Jean-Claude Lagrèze

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Jean-Claude Lagrèze
Nom de naissance Roger Jean-Claude Lagrèze
Naissance
Saïgon (République du Viêt Nam)
Décès (à 36 ans)
Paris 15e (France)
Nationalité Français
Activité principale
Portraitiste, photographe
Autres activités
Organisateur de soirées
Formation
Efet

Jean-Claude Lagrèze (né à Saïgon le , mort le dans le 15e arrondissement de Paris)[1] est un photographe français du XXe siècle, connu pour ses portraits en noir et blanc de vedettes du rock (pour le magazine français Rock) et de célébrités (pour le magazine Elle). Son travail s'inscrit dans « la photographie masculine », un courant photographique novateur des années 1980, selon Didier Lestrade. Il est aussi le créateur, à la même époque, de soirées très prisées de la nuit parisienne (à l’Opéra-Night, au Palace, aux Bains Douches, au Boy's, au Queen, au Folie's Pigalle, au Club de l'Arc), soirées où il fit connaître la house music et ses DJ.

Biographie[modifier | modifier le code]

Âgé de quelques mois à peine en 1958, Jean-Claude Lagrèze est envoyé en France avec sa famille par son père, officier au Vietnam. Leur point de chute est Paris[2].

Jean-Claude Lagrèze se passionne très tôt pour la photographie : son appareil photo ne le quittera plus.

Photographe des célébrités et artistes[modifier | modifier le code]

Il côtoie les personnalités et artistes de Paris de la fin du XXe siècle et photographie les monstres sacrés comme Brigitte Bardot, Anna Karina, Iggy Pop, Kraftwerk, Serge Gainsbourg, Orson Welles, Keith Haring[3]. Il est fasciné par des personnages à la fois forts et fragiles comme le chanteur Divine et l'artiste Leigh Bowery et par des célébrités (avec lesquelles il pactisera) comme les actrices Béatrice Dalle et Julie Delpy et le chanteur Boy George[4],[5]. Entiché du chanteur et acteur David Bowie, il le rencontre et suit sa carrière à travers les époques[6],[7]. Il voue une grande admiration au « photographe de l'élégance » Horst et aux photographes célèbres des années 1960 à 1980 : Richard Avedon, Helmut Newton, Bruce Weber.

Tenant de « la photographie masculine »[modifier | modifier le code]

Son travail s'inscrit, d'après Didier Lestrade, dans un courant photographique novateur des années 1980, « la photographie masculine », où s'illustrent également Pascal Ferrant, Michel Amet, RV Lebeaupin[8].

Ses portraits sont principalement en noir et blanc, éclairé de lumières directes dans des ambiances de prédilection qui ne sont pas sans évoquer les films des années 1930 à 1950 comme ceux de Marcel Carné, ou les films d'auteurs des années 1970-1980 comme ceux de John Waters ou Derek Jarman.

Initiateur de la house music en France[modifier | modifier le code]

Carton d'invitation à la première soirée French Touch au Palace, à Paris, en 1987

À partir de 1987, il crée les soirées French Touch[9] puis French Kiss[10], Xtravaganza, Les Incroyables, où l'on découvre les DJ Laurent Garnier, Guillaume la Tortue et David Guetta. Il est parmi les premiers à introduire la house music[11] dans les night clubs parisiens, au Palace puis au Boy's[12],[13].

De 1980 à 1994, il fait venir sur la scène parisienne de la nuit des artistes et interprètes internationaux : Keith Haring, Anne Pigalle, Leigh Bowery[14], Willi Ninja, John Sex (en)[réf. nécessaire].

En 1985, à Paris, lors d’une séance de peinture corporelle, il réalise une série de clichés de l'artiste américain Keith Haring, dont il avait fait la connaissance en 1982[15].

Vers 1990, Jean-Claude Lagrèze, à l'époque organisateur des soirées Les Incroyables, donne au DJ Kimo sa première chance dans la capitale en le programmant au Boy's avec Laurent Garnier. Kimo aura ensuite plusieurs résidences : aux Bains-Douches, au Palace et au Folies Pigalle[16].

En 1991, l'animateur de télévision Thierry Ardisson fait appel à Jean-Claude Lagrèze pour participer au générique de son émission Double jeu[17]. Quand Les Inconnus réalisent leur parodie Trouble Jeu, ils font appel au photographe[18].

En 2001, le documentaire La Légende de Leigh Bowery[19] (59 min), coproduit par Arte France et l'INA, bénéficie de visuels de Jean-Claude Lagrèze.

Disparition[modifier | modifier le code]

En 2012, un article de Patrice Bardot, paru dans la revue Tsugi, signale le décès de l'artiste[13], en 1994[20], à l'âge de 36 ans[21].

Expositions[modifier | modifier le code]

  • 1983 – Espace Silicium, Forum des Halles, Paris
  • 1984 – Images, à l'Hélium
  • 1984 – Espace Silicium, Forum des Halles, Paris
  • 1990 – Le cinéma de la vie avec Julie Delpy, au Grand Hôtel Riccione, Rimini, Italie
  • 1991 – Julie pour la vie, aux Bains Douches, Paris (toutes les facettes de Julie Delpy)
  • 1992 – Regards, Espace culturel Paul Ricard, Paris[22]
  • 1993 – Portraits Étoiles, 8e Festival du Film de Paris, Espace Fnac
  • 1994 – Poses Parisiennes, Fouquet's Bastille, Paris
  • 2002 – Portraits de Julie Delpy, au Château Marmont, Los Angeles-Hollywood
  • 2010 – Keith Haring in Paris[15]
  • 2012 – Extravanganza, au Kunsthalle, Wien[23],[24].

Publications[modifier | modifier le code]

  • 1988 – Indochine, Le Septennat, Éditions Carrère/KIan, portfolio du groupe par Jean-Claude Lagrèze
  • 1996 – David Bowie, Éditions Albin Michel, collection « Rock & folk »
  • 1996 – Gainsbourg, Et Caetera, Éditions Vaderetro, portfolio Jean-Claude Lagrèze avec Serge Gainsbourg, Bambou, Lulu
  • 1998 – Biographie Leigh Bowery, Violette Éditions, portfolio Jean-Claude Lagrèze
  • 2002 – Arielle Dombasle Face à l'objectif, Éditions du Collectionneur, avec les portraits d'Arielle Dombasle réalisés par Jean-Claude Lagrèze : Face au miroir et Calamity Jane
  • 2003 – Marie France Elle était une fois, Éditions Denoël, portrait de 1989
  • 2004 – The Cure : Après la pluie, Éditions Vents d’orage, portrait Robert Smith de 1984
  • 2004 – L'Aventure Indochine, City Éditions, portraits du groupe par Jean-Claude Lagrèze
  • 2005 – Roman vrai d'Indochine, Bartillat Éditions
  • 2006 – The Cure, After the Rain... the Cure, Éditions Vents d’orage
  • 2010 – L'intégrale Indochine, City Éditions
  • 2010 – Catalogue de l'exposition du centre Beaubourg : Lucian Freud l'Atelier, Leigh Bowery, portrait par Jean-Claude Lagrèze
  • 2016 - Paris capitale underground de Jean-Claude Lagrèze, Biographie, Éditions de La Martinière.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  2. Isabelle Safarian, « Jean Claude Lagrèze. Une étincelle en chambre noire », in Pascal Lagrèze et Sabine Morandini (dir.), Paris capitale underground, Éditions de La Martinière, 2016, p. 7.
  3. Biographie de Stéphane Rivelaygue, sur le site RSLigne by RS : « Jean Claude Lagrèze le photographe incontournable des stars de Madonna à Mickey Rourke, de Julie Delpy à Arielle Dombasle, de Marlène Moureau à Cyrille Clair, de Cameron à Noami ».
  4. Moderne, no 4, décembre 1981.
  5. MA LEGENDE, sur le site personnel de Nightflight.
  6. Spécial David Bowie, reportage de TF1 sur David Bowie, diffusé le 18 mai 1976.
  7. David Bowie. Photo prise le 12 mars 2012 par Lagrèze à La Locomotive à Paris, sur le site iconicpix.
  8. Portfolio : Didier Lestrade, sur le site brain magazine, 23 avril 2010 : « Et puis on a été un support important pour ce qu'on a appelé la « photographie masculine » qui a été un courant particulièrement novateur dans les années 80, avec le travail de Patrick Sarfati, Pierre et Gilles, Pascal Ferrant, Michel Amet, Jean-Claude Lagrèze, RV Lebeaupin, plein d'autres. »
  9. Sur le carton d'invitation de la « première soirée French Touch » dans la boîte de nuit Le Palace, on peut lire : « FRENCH TOUCH : Tous les mercredis French Touch au Palace sur une idée de Jean-Claude Lagrèze/ MERCREDI 3 JUIN 1987 / à partir de 23 heures ».
  10. Biographie de Stéphane Rivelaygue, sur le site RSLigne by RS : « Il fait la rencontre de Jean Claude Lagrèze photographe pour Elle Magazine et organisateur des soirées parisiennes les plus tendance, il travaille pour lui, à la soirée French kiss au Palace ».
  11. Olivier Lamm, Voguing, toujours en vogue, Vogue, 1er décembre 2011 : « Et puis un peu plus tard, en 1991, il a dû se passer quelque chose à Paris. J’ai rencontré Jean-Claude Lagrèze, qui a été parmi les premiers à organiser des soirées house à Paris. C’était une figure incontournable de la nuit parisienne, à l’époque. Il organisait des soirées dans un club qui s’appelait le Boy, où Laurent Garnier faisait le DJ. Il voulait organiser un événement là-bas, avec un show de diapos, qui s’appellerait « Nuit noire à New York »… Malheureusement, le club a été fermé par la police le jour de la soirée… Les photos sont retournées dans des boîtes et elles n’en sont plus jamais ressorties… Jusqu’à ce livre ».
  12. Véronique Willemin, Les secrets de la nuit. Enquête sur 50 ans de liaisons dangereuses : argent, sexe, police, politique, réseaux, Éditions Flammarion, 630 p. : « Le Boy's, l'ancien Observatoire, situé 6, rue Caumartin, sous l'Olympia. La première boîte gay à grande échelle ! Un succès phénoménal dès l'ouverture, avec Pierre Jean comme animateur, mais aussi Galia, Martine Meyer, Jean-Claude Lagrèze... C'est Marco, le DJ belge, qui y a amené le son house ».
  13. a et b Patrice Bardot, Happy birthday Laurent Garnier, part 1, Tsugi Magazine, 09/10/2012 : « 1990, L’An fer à Dijon. / Un photographe parisien qui s’appelait Jean Claude Lagrèze, qui est mort maintenant, faisait des soirées au Boy et au Palace. C’était une espèce d’égérie de la mode très important. Il photographiait les gens un peu branchés, il avait deux DJ attitrés. Guillaume La Tortue et moi. Tous ensemble on a été faire une soirée en Italie à Rimini, il y avait aussi Julie Delpy qui était une copine à lui, tous ses danseurs, c’était très gay car c’était la scène gay qui écoutait de la musique techno à l’époque ».
  14. (en)Xtravaganza, Staging Leigh Bowery, Kunsthalle, Wien.
  15. a et b Expo : Keith Haring photographié par Jean-Claude Lagrèze, paperblog, 16 octobre 2010.
  16. Série What is house muzik? with Kimo, sur planeteparis.fr, 13 décembre 2008. Kimo avait commencé sa carrière de DJ au Portugal en 1988.
  17. [vidéo] Générique de début de l'émission "Double Jeu" de Thierry Ardisson, ina.fr, 14 septembre 1991 : « Sur une version remixée de "Comme la plume au vent " de l'opéra "Rigoletto "de Giuseppe Verdi, Thierry Ardisson mène une revue de cabaret ».
  18. [vidéo] Les Inconnus - Trouble Jeu, ina.fr, 23/02/2007.
  19. (en) [vidéo] The Legend Of Leigh Bowery sur YouTube
  20. « Un très beau livre regroupe des dizaines de photos mythiques de la nuit parisienne », sur Les Frères James, (consulté le )
  21. Isabelle Safarian, op. cit. : « telle une fulgurance, à 36 ans, ce lumineux soupir posé sur la partition de la vie rendit son dernier souffle ».
  22. (en) « Regards is a super rare and very rarefied catalogue of portraits by Jean Claude Lageze, a photograph and, most importantly, promoter of house music nights at Le Palace circa 1989 », cf. 21 Again! David Bowie, Rei Kawakubo, Skinhead Girls, Idea Books, June 7, 2013.
  23. (en) Xtravaganza, staging Leigh Bowery, sur le blog de Nunzia Garoffolo, Fashion Beyond Fashion.
  24. (en) Leigh Bowery, Enfant Terrible of 1980s London Club Fashion, Art Tattler International, 2013.

Liens externes[modifier | modifier le code]