Jamestown (Virginie)

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Jamestown
Géographie
Pays
Colonie
Colonie
Coordonnées
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Statut
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Histoire
Origine du nom
Fondation
Fondateur
Événement clé
Carte

Jamestown était un village de Virginie fondé le sur une île de la rive gauche de la James River, située à une cinquantaine de kilomètres de la baie de Chesapeake, au niveau de l'actuelle ville de Williamsburg, sur la côte est des États-Unis.

Il s'agissait de la première colonie britannique permanente sur le continent américain, une ancienne implantation à Roanoke ayant disparu dans des circonstances mystérieuses. Le cours d'eau et la ville tirent leur nom du roi Jacques Ier d'Angleterre (James en anglais) qui venait de monter sur le trône d'Angleterre en 1603.

Trois navires (Susan Constant, Godspeed, Discovery) commandés par le capitaine John Smith avec 104 hommes à leur bord, arrivèrent à l'emplacement de Jamestown le . Le , les Amérindiens Paspegh attaquèrent les colons, tuèrent une personne et en blessèrent onze autres. L'hiver 1609-1610 fut particulièrement rude pour les colons touchés par la famine dont 80 % moururent alors. Les archéologues ont mis au jour des pratiques de cannibalisme pendant cette « ère de la faim »[1],[2],[3].

Le , des bateaux hollandais débarquèrent les 20 premiers esclaves africains[4], mais les historiens ont établi que ces hommes noirs, effectivement utilisés comme des esclaves, avaient en fait un statut juridique différent, celui d'« engagés »[5].

Le , les indiens Powhatans attaquèrent la ville tuant 347 personnes (le quart de la population) lors des guerres anglo-powhatans.

Les 400 ans de Jamestown ont été célébrés du 11 au . C'est le plus ancien établissement de colonisation anglaise permanente des États-Unis actuels, mais n'est pas la plus ancienne ville, puisque le site fut abandonné au XVIIIe siècle au profit d'un endroit plus approprié pour la capitale de l'État de la Virginie.

Colonisation

Bien que l'Espagne, le Portugal et la France aient agi rapidement pour établir leur présence dans le Nouveau Monde, d'autres pays européens furent un peu moins hâtifs. C'est seulement plusieurs décennies après les explorations de Jean Cabot que les Anglais tentèrent de fonder des colonies. Les premiers essais furent bien souvent des échecs, notamment la colonie de Roanoke qui disparut totalement vers 1590.

Arrivée et commencement (1607-1608)

Carte de l'île de Jamestown, révélant le terrain ainsi que l'emplacement du fort original de 1607.

À la fin de l'année 1606, un groupe d'Anglais prit le large en direction du Nouveau Monde pour y installer une colonie au nom de la Virginia Company of London. Trois vaisseaux composaient la flotte : le Susan Constant, le Discovery, et le Godspeed, sous la direction du capitaine Christopher Newport. Après un voyage de cinq mois particulièrement long comprenant une halte à Îles Canaries[6],[7] et plus tard Porto Rico, ils partirent finalement vers les terres américaines le . L’expédition mit pied à terre le au niveau du Cap Henry, nommé ainsi en l'honneur de l'un des deux fils du roi. Suivant la décision de trouver un endroit plus sûr, ils explorèrent ce qui est désormais connu sous le nom de Hampton Roads et suivirent une embouchure dans la baie de Chesapeake qu'ils nommèrent James en l'honneur de leur roi, Jacques Ier d'Angleterre[8]. Le , le capitaine Edward Maria Wingfield, élu président du conseil d'administration le , choisit un pan de terre sur une grande péninsule retirée d'environ 40 miles (64 km) à l'intérieur des terres pour en faire un emplacement de premier choix pour un village fortifié. L'endroit était stratégique puisqu'il offrait une bonne visibilité ainsi que la profondeur d'eau nécessaire pour que les bateaux à quai soient suffisamment proches de la terre (permettant ainsi de construire les jetées et les quais nécessaires à l'établissement de la colonie)[9]. Mais l'avantage certain pour les Anglais était que le site n'était pas particulièrement proche des tribus indiennes établies en Virginie[10]. En effet, le site leur paraissait trop pauvre et éloigné pour l'agriculture[11], l'île étant de surcroît marécageuse, isolée, offrait peu d'espace et était en proie aux moustiques. Pour finir, l'eau saumâtre de rivières marécageuses était impropre à la consommation.

L'île de Jamestown est parcourue de marais. Ces grandes zones humides sont un terrain parfait pour la prolifération de moustiques.

En plus de l'environnement marécageux, les colons sont arrivés trop tard durant l'année pour planter et obtenir des récoltes. Une majeure partie du groupe était composée d'hommes bien placés dans la société qui étaient peu habitués au travail manuel; ou bien leurs serviteurs qui eux aussi étaient bien peu habitués à fournir l'effort nécessaire pour fonder une colonie viable. L'un d'eux était Robert Hunt, un ancien vicaire de Reculver, en Angleterre, qui «célébra probablement le premier service connu de l'action de grâce dans ce qui est aujourd'hui les États-Unis d'Amérique à Jamestown, le  ». En quelques mois, cinquante et un hommes étaient morts; certains survivants désertèrent pour rejoindre les indiens dont les terres avaient été colonisées. Les amérindiens de Virginie avaient déjà établi des colonies bien avant que les colons anglais ne soient arrivés, et il y avait approximativement 14000 indigènes dans la région connus sous le nom de Tsenacommacah, qui parlaient une langue algonquienne. Ils formaient la Confédération Powhatan, dirigé par leur chef suprême appelé Wahunsenacawh, ou "Chef Powhatan". Wahunsenacawh tenta dans un premier temps de réinstaller les colons anglais de Jamestown, considérés comme faisant partie du territoire Paspahegh, à un autre endroit connu sous le nom de Capahosick, où ils feraient des outils en métal pour lui en tant que membres de sa confédération, mais cela ne s'est jamais produit. Les premiers explorateurs avaient été accueillis par les Indiens avec des danses, des festins et des cérémonies.

Détail de la carte réalisée par Pedro de Zúñiga y de la Cueva, représentant le fort vers 1608.

Deux-tiers des colons moururent avant l'arrivée de navires apportant des fournitures ainsi que des artisans allemands, polonais et slovaques l'année suivante en 1608, afin d'aider à l'établissement des premières manufactures de la colonie. Bien que la colonie reçût certaines fournitures en 1608 grâce au premier et au second approvisionnement réalisés par le capitaine Christopher Newport, il semblait certain à ce moment que sans un effort majeur de la part des colons, la colonie de Jamestown subirait le même destin que deux autres colonies ayant auparavant échoué à survivre à leur établissement en Amérique du Nord : les colonies de Roanoke et de Popham. Les Allemands arrivés lors du deuxième approvisionnement ainsi que quelques autres s'allièrent aux Powhatans. Ils eurent même l'intention de rejoindre une supposée attaque menée par les Espagnols contre la colonie et prièrent les Powhatans de les rejoindre. Les Espagnols furent contrés par l'arrivée providentielle du capitaine anglais Samuel Argall à bord du Mary and John, un navire plus imposant que le navire de reconnaissance espagnol, La Asunción de Cristo. Les investisseurs de la Virginia Company of London s'attendaient à récolter les fruits de leurs investissements spéculatifs. Avec le deuxième approvisionnement, ils exprimèrent leur mécontentement et s'en référèrent aux dirigeants de Jamestown sous forme écrite. Ils exigèrent expressément que les colons renvoient des biens de valeur suffisante pour payer les coûts du voyage, de l'or, l'assurance de la découverte des mers du sud, ainsi qu'un membre de la colonie perdue de Roanoke. Le capitaine John Smith, qui était aussi troisième membre du conseil, prit la responsabilité de renvoyer une réponse aux investisseurs londoniens afin de leur ouvrir les yeux sur la nécessité d'avoir davantage d'artisans et d'ouvriers afin de rendre Jamestown autonome et autosuffisante s'ils veulent à terme pouvoir produire des biens de valeur.

Ère de la Faim et troisième approvisionnement (1609-1610)

Après que John Smith fut forcé de revenir en Angleterre à la suite d'une explosion qui lui laissa de profondes marques de brûlures durant une expédition, la colonie fut menée par George Percy, qui se révéla fort peu compétent dans les négociations avec des tribus amérindiennes.

Les investisseurs londoniens comprirent et partagèrent le message qui leur fut envoyé par John Smith. Le troisième approvisionnement de 1609 était de loin le plus imposant ainsi que celui fournissant le meilleur équipement. Ils avaient aussi un nouveau navire-amiral construit pour cette occasion nommé le Sea Venture, placé aux commandes de l'expérimenté Christopher Newport.

Tombes découvertes à Jamestown par les archéologues.

Le , le Sea Venture prit la mer depuis Plymouth en tant que vaisseau-amiral d'une flotte de sept navires (y compris deux pinnaces) à destination de Jamestown afin de répondre au troisième approvisionnement. 214 colons embarquèrent pour cette traversée. Le , la flotte traversa une forte tempête, probablement un ouragan, et les navires furent éparpillés. Bien que certains arrivèrent à Jamestown, c'est à bord du Sea Venture que se trouvaient la plupart des fournitures et du corps décisionnaire. Le Sea Venture résista à trois jours de tempête avant que l'amiral de la compagnie, Sir George Somers, décida de l'emmener vers les récifs des Bermudes afin d'éviter que le bâtiment ne coule. Ceci permit à tout l'équipage de débarquer sain et sauf.

Les survivants, (y compris le lieutenant-général Sir Thomas Gates, le capitaine Christopher Newport, Sylvester Jordain, Stephen Hopkins ensuite passager du Mayflower, et le secrétaire William Strachey) furent bloqués aux Bermudes pendant environ neuf mois. Durant ce temps, ils construisirent deux nouveaux vaisseaux, les pinnaces Delivrance et Patience. Le plan d'origine consistait à construire un seul vaisseau, le Delivrance, mais il devint vite évident qu'il ne serait pas assez imposant pour emmener les colons ainsi que l'ensemble de la nourriture (porc salé) qui étaient rassemblés sur les îles.

Pendant que le troisième approvisionnement était coincé aux Bermudes, la colonie de Jamestown était en mauvaise posture. Durant l'Ère de la Faim de 1609-1610, les colons de Jamestown étaient menacés par la famine faute de provisions suffisantes. Seulement 60 des 214 colons de Jamestown survécurent. Des preuves scientifiques indiquent que les colons ont dû faire preuve de cannibalisme durant l'ère de la faim pour survivre.

Les navires des Bermudes arrivèrent à Jamestown le . Beaucoup de ceux qui avaient survécu étaient presque morts, et Jamestown a été jugée non viable. Tout le monde embarqua à bord du Delivrance et du Patience, qui mirent cap vers l'Angleterre.

Cependant, le , l'arrivée opportune d'une autre flotte, avec à son bord le gouverneur Thomas West, Baron De La Warr (qui donna ensuite son nom à la colonie du Delaware), rencontra les deux navires alors qu'ils descendaient le long de la rivière James, accorda un sursis à Jamestown. Les colons appelèrent ce jour le Jour de la Providence. La flotte apporta de la nourriture et des fournitures, mais également des hommes. Les colons retournèrent à la colonie, bien qu'il y eût toujours un grand manque de nourriture.

Les relations entre les colons et les indiens Powhatans se détériorèrent rapidement après l'arrivée du Baron De La Warr, menant ainsi au conflit, marqué par le massacre indien de 1622. La guerre anglo-powhatans dura jusqu'à ce que Samuel Argall capture Matoaka la fille de Wahunsenacawh, plus connue sous le nom de Pocahontas, après quoi le chef accepta un traité de paix.

Croissance commerciale (1610-1624)

Dernières années (1624-1699)

En 1624, le roi James révoqua la charte de la Virginia Company, et la Virginie devint une colonie royale. En dépit du revers, la colonie continua à s'accroître. Dix ans plus tard, en 1634, sous les ordres du roi Charles Ier, la colonie fut divisée pour former les huit comtés de Virginie d'une façon similaire à celle pratiquée en Angleterre. Jamestown était désormais située dans le comté de James City, qui est toujours à l'heure actuelle le plus vieux comté des États-Unis.

Une autre attaque indienne de grande ampleur eut lieu en 1644. En 1646, Opchanacanough fut capturé ; alors qu'il était en détention un garde anglais fit feu sur lui dans le dos - sans en avoir reçu l'ordre - et le tua, la confédération Powhatan commença ainsi à décliner. Le successeur d'Opchanacanough signa les premiers traités de paix entre les Anglais et les indiens Powhatans. Les traités demandaient aux Powhatans de payer un tribut annuel aux Anglais et de rester reclus dans des réserves.

Une génération plus tard, durant la révolte de Nathaniel Bacon en 1676, Jamestown fut brûlée.

De nos jours

Pièce de monnaie commémorative.

Notes et références

  1. « Aux États-Unis, les premiers colons auraient eu recours au cannibalisme », sur lemonde.fr,
  2. (en) « Jamestown Colonists Resorted to Cannibalism », sur National Geographic News, (consulté le )
  3. (en) « Starving Virginia settlers turned to cannibalism in 1609: study », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. Christian Delacampagne, Histoire de l'esclavage. De l'Antiquité à nos jours, Paris, Le livre de poche, (ISBN 2253905933), p. 144
  5. « 1607 - 1783 - Les Treize Colonies anglaises », sur www.herodote.net (consulté le )
  6. (en) « Jamestown - Why There? », sur www.virginiaplaces.org (consulté le )
  7. (en) Tara Baukus Mello et Arthur M. Schlesinger Jr, John Smith: English Explorer and Colonist, Infobase Publishing, (ISBN 9781438101132, lire en ligne)
  8. Extraits de récits de John Smith, Etext.lib.virginia.edu, 22 septembre 2009
  9. Archeological Excavations at Jamestown (Archeological Research Series No. 4), Cotter, John L. (1958).
  10. "Virginia Secretary of Natural Resources – Doug Domenech". Indians.vipnet.org, 25 décembre 2013.
  11. "Historic Jamestowne – An Unoccupied Site (U.S. National Park Service)", 21 septembre 2009

Voir aussi

Bibliographie

  • « Découvertes à Jamestown », dans National Geographic France, no 33,
  • « L'héritage de Jamestown : Nouveau Monde, profits et pertes », dans National Geographic France,
  • (en) Frank E. Grizzard et D.Boyd Smith, Jamestown Colony : A Political, Social, and Cultural History, ABC-CLIO Ltd, , 448 p. (ISBN 185109637X et 978-1851096374)

Articles connexes

Liens externes