Ingouches

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Ingouches
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Dirigeants ingouches.

Populations importantes par région
Drapeau de la Russie Russie 444 833
Drapeau du Kazakhstan Kazakhstan 16 893
Drapeau de la Belgique Belgique 8 000
Population totale 476 000
Autres
Langues Ingouche
Religions Islam sunnite
Ethnies liées Tchétchènes, Bats, Kistines

Les Ingouches (Ингуши en russe), sont un peuple musulman sunnite de Ciscaucasie habitant majoritairement la République russe d'Ingouchie. Ils parlent ingouche. Les Ingouches se nomment eux-mêmes Ghalghaï (de l'ingouche ghal : forteresse, ghaï : habitants).

Origines

  • De 10000 à 8000 av. J.-C. : migration des proto-Ingouches du croissant fertile, où ils s'adonnaient à l'élevage et à l'agriculture irriguée, vers les montagnes du Caucase[1].
  • De 6000 à 4000 av. J.-C. : apparition de la poterie. D'anciennes zones de peuplement, près d'Ali-Yurt et de Magas, découvertes à l'époque moderne, révèlent la présence d'outil primitifs comme des haches de pierre, des couteaux de pierre, des pierres percées et des plats en argile. Dans les plaines, des habitations sont fabriquées en briques faites d'argile. Les montagnes voient naître des villages faits de pierre et entourés de murs, certains d'entre eux datent de 8 000 ans av. J.-C.[2].
  • De 4000 à 3000 av. J.-C. : affirmation de la culture dené-caucasienne. Apparition de la roue (3000 av. J.-C.), domestication du cheval, travail du métal (cuivre, or, argent et fer). De nombreux objets (vaisselle, armures, dagues, couteaux, embouts de flèches) de cette période ont été retrouvés près des villes de Naser-Kort, Muzhichi, Yi-E-Borz (aujourd'hui Surkhakhi (ceb)) et Abi-Goo (aujourd'hui Nazran)[2].

Histoire

L'histoire des Ingouches est fortement liée à celle des Tchétchènes ; leurs ancêtres communs étaient des tribus connues sous le nom de Vainakhs qui vécurent dans les régions montagneuses du Caucase. Des sources arméniennes les mentionnèrent pour la première fois au VIIe siècle. Les Vainakhs s'installèrent dans les plaines de Ciscaucasie entre le XVe siècle et XVIe siècle. Vers la fin du XVIe siècle, la plus grande partie de la population se convertit à l'islam. Au XVIIIe siècle les tribus se séparèrent en deux groupes : les Tchétchènes et les Ingouches. En 1810 la Russie imposa son autorité aux Ingouches et en 1924 réunit Tchétchènes et Ingouches dans la République socialiste soviétique autonome de Tchétchénie-Ingouchie.

Déportation

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l'URSS accusa les Ingouches et Tchétchènes d'avoir collaboré avec les nazis. Joseph Staline fit déporter l'ensemble de la population ingouche de Ciscaucasie au Kazakhstan et en Sibérie où près des deux tiers périrent[réf. nécessaire].

Dans son bilan annuel sur la situation des « déplacés spéciaux » rédigé quelques mois avant la mort de Staline, le 9e département du MGB désigna les Ingouches et Tchétchènes comme étant le peuple le plus « incorrigible qui soit » contaminé par l'oisiveté, le banditisme et le fanatisme panislamique[3]. Se fondant sur le rapport du MGB qui concluait qu'« une seconde déportation ne résoudrait pas le problème », les hauts responsables soviétiques jugèrent « inappropriée et inutile » la proposition en juin 1952 du ministère de l'Intérieur kazakh de « déporter les Ciscaucasiens encore plus loin, vers les zones les plus isolées du Kazakhstan[3] ».

En juin 1956, le nouveau ministre de l'Intérieur kazakh Doudorov adressa un mémorandum à Khrouchtchev dans lequel il préconisait la création d'une région autonome tchétchéno-ingouche située au Kazakhstan ou en Kirghizie où seraient établis les Ciscaucasiens. Le Présidium rejeta la proposition et libéra les « déplacés spéciaux » tchétchéno-ingouches à la condition qu'ils signent un engagement stipulant qu'ils renoncent à rentrer chez eux et à demander une compensation[3]. Plus d'un tiers des déplacés refusèrent de signer le document. Finalement, par un décret du 7 janvier 1957, le Présidium du Soviet suprême restaura la République autonome de Tchétchénie-Ingouchie, plus ou moins dans ses frontières de 1944, et autorisa les déplacés à rentrer chez eux[3].

Retour

Durant les années d'exil, la république de Tchétchénie-Ingouchie fut dissoute et une partie de la population ossète vint s'installer en Ingouchie ce qui rattacha de facto certaines régions d'Ingouchie à l'Ossétie du Nord tel le district de Prigorodny. Le retour des Ingouches fut mal accueilli par les Ossètes et de nombreux troubles en découlèrent, comme le conflit en Ossétie du Nord de 1992 qui vit près de 10 000 Ingouches du district de Prigorodny forcés de quitter leurs maisons[4].

Culture

Les Ingouches possèdent une riche culture faite de traditions, légendes, poèmes, contes, chansons et proverbes. La musique, les chansons et la danse sont particulièrement prisées. Les instruments de musiques traditionnels sont le dakhch-pandr (une sorte de balalaïka), le kekhat pondur (un accordéon joué habituellement par des femmes), un violon à trois cordes, la zurna, le tambourin et le tambour.

Notes et références

  1. (en) Bernice Wuethrich, « Peering Into the Past, With Words », Science, no 288, 19 mai 2000.
  2. a et b (ru) N.D. Kodzoev, Histoire de la nation ingouche.
  3. a b c et d Nicolas Werth dans Collectif sous la direction de Stéphane Courtois, Le jour se lève : L'héritage du totalitarisme en Europe, 1953-2005, Éditions du Rocher, Mayenne, 2006, pages 139, 140 & 141 (ISBN 978-2268057019).
  4. (en) Johanna Nichols, The Ingush (with notes on the Chechen): Background information, 1997.

Annexes

Bibliographie

  • (en) James Minahan, « Ingush », dans Encyclopedia of the stateless nations : ethnic and national groups around the world, vol. 2, Westport, Conn., D-K, Greenwood Press, (ISBN 0-313-32110-8), p. 782-787.
  • Mariel Tsaroieva, Anciennes croyances des Ingouches et Tchétchènes : peuples du Caucase du nord, Paris, Maisonneuve & Larose, , 429 p. (ISBN 2-7068-1792-5) (texte remanié d'une thèse d'Histoire des religions, INALCO).
  • Mariel Tsaroieva, Les racines mésopotamiennes et anatoliennes des Ingouches et des Tchétchènes, Paris, Riveneuve, , 329 p. (ISBN 978-2-914214-32-2) (texte remanié d'une thèse de post-doctorat d'Ethnologie, EPHE).
  • Mariel Tsaroieva (trad. Mariel Tsaroieva), Mythes, légendes et prières ancestrales des Ingouches et Tchétchènes, Paris, l'Harmattan, , 353 p. (ISBN 978-2-296-09382-9).

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