Jean-Marc Nattier

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 13 février 2020 à 12:52 et modifiée en dernier par Thomon (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Jean-Marc Nattier
« Portrait de Jean-Marc Nattier » par Louis Tocqué (fin des années 1740)
New York, Metropolitan Museum of Art
Naissance
Décès
(à 81 ans)
Paris
Sépulture
Période d'activité
Nationalité
Activité
Élève
Lieux de travail
Mouvement
Père
Mère
Fratrie
Enfant
Sophie Challe (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Œuvres principales
Marie-Thérèse d'Estampes, marquise de La Ferté-Imbault (1740). Musée d'Art Fuji de Tokyo.

Jean-Marc Nattier, né le à Paris où il est mort le , est un peintre français.

Biographie

Fils du portraitiste Marc Nattier et de la miniaturiste Marie Courtois, et frère du peintre Jean-Baptiste Nattier, Jean-Marc Nattier eut un talent précoce : à quinze ans il remporta le premier prix de dessin de l’Académie.

Jouvenet, son parrain, sollicita pour lui une place vacante à l’Académie de France à Rome, mais le jeune lauréat préféra rester à Paris et user de la permission qu’il avait obtenue de dessiner, pour les faire graver, les tableaux de la galerie de Rubens au Luxembourg[1] commandés par Marie de Médicis. La célébrité lui fut prédite par Louis XIV, qui lui dit, en voyant quelques-uns de ses dessins : « Continuez, Nattier, et vous deviendrez un grand homme ».

En 1713, il fut reçu membre agréé de l’Académie. Deux ans plus tard, cédant aux instances de l’envoyé de Pierre Ier le Grand à Paris, il consentit à se rendre à Amsterdam, d’où il devait passer en Russie à la suite du tsar. Mais, après avoir fait le portrait de l'épouse secrète de Pierre le Grand (depuis 1707), devenue son épouse officielle en 1712, la future impératrice Catherine 1ère (de 1725 à 1727), et un tableau représentant la bataille de Poltava, il revint sur sa détermination première, et étant revenu à Paris ne put se décider à quitter son pays.

Nattier avait partagé l’engouement presque général pour le système de Law. La déconfiture de la banque et la perte d’un procès de famille assez important le laissèrent sans autres ressources que celles qu’il pouvait tirer de son talent. À partir de ce moment, Nattier se mit à peindre plus particulièrement des portraits[2], et se fit promptement une grande réputation en ce genre. Portraitiste officiel de la famille d’Orléans puis de la cour de Louis XV en 1748, il peignit tous les personnages marquants de son temps, et parmi eux le maréchal de Saxe (musée de Dresde), l’impératrice Marie-Thérèse (musée de Bruxelles), la reine Marie Leszczyńska ; mesdames Henriette et Adélaïde, filles du roi, qui figurèrent au salon de 1758 et sont au musée de Versailles ; le Dauphin ; la Dauphine ; mesdemoiselles de Beaujolais, de Chartres, de Clermont ; etc.

Le chevalier d’Orléans, grand prieur de France, le chargea d’achever la décoration, commencée par Raoux, d’une des galeries de son hôtel, et lui donna un logement au Temple. À la mort du chevalier, le prince de Conti fit vendre au profit de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem tous les tableaux et autres objets ayant appartenu au grand-prieur. Touché de voir vendre, sous ses yeux et à l’encan, des tableaux qui lui avaient coûté des soins et des travaux infinis, Nattier y mit l’enchère, et les racheta.

Portrait de Madame de La Porte (1752). Musée Calouste-Gulbenkian

Agréé de l’Académie en 1713, il avait été élu membre de l’Académie le , sur la présentation d’un tableau de Phinée et ses compagnons pétrifiés par la tête de Méduse (musée de Tours). Le , il fut nommé professeur. Mélangeant réalisme et fantaisies en insérant des personnages mythologiques dans ses œuvres, il exposa aux différents salons de 1737 à 1763 et figure aujourd’hui comme l’un des plus grands portraitistes du XVIIIe siècle.

Autant le début de sa carrière avait été brillant, autant les dernières années de Nattier furent remplies de chagrin. « Bien avant que d’être hors d’état de pouvoir toucher le pinceau, il fut malheureux. La guerre, le fléau des arts, l’inconstance du public, le goût de la nouveauté, tout se réunit pour lui faire éprouver le plus triste abandon. À cette grande affluence à laquelle il était accoutumé succéda une désertion presque totale ; enfin, il ne lui resta plus de ses grandes occupations que quelques ouvrages à finir pour la cour commencés dans des temps plus heureux. »

Aux chagrins qu’il ressentit de l’abandon du public et de ses anciens protecteurs vint se joindre une douleur plus grande encore. Nattier avait envoyé en Italie son fils, qui lui donnait les plus grandes espérances, pour y achever ses études de peinture. Six mois après son arrivée à Rome, ce jeune homme se noya en se baignant dans le Tibre.

Les trois filles de Nattier avaient épousé, deux d’entre elles les peintres Challe et Tocqué, la troisième Brochier, secrétaire d’ambassade. Réduit à un état voisin de la misère, ayant échoué à obtenir une pension qu’il avait sollicitée le , ressentant les premières atteintes du mal qui le retint au lit pendant les quatre dernières années de sa vie. Vieux, pauvre et malade, Nattier fut recueilli par son gendre Challe, chez lequel il mourut.

Son frère aîné, Jean-Baptiste Nattier, avait été peintre, comme lui.

Galerie

Bibliographie

  • Pierre de Nolhac, Nattier, peintre de la Cour de Louis XV, Paris, Henri Floury, Éditeur, 1925, 289 p.
  • Le nécrologe des hommes célèbres de France, par une société de gens de lettres. Année 1768, p. 7-21, Chez J. E. Dufour imprimeur & libraire, Maestricht, 1775 (lire en ligne)

Sources

  • Ferdinand Hoefer, Nouvelle Biographie générale, t. 37, Paris, Firmin-Didot, 1863, p. 507-8.

Voir aussi

Articles internes

Liens externes

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références

  1. « Ces dessins, faits, dit Mariette, avec beaucoup de soin et de propreté, mais d’une manière si froide et si fort éloignée de celle du maître flamand, que les estampes, qui furent gravées par ce que nous avions de meilleurs graveurs, n’ont donné que les compositions et rien du véritable caractère du peintre. » Ces dessins furent achetés par Law en 1719, pour le prix de 18 000 livres. Pendant quelques années, on ne sut ce qu’ils étaient devenus lorsqu’ils reparurent à la vente du cabinet Gaignat. Les planches des gravures qui en ont été faites se retrouvèrent à la chalcographie du Louvre.
  2. Il se destinait tout d’abord à la peinture d’histoire.