Musée Gaspar

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Musée Gaspar
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Belgique
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Le musée Gaspar est une ancienne maison bourgeoise sise au cœur de la ville d’Arlon, en Belgique où sont rassemblés des objets rappelant l’art et à l’histoire de la ville d’Arlon et de sa région.

Située en bordure d'un parc arboré, cette demeure bourgeoise du XIXe siècle fut léguée à la ville d'Arlon par Charles Gaspar (1871‑1950)[1], photographe pictorialiste, collectionneur, mécène et bienfaiteur de la ville. Si son testament stipule que l'entièreté de la maison ainsi que toutes les collections reviennent à la ville, il comporte une condition : faire de sa maison un musée. Le musée conserve également un retable du 16e siècle, chef d'œuvre commandé pour l'église ardennaise de Fisenne et des collections relatives à l'abbaye d'Orval[2].

Dès lors, à sa mort en 1950, c'est une immense collection comportant des photographies, des peintures, des gravures, des sculptures, du mobilier, des livres anciens... que Charles lègue à sa ville natale. À cela s'ajoutent les œuvres (bronzes et plâtres) de Jean Gaspar (1861‑1931), son frère sculpteur. Cet ensemble prestigieux constitue aujourd'hui le legs Gaspar, noyau de la collection permanente du musée.

À cela s'ajoutent d'autres collections d'art, glanées au fil des ans, parmi lesquelles le retable de Fisenne, joyau de l'art religieux issu des ateliers anversois du XVIe siècle et pièce maîtresse de la collection.

Le tout est niché dans une demeure entièrement restaurée en 2003, et consacrée, depuis son ouverture en 2004, à l'art et à l'histoire d'Arlon et de sa région.

Le musée vit surtout au rythme d'expositions temporaires où l'art et l'histoire de la Grande Région sont présentés au public de manière ludique. Partenaire de l'Académie des Beaux-arts de la Ville d'Arlon, le musée propose chaque mois de juin une exposition d'art éphémère dans le parc Gaspar. C'est l'occasion pour les élèves de l'académie de présenter le fruit de leurs recherches artistiques aux promeneurs et visiteurs de ce parc urbain.

Le musée, un des acteurs du Réseau Art & Mus (MSW), est un « musée enfants admis » et propose différentes activités aux jeunes visiteurs : guide du jeune visiteur, anniversaire au musée, ateliers en famille...

La maison Gaspar[modifier | modifier le code]

Le musée tient son nom de cette famille de notables arlonais, installée depuis la fin du XIXe siècle dans cette demeure construite en 1842. De cette époque fastueuse, seuls deux salons d'apparat et l'escalier d'honneur sont conservés. Ils abritent aujourd'hui une partie de la collection permanente.

La maison[modifier | modifier le code]

En 1838, le banquier arlonais Charles-Gabriel Printz et la Société d’Industrie Luxembourgeoise acquièrent un grand terrain rue de Virton, l’actuelle rue des Martyrs ; ils y construisent une bâtisse qui abritera la Banque provinciale Printz & Cie. En 1842, la construction démarre et Charles-Gabriel Printz prend possession des lieux à la fin de l’année.

Le , le banquier décède brutalement, à l’aube de ses 41 ans. Claire-Eulalie, sa veuve, assure la gestion de la banque jusqu’en 1848, année de sa mise en liquidation.

En 1857, les neveux de Charles-Gabriel Printz, François et Ferdinand Schwarz, investissent les lieux et constituent une nouvelle société pour l’exploitation de la banque Schwarz-Printz & Cie. En 1863, les frères Schwarz décident de scinder la demeure en deux parties indépendantes.

1869 marque l’âge d’or de la maison : le corps de logis est agrandi par la construction d’un magnifique appartement dans une partie des dépendances.

En 1893, les frères Schwarz cessent leurs activités. Les deux parties de la maison sont réunies. Le , le notaire Alphonse Gaspar et son épouse Jeanne Irma Reuter achètent l’immense bâtisse.

En 1898, à la mort de leur père, Jean et Charles Gaspar deviennent propriétaires de la moitié de l’immeuble et en cèdent l’usufruit à leur mère.

En 1931, Jean-Marie Gaspar décède à Uccle. En 1933, Jeanne-Irma décède. L’héritage se répartira entre son fils Charles et les trois enfants de Jean-Marie.

En 1935, ses neveux lui ayant revendu leur part, Charles Gaspar devient seul propriétaire de la maison de maître. Dans son testament (1935), il déclare vouloir léguer sa propriété ainsi que les œuvres de son frère à la ville d’Arlon, moyennant quelques conditions. Il décède en 1950. En 1952, le legs est officiellement réalisé. Dès 1953, le bourgmestre Jules Massonet et le collège échevinal permettent au conservateur de l’Institut Archéologique du Luxembourg, Alfred Bertrang, d’occuper trois salles au premier étage de la maison Gaspar. Ce dernier y installe son secrétariat, une bibliothèque ainsi qu’une salle de lecture.

En 1958, les annexes de la bâtisse sont démolies.

Entre 1973 et 1997, la bibliothèque de l’Institut Archéologique s’accroît considérablement tandis que l’état du bâtiment se dégrade inexorablement. En 1997, l’immeuble est quasiment en ruines ; les autorités communales réagissent et décident de tout mettre en œuvre pour le sauver. En collaboration avec l’Institut Archéologique du Luxembourg, une rénovation intégrale des lieux est prévue. L’architecte Pascal Sommelier supervise les opérations.

En 2002, le ministre Rudy Demotte et le département de la culture de la communauté française accordent une subvention de 400 000 euros pour la restauration du site, qui a lieu tout au long de l’année 2003. Le coût total de cette rénovation s’élève à plus d’un million d’euros.

Les frères Gaspar[modifier | modifier le code]

Alphonse Gaspar a eu quatre fils. Deux décèdent assez rapidement si bien que la tradition locale n'a retenu que Jean et Charles.

Jean-Marie Gaspar[modifier | modifier le code]

Le , Jean-Marie Gaspar voit le jour à Arlon. Second fils du notaire Alphonse Gaspar, il effectue ses études à l’Athénée d’Arlon puis se destine à une carrière d’ingénieur.

En 1878, il réussit l’examen d’admission de la Faculté de Sciences Appliquées de l’université de Liège. Au milieu de ses études, il quitte l’université pour s’inscrire à l’académie royale des beaux-arts de Bruxelles dont il est renvoyé dans le cours de l’année.

En 1884, il visite le « Salon des XX », où sont exposées les œuvres de l’Anversois Jef Lambeaux. Le jeune Gaspar, impressionné, demande à l’artiste de l’initier à la sculpture. Ce dernier accepte.

Vers 1886, Jef Lambeaux commande à son élève des sculptures de reptiles destinées à orner la fontaine Brabo à Anvers. Il s’agit de la toute première réalisation animalière du sculpteur arlonais.

En 1889, il expose ses œuvres à l’exposition universelle de Paris. Il remporte la médaille de bronze pour son œuvre L’enlèvement des Sabines.

C’est également à cette époque qu’il s’émancipe de Jef Lambeaux afin de travailler dans son propre atelier.

À partir de 1892, l’artiste arlonais multiplie les expositions. Il remporte à Lille une médaille d’argent pour l’œuvre intitulée Baiser ou Adolescence. À cette époque Jean-Marie Gaspar s’oriente définitivement vers les sculptures animalières ; fasciné par les animaux, tant locaux qu’exotiques, il fréquente assidûment le zoo d'Anvers où il aiguise son sens de l’observation. Il représente les animaux en mouvement, chaque sculpture tendant à restituer la synthèse d’un comportement animal particulier.

En 1895, il épouse Irma Athalie Reuter. Le couple s’installe à Uccle et Jean-Marie établit son atelier à Bruxelles.

En 1897, il participe à un concours : le gagnant réalisera un attelage qui surplombera l’arc de triomphe du Cinquantenaire. L’artiste travaille sur ce projet pendant plus d’un an, investissant beaucoup de temps et d’argent, mais ne remporte pas le concours. Déçu et amer, il plie bagages et retourne vivre à Arlon.

En 1899, Le sculpteur s’inspire dans la forêt ardennaise pour réaliser son œuvre la plus connue : L'appel de la Forêt.

Appel de la Forêt sis au square Astrid à Arlon.

À partir de 1905, il multiplie les expositions et participe à divers salons, tant en Belgique qu’ailleurs en Europe. Paradoxalement, le sculpteur vit mal son succès et sombre peu à peu dans la dépression et l’alcoolisme.

En 1911, il est proclamé « Chevalier de l’ordre de Léopold » par Albert Ier. Accompagné de son élève Édouard Straus, il réalise plusieurs œuvres marquantes peu avant la Première Guerre mondiale, telles que Cheval de trait d’Ardennes ou les Éléphants. Cette période marque l’apogée de sa carrière.

En 1920, Jean-Marie réalise, pour la ville d’Arlon, un autel du souvenir célébrant le sacrifice des combattants belges. Ce monument, situé devant l’hôtel de ville, est appelé Jass.

Le , Jean-Marie Gaspar meurt à Uccle. Il est inhumé au cimetière d’Arlon dans le caveau familial.

Charles Gaspar[modifier | modifier le code]

Charles Gaspar nait à Arlon en 1871. Il ne poursuit pas ses études universitaires et reprend la gestion des affaires familiales en 1893, après le décès de deux de ses frères et de son père. C’est donc une famille profondément endeuillée qui fait l’acquisition de la demeure de la rue de Virton (actuel musée Gaspar) à l’été 1893. Charles, alors âgé de 22 ans, s’y installe avec ses parents qui ont également aménagé un atelier dans le jardin pour Jean, leur deuxième fils (1861-1931), sculpteur animalier déjà médaillé à l’Exposition universelle de Paris de 1889.

Dès l’arrêt de ses études, Charles se lance dans la photographie d’art. Il devient un des représentants du pictorialisme et se fait membre de l’Association Belge de Photographie de 1896 à 1914. Il expose dans l’Europe entière. La collection de médailles réunie atteste d’une activité intense durant vingt années. Il est contemporain des grands noms du mouvement, comme Léonard Misonne ou Gustave Marissiaux. Sa bibliothèque personnelle s’enrichit également, par des ouvrages d’histoire de l'art, de tourisme, d’histoire militaire… Il collectionne les meubles anciens et les tableaux d’artistes, qui sont souvent, d’ailleurs, ses amis. Il devient membre de l’Institut Archéologique du Luxembourg en 1925.

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Charles Gaspar s’investit dans des mouvements patriotiques et des œuvres sociales. En tant que secrétaire de la Jeunesse Arlonaise, « cercle patriotique et d’intérêt local », il fait partie des initiateurs de monuments comme le Coq Gaulois ou le Jass, sculptures commandées à son frère Jean pour honorer respectivement les soldats français (1919) et les Arlonais morts pour la patrie (1920).

Son frère décède en 1931, sa mère en 1933. Il s’attèle désormais à rendre hommage à l’œuvre de son frère et veille à la bonne gestion de ses biens. Fin 1931, une exposition est organisée par le Cercle artistique et littéraire de Bruxelles, une « causerie » a lieu en … Il est également membre du comité local des Sangliers réunis, les Luxembourgeois de la capitale, qui souhaitent rendre hommage au sculpteur décédé en érigeant, d’abord place Léopold puis au square Astrid, une reproduction agrandie de son Appel de la Forêt.

Charles Gaspar décède le à l’âge de 79 ans en léguant à la Ville d’Arlon sa maison et son contenu, pour en faire un musée, tandis que sa fortune se partage entre de nombreuses œuvres sociales, ou la création de prix scolaires en l’honneur de ses trois frères.

Son legs à la Ville d'Arlon est riche de milliers d'œuvres. En amateur d'art éclairé, il a contribué à la richesse culturelle de la ville.

Les collections[modifier | modifier le code]

Outre le legs de Charles Gaspar, qui présente des artistes comme James Ensor, Suzanne Valadon, Louis-Albert Carvin, Jef Lambeaux, Georges Lemmen, Nestor Outer, Camille Barthélemy, Marie Howet, Camille Lambert ainsi que des sculptures, gravures, photogravures et toiles anciennes, le musée possède des collections d’art religieux dont la pièce maîtresse est le retable de Fisenne (ca 1510), issu des ateliers anversois du XVIe siècle, visible dans la « salle religieuse » du musée.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (fr + be) « Musée Gaspar — Ville d'Arlon » Accès libre, sur Musée Gaspar
  2. « MUSÉE GASPAR (Arlon): Ce qu'il faut savoir pour votre visite ... » Accès libre, sur Tripadvisor

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]