Jean Malrieu
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| Décès |
(à 60 ans) Montauban |
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Robert Emmanuel Jean Malrieu |
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Jean Malrieu, né le et mort le à Montauban, est un poète français. Présenté par Pierre Dhainaut comme un « Homme du Sud », Jean Malrieu aimait se définir comme « un Occitan de langue française ».
Proche un temps des surréalistes, il a élaboré une poésie personnelle, marquée par la célébration de l'amitié et de l'amour.
Il s'est attaché à faire connaître l’œuvre de son ami le poète Gérald Neveu, avec qui il a créé l'association des poètes de Marseille et sa revue Action poétique.
Sa poésie a fortement influencée celle du poète Pierre Dhainaut. C'est ce dernier qui a réuni en 2004 l'ensemble des poèmes de Jean Malrieu, devenus introuvables, sous le titre Libre comme une maison flammes.
Biographie
[modifier | modifier le code]Enfance et adolescence (1915-1932)
[modifier | modifier le code]Jean Malrieu naît le 29 août 1915, d'un père contrôleur des Postes, historien local et militant au parti socialiste. Un oncle bibliothécaire, membre d'un cercle spirite et poète amateur, fait naître chez lui le goût du merveilleux et du latin[1]. Pendant son enfance, il écrit des romans d'aventures inspirés de Pierre Loti et des poèmes d'inspiration romantique et symboliste. Il est scolarisé au lycée Ingres de Montauban, où il est un élève indiscipliné[2].
Les années d'avant-guerre (1933-1939)
[modifier | modifier le code]En 1933, il fait partie d’un groupe de jeunes gens rassemblés autour de Georges Herment, un ami de Pierre Reverdy. Il découvre alors la poésie et le jazz. Son premier poème, publié dans la revue Jazz hot en 1935, rend hommage à Duke Ellington. Il correspond avec Max Jacob et Jean Cocteau[3].
En 1934 il rencontre Marie-Thérèse Brousse, dite Lilette, qu’il épouse en 1937 et à laquelle toute son œuvre est dédiée[3].
Il commence à Paris des études de droit pour lesquelles il a peu de goût, puis accomplit en 1936 son service militaire à Montpellier. Pendant la Guerre d'Espagne, il prend position pour les républicains, et pour le Front populaire. En 1938, il travaille brièvement dans la pharmacie de ses beaux-parents[3].
Guerre et immédiat après-guerre (1939-1947)
[modifier | modifier le code]Mobilisé en 1939, il passe l'hiver à Bœrsch en Alsace. Après la débâcle, il retourne à Montauban[3].
À partir de 1942, il exerce divers métiers, avant de devenir instituteur. Il se lie avec le poète occitan Félix Castan. À la libération, il adhère au Parti communiste. En 1945, il apprend que sa grande sœur et son beau-frère, résistants, sont morts en déportation[4].
Marseille (1948-1960)
[modifier | modifier le code]En 1948, il est nommé à Marseille. En 1950, il prend contact avec Elsa Triolet et Louis Aragon, qui le publient dans Les lettres françaises. Au même moment, il se lie avec Jean Tortel qui le publie dans les Cahiers du Sud. Avec Gérald Neveu, il fonde l'Association des poètes de Marseille et sa revue Action poétique[5].
À partir de 1953, il noue des relations amicales avec les surréalistes et rencontre André Breton à partir de la publication de son recueil Préface à l’amour en 1953. Il collabore à plusieurs publications du mouvement surréaliste[5].
Il prend ses distances avec le PCF en 1956 après l’intervention soviétique en Hongrie[6].
Penne-de-Tarn (1960-1976)
[modifier | modifier le code]En 1960, Jean Malrieu achète une maison à Penne-de-Tarn pour y passer ses vacances[6].
La même année, il est profondément marqué par la mort de Gérald Neveu : il se donne alors pour mission de rassembler ses œuvres et de les faire connaître. En 1974, il lui consacre une monographie dans la collection « Poètes d'aujourd'hui »[6].
En 1973, il reçoit le prix Artaud pour Vesper[7].
Il fonde en 1970 la revue Sud, qui devaient poursuivre l’action des Cahiers du Sud. En 1975, il quitte l'enseignement. Il meurt à l'hôpital de Montauban le 24 avril 1976, terrassé par une piqûre de tique non détectée[8]. Il est enterré le 27 avril à Penne[7]. On peut lire sur l'épitaphe :
« Même le temps est accepté, ce provisoire des merveilles[9]. »
Réception de l’œuvre et postérité
[modifier | modifier le code]En 1988, le poète Robert Sabatier, auteur d'une Histoire de la poésie française de référence, célèbre Jean Malrieu comme le poète « du compagnonnage, de l'amitié » et « de l'amour », et salue la « transparence », la « générosité » et la « chaleur » de son écriture. Il apprécie chez lui une générosité, un souffle proche de celui du poète Saint-John Perse, mais dépouillé du superflu[10] :
« Cette poésie, charnelle et éblouie, où le merveilleux éclaire le quotidien, où l'amour est comme un soleil, coule comme un fleuve pur. Avec lui, le lecteur trouve un ami, un frère qui le guide, un compagnon qui l'introduit au mystère des êtres et des choses »
Le poète Gill Pressnitzer relève également la générosité de l'écriture de Malrieu, et l'importance de l'amitié dans ses poèmes. Il associe sa poésie à la célébration du bonheur et de la lumière, et la rapproche de celle de Paul Éluard et de Pierre Reverdy « mais avec une angoisse moins diffuse »[8].
La poésie de Malrieu a eu une influence capitale sur l’œuvre du poète Pierre Dhainaut, lequel s'est attaché à le faire connaître[11]. Ce dernier présente Malrieu comme un « Homme du Sud », rappelant que Jean Malrieu aimait se définir comme « un Occitan de langue française »[12].
La revue Sud des poètes Yves Broussard et Jean-Max Tixier a créé un prix littéraire qui porte son nom[13].
Son nom a été donné au collège Jean-Malrieu situé dans le 5e arrondissement de Marseille[14].
Liste des œuvres
[modifier | modifier le code]- Préface à l’amour, Marseille, Cahiers du Sud, 1953 - prix Guillaume-Apollinaire
- Vesper, 1963 - prix Artaud
- Le Nom secret suivi de La Vallée des Rois, introduction de Georges Mounin, Honfleur, Pierre Jean Oswald, 1968
- Nous ne voulons pas être heureux, Éditions Encres vives, Engomer, 1969
- Préface à l'amour suivi de Hectares de Soleil, Honfleur, Pierre Jean Oswald, 1971
- Le Château cathare, Paris, Seghers, 1972
- Possible imaginaire, Paris, Pierre Jean Oswald, 1975
- Le Plus Pauvre Héritier, lithographies d'Adrien Dax, Paris, Privat, 1976
- Les Maisons de feuillages, éditions Saint-Germain-des-Prés, Paris, 1976
- Les maisons de feuillage avec deux collages de Jean-Baptiste Lysland, la louve de l'hiver (1976)
- Mes manières instinctives (rédigé en 1958), Dijon, Brandes, 1978
- Libre comme une maison en flammes - Œuvres poétiques 1935-1976, Paris, Le Cherche Midi, 2004
- Avec armes et bagages (roman pré-publié dans la revue Europe n° 77 et suivants) Le Castor Astral, 1998
- Penne d'Albigeois à travers l'histoire (écrit avec son fils Pierre Malrieu) PJO, 1969
- Poids brut Carnets de la Guerre 39-40, Les Autanes 2019
- Gerald Neveu, coll. « Poètes d'aujourd'hui », Seghers, 1974
Distinctions
[modifier | modifier le code]- 1954 : Prix Guillaume-Apollinaire[15] ;
- 1963 : Prix Antonin-Artaud[7].
- 1973 : Prix Archon-Despérouses de l'Académie française[16] ;
Références
[modifier | modifier le code]- ↑ Dhainaut 2004, p. 499.
- ↑ Dhainaut 2004, p. 499-500.
- Dhainaut 2004, p. 500.
- ↑ Dhainaut 2004, p. 500-501.
- Dhainaut 2004, p. 501.
- Dhainaut 2004, p. 502.
- Dhainaut 2004, p. 503.
- Gil Pressnitzer, « Jean Malrieu, une vie noyée dans la lumière », sur Esprits nomades
- ↑ Dhainaut 2004, p. 504.
- ↑ Sabatier 1988, p. 413.
- ↑ Sabine Dewulf, Pierre Dhainaut, collection Présence de la poésie, Éditions des Vanneaux, p. 26 à 30, 2008
- ↑ Pierre DHAINAUT, « MALRIEU JEAN (1915-1976) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 1 mars 2023. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/jean-malrieu/
- ↑ Sabatier 1988, p. 412.
- ↑ « Collège Collège Jean Malrieu », sur ac-aix-marseille.fr (consulté le ).
- ↑ (en) E. C. Bufkin, Foreign literary prizes, (ISBN 0-8352-1243-2, lire en ligne), p. 43-44
- ↑ « Prix Archon-Despérouses - Académie française », sur www.academie-francaise.fr (consulté le ).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- [Monte 2008] Michèle Monte et al., Jean Malrieu. L’Inquiétude et la Ferveur : Actes du colloque enrichi de contributions inédites, Toulon, La Garde : Université du Sud Toulon-Var, (ISBN 978-2-9527830-2-6)Actes du colloque organisé par le Laboratoire Babel à la Faculté des lettres de Toulon le 14 septembre 2006 ; textes réunis par Michèle Monte avec la collaboration de Pierre Dhainaut.
- [Dhainaut 2007] Pierre Dhainaut, Jean Malrieu, Bordeaux, Éditions des Vanneaux, (ISBN 978-2-91607123-7)
- [Guicharnaud 1973] Robert Guicharnaud, « Hommage au poète montalbanais Jean Malrieu », Recueil de l'Académie de Montauban : sciences, belles-lettres, arts, encouragement au bien 1971-1972, 3e série, t. 67, , p. 53-59 (lire en ligne).
- [Dhainaut 2004] Pierre Dhainaut, « Éléments biographiques », dans Jean Malrieu, Libre comme une maison en flamme, Le cherche midi, (ISBN 2-74910-319-3), p.499-511.
- [Sabatier 1988] Robert Sabatier, La poésie du Vingtième siècle, vol. III - Métamorphoses et modernité, Paris, Albin-Michel, (ISBN 2-226-03398-X), « Jean Malrieu », p. 411-413.
- [Baglin 1999] Michel Baglin, « Jean Malrieu, la parole donnée, par Pierre Dhainaut et Yvon Le Men », La Dépêche, (lire en ligne
[html])
Liens externes
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- Ressource relative à la littérature :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Gil Pressnitzer, Jean Malrieu, une vie noyée dans la lumière, sur espritsnomades.com, le
- Écrivain français du XXe siècle
- Poète français du XXe siècle
- Poète surréaliste français
- Auteur publié par les éditions Le Cherche midi
- Auteur publié par les éditions Seghers
- Lauréat du prix Antonin-Artaud
- Lauréat du prix Apollinaire
- Lauréat du prix Archon-Despérouses
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