bellemère le consulte pour faire exercer un arrêt du parlement de Paris contre un habitant de Saint-Geniès, Pierre Bonet, qui prétend jouir des privilèges des bourgeois d'Aigues-Mortes[7]. En , il conseille le comte de Valentinois[6].

En , Terrevermeille reste un des rares partisans du Dauphin Charles que les villes du Languedoc — Nîmes comprise — ont refusé de reconnaître comme lieutenant général du royaume[8].

Terrevermeille rédige entre et [9] son Contra rebelles suorum regum, le seul de ses deux ouvrages qui nous est connu. Il est simplement appelé Tractatus (= les traités), et comprend trois essais. Un de ces essais est nommé Tractatus de jure futuri successoris legitimi in regiis hereditatis (1419), cet essai fait référence à la succession royale. Il fait également référence à la couronne de France qui n'appartient pas au roi mais qui est seulement "possédée" par ce dernier. Terrevermeille formalise la théorie statutaire. Pour Terrevermeille, la couronne n'étant pas un bien patrimonial mais une res publica, le roi ne peut en disposer à l'encontre du fils premier-né. Sa dévolution est fixée par la coutume qui est supérieure au droit romain car elle se fonde sur la loi naturelle de l'identité entre le père et le fils. Comme le juvenis rex du Décret de Gratien, le primogenitus détient, du vivant de son père, un jus coregnandi et une coadministratio[10]. Dès sa naissance, il est potentiellement apte à régner mais, comme il ne peut y avoir deux têtes dans le royaume, l'exercice actif du droit du roi suspend celui du Dauphin jusqu'à la mort du roi ou son empêchement.

En [8], il est nommé avocat du roi[8] à la sénéchaussée de Beaucaire[6], charge qu'il perd en [6],[3]. Il continue à jouer un rôle dans la vie locale jusqu'à sa mort[6] à Nîmes le [1],[11].

En , des allégations de Terrevermeille sont utilisées dans un procès devant le parlement de Paris séant à Poitiers[6].

La théorie de la succession de Terrevermeille est la seule partie de son œuvre à connaître une postérité[12]. Louis de Gallois y recourt en [13] puis Jean Juvénal des Ursins[12] en [13] et Guillaume Benoît à la fin du XVe siècle[13].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Contra rebelles suorum regum

Aucun manuscrit du Contra rebelles suorum regum n'a été conservé[6]. Sa plus ancienne version connue est, par conséquent, son editio princeps par Jacques Bonaud de Sauzet, imprimée et parue à Lyon en [14]. Il s'agit de sa seule édition complète. Les deux premiers traités ont été édités par François Hotman à Francfort-sur-le-Main en [15] puis à Genève en [16] [17].

De postestate papæ

L'autre œuvre connue de Terrevermeille, un De postestate papæ, est perdue[6].

Plaidoiries

Des plaidoiries de Terrevermeille, seules ses allégations utilisées dans un procès plaidé à Poitiers vers 1435 nous sont parvenues. Elles figurent dans un manuscrit conservé à la Bibliothèque apostolique vaticane[18].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Jean de Terrevermeille (1370?-1430) (BNF 13010557) [consulté le 6 novembre 2016].
  2. a et b Contra rebelles suorum regum (BNF 15795552) [consulté le 6 novembre 2016].
  3. a b c d e f g h i et j Jansen 1984, p. 319.
  4. Bonaud de Sauset, Jacques (BNF 10614120) [consulté le 8 novembre 2016].
  5. Ménard 1752.
  6. a b c d e f g h i j k l et m Giordanengo 1985, p. 195.
  7. Gilles 1966, p. 130, n. 3.
  8. a b et c Jansen 1984, p. 320.
  9. Pons 1982, p. 182.
  10. Krynen 1984, p. 215.
  11. Ménard 1752, part. 1, liv. 9, p. 172.
  12. a et b Jansen 1984, p. 321.
  13. a b et c Giordanengo 1985, p. 197.
  14. (BNF 31445017) [consulté le 6 novembre 2016].
  15. (BNF 30619123) [consulté le 6 novembre 2016].
  16. Hotman 1586.
  17. (BNF 30619117) [consulté le 6 novembre 2016].
  18. Giordanengo 1971, p. 51, n. 4.


Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Barbey 1983] Jean Barbey (préf. de Marguerite Boulet-Sautel), La Fonction royale : essence et légitimité, d'après les Tractatus de Jean de Terrevermeille (texte remanié de la thèse de doctorat en droit soutenue en à l'université Paris-II – Panthéon-Assas), Paris, Nouvelles Éditions latines, , 1re éd., V-410 p., in-8o (23 cm) (ISBN 2-723-30199-0, OCLC 417607315, BNF 34751922, SUDOC 000762253).
  • [Gilles 1966] Henri Gilles, « La vie et les œuvres de Gilles Bellemère », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 124, no 1,‎ , p. 30-136 (DOI 10.3406/bec.1966.449716, lire en ligne [fac-similé], consulté le )
  • [Giordanengo 1971] Gérard Giordanengo, « Consultations juridiques de la région dauphinoise (XIIIe – XIVe siècles) », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 129, no 1,‎ , p. 49-81 (DOI 10.3406/bec.1971.449882, lire en ligne [fac-similé], consulté le ).
  • [Giordanengo 1985] Gérard Giordanengo, « Jean Barbey. La Fonction royale. Essence et légitimité, d'après les Tractatus de Jean de Terrevermeille. Préface de Marguerite Boulet-Sautel. Paris : Nouvelles Éditions latines, 1983. In-8o, VI-417 pages. », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 143, no 1,‎ , p. 195-198 (lire en ligne [fac-similé], consulté le ).
  • [Jansen 1984] Philippe Jansen, « Un juriste nîmois défenseur de la fonction royale : Barbey (Jean), La Fonction royale. Essence et légitimité, d'après les Tractatus de Jean de Terrevermeille, Paris, Nouvelles Éditions latines, 1983 », Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, vol. 96, no 167,‎ , p. 319-321 (lire en ligne [fac-similé], consulté le ).
  • [Krynen 1984] Jacques Krynen, « “La mort saisit le vif” : genèse médiévale du principe d'instantanéité de la succession royale française », Journal des savants, nos 3-4,‎ , p. 187-221 (DOI 10.3406/jds.1984.1482, lire en ligne [fac-similé], consulté le ).
  • [Ménard 1752] Léon Ménard, Histoire civile, ecclésiastique et littéraire de la ville de Nismes : avec des notes et les preuves, suivie de dissertations historiques et critiques sur ses antiquités et de diverses observations sur son histoire naturelle, t. 3 : de 1378 à 1481, Paris, Hugues-Daniel Chaubert et Claude Hérissant fils, , 1re éd., X-272-24-378-[1], in-4o (BNF 30924311, lire en ligne).
    • « Mort de Jean de Terre-Vermeille, avocat du roi de la sénéchaussée de Nismes », part. 1, liv. 9 (« de 1400 à 1451 »), XCVI, p. 172-176 [lire en ligne].
    • « Note sur l'épitaphe de Jean de Terre-Vermeille, de Nismes, avocat du roi de la sénéchaussée de Beaucaire, et sur l'édition de son ouvrage », part. 2 (« Notes sur l'histoire de la ville de Nismes »), XV, p. 17-19 [lire en ligne].
  • Nicole Pons, « La propagande de guerre française avant l'apparition de Jeanne d'Arc », Journal des savants, no 2,‎ , p. 191-214 (DOI 10.3406/jds.1982.1451, lire en ligne).

Éditions successives des Tractatus[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]