Jean-Christophe Cambadélis

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Jean-Christophe Cambadélis
Illustration.
Jean-Christophe Cambadélis en 2007.
Fonctions
Premier secrétaire du Parti socialiste[N 1]

(3 ans, 5 mois et 15 jours)
Élection
Réélection 28 mai 2015
Prédécesseur Harlem Désir
Successeur Rachid Temal[N 2] (intérim)
Olivier Faure
Député français

(5 ans)
Élection 17 juin 2012
Circonscription 16e de Paris
Législature XIVe (Cinquième République)
Groupe politique SRC (2012-2016)
SER (2016-2017)
Prédécesseur Françoise de Panafieu
Successeur Mounir Mahjoubi

(15 ans et 7 jours)
Élection 1er juin 1997
Réélection 16 juin 2002
17 juin 2007
Circonscription 20e de Paris
Législature XIe, XIIe et XIIIe (Cinquième République)
Groupe politique SOC (1997-2007)
SRC (2007-2012)
Prédécesseur Jacques Féron
Successeur Circonscription supprimée

(4 ans, 9 mois et 9 jours)
Élection 12 juin 1988
Circonscription 20e de Paris
Législature IXe (Cinquième République)
Groupe politique SOC
Prédécesseur Proportionnelle par département
Successeur Jacques Féron
Conseiller de Paris

(5 ans, 8 mois et 27 jours)
Élection 18 juin 1995
Maire Jean Tiberi
Biographie
Nom de naissance Jean-Christophe Raymond Jules Cambadélis Georgiades
Date de naissance (72 ans)
Lieu de naissance Neuilly-sur-Seine (France)
Nationalité Française
Parti politique OCI (1971-1981)
PCI (1981-1986)
PS (depuis 1986)
Diplômé de Université Paris-Diderot

Jean-Christophe Cambadélis, né le à Neuilly-sur-Seine, est un homme politique français.

D'abord militant d'extrême gauche au sein du courant trotskiste lambertiste, il est actif dans le syndicalisme étudiant et préside l'Union nationale des étudiants de France – Indépendante et démocratique (UNEF-ID) de 1980 à 1984.

Entré au Parti socialiste en 1986, il est député de 1988 à 1993 et de 1997 à 2017. Dans les années 1990, il est un des plus farouches opposants au Front national et œuvre pour la mise en place de la coalition de la gauche plurielle. Il est un temps le bras droit de Dominique Strauss-Kahn. Il est par ailleurs condamné en 2006 pour recel d'abus de confiance dans l’Affaire de la MNEF.

En 2014, il devient premier secrétaire du Parti socialiste en remplacement d'Harlem Désir, entré au gouvernement. Après la large défaite du Parti socialiste aux élections présidentielle et législatives de 2017, à l'issue desquelles il perd son mandat de député, il démissionne de la tête du PS.

Vie politique[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

Il est le fils de Christophe Cambadélis, issu d'une famille grecque orthodoxe de Mytilène (Cambadélis s'écrivant en grec Καμπαδέλης Kampadéles), restaurateur à Paris puis plus tard tailleur de diamants à Athènes, et d'Yvette Bleuse, française née en Picardie[1], employée à la banque de France[2].

Jeunesse étudiante et militantisme trotskiste[modifier | modifier le code]

Jean-Christophe Cambadélis adhère vers 1971 à l'Alliance des jeunes pour le socialisme (AJS), la structure jeune de l'Organisation communiste internationaliste (OCI) — puis Parti communiste internationaliste (PCi) —, le mouvement trotskiste lambertiste. Portant alors le pseudonyme de « Kostas », en référence au philosophe marxiste grec Kostas Axelos, il devient à l'époque le principal animateur de l'organisation lambertiste en milieu étudiant. Il participe au congrès de scission de l'UNEF en 1971 et il est un des principaux animateurs du mouvement étudiant contre la réforme Saunier-Seïté de 1976 avec d'autres futurs dirigeants socialistes comme Julien Dray (qui milite alors à la LCR), Jean-Marie Le Guen (qui anime la Tendance reconstruction syndicale, autogestionnaire, à l'UNEF-US) ou encore Benjamin Stora.

Comme beaucoup d'étudiants de sa génération, il côtoie des figures intellectuelles du mouvement trotskiste telles que Claude Chisserey ou Pierre Broué. Le mouvement étudiant de 1976 est le point de départ de la démarche qui débouche sur la « réunification » de l'UNEF avec les organisations étudiantes non communistes (congrès de Nanterre de 1980). Il devient président de l'UNEF – Indépendante et démocratique (UNEF-ID), dont font partie Harlem Désir, Laurence Rossignol, Benjamin Stora, Christophe Borgel, Julien Dray, Stéphane Fouks, Alain Bauer, Jean-Marie Le Guen, Jean-Loup Salzmann ou Patrick Menucci. François Bazin et Joseph Macé-Scaron font de ce congrès la fondation de la génération des « Nanterre », opposées aux « Voltaire » (promotion de l'ENA 1980), emmenés par François Hollande, Ségolène Royal, Michel Sapin, Pierre-René Lemas.[réf. nécessaire] Jean-Christophe Cambadélis prend la parole au nom de cette organisation le , place de la Bastille au soir de la victoire de François Mitterrand. Il quitte la présidence de l'UNEF-ID en 1984. Bientôt, un désaccord l'oppose à Lambert sur l'évolution du PCI. Il reproche au dirigeant de sous-estimer la montée du Front national et de refuser la transformation et la démocratisation du PCI — qui s'enferme dans des procès en exclusion dignes des méthodes staliniennes que les lambertistes dénoncent pourtant (affaires Varga, Mélusine, Berg ou Just). Sous sa présidence, l'UNEF-ID participe au mouvement contre la Réforme Savary des universités de 1983 mais dans des manifestations distinctes de celles des syndicats de droite et d'extrême droite.

Toujours étudiant, il s'inscrit à l'université Paris Diderot pour présenter une thèse de doctorat consacrée au bonapartisme gaulliste[3], qu'il parvient à rédiger en moins d'un an, entre et [4]. Mediapart publie en un article selon lequel Jean-Christophe Cambadélis ne disposait pas à l'époque des diplômes requis pour soutenir cette thèse[5], ce que dément l'université qui affirme « après vérification » que l'obtention de ses diplômes est régulière[6].

Il rompt avec le PCI en avril 1986, en emmenant avec lui au PS près de 450 autres militants[7], l'essentiel du secteur jeunes pour rejoindre le Parti socialiste[8]. Ce départ de Cambadélis ruine l'activité du PCI en direction de la jeunesse étudiante.

Au Parti socialiste[modifier | modifier le code]

Son rôle déterminant et son ascension rapide au Parti socialiste peuvent paraître d'autant plus spectaculaires que Jean-Christophe Cambadélis, lorsqu'il intègre le PS en 1986, sort tout juste de quinze ans de militantisme d'extrême gauche lambertiste, à l'OCI puis au PCI.

La « sortie du PCI » s'organise avec la constitution du Cercle d'études contemporaines avec Benjamin Stora et Pierre Dardot qui théorisent la démarche, puis de Convergences socialistes qui se dissout au moment de l'entrée au PS. Il s'agit de « renforcer la gauche au Parti socialiste », sans pour autant constituer de courant. Certains, comme Philippe Darriulat ou Liêm Hoang-Ngoc, rejoignent Henri Emmanuelli, d'autres abandonnent la politique. Cambadélis et Julien Dray, fondateur de SOS Racisme, venu, lui, de la LCR, aident chacun avec ses réseaux, le Parti socialiste à maintenir le lien avec les organisations étudiantes lors du mouvement contre la loi Devaquet.

En 1988, il devient député PS de Paris, dans le 19e arrondissement, en éliminant, avec l'appui décisif de l'Élysée, le député socialiste élu en 1981, Alain Billon. Au PS, il est proche de Lionel Jospin. Il est battu aux législatives de 1993, dans la circonscription pourtant la plus à gauche de la capitale.

Le Manifeste contre le Front national[modifier | modifier le code]

En juin 1990, il fonde Manifeste contre le Front national[9], en même temps que Ras l'front et l'Appel des 250[réf. nécessaire]. Gaël Brustier et Fabien Escalona soulignent que « l'objectif du mouvement consiste non seulement à mobiliser sur le terrain les opposants au FN, mais aussi à produire une analyse de l'idéologie de ce parti, considérée comme irréductible à un simple « retour du fascisme » mais bien dangereuse pour la République. Il n'est pas anodin non plus qu'une autre caractéristique du Manifeste soit son plaidoyer pour la constitution d'un grand parti unifiant toute la gauche »[10]. Le Manifeste se différenciait de SOS Racisme par sa volonté de politiser le débat anti-lepéniste, là où SOS racisme restait sur un registre purement moral.

L'historien Gilles Vergnon note que « le texte, qui associe des références hétérogènes aux analyses de Pierre-André Taguieff (le « populisme »), à l'antitotalitarisme (« Aujourd'hui, en France, la lutte contre la montée du totalitarisme est à l'ordre du jour »), n'est pas ordonné, comme les initiatives précédentes, autour de l'antiracisme, mais il décline les facettes multiples du « lepénisme » première manière. S'il repolitise l'opposition au FN sans trop emprunter au registre traditionnel de l'antifascisme (« le fascisme ne passera pas ») ni à l'antiracisme éducatif, il continue à considérer le FN comme un héritage du passé : Le Pen « veut son passé comme un avenir pour la France et l'Europe », il « veut ériger comme espoir le dernier carré de la France pétainiste »[11].

Jean-Christophe Cambadélis avait développé la stratégie du « harcèlement démocratique » : pas un évènement du FN sans mobilisation de masse de toute la gauche. Le point culminant fut la manifestation du , à l'initiative du groupe local du Manifeste à Strasbourg contre la tenue du congrès du parti lepéniste[12].

Les Assises de la transformation sociale[modifier | modifier le code]

À partir de 1994, il organise les Assises de la transformation sociale, de grands forums où la gauche politique, associative ou syndicale, se parle. Cambadélis active ou réactive les réseaux de militants qui évoluent chez les écologistes, les communistes, les socialistes ou les alternatifs, les syndicalistes ou les associatifs. Seuls les amis de Jean-Pierre Chevènement refusèrent d'y participer. Ces rencontres se font avec la collaboration de Gilbert Wasserman, Yves Cochet des Verts, Philippe Herzog ou Patrick Braouezec, représentant de la tendance des "réformateurs" du PCF.

Les Assises de la transformation sociale furent l'occasion d'un appel signé par plus d'un millier de militants de toute la gauche lancé dans les colonnes du Monde le . Le comité d'organisation des Assises rassemble divers clubs de gauche comme les clubs Convaincre, de sensibilité rocardienne. Cinq débats eurent lieu : en février à Paris sur le thème « Pourquoi transformer la société ? », en avril à Rennes sur « Quelle économie pour l'emploi ? », en septembre à Vaulx-en-Velin sur « Vivre ensemble », en octobre à Toulouse sur « Pratique du pouvoir, citoyenneté et démocratie » et en décembre à Lille sur « Repenser le monde ». On peut y voir le prélude à ce qui va devenir la gauche plurielle.

Avec Lionel Jospin et Dominique Strauss-Kahn[modifier | modifier le code]

Jean-Christophe Cambadélis fut l'un des proches de Lionel Jospin dès son arrivée au PS. En 1995, il est l'un des porte-parole de la campagne présidentielle perdue, et, en 1997, il devient numéro 2 du PS, chargé des relations extérieures. Lors de la campagne présidentielle de 2002, il est chargé des relations avec le monde associatif et syndical. En 2000, il participe avec des jospinistes et des rocardiens au lancement du courant Socialisme et démocratie qui se propose d'être le courant de pensée qui anticipe ou qui prolonge le réformisme que Jospin applique au gouvernement. L'échec de 2002 pose la question du leadership, mais il apparaît bientôt que Dominique Strauss-Kahn est celui qui incarne le mieux la synthèse jospino-rocardienne dont le débouché doit être la mutation vers la social-démocratie[13]. Il anime aussi le courant Socialisme et démocratie. Il est élu député le , pour la XIIe législature (2002-2007), dans la 20e circonscription de Paris (19e arrondissement).

Lors du Congrès du Parti socialiste au Mans en 2005, Jean-Christophe Cambadélis soutient la motion 1 du premier secrétaire François Hollande[14]. Il est investi pour représenter le Parti Socialiste aux élections législatives de juin 2007 dans la 20e circonscription de Paris, qui correspond à la plus grande partie du 19e arrondissement. Il y milite depuis longtemps pour la couverture du périphérique et pour la création de centres d'animation par quartiers. Il est réélu avec 59,1 % des suffrages.

Considéré comme le principal « lieutenant » de Dominique Strauss-Kahn, il lance l'initiative des Reconstructeurs[15] pour rassembler divers courants du PS qui aboutit bientôt à un soutien à Martine Aubry dans sa course au poste de premier secrétaire du Parti socialiste. Au congrès de Reims, il est nommé secrétaire national à l'Europe et à l'international, succédant à ce poste à Pierre Moscovici. Auparavant, Pierre Guidoni et Lionel Jospin avaient également exercé cette fonction au sein de la direction du PS. Il est réélu député aux élections législatives de 2012.

Premier secrétaire du Parti socialiste[modifier | modifier le code]

En 2012, comme 15 ans auparavant, Jean-Christophe Cambadélis est pressenti pour devenir premier secrétaire du Parti socialiste, mais Harlem Désir lui est préféré à la suite de l'appel de quatre ministres (Stéphane Le Foll, Pierre Moscovici, Manuel Valls et Vincent Peillon) en sa faveur. Fin , il devient vice-président du Parti socialiste européen. Après la défaite du PS aux élections municipales de 2014 et l'entrée d'Harlem Désir comme secrétaire d'État chargé des Affaires européennes dans le gouvernement Manuel Valls I, Jean-Christophe Cambadélis est élu le avec 67 % des voix par le conseil national premier secrétaire du Parti socialiste, non sans provoquer les critiques de l'aile gauche du parti, qui réclamait une direction collégiale intérimaire jusqu'au prochain congrès du parti[16],[17],[18].

À la fin du mois de , il met en place une cellule de riposte contre le Front national animée par Elsa Di Méo et Sarah Proust, secrétaires nationales du PS. Gaël Brustier et Fabien Escalona évoquent l'« effort, inédit, d'un travail centralisé sur la nature du FN et les moyens de s'y opposer » au sein du PS. Les auteurs soulignent que « la centralité du combat anti-FN constitue un marqueur ancien de son parcours militant » et qu'il l'exploite « comme argument pour l'union de la gauche (derrière le PS) » en mettant en avant l'avènement d'un « tripartisme » qui « désigne une configuration où le FN serait devenu un concurrent de même statut que l'UMP-LR et le PS [...] »[10].

En 2015, il publie À gauche, les valeurs décident de tout, ouvrage qui ne totalise que 278 ventes mi-septembre de la même année[19]. Sous son impulsion, la social-écologie devient le slogan du PS à partir de la campagne des élections départementales de 2015[20],[21].

En vue de l'élection présidentielle de 2017, il soutient le projet de primaires à gauche, « sans préalables et sans préjugés », tout en considérant que « le candidat le plus crédible par temps de crise est le président de la République »[22]. Il organise et promeut également la Belle alliance populaire, mouvement ouvert à la société civile, dans le but d'élargir le soutien à une candidature de gauche en 2017[23],[24].

Sous sa direction, la plupart des rassemblements socialistes se font à huis clos[25].

Au sein du PS, il fait office de tutelle pour plusieurs jeunes militants de l'aile gauche des soutiens de Dominique Strauss-Kahn, parmi lesquels Stéphane Séjourné, Mao Peninou, Maxime des Gayets, Guillaume Chiche, Aurélien Taché, Mickaël Nogal, Pierre Person ou encore Sacha Houlié, qui rejoignent progressivement Emmanuel Macron durant son ascension. Le Journal du Dimanche relève qu'« au moment d'investir des candidats En marche ! aux législatives, Séjourné agit dans l'ombre. Cambadélis est l'un des premiers à se retrouver avec un candidat face à lui »[26].

En , le magazine Capital le cite parmi les députés les moins impliqués à l’Assemblée nationale entre 2012 et 2017[27].

Candidat à sa réélection lors des élections législatives de 2017, il arrive en quatrième position, se voyant éliminé du second tour avec seulement 8,60 % des suffrages exprimés[28]. La débâcle du Parti socialiste lors de ces élections lui est en partie imputée[29]. Plusieurs personnalités socialistes appellent à son départ, notamment Michèle Delaunay, qui voit en lui l'incarnation de « l'absence de renouvellement et des erreurs » du Parti socialiste[30].

Il annonce sa démission le avec la mise en place d'une direction collégiale début juillet[31],[32]. Il reste cependant en fonction jusqu'au [32],[33]. Les 28 membres de la collégiale récupèrent l'essentiel de ses attributions et Rachid Temal lui succède juridiquement en tant que coordinateur et représentant légal du parti[34].

Son bilan est très critiqué, notamment au sein du parti[35]. Ayant accompagné la seconde partie du mandat de François Hollande, où les échecs électoraux se sont succédé, Jean-Christophe Cambadélis est loin d'avoir tenu sa promesse d'amener le PS à 500 000 adhérents en 2017, puisque le parti n'en comptait que quelque 40 000 lors de son départ[36]. Son projet de Belle Alliance Populaire reste moqué et le parti est contraint de vendre son siège rue de Solférino en raison de ses difficultés financières[35]. Lors de son pot de départ, fait inédit, il n'est pas applaudi à la fin de son discours[37].

L'après Hollande[modifier | modifier le code]

En 2018, il crée une fondation afin de promouvoir le mouvement associatif, Les Réseaux d'entraide de défense solidaire (REDS)[38].

Détail des mandats et fonctions[modifier | modifier le code]

Affaires et condamnations judiciaires[modifier | modifier le code]

Affaire du doctorat[modifier | modifier le code]

Dans un ouvrage publié en septembre 2014[39], le journaliste Laurent Mauduit accuse Jean-Christophe Cambadélis d'avoir obtenu de manière frauduleuse un doctorat de troisième cycle, soutenu en 1985 à l'université Paris VII, sous la direction du professeur Pierre Fougeyrollas. L'usurpation résiderait dans le fait qu'il n'aurait disposé d'aucun des diplômes lui permettant de s'inscrire en doctorat, n'étant pas titulaire d'une licence, d'une maîtrise ou d'un DEA. Jean-Christophe Cambadélis dément, évoquant une dérogation de l'université Paris-VII tout à fait usuelle. L'université Paris-VII a de son côté démenti toute irrégularité.

Selon Laurent Mauduit, l'inscription aurait été permise par la complicité du professeur Pierre Fougeyrollas – lui-même membre de l'OCI – et par la production d'un faux diplôme universitaire[40],[41]. La thèse de Jean-Christophe Cambadélis, intitulée Bonapartisme et néocorporatisme sous la Ve République, révèlerait de fortes lacunes scientifiques et des soupçons de plagiat, selon les seules premières pages numérisées par Laurent Mauduit[42]. Ce dernier assure également que Jean-Christophe Cambadélis aurait plagié l'essentiel du texte de son premier livre, Pour une nouvelle stratégie démocratique (1986). Cette thèse universitaire – que Laurent Mauduit apprécie comme très médiocre et « reprenant sans distance ni nuances » les analyses « frustes » et « sectaires » des lambertistes – ainsi que ce livre auraient aidé Jean-Christophe Cambadélis à s'affirmer au sein du Parti socialiste, qu'il venait d'intégrer. Cette interprétation est discutée, aucune condition de diplôme n'étant nécessaire à l'accession à des postes de responsabilités comme l'attestent d'autres biographies de dirigeants du PS.

Jean-Christophe Cambadélis a pour sa part démenti les accusations de Laurent Mauduit[40], produisant à l'appui de ses dires quatre fac-similés (pdf) : de dispense de maîtrise du , sur avis du Conseil scientifique du (avis non produit) ; d'attestation d'obtention du DEA de sociologie (attestation en date du , diplôme obtenu en ) ; du rapport du directeur de thèse () ; enfin du procès-verbal () de soutenance de cette thèse[43]. Seule la dispense de maîtrise pose problème ; elle a été accordée sur la base de l'arrêté Fontanet du qui dispose notamment : « Les demandes de dérogation individuelle aux conditions d'inscription, présentées par les candidats ne possédant pas les diplômes requis en application du présent article [diplôme de fin de deuxième cycle du niveau de la maîtrise], mais justifiant de titres et travaux d'un niveau comparable, sont examinés par le président ou le directeur de l'établissement qui statue après avis du conseil scientifique, ou à défaut d'une commission équivalente. » Cambadélis a bien publié une dizaine d'ouvrages, dont plusieurs en collaboration, mais le premier n'a paru qu'en 1986, les suivants à partir de 1992. Reste donc entière la question des « titres et travaux » de niveau maîtrise dont il aurait pu faire état en .

Selon Mediapart[44] loin d'apporter un véritable démenti, le communiqué du révèlerait de nouvelles zones d'ombres sur le cursus universitaire de Jean-Christophe Cambadélis. Le , dans l'émission C' politique, ce dernier a produit devant les écrans son mémoire de DEA et un relevé de notes. Les documents produits par Jean-Christophe Cambadélis tendent à attester qu'il est parvenu à réaliser sa thèse en moins d'un an après son DEA, entre et [4]. Ce délai constituait le minimum légal (année universitaire 1984/1985 après le DEA) puisqu'il fallait alors en principe au minimum deux ans et maximum trois ans (année de DEA comprise) pour produire une thèse de troisième cycle en sciences humaines[45].

Affaire Agos[modifier | modifier le code]

Poursuivi pour recel d'abus de biens sociaux dans l'affaire Agos – Agos est une société gestionnaire de foyers de travailleurs immigrés – car il a bénéficié d'un emploi fictif entre 1993 et lui ayant rapporté plus de 442 000 francs (environ 67 382 euros), Jean-Christophe Cambadélis est mis en examen en [46],[47]. Il est condamné en janvier 2000 à cinq mois de prison avec sursis et 100 000 francs (environ 15 244 euros) d'amende par le tribunal correctionnel de Paris[48],[49].

Affaire de la MNEF[modifier | modifier le code]

En 1998, quand éclate l'affaire de la MNEF[50], les médias pointent du doigt les liens connus entre l'imprimerie Efic et le député socialiste. En effet, les enquêtes concluent à l'existence d'un système de fausses factures mis en place notamment par l'intermédiaire de cette imprimerie[51]. Jean-Christophe Cambadélis sera condamné dans le cadre d'un autre volet de ce scandale.

Jean-Christophe Cambadélis est mis en examen le pour abus de confiance dans l'affaire de la MNEF. Il est soupçonné d'avoir bénéficié d'un emploi fictif au sein de la mutuelle étudiante MNEF entre 1991 et 1995, pour lequel il aurait touché 620 500 francs (94 580 euros) d'une filiale de la MNEF, au titre d'une activité permanente de conseil[52], comme l'explique Libération : « De 1991 à 1993, c'est en qualité de « sociologue » que Jean-Christophe Cambadelis a été rétribué à hauteur de 420 499 francs par la Mutuelle interprofessionnelle de France (MIF), une filiale de la Mnef. Cambadelis était alors député, avec revenus afférents. Non réélu en 1993, il reçoit jusqu'en 1995 quelque 200 000 francs supplémentaires de la MIF, en tant qu'administrateur « chargé des contacts auprès des ambassades ou des universités ». ». Seuls « trois documents manuscrits » auraient attesté du « travail » du député[53].

Le , reconnu « coupable de recel d'abus de confiance », il est condamné à six mois de prison avec sursis et 20 000 euros d'amende par la 11e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris. Cette peine n'est pas assortie de période d'inéligibilité[54].

Signalement de la HATVP[modifier | modifier le code]

Selon le quotidien Le Monde, il fait partie des quinze parlementaires qui font l’objet, fin 2018, d’un signalement judiciaire de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) au Parquet national financier pour des soupçons de détournement de fonds publics, liés à l'utilisation de l’indemnité représentative de frais de mandat[55]. Jean-Christophe Cambadélis aurait ainsi détourné quelque 80 000 euros[56].

Par la suite, il accepte d'être jugé au cours d'une procédure de comparution sur reconnaissance de culpabilité (CRPC) au tribunal judiciaire de Paris. Mais, en juin 2022, il se voit refuser cette procédure de « plaider-coupable » qui lui aurait évité un procès dans cette affaire de détournement de frais de mandat parlementaire pour un montant total de 114 000 euros. À la barre, Jean-Christophe Cambadélis a reconnu les faits et accepté la peine, proposée par le parquet national financier (PNF), de six mois d'emprisonnement avec sursis et un an d'inéligibilité également assorti du sursis. Le président du tribunal a refusé d'homologuer cette peine, estimant qu'elle n'était pas adaptée à la « gravité des faits (...) commis par un élu de la République », regrettant que le PNF n'ait pas proposé en plus une amende[57].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Bonapartisme et néocorporatisme sous la Ve République (Microforme), Lille 3 : ANRT, 1987 ; thèse de 3e cycle de sociologie, 1985.
  • Pour une nouvelle stratégie démocratique, écrit avec Pierre Dardot et Philippe Darriulat, Paris : éd. L'Harmattan, 1987.
  • Le Manifeste des 50 / textes rassemblés par J.-C. Cambadélis, Paris : R. Deforges, 1992.
  • Quelle transformation de la société ?, écrit avec Yves Cochet et Gilbert Wasserman, Paris : les Ed. de l'Atelier, 1995.
  • Pour une nouvelle gauche, éd. Stock, 1996.
  • La France blafarde (avec Éric Osmond), éd. Plon, 1998.
  • Le Chuchotement de la vérité, éd. Plon, 1998.
  • L'Avenir de la gauche plurielle, éd. Plon, 1999.
  • L'étrange échec, éd. Plon - Notes de la Fondation Jean-Jaurès, 2002.
  • 1905-2005. L'éternel commencement : que faire au Parti socialiste ?, L'Encyclopédie du socialisme, 2005.
  • Parti pris : chroniques de la présidentielle chez les socialistes, éd. Plon, 2007.
  • Le génie du socialisme, éd. Plon, 2008.
  • Dis-moi où sont les fleurs : essai sur la politique étrangère de Nicolas Sarkozy, L'Encyclopédie du socialisme, 2010.
  • La Troisième gauche, éd. du Moment, 2012.
  • L'Europe sous menace national-populiste, éd. L'Archipel, 2014.
  • À gauche, les valeurs décident de tout, Plon, 2015.
  • Chronique d'une débâcle, L'Archipel, 2017.
  • La Gauche de demain sera girondine, Fondation Jean-Jaurès, 2018.
  • Le big bang social-démocrate, VA Editions, 2022.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Démissionnaire à partir du , il demeure juridiquement Premier secrétaire du Parti socialiste jusqu'au sans être membre de la direction collégiale.
  2. Successeur juridique en vertu des statuts du parti, la direction collégiale assume l'essentiel des attributs du premier secrétaire.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Guillaume Durand, « Jean-Christophe Cambadélis, l'ex-révolté du Bounty », L'Opinion, 19 novembre 2014
  2. « Jean-Christophe Cambadélis: Quatre choses que vous ignorez (sûrement) sur le patron du PS », sur 20minutes.fr.
  3. « "Diplômes usurpés" de Cambadélis : l'université dit "ne rien avoir à se reprocher" », dans Le Point, le 17 septembre 2014, consulté sur www.lepoint.fr le 17 septembre 2014
  4. a et b « "La transparence sur mon DEA et mon doctorat" », par Jean-Christophe Cambadélis, sur son blog, le 18 septembre 2014, consulté le 18 septembre 2014
  5. « Les diplômes usurpés de Jean-Christophe Cambadélis », sur Mediapart, (consulté le ).
  6. Le 17 septembre 2014 à 10h26, « Doctorat de Cambadélis : l'université dément toute usurpation », sur leparisien.fr, .
  7. « Cambadélis : un «reconstructeur» à la tête du Parti socialiste », La Dépêche du Midi, (consulté le ).
  8. Armelle Thoraval, « Les trotskistes et la MNEF. Noyautage pour un joyau. Histoire d'une imprimerie qui vit un groupe de l'OCI faire main basse sur la mutuelle étudiante, passer au PS, puis être dans la mire des juges », Libération, 4 mars 1999.
  9. Cambadélis : les trous de mémoire des investigateurs, marianne.net, 16 avril 2014
  10. a et b Gaël Brustier et Fabien Escalona, « La gauche et la droite face au Front national : sociologie d'un parti politique », dans Sylvain Crépon, Alexandre Dézé, Nonna Mayer, Les Faux-semblants du Front national, Presses de Sciences Po, , p. 510-512
  11. Gilles Vergnon, « Au commencement... Les socialistes et le Front national (1983-1988) », Office universitaire de recherche socialiste, no hors-série 76-77,‎ , p. 128-129.
  12. Cambadélis, "un homme de coups" à la tête du PS ?, europe1.fr, 9 avril 2014
  13. « Jean-Christophe Cambadélis, le successeur de DSK ? », politique.net, (consulté le ).
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Voir aussi[modifier | modifier le code]

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