Industrie du peigne en corne en Ariège

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La fabrication de peignes de toilette en corne naturelle en Pays d’Olmes (Ariège) *
Image illustrative de l’article Industrie du peigne en corne en Ariège
Peignes en corne fabriqués en Ariège au XXe siècle.
Domaine Savoir-faire
Lieu d'inventaire Occitanie
Ariège
Pays d'Olmes
* Descriptif officiel Ministère de la Culture (France)

La fabrication de peignes en corne de toilette est une activité industrielle attestée dans le terroir du pays d'Olmes, dans l'est du département français de l'Ariège, et de façon plus marginale dans l'ouest de l'Aude, principalement aux XIXe et XXe siècles.

Plusieurs usines œuvrent à la production de peignes, principalement dans les communes de Fougax-et-Barrineuf, Bélesta, L'Aiguillon, Lesparrou, Le Peyrat, La Bastide-sur-l'Hers et Sainte-Colombe-sur-l'Hers, établies le long de la haute vallée de l'Hers.

Cette activité, limitée à une production confidentielle au début du XXIe siècle, figure à l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France depuis 2019.

Histoire[modifier | modifier le code]

Débuts[modifier | modifier le code]

La production industrielle de peignes est attestée depuis au moins le XVe siècle : des peignes en buis étaient alors exportés vers les Flandres et la Suisse (et sans doute ailleurs)[1]. L'utilisation de la corne naturelle se généralise par la suite.

Essor industriel[modifier | modifier le code]

De nombreuses fabriques de peigne s'installent au XIXe siècle dans d'anciens moulins jusqu'alors utilisés pour produire des bijoux en jais, première activité industrielle du pays d'Olmes[2].

Le développement de cette industrie s'appuie grandement sur la force hydraulique assurée par les cours d'eau du pays d'Olmes ; la fabrication ne recourt que modérément aux ressources fossiles[3].

Au début du XXe siècle, des artisans et ouvriers s'associent pour créer de nouvelles entreprises coopératives, au succès aléatoire[4].

Concurrencée par la généralisation du plastique, notamment dans la région d'Oyonnax, la corne perd du terrain, et plusieurs entreprises ferment leurs portes.

Dans les années 2010, une autre entreprise de fabrication lance sa production à Laroque-d'Olmes, avant de déménager en Dordogne[5],[6].

Activité économique contemporaine[modifier | modifier le code]

En bas à gauche de la photo, le hameau usinier de Campredon (Lesparrou) et une partie des bâtiments liés à la fabrication des peignes.

En 2024, seule une entreprise poursuit la fabrication des peignes en corne, celle de José Da Fonseca, établie à L'Aiguillon. Produisant de façon artisanale, avec un unique employé, cet atelier vend localement, mais aussi et surtout en alimentant des entreprises comme Barb'art, spécialiste des cosmétiques et accessoires de soin et beauté pour homme[7].

Fabrication[modifier | modifier le code]

Plusieurs étapes sont nécessaires pour concevoir les peignes[8]. Les principales sont les suivantes :

  • triage et sciage de la corne ; seule la partie médiane est conservée ;
  • biscayage : découpage courbe de la corne de forme conique après chauffage
  • aplatissage, manuel ou dans des presses hydrauliques ;
  • marquage : façonnage dessiné à l'aide d'un patron, d'un gabarit ;
  • façonnage (forme dégrossie et découpée), puis dentage (manuel ou avec une estadeuse, machine spécifiquement consacrée à cette tâche)
  • ponçage et polissage.

Valorisation[modifier | modifier le code]

Elle figure à l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France[9].

Le Musée du textile et du peigne en corne de Lavelanet, mis en place par des bénévoles, anciens industriels, passionnés d'histoire et parents d'artisans à partir des années 1980, valorise l'histoire de cette industrie. La valorisation de l'histoire et du patrimoine bâti et immatériel du peigne en corne est également portée par le Pays d'art et d'histoire des Pyrénées cathares[4],[10]. Une opération d'inventaire, conduite par le Pays d'art et d'histoire et lancée en 2017, permet de recenser le bâti lié à l'histoire du peigne[11].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Bruno Evans, « Longévité et encastrement des entreprises familiales du Sud-Ouest de la France », communication au séminaire international « Les entreprises familiales : mode de gouvernance et stratégies de développement » Université Abderrahmane Mira-Bejaia, Bejaia (Algérie), 16-17 octobre 2023
  2. Bruno Evans, « Du jais au peigne : culture technique, esprit d’entreprise et industrie en Pays d’Olmes », Archives ariégeoises, no 1,‎ , p. 159-186.
  3. Bruno Evans, « L’énergie hydraulique... et le développement d’un territoire industriel », dans François Jarrige, Alexis Vrignon, Face à la puissance. Une histoire des énergies alternatives à l’âge industriel, Paris, La Découverte, (lire en ligne), p. 400.
  4. a et b « L'Aiguillon. Une conférence sur l’histoire du peigne en corne », sur La Dépêche du Midi, (consulté le ).
  5. Emmanuelle Gayet, « Le peigne en corne une vieille tradition ariégeoise », sur France 3, (consulté le ).
  6. Nancy Ladde, « Dordogne : ils sont parmi les derniers fabricants de peignes en corne », sur Sud Ouest, (consulté le ).
  7. Barb'Art, « Notre Histoire », sur barb-art.fr (consulté le ).
  8. Mathilde Lamothe, « La fabrication de peignes de toilette en corne naturelle en Pays d’Olmes (Ariège). Fiche d’inventaire du patrimoine culturel immatériel de la France », (consulté le ).
  9. Mathilde Lamothe, « La fabrication de peignes de toilette en corne naturelle en Pays d’Olmes (Ariège) », sur pci-lab.fr, (consulté le ).
  10. « Carla-de-Roquefort. Des centaines de peignes en corne dans son grenier », sur La Dépêche, (consulté le ).
  11. « Ariège : il inventorie le patrimoine industriel du textile et du peigne en corne », sur La Dépêche du Midi, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Hugues Robert, « Une industrie en péril : le peigne en corne », L'Ariégeois, no 8,‎ , p. 5-14
  • Bruno Evans, « Du jais au peigne : culture technique, esprit d'entreprise et industrie en Pays d'Olmes », Archives ariégeoises, no 1,‎ , p. 159-186
  • Bruno Evans, « Les connexions matérielles entre l'Amérique latine et le territoire industriel du jais et du peigne en Pays d'Olmes, milieu XIXe siècle-années 1930 », dans Daniel Emilio Rojas, Amérique latine globale. Histoire connectée, globale et internationale, Paris, L'Harmattan, , p. 123-148.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]