James C. Scott

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James C. Scott
Biographie
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Williams College
Université Yale
Moorestown Friends School (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Distinctions
Œuvres principales
The Moral Economy of the Peasant (d), Weapons of the Weak (d), L'oeil de l'Etat - Moderniser, uniformiser, détruire (d), Zomia ou l'art de ne pas être gouverné, Petit éloge de l’anarchisme (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

James C. Scott, né le à Mount Holly (New Jersey, États-Unis), est un professeur de sciences politiques à l'université Yale aux États-Unis.

Parcours et travaux[modifier | modifier le code]

Politiste anarchiste américain[1],[2], il est un critique et continuateur de Pierre Clastres, Foucault, Bourdieu, Lukes, etc. Il a été une figure du mouvement Pérestroïka en sciences politiques. On a montré qu'il a été recruté par la CIA durant ses études pour surveiller les étudiants de gauche en Indonésie, puis à Paris au sein de la National Student Association[3].

Les travaux de James Scott portent principalement sur la résistance des personnes en situation de subalternité : il a longuement documenté la vie des paysans en Malaisie et a développé le concept de résistance infrapolitique[4]. Il propose dans ses ouvrages une relecture critique du concept d'hégémonie[5] et une distinction entre le « discours officiel » et le « discours caché » des paysans, qui peut être très critique dans la sphère privée. Cette distinction a des répercussions sur les théories du pouvoir.

Principales contributions[modifier | modifier le code]

Dans Weapons of the weak: Everyday forms of Peasant Resistance (1985), Scott présente les résultats de son ethnographie menée dans un village de Malaisie. Ce village est spécialisé dans la culture du riz et regroupe pas plus de 70 foyers. Scott y a passé deux ans environ et a étudié les relations de pouvoirs et les formes que prenait la « lutte des classes » entre « riches » et « pauvres ». Il y a observé l'introduction des doubles récoltes et l'arrivée de la mécanisation des récoltes.

Dans Domination and the arts of resistance: Hidden Transcripts (1990), Scott introduit les concepts de résistance infrapolitique, de « hidden transcript » et de « public transcript ». Par résistance infrapolitique, Scott recouvre l'ensemble des pratiques qui ne sont pas partagées ouvertement sur la scène publique, car elles seraient symboliquement ou légalement réprimées, mais qui s'y insinuent discrètement sans pouvoir être totalement identifiées. Par exemple, un vol dissimulé, la circulation de ragots, des anecdotes, de petits actes qui réduisent l'effort au travail, le contournement des taxes, etc. permettent à des populations dominées d'accroître leurs chances de survie. Ces actions sont souvent effectuées sous couvert d'anonymat ou évoquées en comité réduit. Ainsi, les populations qui ont recours à ce genre de pratiques présentent souvent, dans la sphère privée un discours très critique des personnes au pouvoir. En revanche, ces mêmes personnes simulent souvent en public une fausse complicité avec les normes dominantes. C'est la distinction que Scott fait entre hidden et public transcript.

Ces idées ont des implications sur la manière dont l'hégémonie est pensée : dans la tradition de Gramsci, l'hégémonie sous-entend qu'une population dominée a intégré les normes dominantes. Scott explique que cette erreur vient notamment d'un biais de méthode : en effet, si on ne regarde que le discours public des classes dominées, on risque de passer à côté de leurs réelles convictions. Selon Scott, ce discours de fausse complicité en public, dans ce type de société, s'explique par le simple besoin de survivre : le riche que l'on critique en privé, qui exploite les pauvres est aussi celui qui donne du travail.

Publications[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

Presse[modifier | modifier le code]

Articles[modifier | modifier le code]

Entretiens[modifier | modifier le code]

  • Gilles Chantraine et Olivier Ruchet, « Dans le dos du pouvoir : entretien avec James C. Scott », Vacarme, no 42, Hiver,‎ , p. 4-12 (lire en ligne)
  • Nils Gilman et Nicolas Guilhot, « La domination, du point de vue de ceux qui la déjouent : entretien avec James C. Scott », Critique, no 810,‎ , p. 905-920 (lire en ligne Accès payant)
  • Benjamin Ferron et Claire Oger, « L’art de la résistance : entretien avec James C. Scott », The Conversation,‎ (lire en ligne)
  • Jean-Christophe Cavallin, « James C. Scott : "Le monde des chasseurs-cueilleurs était un monde enchanté" : (Le grand entretien) », Diacritik,‎ (lire en ligne)
  • Thibaud Sardier, « On ne se débarrassera pas de l’Etat. Notre seul espoir, c’est de le domestiquer : entretien avec James C. Scott », Libération, no 11835, samedi 22 et dimanche 23 juin,‎ , p. 22-23 (lire en ligne)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Stéphane Foucart, « Homo domesticus, de James C. Scott, raconte comment l’Etat a germé avec les blés de la cité d’Uruk il y a 6 000 ans », Le Monde, 5 janvier 2019, lire en ligne.
  2. (en) Jennifer Schuessler, « James C. Scott, Farmer and Scholar of Anarchism », The New York Times,‎ (lire en ligne).
  3. Voyez sur la page Wikipedia en anglais et consultez le livre "Patriotic Betrayal" :https://yalebooks.yale.edu/book/9780300205084/
  4. (en) James C. Scott, Domination and the Arts of Resistance : Hidden Transcripts, New Haven (Conn.), Yale University Press, , 251 p. (ISBN 0-300-04705-3).
  5. (en) James C. Scott, Weapons of the Weak : Everyday Forms of Peasant Resistance, Yale University Press, .
  6. Voir sur luxediteur.com.
  7. Éric Aeschimann, « Comment la domestication du blé a piégé l'humanité », L'Obs, 14 janvier 2019, lire en ligne.
  8. Fiche de lecture, sur Lundi matin, 15 janvier 2019.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie et sources[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]