Idrissides

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Idrissides
(ar) الأدارسة (Al-Adarissah)
(ber) ⴰⵢⵜ ⵉⴷⵔⵉⵙ (Ayt Idris)

789985

Drapeau
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte de l'Empire Idrisside, montrant son extension maximale au début du IXe siècle
Informations générales
Statut Sultanat
Capitale Walili (789 - 808)
Fès (808 - 927)
Hajar an-Nasar (en) (927 - 985)
Religion Islam chiite (jurisprudence zaïdite)
Histoire et événements
789 Instauration de la dynastie
920 Premières incursions des Fatimides
Années 930 Perte du Rif au profit des Omeyyades de Cordoue
985 Assassinat du dernier Idrisside
Sultan
(1er) 789-791 Idris Ier
(Der) 974-985 Al-Hasan ben Kannun

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Entités suivantes :

Les Idrissides (arabe : الأدارسة, al-adarissa ; berbère : ⴰⵢⵜ ⵉⴷⵔⵉⵙ, Ayt Idris) sont une dynastie chérifienne de souche alide ayant régné au Maroc entre 789 et 985[1],[2],[3],[4],[5]. Ils sont communément considérés comme les fondateurs du premier État marocain[6],[7],[8],[3].

La dynastie doit son nom à Idris Ier, arrière-petit-fils d'Al-Hassan ibn Ali, tenant du chiisme zaïdite[9], qui se fait reconnaître comme imam par la tribu berbère des Awrabas[10]. Son fils, Idriss II, entreprend l'unification du pays et pose les bases de l'État idrisside axé autour d'une administration centrale, le makhzen.

Pendant la seconde moitié du Xe siècle, le pouvoir idrisside s'effondre sous l'effet des incursions et des interventions des Omeyyades d'Espagne, des Zirides — vassaux des Fatimides — et des Zénètes ; ils achèvent de perdre leur pouvoir effectif en 972. Ils sont définitivement écartés en 985, après l'échec de la restauration du dernier émir en exil, Al-Hasan ben Kannun, qui est assassiné.

Histoire

La fuite d'Idris au Maroc

Selon Ibn Khaldoun, en 786, Hussain, arrière-petit-fils du calife Ali ibn Abi Talib, prend les armes à la Mecque contre le calife Al-Hadi. Parmi les révoltés, il y avait Yahya, fils d'Idris qui fuit vers Daylem au Tabaristan. Son père Idris réussit à rejoindre l'Égypte où Rached un affranchi de Saleh (fils du calife Al Mansour) fournit des chevaux pour l'aider à s'échapper au Maghreb. En 788 à 789, Idris et son affranchi Rached arrivent sains et saufs à Ulili (ville ancienne sur le mont Zerhun à six ou sept lieues de Fès au Maroc).

Idris demande la protection du chef de la tribu des Awraba Ishaq b. Muhammed b. Humayd et règne sur un petit État dans la région de Volubilis, État indépendant du Califat. Plusieurs confédérations berbères (Zouagha, Luwata, Sedrata, Ghiata, Nefzaoua, Miknassa, Ghomara) se rallient à la cause d'Idris qui finit par recevoir le serment de fidélité de toutes les tribus berbères. Le frère de ce dernier, Sulayman Ibn Abd Allah al-Kamil se fixe à Tlemcen et dans ses environs.

En 789 à 790, Idris rassemble son armée et vient aux portes de Tlemcen, qui était sous le contrôle des Maghraouas et des Ifrenides. Ces derniers font leur soumission à Idris. Ibn Khaldoun indique que l'émir de Tlemcen était Muhammed b. Kahzer b. Sulat entre 789 et 790 dans une version de son texte mais indique un autre émir Abou Qurra et une autre version des faits dans d'autres chapitres. Idris construit sa première mosquée à Tlemcen. Mais de retour à Walili, l'imam Idris est empoisonné par Ash-Shammakh, un déserteur de la cause Abbassides, entre les années 791 et 792.

Idris II calife de Fès

Les Awraba désignent comme successeur l'enfant de la femme d'Idris, Kenza, Idris II. En 804, ils jurent fidélité à la mosquée d'Ulili au petit prince Idris, sous la tutelle d'Abou Khaled Yazid b. Al Yas Al Abdi.En 807- 809, Idris II tue le chef de la tribu des Awraba, un partisan de la cause des Aghlabides. Il a aussi une armée composée de 500 guerriers Arabes.

La ville d'Ulili étant devenue trop petite pour les serviteurs d'Idris II, il décide de transférer sa capitale à Fès, alors que cette ville était sous le contrôle des B. Borghos (des mages, des juifs et des chrétiens) et des B. Khayr (tribus zwaghiennes). Les deux peuplades embrassent l'islam et font profession de foi à Idris II. En 807, Idris refonde la ville de Fès en y entreprenant de grandes constructions (quartier Adwat Al Andalous, quartier Al Qaraouiyine, mosquée des charifs, etc.). Idris II confie son autorité aux Awraba en 812 et se proclame calife.

Il fait la guerre contre les Masmoudas et occupe leurs villes. En 814, Idris II parvint à prendre Tlemcen et reçoit de Mahammed b. Khazer le serment d'obéissance. Idris II reste durant 3 ans à Tlemcen et il réussit à supprimer le Kharidjisme de la région et à enlever aux Abbassides tout le pays du Sous à Chlef. Les Aghlabides ne pouvaient plus s'opposer à Idris II. En 828, Idris II meurt et son fils Muhammed prend le pouvoir[11].

Du partage des fils d'Idriss II à la réunification par Ali

Le royaume Idrisside est partagé entre les frères, selon les conseils de la grand-mère Kenza. Al Qasim obtient de son frère Omar les villes de Tanger, Basra, Ceuta, Tetouan et Hadjer An-Nasr. Omar reçoit Tikisas et Tergha y compris le commandement des tribus Sanhadjas et Ghomaras. Dawud a le pays des Houaras, Tasul, Taza et le pouvoir sur les tribus Miknassa et Ghiata. Abdellah récolte Aghmat, Anfis, les montagnes des Masmoudas, le pays des Lamba et le reste du Sus al-Aksa. Le dernier frère, Yahia, décroche les villes d'Asilah et de Larache, le pays des Ouergha. Yahia désigne Issa au gouvernement de Chella, Salé, Azemmour, Tamesna et remet Ulili à Hamza. Par contre Tlemcen reste aux mains du fils de Suliman b. Abdallah, qui est le frère d'Idris I.

Ce partage provoque une guerre entre les frères idrissides. Le premier conflit oppose Issa et Muhammed. Ayssa succombe et ses territoires sont livrés à Omar. Al Qasim se soulève, mais Muhammed décide de lui faire la guerre. Al Qasem s'enfuit près d'Asilah. Il construit un ribat près de la mer et il demeure caché jusqu'à sa mort. Omar meurt à Fedj Al Férès et est enterré à Fès en l'an 835. C'est l'ancêtre des Hammudites. Muhammed fils d'Idris II meurt dans l'année 836. Le royaume idrisside revient à son fils Ali, qui a neuf ans. Les Aurébas se chargèrent de maintenir l'ordre jusqu'à sa mort en 848-849. Alors Yahya, fils de Muhammed prend l'autorité suprême du royaume. Fès connaît une phase de croissance. Plusieurs monuments et constructions y sont élevés. Ibn Khaldoun ne mentionne pas la date de la mort de Yahya qui reste inconnue. Yahia II, son fils, prend le pouvoir. Mais, il ose "porter atteinte à l'honneur des femmes"[12], ce qui provoque un grand scandale et une importante révolte de la part d'Abderhaman b.Abd Sehl Al Djudami. Yahya est vite renversé et il meurt de chagrin la même journée. Son cousin, Ali b. Omar est proclamé souverain de toutes les provinces du Maghreb après cet événement, lui qui dirigeait le Rif avant la révolte. Ali se rend à Fès et obtient le serment de fidélité.

La révolte sufrite et la soumission aux Fatimides

Après cela, Abdarrazzaq, un sufrite, se révolte et regroupe tous les Medyuna et s'empare de Fès. Ali b.Omar s'enfuit aussitôt chez les Aurébas. Fès est divisée jusqu'à ce qu'Assaram, fils d'Al Qasem vienne délivrer la ville ou le quartier[pas clair] des mains des révoltés. Thaleba b. Abdellah, descendant de l'émir Muhelleb b. Abi Sufra devient le commandant du quartier des Kairouanides de Fès. Abbud et après lui, Muhareb b. Abbud lui succèdent comme dirigeant de Fès ou son quartier[pas clair]. Ensuite, Yahya b. Al Qasem continue à gouverner le Maghreb[pas clair] jusqu'à 904- 905.

L'arrivée des Fatimides en 920-921 déstabilise le Maghreb qu'ils décident de conquérir. Ils donnent à Messala b. Habbus émir des Miknassa le gouvernement de Tiaret et lui délivrent de mandat de pourchasser les Idrissides. Messala réussit à vaincre l'armée idrissides composée d'Arabes et de Berbères. Il entame ensuite le siège de Fès. Yahya b.Idris consent à acheter sa liberté et obtient la gouvernance de Fès sous le drapeau Fatimide. Toutes les autres provinces du Maghreb sont données par le vainqueur à son cousin Mussa b. Afya le miknassi. Ce dernier était souverain de Tasul et Taza[pas clair]. Un litige éclate entre Yahia b. Idris et Mussa b. Afya. Ce litige se termine par l'arrestation de Yahya b. Idris par les Fatimides et la saisie de sa fortune. Yahya essaye de passer en Ifriqiya, mais il est repris et emprisonné pendant deux années. Liberé et il décide de vivre à Mahdia en 942 et meurt pendant le siège d'Abu Yazid. Ibn Abi'l Afya obtient le gouvernement du Maghreb[pas clair].

La chute des idrissides

En 925, Al Hassen, dit Al Haddjam, fils de Muhammed b. Al Qasem b. Idris expulse Rihan et la tribu Kutama de Fès. Cela provoque la guerre entre Al Haddjam et Musa Ibn Abi'l Afya. Minhal, fils de Afya et deux-mille miknassi sont tués dans la bataille. Dès qu'Yahyia pénètre la ville de Fès, Hamed b. Hamdan de la tribu Aurébas le met en prison et le livre à Musa. Al Hadjjam meurt lors de son évasion de prison, il fait une chute du haut de la muraille. Après la chute des Idrissides, les frères d'Al Haddjam s'évadent vers Basra dans le Rif.

En 929, Ibrahim b. Muhammed b. Al Qasem devient le chef, il construit le château de Hadjer An-Nasr dans le Rif. Mais les idrissides résistent: les fils d'Omar b.Idris s'emparent des terres des Ghumaras, de Tikisas à Ceuta et à Tanger. Mais, sous la pression des Omeyades d'An Nacer, Abu'l Aych, fils d'Idris b.Omar livre la ville de Ceuta aux Omeyades. Aussitôt après la mort d'Ibrahim b. Muhammed, Al Qasem, dit Al Kunnun, devient le chef des Idrissides et conserve le consentement des tribus Ghumaras. Ce chef décide de rejeter l'autorité d’Ibn Abi'l Afya, car ce dernier est devenu profatimides.

La prépondérance des Idrissides est mise à mal par la rivalité entre les Omeyyades de Cordoue et les Fatimides pendant la seconde moitié du Xe siècle ; le pouvoir idrisside s'effondre sous l'effet des incursions et des interventions des Omeyyades de Cordoue, des Fatimides et des Zénètes[13]. Le rôle politique des Idrissides est anéanti par la campagne des Zirides, vassaux des Fatimides, en 972 et qui soumettent –momentanément– les Zénètes de la région[14],[15].

Les Omeyades à cette époque prennent l'autorité sur le Maghreb et réussissent à prendre les campagnes des Zénètes dans le Rif. Fès est prise par les Banou Ifren s'emparent qui l'abandonnent après aux Maghraouas. Les Idrissides ne contrôlent plus que le Rif avec les tribus Ghumara.

Les Omeyades finissent de conquérir les territoires idrissides du Rif et ils déportent les descendants de Muhammed et d'Omar vers l'Espagne puis vers Alexandrie. Un certain nombre de la famille des idrissides réussit à passer en Espagne dans le contingent berbère de la tribu Ghumara. Cela a permis la fondation du royaume Hammudites.

En 985, les Fatimides tentent une restauration, en appuyant un idrisside réfugié à leur cour, un certain Al-Hasan ben Kannun. Il cherche à reprendre la tête de son ancien État alors en proie aux raids et à l'influence des Omeyyades de Courdoue. Allié aux Zirides et à divers tribus ayant rejoint sa cause, il échoue face aux Maghrawa et Benou Ifren sans parvenir à instaurer son autorité[16].

Une dynastie préfatimide

La fondation de Fès

La ville « Médina Fès » a été fondée par le chérif alide Idris Ier en 789 à l'emplacement de l'actuel quartier des Andalous. En 808, le régent Rashid Ben Morshid fonde « al-Aliya » sur l'autre rive de l'oued de Fès. Al Aliya se développe très vite et devient une véritable ville avec mosquée, palais et kissariya (halle, marché).

Les branches issues du frère d'Idris, Suliman

Selon Ibn Khaldoun dans son appendice IV, Suliman s'échappe vers le Maghreb lors de la domination des Abbassides. Arrivé à Tiaret après la mort de son frère Idris I, il veut prendre le pouvoir. Mais les Berbères résistent à ses menaces de Suliman et les Aghlabides le font arrêter. Suliman se replie à Tlemcen et est maître de toutes les tribus Zénètes de cette localité.

Son fils Muhammed b. Suliman lui succède et ses enfants se partagent tout le Maghreb central après la mort de leur père. Le gouvernement de Tlemcen était sous la responsabilité de Ahmed, fils de Muhammed puis sous celle de Muhammed fils d'Ahmed auquel succède son fils Al Qasem ben Muhammed ben Ahmed. Aysa, fils de Muhammed, obtient Archgul (ville et île sur la Tafna, rivière à huit lieues de Tlemcen) et il s'allie aux Fatimides. Le frère de Aysa, Idris obtient la possession des Dejrawa. Son fils Abu'l Aych Aysa lui succède. Après la mort de Abu'l Aych Aysa, Al Hasen b. Abi'l Aych prend le pouvoir chez les Dejrawas. Après cela, c'est au tour d'Ibrahim puis à ses fils (Yahya, Ibrahim et Idris). Idris reçoit Archgul, par contre, son frère Yahya s'allie aux Omeyades au temps de Abderhaman An Nacer. Cela provoque le mécontentement des Fatimides en 935. Yahyia est arrêté par le général Misur.

La ville des Dejrawa qui abrite Al Hasen b. Abi'l Aych est assiégée par Ibn Abi'l Afya, représentant des Omeyades au Maghreb central, qui la prennent. Al Hasen s'évade pour rejoindre son cousin Idris, fils d'Ibrahim, chef d'Archgul. Son neveu Al Buri, fils de Musa b. Abi'l Afya prend cette ville.

Ténès sera la capitale d'Ibrahim, fils de Muhammed, puis elle est sous les mains de son fils Muhammed, du même nom, puis à Ibrahim (même nom), ensuite à Yahya et à Ali. Ce dernier est vaincu par les Zirides pendant le règne de Ziri ibn Menad en 953. Ali se réfugie alors chez les Maghraouides. Al Khir b. Muhammed bem Khazer des Maghraouis aide Hamza et Yahiya, fils d'Ali a passer en Espagne.

Ahmed fils de Suliman, fils d'Ibrahim fut un chef du Maghreb central. Et parmi les descendants de Muhammed, fils de Suliman, il y a Ituwich, fils de Hatech, fils d'Al Hasen, fils de Muhammed, fils de Suliman, et Hammud, fils d'Ali, fils de Muhammed, fils de Suliman.

Ibn Khaldoun relève que Souk Hamza à Bougie, selon Ibn Hazm, ne porte pas le nom d'un idrisside, mais d'un Arabe de la tribu Sulaym. Il ajoute que Jawhar al-Siqilli, général fatimide, emmena les fils de Hamza à Kairouan.

Récit d'Umm Al Benin

Selon Ibn Khaldoun, Oum al-Banin (qui veut dire mère de tous les enfants) est une femme qui est venu de Kairouan, elle était de la tribu arabe de Quraych. Elle s'appelait Fatima. Cette femme fut riche et elle vint s'établir à Fès. Elle sera la fondatrice de la grande mosquée Al Quaraouiyine en 859 et fera creuser un puits pour l'usage public.

Le gouvernement idrisside

La dynastie Idrisside est sortie victorieuse de la guerre fratricide entre les fils d'Idris II contre les divisions et le séparatisme pour redevenir unie sous le commandement de Muhammad ben Idris. Mais son règne est bref et la mort l'emporte en 836[17]

Le jour même et à l'âge de neuf ans et quatre mois, son fils, connu plus tard sous le nom de Ali Haïdara, prend le titre d'émir. C'était un homme d'une grande noblesse et doté d'une grande intelligence. Il réorganise le pays et crée des institutions, il réintroduit la justice, fortement soutenu par son entourage. Il apporte à la population la sécurité et la prospérité jusqu'à ce qu'il décède en 848. Son fils Ahmed Mezouar quitte Fès pour le pays jbala et, à la demande des Beni Arouss, il envoie son fils Sellam. La descendance de l'émir Ali ben Muhammad assure sa succession dans le pays de beni arouss. Le règne passe aux mains de son frère Yahya ben Muhammad, qui commence par organiser l'administration du pays. Il a découpé le pays et envoyé ses oncles et frères administrer les régions et s'est reposé sur eux. Ils se sont mal comportés et se sont approprié le commandement des tribus et leur ont déclaré "nous ne sommes les fils que d'un seul père".

L'émir s'est particulièrement intéressé au bien-être de ses citoyens et a construit des jardins, des hammams et des commerces, c'est d'ailleurs pendant son règne que la célèbre mosquée Quaraouiyine fut bâtie. Après sa mort, c'est son fils Yahya ben Yahya qui prit le règne et c'est à cette époque que la dynastie est entrée dans une période d'affaiblissement car il était corrompu, frivole et de mauvaise foi. Il s'est épris d'une jolie juive nommé Hana et a voulu abuser d'elle dans un hammam, lorsqu'elle appela au secours, on vint la secourir et on accusa l'émir d'adultère. C'est cette action qui changea l'estime de la population de Fès et à leur tête Abd Er-rahmane ben Abi Sahl Al-Jidami qui voulait le tuer. Mais sa femme, la princesse Atika fille d'Ali ben Omar ben Idris a facilité sa fuite de la rive kairouaniase à la rive andalouse tout en refusant d'y aller avec lui. Lorsqu'il arriva sain et sauf, il fut atteint par de lourds remords et par la honte de ce scandale et mourut la nuit même.

Les actions de Yahya, ont mené Fès pour la première fois à être dirigé par un étranger à la dynastie (Abd Er-rahmane ben Abi Sahl Al-Jidami). Ce qui a eu pour conséquence que les Marocains ont commencé à se permettre de s'insurger et à les combattre malgré l'aura de respect qu'ils avaient car étant les neveux de Mahomet.

Lorsque Yahya mourut, et bien qu'elle eut été maltraitée, et au vu de ce qu'il est advenu de la maison des Idrissides (dirigée par Abd Er-rahmane ben Abi Sahl Al-Jidami, chef de la garde), elle commença à écrire à Ali ben Umar en l'informant de la situation à Fès et en le priant d'accourir vers la ville avant que ça ne s'aggrave. Le prince était dans le pays du Rif et des Sanhaja, lorsque la missive arriva, il mit immédiatement son armée en marche et se dirigea vers Fès. Il entra sur la rive kairouanaise et Abd Er-rahmane ben Abi Sahl Al-Jidami prit aussitôt la fuite. La population de Fès était heureuse de cette arrivée car elle n'avait pas oublié ce que les Idrissides avaient fait pour eux et pour tout le pays, car pour la première fois cette région avait une existence et ils ont mis fin aux velléités des Abbassides et des étrangers sur les villes marocaines. Ce sont également eux qui ont mis les Berbères directement face à l'islam et le résultat est que toutes les régions sous leur domination ont été islamisées, mettant fin au judaïsme, christianisme et même à la magie.

Lorsque Ali ben Umar est rentré, les gens de Fès ont accouru vers lui et lui prêtèrent serment.

L'émir est resté dans sa nouvelle capitale, et était occupé à améliorer le quotidien de ses citoyens. Une rébellion s'est organisée dans les montagnes de Bouiblanes sous les ordres de Abderazak Al-fihri Assafri qui faisait partie de la famille de Huesca en Andalousie[réf. nécessaire]. Lorsqu'il eut construit son château et mis sur pied une armée, il marcha vers Fès pour la prendre. Lorsqu'il arriva, Ali ben Umar est sorti pour le combattre et une bataille féroce s'ensuivit qui vit la défaite d'Ali qui fuit vers l'Andalousie. C'est ainsi qu'Abderazak Al-fihri Assafri entra dans le quartier des Andalous tandis que le quartier des Kairouanais lui a résisté. Alors que tout montrait que la fin des Idrissides était venue, on vit jouer la sacralité du serment prononcé par la population de Fès à la dynastie car ils ne se sont pas juste contentés de combattre Abderazak Al-fihri Assafri, ils ont envoyé une lettre à Yahya ben al-Qasim le pressant de venir mettre un terme à la présence de cet étranger dans la maison Idrisside.

Yahya ben al-Qasim est accouru vers Fès et s'est installé dans le quartier des Kairouanais avant d'attaquer avec vigueur l'intrus en le chassant définitivement du quartier andalou.

Après avoir arrangé la situation à Fès, il mit sur pied une armée pour combattre les Assafris. Il fut tué en 904 par Rabii ben Soulaïmane.

Yahya ben Idris ben Umar prit le commandement de la dynastie, il était par ailleurs le plus apte à prendre le pouvoir, c'était aussi un homme d'islam, de justice. Sous son règne la dynastie entrera dans une nouvelle période en ce qui concerne ses relations avec l'étranger.

Legs et patrimoine

Les Idrissides laissent d'autres legs importants au patrimoine du Maghreb ; la mosquée Al Quaraouiyine et la mosquée des Andalous à Fez, les mausolées d'Idris Ier à Zerhoun et d'Idriss II à Fès, ainsi que la mosquée du vieux Ténès en sont les principaux exemples[18].

Sous les Idrissides, la calligraphie traditionnelle coufique évolue vers un style propre : la calligraphie dite maghribî qui atteindra sa plénitude au XIe siècle. L'art de l'enluminure va également connaitre un essor[19].

Chronologie

Le , à Volubilis Idris Ier est proclamé imam du Maroc[20].

En 791, l'État marocain est créé. Idriss Ier, descendant de `Ali, gendre de Mahomet, fuit l'Arabie pour échapper au massacre de sa famille et vient s'installer à Volubilis (Walili) après une halte à Tlemcen-Agadir où il fit bâtir la mosquée d'Agadir (790)[21], et fonde la cité de Fès qui après sa mort en 792 sera désignée capitale du royaume par son fils successeur Idriss II, ce dernier s'occupe de la construction de la ville jusqu'en 803 et meurt en 828.

L'administration du royaume est confiée à ses fils, puis à ses frères. La vie économique à Fès est prospère, en 857 et 859, la cité se prévaut des prodigieuses mosquées Quaraouiyine et des Andalous. Au début du Xe siècle les Idrisides sont indiqués califes à Cordoue jusqu'à ce que la division de l'Espagne cause leur décadence et leur disparition en 1055.

En plus des querelles internes, la dynastie dut faire face aux Fatimides à l'est, puis aux Omeyyades de Cordoue au nord. Ils essayèrent de jouer de la rivalité entre ces deux grandes dynasties. Le dernier Idrisside se rendit aux Omeyyades.

Quelques décennies plus tard, des descendants de la famille qui s'étaient maintenus en Andalousie donnèrent naissance, à l'époque des taïfas, à la principauté des Hammudites.

Les Idrissides régnèrent sur Tlemcen durant 140 ans[22].

Liste des émirs idrissides (789-985)

Les fondateurs

Les émirs

Généalogie idrisside Simplifiée

En 1016, Ali, issu d'une branche collatérale, descendant d'Omar, fils d'Idris II, devient caliphe de Cordoue[23].

Descendance

Rameaux notoires de la dynastie idrisside

Moyen Âge

Époque moderne

Chérifs idrissides

Les descendants des Idrissides, appelés « chérifs idrissides », sont principalement présents dans les principaux centres citadins du Nord du Maroc: Fès, Séfrou, Meknès, Tétouan, Ouezzane, Chefchaouen, Rabat, Salé, Taza, Ksar El Kébir et Tanger. Ils sont également présents dans certaines régions rurales du Maroc[24] (Zerhoun, Beni Arous au Pays des Jbala, Hyayna, Ghomara, etc.), à l'est du Maroc jusqu'à l’Algérie (régions d'Oujda et de Tlemcen jusqu'à Chlef) et en Tunisie (régions de Bizerte et de Sousse). Ils constituent, selon l'historien Abdelhadi Tazi, l'une des cinq principales factions de Chorfas du Maroc.

Notes et références

  1. Larousse.fr, article "Idrisides" : "Idrisides, Dynastie alide hasanide du Maroc (789-985)"
  2. E.-J. Van Donzel, Islamic Desk Reference, (éd. BRILL, 1994) p. 165 : "Idrisids (Adarisa): Moroccan dynasty of descendants of the Prophet's son-in-law 'Ali and thus connected with the line of Shi'i imams; r. 789-985"
  3. a et b Ruth Cyr, Twentieth Century Africa, iUniverse, 2001 (ISBN 9780595189823), p.345: "In 788 Idris, the first Arab ruler of the whole of Morocco, united the Berbers and Arabs under his rule, creating the first Moroccan state. He founded the Idrisid dynasty that reigned for almost two hundred years."
  4. M. E. McMillan, Fathers and Sons: The Rise and Fall of Political Dynasty in the Middle East, éd. Palgrave Macmillan 2013 (ISBN 9781137297891) - p. 63: "It was in Morocco that a descendant of the Prophet, fleeing an unsuccessful revolt in the Hijaz in 785, found shelter and set up an independent state. His name was Idris and his family, the Idrisids, ruled the region from 788 to 974."
  5. W. Slatyer, Ebbs and Flows of Ancient Imperial Power, 3000 BC–AD 900: A Short History of Ancient Religion, War, Prosperity, and Debt, Partridge Publishing Singapore 2012 (ISBN 9781482894516) - p. 368: "At the end of the eighth century, distant Morocco came under the rule of Idris I, (...) Morocco became the second Muslim State after al Andalus to cut off relationships and became independent from the Abbasid caliphate of Baghdad."
  6. Ch.-A. Julien, Histoire de l'Afrique du Nord, de la conquête arabe à 1830 - Tome II, p. 44 (éd. Payot, 1961) : "Idriss Il n'était pas seulement un fondateur de villes, il fut le fondateur du premier État marocain"
  7. "tradition (...) reaches back to the origins of the modern Moroccan state in the ninth century Idrisid dynasty which founded the venerable city of. Fes", G Joffe, Morocco: Monarchy, legitimacy and succession, in : Third World Quarterly, 1988
  8. "The Idrisids, the founder dynasty of Fas and, ideally at least, of the modern Moroccan state (...)", Moroccan dynastic shurfa’‐hood in two historical contexts: idrisid cult and ‘Alawid power in : The Journal of North African Studies Volume 6, Issue 2, 2001 [1]
  9. à ce propos, voir notamment (en) Ignác Goldziher et Bernard Lewis, Introduction to Islamic theology and law, Princeton University Press,, , p. 218 ou encore (en) Abdallah Laroui, The History of the Maghrib : An Interpretive Essay, Princeton University Press, , p. 109-110The Idrisids
  10. Abou Obeid Allah al-Bakri, Description de l’Afrique septentrionale (tr. De Slane), Maisonneuve & Larose, 1962, p. 123, de l’original en arabe.
  11. Ibn Khaldoun, Histoire des berbères, page 998, édition Berti, Alger, 2003
  12. note, Al Bakri parle d'une juive, selon le traducteur d'Ibn Khaldoun
  13. M. el- Fasi, L' Afrique du VIIe au XIe siècle, UNESCO, (ISBN 9789232024954, lire en ligne)
  14. Francesco Gabrieli, Maghreb médiéval: l'apogée de la civilisation islamique dans l'Occident arabe, Edisud, (ISBN 9782857445388, lire en ligne), p. 170
  15. Daniel Rivet, Histoire du Maroc, Fayard, (lire en ligne), p. 170
  16. Mouloud Gaïd, Les Berbères dans l'histoire de Ziri à Hammad, Editions Mimouni, p. 64
  17. Dynastie Idrisside au Maroc et en Andalousie Dr Nasrallah Édité Dar Nahda al-arabia
  18. « The Idrisids (789- 974) »
  19. Art & Métiers du livre, nos 213 à 216, Éditions du Cercle de la Librairie, 1999, p. 75
  20. Encyclopédie de l'islam Brill Archive, 1980
  21. http://zianides.free.fr/modules.php?name=Content&pa=showpage&pid=42
  22. https://books.google.com/books?id=n7gBAAAAYAAJ&printsec=frontcover&dq=Itin%C3%A9raire+historique+et+descriptif+de+l%27Alg%C3%A9rie:+comprenant+le+Tell+et+le+...++Par+Louis+Piesse&as_brr=3&hl=fr#v=onepage&q=&f=false version en ligne page 236
  23. Claude Horrut, Ibn Khaldûn, un islam des "lumières" ?, Editions Complexe, (ISBN 9782870279984, lire en ligne), p. 196
  24. Les chorfas Idrissides de Fès d'après Ibn at-Tayyib al-Qadiry. SALMON GEORGES 1904 volume 1. http://am.mmsh.univ-aix.fr/Pdf/AM-1904-V01-14.pdf

Annexes

Bibliographie

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Articles connexes

Liens externes