Jean Châtel

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Jean Châtel
Jean Châtel blesse Henri IV à la lèvre
(détail d'une estampe de la fin du XVIe siècle).
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Condamné pour

Jean Châtel (Jean Chastel en moyen français), né en 1575 et mort exécuté le à Paris, est un jeune homme qui a tenté d'assassiner Henri IV le . Il est exécuté deux jours plus tard comme régicide en place de Grève. Ses anciens professeurs, les jésuites du collège de Clermont, sont impliqués dans l'attentat par les enquêteurs et sont sanctionnés.

Cet attentat a lieu alors que la France est encore en proie à la huitième guerre de religion (1585-1598), qui oppose à cette date le camp royaliste rassemblant protestants et catholiques modérés (les « politiques »[1]) autour d'Henri IV (chef du parti protestant devenu roi de France[2] en 1589 et converti au catholicisme en 1593) au camp des Ligueurs, catholiques intransigeants alliés au roi d'Espagne Philippe II.

L'assassinat politico-religieux (réussi ou avorté) est courant à cette époque : il a touché notamment le roi de France Henri III (responsable de l'assassinat du chef de la Ligue, Henri de Guise) en 1589 et Henri IV a déjà été victime de plusieurs tentatives, notamment en 1593. Les fanatiques catholiques comme protestants considèrent le régicide comme justifié si le roi est devenu un « tyran ».

Biographie[modifier | modifier le code]

L'attentat de Châtel et le supplice de l'assassin
(détail d'une gravure sur bois coloriée d'origine allemande, fin du XVIe siècle).

Origines familiales et formation[modifier | modifier le code]

Jean Châtel est le fils d'un marchand-drapier parisien, habitant dans l'île de la Cité.

Il fait des études secondaires au collège de Clermont (actuel lycée Louis-le-Grand), tenu par les jésuites.

L'attentat et ses suites judiciaires[modifier | modifier le code]

Le 27 décembre 1594, Jean Châtel s'introduit dans l'hôtel de Gabrielle d'Estrées, pendant une audience royale[3]. Il porte au roi un coup de couteau à la lèvre, alors que celui-ci se baisse pour relever deux officiers qui sont à ses genoux[pas clair].

Arrêté sur-le-champ, Jean Châtel est condamné à être écartelé. Le supplice a lieu deux jours plus tard en place de Grève. De surcroît, la maison de son père, située sur l'île de la Cité, est démolie et remplacée en 1595 par un monument commémoratif (une pyramide avec des inscriptions hostiles aux jésuites).

Les ligueurs, adversaires acharnés d'Henri IV, inscrivent Jean Châtel dans leur « martyrologe », et le théologien ligueur Jean Boucher écrit une Apologie de Châtel.

Implication et exil des jésuites[modifier | modifier le code]

Le constat de son passage au collège de Clermont amène les enquêteur à accuser ses professeurs d’avoir inspiré son acte, malgré les dénégations de l'accusé[réf. nécessaire].

L'un d'eux, le père Guignard, est pendu et brûlé en place de Grève. Deux autres, les pères Hay et Guéret, sont bannis du royaume.

Les autres pères sont exilés, le collège mis sous séquestre et les meubles vendus[4].

Retour des jésuites (1603)[modifier | modifier le code]

En 1603, les exilés sont autorisés à revenir, faute de preuves de leur implication et compte tenu de la situation de paix, rétablie en 1598, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur (édit de Nantes et paix de Vervins avec Philippe II).

En 1605, la pyramide antijésuite de la maison Châtel est détruite. À son emplacement, le prévôt des marchands François Miron fait construire la fontaine des Barnabites.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Groupe dont faisait partie Montaigne (mort en 1592), qui était un ami d'Henri de Navarre; puis d'Henri IV.
  2. Il était déjà roi de Navarre depuis 1572.
  3. Ernest Petit, Avallon et l'Avallonnais - étude historique, (réimpr. librairie Voillot, Avallon, 1991).
  4. Copie de l'édit du 7 janvier 1595, signé par Henri IV à Poitiers, dans : Charles Sauvestre, Instructions secrètes des Jésuites, , Éditions Dentu, 1878, p. 164-166.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

« Pyramide » commémorative (1595-1605) élevée sur les ruines de la maison paternelle de Châtel.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.
  • Voltaire, Histoire du parlement de Paris, chapitre 36 : « Henri IV assassiné par Jean Chatel »
  • James B. Collins, « Jacques Clément et Jean Chastel, assassins de la « Respublicque françoise » », dans Isabelle Pébay-Clottes, Claude Menges-Mironneau, Paul Mironneau et Philippe Chareyre (dir.), Régicides en France et en Europe (XVIe-XIXe siècles), Genève, Droz, coll. « Cahiers d'humanisme et renaissance » (no 139), , 570 p. (ISBN 978-2-6000-4728-9), p. 95-112.

Liens externes[modifier | modifier le code]