Incident nucléaire de Roissy

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L'incident nucléaire de Roissy s'est produit le sur un colis transportant des matériaux radioactifs (billes d'iridium 192) expédié de Suède vers les États-Unis avec un transit le à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle.

Cet incident grave a été classé au niveau 3 de l'échelle internationale des événements nucléaires (INES) par l'autorité suédoise de sûreté radiologique.

Circonstance de l'incident[modifier | modifier le code]

Un colis a été expédié de Suède le par la société suédoise Studsvik à destination de la société SPEC[1] située à St. Rose (Louisiane) près de La Nouvelle-Orléans, entreprise américaine spécialisée en équipements industriels de radiographie gamma[2], utilisés notamment pour le contrôle des soudures[3].

Le transport a été effectué de la manière suivante[4] :

Le transport en avion et le transport routier aux États-Unis étaient assurés par la société FedEx.

Le colis expédié (voir sa description dans le communiqué de Wise/Nirs[3]) contenait 366 TBq d'iridium 192 sous forme solide destiné à la fabrication de sources pour la radiographie industrielle[1].

À la livraison du colis le , la société SPEC détecte un débit de dose anormalement élevé et a informé l'autorité américaine, qui a informé l'autorité suédoise. Le débit de dose sur une face du colis s'élevait à 4 millisieverts par heure à 25 mètres et sur l'autre face à 0,01 millisievert par heure à 5 mètres[1].

L'ASN a été informé le , d'une part par les autorités américaine et suédoise, d'autre part par l'agence de Roissy de la société FedEx, d'un incident de transport de matières radioactives. L'ASN a lancé une enquête sur cet incident[1].

L'ASN a informé la Direction générale de l'Aviation civile (DGAC) et l'Office de protection contre les rayonnements ionisants (OPRI, aujourd'hui Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, IRSN)[1].

Le , une inspection de la société FedEx sur l'aéroport de Roissy a été organisée par l'ASN, la DGAC et l'OPRI afin d'évaluer les doses éventuellement reçues par le personnel impliqué dans le transport[1].

Le , le colis a été ouvert dans les locaux de la société SPEC en présence de représentants des autorités américaines et suédoises, ainsi que de l'expéditeur suédois Studsvik afin de déterminer les causes de ce débit de dose anormalement élevé[6].

Il apparaît que « les bouchons de deux des trois tubes contenant les pastilles de matière radioactive étaient dévissés, et que des pastilles s'étaient répandues à l'intérieur du pot réalisant la protection biologique »[6].

« La position couché du colis, tout à fait normale selon l'expéditeur et le fabricant, l'a transformé en un canon crachant littéralement un faisceau de rayonnements »[7].

Dans un communiqué du , Studsvik a admis une erreur dans « la manipulation de la matière radioactive, due au fait que les récipients internes du colis n'ont pas été convenablement scellés » au départ, renforçant l'hypothèse que la fuite de rayonnements a pu commencer très tôt dans le trajet, en particulier avant Paris[7].

Conséquences humaines[modifier | modifier le code]

Le public n'a pas été exposé[1].

Les pilotes disposaient de films dosimétriques ; selon la société FedEx, le développement de ceux-ci ne révèle pas de doses anormales. De plus, un contrôle de débit de doses, réalisé dans la cabine de pilotage avant décollage, n'a pas mis en évidence de doses anormalement élevées[1].

La société FedEx n'a pas rapporté d'incident de manutention, ni d'endommagement du colis[1].

Le conducteur de la société SPEC aurait reçu une dose de 3,4 millisieverts lors du transport routier du colis entre l'aéroport de Memphis et le lieu de destination[1],[3].

À la suite de l'inspection du diligentée par l'ASN (voir ci-dessus), les examens médicaux pratiqués sur deux agents de FedEx (en fait un seul selon le communiqué de l'ASN du [8]) ont fait apparaître que la dose reçue serait de l'ordre de 15 millisieverts et que le colis était déjà défaillant lors de son passage à l'aéroport de Roissy. Philippe Saint-Raymond, directeur général adjoint de la Direction générale de la sûreté nucléaire et de la radioprotection (DGSNR), a déclaré à WISE-Paris que la dose identifiée par le laboratoire de l'IRSN était pourtant de 30 mSv[7].

L'ASN a donc demandé à FedEx de faire procéder à des examens médicaux complémentaires sur les autres membres de son personnel et a informé les autorités suédoise et américaine de ces nouveaux éléments[6].

Ces examens complémentaires ont montré qu'un deuxième employé aurait été irradié et aurait reçu une dose de l'ordre de 100 millisieverts[8],[9].

Le quotidien Le Parisien indique dans un article du [10] que l'employé ayant reçu une dose de 15/30 mSv a déposé plainte en février de cette même année auprès du tribunal de Bobigny.

Classement de l'incident[modifier | modifier le code]

L'autorité suédoise a classé le cet incident au niveau 3 (incident grave) de l'échelle INES du fait de la défaillance de la protection contre les rayonnements.

Des effets de radiation sur la santé ne pouvaient pas être écartés[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j et k Communiqué de presse de l'ASN du 9 janvier 2012
  2. Site de la société SPEC
  3. a b et c Communiqué de Wise/Nirs du 11 janvier 2002
  4. Rapport Wise-Paris du 8 juillet 2002, p. 17
  5. Rapport Wise-Paris du 8 juillet 2002, p. 4
  6. a b et c Communiqué de presse de l'ASN du 2 mai 2012
  7. a b et c Rapport Wise-Paris du 8 juillet 2002, p. 6
  8. a et b Communiqué de presse de l'ASN du 25 juin 2012
  9. L'ASN indique que la dose maximale admise pour une personne du public est de 1 millisievert par an que la dose maximale admise pour un travailleur de l'industrie nucléaire est de 20 millisieverts par an.
  10. Article du Parisien du 29 décembre 2003
  11. Rapport Wise-Paris du 8 juillet 2002, p. 7

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]