Ieremia Movilă

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Ieremia Movilă
Ieremia Movilă
Fonctions
Prince de Moldavie
-
Prince de Moldavie
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Famille
Père
Mère
Doamna Maria of Moldova (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Conjoint
Doamna Elisabeta Movilă (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Chiajna Movilă (en)
Maria Movilă (d)
Constantin Movilă
Alexandru Movilă
Ana Movilă (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Blason

Ieremia Movilă fut prince de Moldavie de 1595 à 1600 et de 1600 à 1606. La monarchie était élective dans les principautés roumaines de Moldavie et de Valachie, comme en Transylvanie et en Pologne voisines : le prince (voïvode, hospodar ou domnitor selon les époques et les sources) était élu par (et souvent parmi) les boyards : pour être nommé, régner et se maintenir, il s'appuyait sur les partis de boyards et fréquemment sur les puissances voisines, habsbourgeoise, polonaise, russe et surtout ottomane, car jusqu'en 1859 les deux principautés étaient vassales de la « Sublime Porte » ottomane dont elles étaient tributaires[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Ieremia Movilă nait vers 1555, il est le fils du boyard Ioan Movilă de Hudesti et de la princesse Maria, fille de Pierre IV Rareș, prince de Moldavie.

Il commence sa carrière comme Mare Vornic ("premier ministre") de Moldavie de 1583 à 1591. En 1593, il devient vassal du roi de Pologne qui l'appuie pour prendre, le , le trône de Moldavie au prince Ștefan Răzvan, alors soutenu par Sigismond Ier Báthory de Transylvanie et allié de Michel le Brave de Valachie. Ieremia Movilă doit accepter la suzeraineté polonaise en 1597[2] et celle des Ottomans en 1599[3].

Cependant, en , il est chassé de Moldavie par Michel le Brave qui prend le titre de Prince. Dès le mois de septembre suivant, Ieremia Movilă, soutenu par une armée polonaise, retrouve son trône. Il prend le titre de Dei gratias princeps et perpetuus heres Moldovia. Il meurt le et est inhumé dans l'église du monastère de Sucevița qu'il avait favorisée comme son frère le Métropolite de Moldavie Gheorghe III Movilă.

Mariage et famille[modifier | modifier le code]

Ieremia Movilă et sa famille, fresque du Monastère de Sucevița

En 1587, en Pologne, il épouse Erszébet Csomortany de Losoncz, une noble hongroise née vers 1571 et morte dans le harem d'un Agha turc à Constantinople après le (on ignore comment elle y est arrivée, probablement capturée après son veuvage au cours de l'une des guerres ottomanes en Europe). Le couple laissa onze enfants dont trois fils survivants et quatre filles qui se sont toutes mariées dans la noblesse polonaise :

  • Constantin Movilă
  • Alexandru Movilă
  • Bogdan
  • Zamfira (?-)
  • Petru
  • Alexis (?-)
  • Stana (?-)
  • Chiajna (1588-1619) épousa en 1603 le prince Michel Wiśniowiecki.
  • Maria (?-1638) épousa successivement deux nobles, Stefan Potocki (?-1631) puis Nicolas Firlej (?-1636).
  • Ecaterina (?-1618) épousa en 1618 le prince Samuel Korecki (mort 1622).
  • Ana (?-1666) épousa successivement quatre nobles polonais.

Sources[modifier | modifier le code]

  • Alexandru Dimitrie Xenopol, Histoire des Roumains de la Dacie trajane : Depuis les origines jusqu'à l'union des principautés, E Leroux Paris,
  • Nicolas Iorga, Histoire des Roumains et de la romanité orientale,
  • (ro) Constantin C.Giurescu, Dinu C.Giurescu, Istoria Românilor Volume II (1352-1606) p. 324-377, Editura Ştiinţifică şi Enciclopedică, Bucureşti,

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le candidat au trône devait ensuite "amortir" ses "investissements" par sa part sur les taxes et impôts, verser en outre le tribut aux Ottomans, et s'enrichir néanmoins. Pour cela, un règne d'au moins un an était nécessaire, mais la "concurrence" était rude, certains souverains ne parvenaient pas à se maintenir assez longtemps sur le trône, et devaient ré-essayer. Cela explique la brièveté de beaucoup de règnes, les règnes interrompus et repris, et parfois les règnes à plusieurs (co-princes). En fait, le gouvernement était assuré par le Mare Vornic (premier ministre), ses ministres (spatar-armée, vistiernic-finances, paharnic-économie, logofat-intérieur... approximativement) et par le Sfat domnesc (conseil des boyards).
  2. À plusieurs reprises dans son histoire, la Principauté de Moldavie a été vassale et alliée de la Pologne mais cela ne signifie pas, comme l'affirment par erreur certains auteurs (voir [1] et [2]) qu'elle soit devenue une province polonaise ou un fief du roi de Pologne. Ces erreurs sont dues d'une part à la confusion sémantique chez certains historiens modernes, entre voïvodie (province, en polonais) et voïvode (prince régnant, en roumain), ou encore entre suzeraineté et souveraineté, et d'autre part à la rétroprojection nationaliste de l'histoire. L'expression « rétroprojection nationaliste », du Pr. Jean Ravenstein de l'Université de Marseille, désigne la tendance historiographique moderne à projeter dans le passé les nationalismes modernes, comme s'ils étaient apparus dès le Moyen Âge ou l'Antiquité.
  3. Concernant le tribut aux Turcs, la vassalité des principautés roumaines envers l'Empire ottoman ne signifie pas, comme le montrent par erreur beaucoup de cartes historiques, qu'elles soient devenues des provinces turques et des pays musulmans. Seuls certains territoires moldaves et valaques sont devenus ottomans : en 1422 la Dobrogée au sud des bouches du Danube, en 1484 la Bessarabie alors dénommée Boudjak, au nord des bouches du Danube (ce nom ne désignait alors que les rives du Danube et de la mer Noire), en 1538 les rayas de Brăila alors dénommée Ibrahil et de Tighina alors dénommée Bender, et en 1713 la raya de Hotin. Le reste des principautés de Valachie et Moldavie (y compris la Moldavie entre Dniestr et Prut qui sera appelée Bessarabie en 1812, lors de l'annexion russe) ont conservé leurs propres lois, leur religion orthodoxe, leurs boyards, princes, ministres, armées et autonomie politique (au point de se dresser plus d'une fois contre le Sultan ottoman). Les erreurs cartographiques et historiques sont dues à l'ignorance ou à des simplifications réductrices. Voir Gilles Veinstein et Mihnea Berindei : L'Empire ottoman et les pays roumains, EHESS, Paris, 1987.