Jean de Breteuil

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Jean de Breteuil
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Titres de noblesse
Comte de Breteuil
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 22 ans)
Tanger (Maroc)Voir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom de naissance
Jean Charles Marie Le Tonnelier de Breteuil
Nationalité
Formation
Activités
Playboy, dealerVoir et modifier les données sur Wikidata
Famille
Père
Fratrie
Michel de Breteuil (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Jean de Breteuil, né le à Paris et mort le à Tanger au Maroc, est un aristocrate et play-boy français qui, de la fin des années 1960 au début des années 1970, a écoulé des stupéfiants dans le milieu de l'industrie du spectacle. Sa vie est connue principalement à travers la biographie de Jim Morrison écrite par le journaliste américain Stephen Davis en 2011[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

Membre de la famille Le Tonnelier de Breteuil, fils de Charles de Breteuil et de Madeleine Redier, sa seconde épouse dite Boule de Breteuil, Jean grandit à Marrakech au Maroc où il côtoie la jet set[2].

En 1960, à la mort de son père[3], il hérite du titre de comte et des biens de son père concentrés en Afrique française du Nord, en particulier au Maroc.

Études[modifier | modifier le code]

Jean de Breteuil poursuit ses études secondaires, de 1961 à 1968, à l'École des Roches près de Verneuil-sur-Avre en Normandie[4][source insuffisante], puis s'inscrit comme étudiant à l'université de Californie à Los Angeles[1],[5].

Liaisons[modifier | modifier le code]

Surnommé par les Américains le « junkie aristo »[6], Jean de Breteuil dilapide une grande partie de son patrimoine et commence à vendre de l'héroïne à de grands groupes musicaux anglais et américains faisant étape à Paris. Il devient l'amant de Talitha Getty, actrice et mannequin de nationalité néerlandaise, morte dans des circonstances troubles en juillet 1971 et épouse de John Paul Getty Jr.[7],[Note 1]. Breteuil fournit à des clients célèbres le haschisch et l'opium qu'il se procure par l'intermédiaire d'un chauffeur marocain employé par le consulat général de France à Los Angeles[8], lorsqu'il fait la connaissance de Pamela Courson et de son compagnon, le chanteur Jim Morrison[9]. Il devient l'amant de celle-ci[10] qui, souvent, adore se vanter prétentieusement d'avoir un petit ami « de la véritable royauté française »,[11].

Le 4 octobre 1970, à Los Angeles, la chanteuse Janis Joplin meurt d'une overdose dans sa chambre d'hôtel après avoir consommé une héroïne pure fournie par Breteuil. Pris de panique, celui-ci quitte alors la ville pour rejoindre Paris, accompagné de Pamela Courson, laquelle a laissé un mot d'explication à Jim Morrisson[12].

Vers Noël 1970, alors que les Doors terminent l'enregistrement en studio du disque L.A. Woman, Pamela Courson retourne à Los Angeles, pour persuader Jim Morrisson de quitter le groupe et s'installer à Paris avec elle. Il accepte et emménage dans un appartement de la rive droite trouvé « grâce aux relations de Jean de Breteuil »[13].

Breteuil est alors proche du guitariste Keith Richards des Rolling Stones. Il l'approvisionne en drogue — on mentionne une héroïne thaïlandaise rose très pure transportée dans un poudrier de femme et surnommée cotton candy (barbe à papa)[14],[8] — quand le guitariste séjourne à la villa Nellcote qu'il loue sur la côte d'Azur ; Richards met à sa disposition sa maison de Londres[8]. À l'occasion d'un de ses séjours dans la capitale britannique, Jean de Breteuil entame une liaison avec Marianne Faithfull[8].

En juin 1971, il voyage de Londres à Paris en compagnie de Marianne Faithfull et déloge Pamela Courson de son appartement parisien. Cette dernière va alors s'installer avec Jim Morrisson dans un autre appartement au troisième étage du 17-19, rue Beautreillis dans le 4e arrondissement de Paris[15].

Selon le témoignage de Marianne Faithfull, compagne de Jean de Breteuil à l'époque[16], celui-ci a livré à Pamela Courson la dose d'héroïne trop forte ayant provoqué la mort de Jim Morrison[17],[18]. Après avoir eu un contact téléphonique avec Pamela Courson, selon Agnès Varda présente dans l'appartement, et s'être rendu au domicile du chanteur venant de mourir, il fait ses bagages et quitte la France le jour même[19] pour se réfugier chez sa mère au Maroc[6],[8].

Mort[modifier | modifier le code]

Près d'un an après la mort de Jim Morrison, Jean de Breteuil meurt aussi d'une overdose d'héroïne à Tanger au Maroc, âgé de 22 ans[20],[Note 2] et est inhumé dans le caveau des marquis de Breteuil au cimetière de Choisel dans le département des Yvelines. Choisel est la commune où se trouve le château familial des Breteuil[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Talitha Getty est morte le 11 juillet 1971 à Rome dans des circonstances suspectes.
  2. Pamela Courson meurt à son tour d'une surdose en 1974.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) Stephen Davis, Jim Morrison: Life, Death, Legend, Random House, 2011, 512 p.
  2. Richard Khaitzine, La langue des oiseaux T03, Dervy, (ISBN 979-10-242-0388-1, lire en ligne)
  3. Henri Temerson, Biographies des principales personnalités françaises décédées au cours de l'année, Hachette, 1960.
  4. Annuaires de l'Association des anciens élèves de l’École des Roches et du collège de Normandie pour les années 1969 et 1971.
  5. Stephen Davis, op. cit., p. 109 : « Jean de Breteuil, a twenty-year old French aristocrat nominally studying at UCLA. »
  6. a et b « Jim Morrison à Paris », sur Under-overground.com (consulté le ).
  7. a et b Gorian Delpâture, AbécéDOORS, Editions Lamiroy, (ISBN 978-2-87595-550-0, lire en ligne), notice Jean de Breteuil, page 81.
  8. a b c d et e Robert Greenfield, Exile on Main Street: Une saison en enfer avec les Rolling Stones, Mot et le reste (Le), (ISBN 978-2-36054-347-2, lire en ligne).
  9. (en) Jean de Breteuil.
  10. Henry Chartier, Camion noir : la musique du diable - Le rock et ses succès damnés, Camion blanc (ISBN 978-2-35779-570-9, lire en ligne).
  11. Stephen Davis, op. cit., p. 110 : « Pamela adored having a boy-friend she often described, snootily, as "real French royalty" ».
  12. (en) Ed Sanders, Ed Sanders of the Fugs on Marianne Faithfull, Jean de Breteuil, and Jim Morrison’s death, Dangerous Minds, 8 août 2014 : « In the summer of 1970, Pamela was living with de Breteuil, a French count and heroin dealer, in Los Angeles. When Janis Joplin overdosed on de Breteuil’s uncut shit, he freaked out and fled with Courson to Paris; Pam left Jim a note, “which upon reading he burned.” »
  13. Ed Sanders, op. cit. : « “Some time in the several months thereafter / de Breteuil hooked up with / Marianne Faithfull / meeting her in London / while he stayed at Keith Richards’ house.” Around Christmas, while the Doors were finishing L.A. Woman, Pam returned to L.A., telling Jim to quit the band and move to Paris with her. He agreed, and moved into a Right Bank apartment Pam found for him “through connections of de Breteuil.” »
  14. (en) George Rush et al., Stones Exile on Main-Line Street, New York Daily News, September 18, 2006 : « Jean de Breteuil, Janis Joplin's drug dealer and lover of Jim Morrison's wife, Pamela. He brought pink Thai heroin in women's powder compacts ».
  15. Ed Sanders, op. cit. : « In June 1971, de Breteuil returned to Paris from London, bringing Faithfull with him and displacing Pam, who had been living in his Paris digs. Pam moved in with Jim. »
  16. (en) Jean de Breteuil Snapshot : « Jean was a horrible guy, someone who had crawled out from under a stone. Somehow I ended up with him… it was all about drugs and sex. » (Jean était un type horrible, un cafard sorti de l'ombre. J'ai fini par me mettre avec lui… tout ça c'était uniquement une question de drogue et de sexe).
  17. Sophian Fanen, « Selon Marianne Faithfull, Jim Morrison est bien mort d'une overdose », sur Liberation.fr, (consulté le ).
  18. « Jim Morrison : la déclaration fracassante de Marianne Faithfull », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  19. Vanity Fair, « Les dernières photos connues de Jim Morrison. » (consulté le )
  20. (en) John Hopkins, The Tangier diaries, 1962-1979, San Francisco, Cadmus Editions, , 243 p. (ISBN 978-0-932274-50-2, 9780932274519 et 9789322745011).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Philippe Will, Dealer ou La valse des maudits : roman, Quimper, Volum éditions, , 364 p. (ISBN 978-2-35960-032-2 et 2-35960-032-X)
  • (it) Ezio Guaitamacchi, Delitti rock : da Robert Johnson a Michael Jackson : 200 indagini sulla scena del crimine, Rome, Arcana, , 460 p. (ISBN 978-88-6231-102-1)
  • Stephen Davis (trad. de l'anglais par Cécile Pournin), Jim Morrison : vie, mort, légende, Paris, Flammarion, , 478 p. (ISBN 2-08-068739-5)
    + 16 pages de photos

Liens externes[modifier | modifier le code]