Jamaat-e-Islami

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Jamaat-e-Islami
Image illustrative de l’article Jamaat-e-Islami
Logotype officiel.
Présentation
Ameer Sirajul Haq (en)[1]
Fondation
Siège Multan Road, Mansoorah, Lahore
Fondateur Sayyid Abul Ala Maududi
Secrétaire général Ameer ul Azeem
Naib Ameer Khurshid Ahmad (en)
Positionnement Droite à extrême droite
Idéologie Islamisme
Conservatisme social
Panislamisme
Démocratie islamique
Affiliation nationale Muttahida Majlis-e-Amal
Affiliation internationale Frères musulmans
Jamaat-e-Islami Hind
Bangladesh Jamaat-e-Islami
Jamaat-e-Islami Kashmir (en)
Couleurs Bleu, vert et blanc
Site web www.jamaat.org/ur
Représentation
Députés du Sind
2  /  168
Députés du Baloutchistan
1  /  65
Députés de Khyber Pakhtunkhwa
3  /  145
Députés de l'Azad Cachemire (en)
2  /  49

Le Jamaat-e-Islami (en ourdou : جماعتِ اسلامی, « Parti islamique, » Jamaati, JI) est un parti politique islamiste pakistanais. Il a été fondé à Lahore, en Inde britannique, aujourd'hui au Pakistan, par Sayyid Abul Ala Maududi le . Il est le plus vieux et l'un des plus influents partis religieux du pays, malgré des performances électorales modestes[2].

Historique[modifier | modifier le code]

Le Jamaat-e-Islami est interdit en raison de sa compromission avec les troupes pakistanaises au cours de la guerre de 1971. Le commence la guerre de libération du Bangladesh. Le , douze dirigeants pro-Pakistanais, dont Nurul Amin, Ghulam Azam et Khwaja Khairuddin (en), ont rencontré le général Tikka Khan de l'armée pakistanaise et l'ont assuré de leur coopération face à la rébellion du Bangladesh[3]. Plus tard, ils annoncent la formation d'un Comité de citoyens pour la paix, composé de 140 membres[4],[5]. Les premières recrues comprennent 96 membres de Jamaat-e-Islami, qui commence à s'entraîner dans un camp Ansar à Khanjahan Ali Road, à Khulna[6].

Le parti est ensuite peu à peu réhabilité par l'armée et approché par le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), qui forme avec lui plusieurs alliances électorales et l’associe au gouvernement[7].

Des procès ont lieu à partir de 2009 contre plusieurs chefs du Jamaat-e-Islami pour leurs responsabilité dans les massacres de 1971. Le secrétaire général adjoint du parti, Abdul Quader Molla, est reconnu coupable de crimes de guerre et de crime contre l'humanité.et est pendu en . De même, le secrétaire général Ali Ahsan Mohammad Mujahid et un dirigeant du BNP, Salahuddin Quader Chowdhury, sont exécutés en [7].

Idéologie[modifier | modifier le code]

Section féminine de la Jamaat lors d'élection partielle à Karachi, en 2015.

La Constitution originelle du parti, qui se concevait comme à l'« avant-garde de la révolution islamique », incluaient la création d’un État islamique (hukumat-e-ilahiya) et le boycott des institutions liées à la démocratie et jugées anti-islamiques (taghuti nizâm). Bien que Maududi soit un rival direct de Muhammad Ali Jinnah et de sa Ligue musulmane, le parti décide toutefois de s'installer au Pakistan après la partition de l'Inde (1947).

Le Jamaat envisage un gouvernement islamique au Pakistan gouvernant selon la loi islamique (charia). Il est contre l'occidentalisation, notamment contre le capitalisme, le socialisme et d'autres principes tels l'intérêt bancaire, le contrôle des naissances ou les libertés individuelles. Toutefois, le parti a participé à la plupart des élections nationales, ainsi qu'à des alliances politiques et des coalitions.

Le Jamaat est très actif au sein de la société civile pakistanaise : il mène souvent des manifestations et est présent dans les différentes parties de la société, notamment dans les campus universitaires. Il mène une politique de terrain, notamment dans les écoles et les mosquées et collecte des dons pour venir en aide aux plus démunis et notamment aux dizaines de milliers réfugiés causés par les affrontements entre les talibans et l'armée ou par des catastrophes naturelles comme les inondations de 2010 au Pakistan. Le parti jouit ainsi d'une certaine popularité, surtout dans le nord-ouest du pays.

Participation aux élections[modifier | modifier le code]

Le Jamaat participe aux premières élections du pays en 1970, et remporte quatre député en réunissant 6 % des voix. Opposé au gouvernement de Zulfikar Ali Bhutto, le parti rejoint l'Alliance nationale pour les élections législatives de 1977 et soutient ensuite Muhammad Zia-ul-Haq et sa politique d'islamisation du pays.

Lors des élections de 1988 et de 1990, le Jamaat rejoint l'Alliance démocratique islamique menée par Nawaz Sharif, mais ne participera pas au gouvernement de ce dernier à la suite de sa victoire en 1990. Le parti se présente ensuite seul aux élections de 1993 et boycotte les élections de 1997.

Lors des élections législatives pakistanaises de 2002, le parti s'est allié avec quatre autres partis islamistes au sein du Muttahida Majlis-e-Amal (MMA), dont son principal rival, la Jamiat Ulema-e-Islam (F). L'alliance remporte 11,3 % des voix et 63 sièges sur 342 à l'Assemblée nationale dont une grande partie sont membres de la Jamaat-e-Islami. La MMA remporte alors largement le scrutin dans la province de Khyber Pakhtunkhwa avec une majorité absolue à l'Assemblée provinciale de Khyber Pakhtunkhwa.

Aux élections de 2008, alors que l'alliance islamiste a éclaté, le parti boycotte le scrutin pour protester contre le président Pervez Musharraf, en estimant qu'il jette le doute sur la régularité du scrutin.

Aux élections de 2013, le parti réalise une petite performance en décrochant quatre sièges de députés à l'Assemblée nationale, huit sièges provinciaux à l'Assemblée de Khyber Pakhtunkhwa et un à l'Assemblée du Pendjab. Il conclut ensuite une alliance avec le Mouvement du Pakistan pour la justice afin de former le gouvernement local de Khyber Pakhtunkhwa, mené par Pervez Khattak. Siraj-ul-Haq devient le chef du parti en 2014 et obtint un siège de sénateur l'année suivante.

À l'occasion des élections législatives de 2018, le Jamaat participe à la reformation de l'alliance religieuse Muttahida Majlis-e-Amal, qui ne parvient toutefois pas à réitérer son succès de 2002, avec seulement 4,8 % des voix et quinze députés. Le chef du Jamaat Siraj-ul-Haq ne parvient pas à se faire élire[8].

Tableau récapitulatif des scrutins[modifier | modifier le code]

Année Députés Votes %
(votes)
%
(sièges)
Rang Position
1970
4  /  300
1 989 461 6,0 1,3 8e Opposition
1993[a]
3  /  207
645 278 3,2 1,4 Opposition
1997
Boycott
2002[b]
63  /  342
3 349 436 11,3 18,4 4e Opposition
2008
Boycott
2013
4  /  342
963 909 2,12 1,2 8e Opposition
2018[b]
1  /  342
2 541 520 4,77 4,4 5e Opposition

Influence dans le monde[modifier | modifier le code]

Aujourd'hui, des branches du Jamaati existent avec des objectifs et des approches idéologiques plus ou moins semblables dans d'autres pays, en Inde (Jamaat-e-Islami Hindi), au Bangladesh (Jamaat-e-Islami Bangladesh), au Cachemire et au Sri Lanka, lesquelles ont des « relations fraternelles » avec des mouvements et missions islamistes « travaillant sur différents continents et sur différents pays », particulièrement ceux affiliés aux Frères musulmans ou aux Akhwan-al-Muslimeen[2].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Au sein du Front islamique.
  2. a et b Au sein du MMA.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Sirajul Haq replaces Munawar Hassan as chief of Jamaat-e-Islami », sur The Express Tribune, (consulté le )
  2. a et b GlobalSecurity.org: Jamaat-e-Islami
  3. Azadur Rahman Chandan, একাত্তরের ঘাতক ও দালালরা [« The Killers and Collaborators of 71 »], Dhaka, Jatiya Sahitya Prakash,‎ (1re éd. 2009), 48–54 p. (lire en ligne)
  4. « 'Peace Committee formed on Apr 10 in '71 to resist birth of Bangladesh' », sur archive.thedailystar.net (consulté le )
  5. « Wartime crime charges against Ghulam Azam », sur www.observerbd.com (consulté le )
  6. (en) Abdul Mabud et ppm, « Trial of war criminals: Special glory to the Victory Day | The Asian Age Online, Bangladesh », sur The Asian Age (consulté le )
  7. a et b Jean-Luc Racine, « Le péril djihadiste gagne le Bangladesh »,
  8. (en) Winless election for Maulana Fazl, Siraj-ul-Haq sur geo.tv, le 27 juillet 2018

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]