Institut de hautes études internationales et du développement

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Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID)
Histoire
Fondation
1927
Statut
Type
Régime linguistique
Directeur
Membre de
Site web
Chiffres-clés
Étudiants
851 (80% internationaux)
Enseignants

Professeurs: 58 Chargés d’enseignement et de recherche: 11 Enseignants invités: 35

Chercheurs invités: 3
Localisation
Pays
Ville
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L'Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID; en anglais Graduate Institute of International and Development Studies) est un institut universitaire de langue anglaise et française d'études supérieures à Genève, Suisse. Dans les cercles académiques et professionnels, l'Institut est considéré comme une des institutions les plus prestigieuses au monde[1],[2].

L'Institut compte comme anciens étudiants des ambassadeurs, des rois, des ministres des affaires étrangères, des chefs d'État et l'ancien Secrétaire général des Nations unies Kofi Annan. L'Institut compte aussi sept lauréats du Prix Nobel parmi ses professeurs actuels et anciens. Il est actif dans le domaine des affaires internationales, des relations internationales, du droit international, de l'économie internationale, de l'histoire internationale, et des études de développement.

L'Institut a un caractère divers et cosmopolite grâce à son pourcentage élevé d'étudiants étrangers (80%), qui inclut plus de 100 nationalités[3]. Son campus est distribué sur la rive droite de la ville de Genève. La plus ancienne construction, la Villa Barton, est située dans un parc public sur les rives du Léman, tandis que des bâtiments plus récents sont pour la plupart dans le quartier regroupant les organisations internationales ayant leurs bureaux à Genève, comme l'Office des Nations unies à Genève, l'Organisation mondiale du commerce, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, et l'Organisation mondiale de la santé.

L'Institut est un membre de la Association of Professional Schools of International Affairs, une organisation de grandes universités spécialisées en études internationales. L'institut propose deux programmes conjoints avec la Harvard Kennedy School of Government en Affaires internationales et en développement[4].

Fondé en 1927, l'Institut est la plus ancienne école d'Europe continentale dédiée aux relations internationales (l'Université du pays de Galles à Aberystwyth étant fondée en 1919) et a été la première université à se consacrer entièrement à l'étude des affaires internationales. Elle a également créé un des premiers programmes de doctorat en relations internationales. En 2008, l'Institut universitaire de hautes études internationales a fusionné avec l'Institut universitaire d'études du développement, une institution post-universitaire aussi basée à Genève, et a créé l'Institut universitaire de hautes études internationales et du développement[5].

Dès , les immatriculations à l'institut ne se font plus à l'Université de Genève[6].

Histoire

Maison de la paix, Genève

L'Institut universitaire de hautes études internationales fut fondé en 1927, en grande partie grâce aux efforts des diplomates William Rappard et Paul Mantoux, qui travaillaient comme hauts fonctionnaires au Palais Wilson, siège de la Société des Nations. L'histoire de l'école est intimement liée à celle de nombreuses organisations internationales basées à Genève. Son mandat initial était basé sur une relation étroite avec la Société des Nations et l'Organisation internationale du travail. Il fut convenu que, en échange de la formation de personnel et de délégués, l'Institut recevrait en échange les ressources intellectuelles et les compétences diplomatiques de ces deux organisations. Selon son statut, HEI était «une institution destinée à fournir aux étudiants de tous les pays les moyens de poursuivre des études internationales, notamment d'un caractère historique, juridique, économique, politique et social. »

L'institut a réussi à attirer un certain nombre de professeurs et conférenciers éminents, notamment des pays ayant des régimes oppressifs, dont Hans Wehberg et Georges Scelle en droit, Maurice Bourquin en histoire diplomatique, et le jeune juriste suisse Paul Guggenheim. Par la suite, d'autres universitaires reconnus ont rejoint le corps professoral de l'Institut, dont Hans Kelsen, théoricien et philosophe du droit, Guglielmo Ferrero, historien italien, et Carl Burckhardt, historien et diplomate. D'autres personnalités qui vinrent à l'institut cherchant également refuge contre les dictatures, furent les éminents économistes Ludwig von Mises et Wilhelm Ropke. Ce dernier aura une influence importante sur la politique économique allemande d'après-guerre, ainsi que sur le développement de la théorie du marché social[7].

Après un certain nombre d'années, l'Institut mit au point un système dans lequel des cours temporaires furent donnés par d'éminents intellectuels à la semaine, le semestre ou l'année. Ces cours temporaires furent un centre intellectuel de l'Institut, attirant des noms tels que Raymond Aron, René Cassin, Luigi Einaudi, John Kenneth Galbraith, G. P. Gooch, Gottfried Haberler, Friedrich von Hayek, Hersch Lauterpacht, Lord McNair, Gunnar Myrdal[8] Harold Nicolson, Philip Noel Baker, Pierre Renouvin, Lionel Robbins, Jean de Salis, Comte Carlo Sforza et Jacob Viner.

Un autre professeur de cours temporaire, le professeur de relations internationales de l'Université d'Oxford Sir Alfred Zimmern, a particulièrement marqué l'Institut. Dès 1924, alors qu'il servait au sein du personnel de l'Institut international de coopération intellectuelle à Paris, Zimmern commença à organiser des écoles d'été d'affaires internationales pour l 'Université de Genève, nommés les «écoles Zimmern». Cette initiative aida à construire le cadre général de l'Institut[7].

Malgré sa petite taille (la faculté n'a jamais dépassé 25 membres avant les années 1980), quatre membres du corps professoral ancien ont reçu des prix Nobel d'économie - Gunnar Myrdal, Friedrich von Hayek, Maurice Allais et Robert Mundell.

Pendant près de trente ans (1927-1954), HEI fut financé principalement par le soutien de la Fondation Rockefeller. Depuis, le canton de Genève et le Conseil fédéral suisse supportent la plupart des coûts de l'Institut. Ce transfert de responsabilité financière a coïncidé avec l'arrivée du successeur de William Rappard comme directeur de l'Institut, l'historien lausannois Jacques Freymond en 1955. La période Freymond fut une période de grande expansion, avec une augmentation des matières enseignées, ainsi que le nombre des élèves et des professeurs, un processus qui continua bien après sa retraite en 1978.

Sous le mandat de Freymond, l'Institut accueillit de nombreuses conférences internationales sur des sujets comme les conditions préalables à des négociations Est-Ouest, les relations avec la Chine et son influence croissante dans les affaires mondiales, l'intégration européenne, les techniques de la prévision politico-socio-économique, les causes et les antidotes possibles du terrorisme international, et bien plus encore. De nombreuses publications marquantes ont également paru sous le mandat de Freymond, notamment le Traité de droit international par le professeur Paul Guggenheim, et la compilation de six volumes de documents historiques de l'Internationale communiste[7].

L'Institut universitaire d'études du développement (IUED, en anglais: The Graduate Institute of Development Studies) était une école doctorale spécialisée en études de développement. Créé en 1961 par Jacques Freymond, comme l'Institut Africain de Genève, l'objectif déclaré de l'IUED était de promouvoir l'enseignement et la recherche en matière de développement international et d'encourager les étudiants des pays du Sud. L'IUED forma plusieurs générations de professionnels du développement en Suisse et dans le monde (y compris au niveau doctoral après 1995) et fut au centre d'un vaste réseau international. Très actif dans les projets de développement concret, l'IUED fut également connu dans le monde francophone pour avoir proposé une alternative et un regard critique sur l'aide au développement, ainsi que pour sa revue, les Cahiers de l'IUED[9]. Il fut également parmi les institutions pionniers en Europe dans le développement intellectuel de la perspective du développement durable. HEI et IUED ont fusionné en 2008 pour créer l'Institut universitaire de hautes études internationales et du développement (IHEID).

Scolarité

L'Institut compte cinq unités académiques : Relations internationales, Histoire internationale, Droit international, Economie internationale, et Anthropologie et Sociologie du développement. Chaque département propose un programme de maîtrise et de doctorat.

L'Institut propose également deux programmes de maîtrise interdisciplinaire, l'un en Affaires internationales et l'autre en développement.

En outre, l'Institut propose un certain nombre de programmes de degré LL.M. avec l'Université de Genève et l'Université de Georgetown. Enfin, l'Institut propose une gamme de programmes de formation continue, y compris un LL.M. en droit international et une maîtrise exécutive en Affaires asiatiques ou en négociation internationale et prise de décision politique.

Reposant sur une exigence de qualité académique, l'enseignement à l'Institut présente les caractéristiques distinctives suivantes: une priorité à l'interaction entre les étudiants et les professeurs ; importance des travaux universitaires personnels, politique de bilinguisme dans les deux langues officielles de l'Institut, soit l'anglais et le français ; focus sur les carrières des étudiants. L'admission aux programmes d'études de l'Institut est très concurrentiel, avec seulement 18 % des candidats admis aux programmes d'études de l'Institut en 2012[10].

Campus

Construction de la Maison de la paix

Le campus Villa Moynier fut ouvert en afin d'accueillir les bureaux et salles de cours de l'Académie de droit international humanitaire et des droits de l'homme de Genève. Le bâtiment a une portée symbolique, car il était initialement propriété de Gustave Moynier, cofondateur du Comité international de la Croix-Rouge. La villa fut utilisée par la Société des Nations et fut le siège du CICR entre 1933 et 1946.

La construction d'un nouveau campus, la Maison de la paix, est en cours. La première étape a été mise en service en [11]. Le nouveau campus réunira à terme les différents départements de l'Institut et la bibliothèque sous un même toit. La Maison de la paix abritera aussi trois centres internationaux soutenus par le gouvernement suisse: le Centre pour le contrôle démocratique des forces armées (DCAF), le Centre de Genève pour la politique de sécurité (GCSP) et le Centre international de Genève pour le déminage humanitaire (CIDHG)[11]. La bibliothèque de la Maison de la paix portera le nom de deux anciens de l'Institut, l'Ambassadeur Shelby Cullom Davis et son épouse Kathryn Davis, à la suite d'un don de 12 millions de dollars de Mme Davis[12].

La première partie de la Maison de la paix ainsi que la nouvelle bibliothèque ont été ouvertes le .

L'IHEID a également l'intention de construire le Portail des Nations près de la Place des Nations. Le nouveau bâtiment comptera un certain nombre de salles de conférence et accueillera des expositions sur le rôle de Genève en matière de politique internationale[13].

Une nouvelle résidence, la Maison des étudiants Edgar de Piciotto, a été achevée en 2012 et compte 135 appartements pour étudiants et professeurs invités.

Bibliothèque

La Bibliothèque de l'Institut de hautes études internationales et du développement est une bibliothèque spécialisée dans le domaine des relations internationales et du développement. Elle est née en 2007 de la fusion des bibliothèques de l'Institut universitaire de hautes études internationales (HEI) et de l'Institut universitaire d'études du développement (IUED). La nouvelle bibliothèque est maintenant l'une des plus riches de Suisse et d'Europe dans les domaines des relations internationales et du développement. Elle compte 350 000 livres et revues spécialisées. L'ensemble de ces ouvrages est maintenant en libre accès, aucun d'entre eux n'étant plus stocké dans des dépôts distants.

La Bibliothèque est dépositaire des publications de l'ONU depuis 1947 et de la Direction du Développement et de la Coopération suisse (DDC). Elle a été dépositaire des publications de l'OSCE et de la Banque Asiatique de Développement jusqu'en 2012. La Bibliothèque s'est vue également confier par la DDC de 2003 à 2008 un mandat "Genre et développement", qui a amené à la création d'un fonds documentaire sur le sujet. La bibliothèque continue à développer ce fonds.

Recherche

Les activités de recherche de l'Institut sont menées aussi bien au niveau fondamental qu'au niveau appliqué, avec le souci d'apporter aux acteurs internationaux publics et privés une analyse utile à la solution des grands problèmes actuels.

Ces activités de recherche sont conduites d'une part par les professeurs de l'Institut dans le cadre de leurs travaux personnels et, d'autre part par des équipes interdisciplinaires au sein de centres ou de programmes, dont l'activité se concentre sur six domaines prioritaires :

  • le commerce international et l'intégration globale
  • les conflits et la construction de la paix
  • les migrations et les réfugiés
  • l'action humanitaire
  • les enjeux internationaux de l'environnement
  • la politique internationale de la santé.

Centres et programmes de recherche

Les centres et programmes de recherche de l'Institut diffusent des recherches qui contribuent à l'analyse des organisations internationales basées à Genève :

Fonctionnement

L'historien Philippe Burrin, directeur de l'Institut depuis 2004.

Statut légal

L'IHEID est constitué comme une fondation privée suisse, la Fondation pour les hautes études internationales et du Développement, et partage une convention avec l'Université de Genève[14]. Il s'agit d'une forme d'organisation particulière, puisque l'Institut est constitué comme une fondation privée remplissant une fonction publique. En outre, la responsabilité politique de l'Institut est partagée entre la Confédération suisse et le Canton de Genève. Habituellement, en Suisse, la gestion des universités publiques est la responsabilité des cantons, à l'exception des écoles polytechniques fédérales à Zurich et Lausanne. IHEID est donc une institution hybride, entre deux catégories standard[15].

Conseil de fondation

Le Conseil de fondation est l'organe administratif de l'Institut. Il est composé de personnalités indépendantes nommées par le Conseil fédéral et le Conseil d’Etat du Canton de Genève. Les relations de la fondation avec les autorités publiques sont réglées dans une convention d’objectifs de quatre ans. Rolf Soiron est président du Conseil de la fondation. Le vice-président est Beth Krasna (également membre du Conseil des Ecoles polytechniques fédérales). Le Conseil comprend entre autres: Tamar Manuelyan Atinc (ancienne vice-présidente du développement humain à la Banque mondiale), Charles Beer (ancien conseiller d’État chargé de l’instruction publique, de la culture et du sport du canton de Genève), Joëlle Kuntz (journaliste), Jacques Forster (ancien vice-président du Comité international de la Croix-Rouge), Christine Beerli (ancienne membre du Grand Conseil bernois), Annemarie Huber-Hotz (ancienne présidente de la Croix-Rouge suisse), Michèle Lamont (professeur de sociologie et d’études africaines et afro-américaines), Carlos Lopes (professeur auprès de la faculté de commerce de l’Université de Cape Town), Jacques Marcovitch (professeur de gestion et d’affaires internationales à l’Université de São Paulo), Robert Roth (professeur ordinaire à la Faculté de droit de l’Université de Genève) et Isabelle Werenfels (responsable de la division de la recherche sur le Moyen-Orient et l'Afrique à la Stiftung Wissenschaft und Politik à Berlin).

Kofi Annan: alumnus, ancien Secrétaire général des Nations unies (1997-2006) et lauréat du prix Nobel de la paix, 2001.
Micheline Calmy-Rey: alumna, ancienne Conseillère fédérale et Présidente de la Confédération suisse.

Administration

L'Institut est dirigé par le directeur Philippe Burrin.

Anciens étudiants notables

Notes et références

  1. « The Graduate Institute of International Studies, Geneva », Study iHub, (consulté le )
  2. « Kendra Magraw ('10) Accepted at Geneva's Prestigious IHEID », University of Minnesota, (consulté le )
  3. « The Graduate Institute of International Studies, Fact Sheet », (consulté le )
  4. « Dual Master », (consulté le )
  5. « Fondation pour l’étude des relations internationales et du développement, Genève: Statuts de la fondation et composition du premier conseil de fondation », news.admin.ch, Département fédéral de l'intérieur, (consulté le )
  6. « les immatriculations à l'Institut de hautes études internationales et du développement », (consulté le )
  7. a b et c « génère toujours l'Geneve Internationale », Le Europeam Review, volume 5, numéro 2 (consulté le )
  8. « Gunnar Myrdal », Encyclopædia Britannica Academic Edition, Encyclopædia Britannica Inc, (consulté le )
  9. http://www.infosud.org/spip.php?page=article&id_article=5076
  10. « Rentrée académique » (consulté le )
  11. a et b Sophie Davaris, « IHEID dévoile son campus et la future Maison de la Paix » [archive du ], Tribune de Genève, (consulté le )
  12. Philippe Burrin, « A US$ 10 Million Grant from Mrs Kathryn Davis », Globe No. 3, (consulté le )
  13. « La Fondation Pictet pour le développement donne 25 millions à la Genève internationale », Le Temps (consulté le )
  14. « The Foundation », IHEID, (consulté le )
  15. (de) « Bund finanziert Genf neue Hochschule » [archive du ], Neue Zürcher Zeitung, (consulté le )

Liens externes