Histoire de l'Irak

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L'histoire de l'Irak commence avec la Mésopotamie (voir cet article pour l'histoire antique) ; la région abrite quelques-unes des plus anciennes civilisations du monde, Sumer, Assyrie, Babylone.

Taureau androcéphale ailé gardien du palais de Sargon II, en Assyrie (Perse), VIIIe siècle av. J.-C.

Les vallées du Tigre et de l'Euphrate appartiennent ensuite à une succession d'empires qui lui sont étrangers : empires perse achéménide, grec (Alexandre le Grand suivi des Séleucides), Parthes, Sassanides. À l'époque pré-islamique, cette région porte le nom de Khvarvaran, qui est une des provinces de l'empire Sassanide. Le nom Irak dérive du terme persan Erak, qui signifie « bas-Iran ».

Conquis par les Arabes sous les Omeyyades, l'Irak est, un temps, le centre du monde musulman sous les Abbassides.

L'Irak redevient ensuite un champ de bataille entre les empires du Moyen-Orient, jusqu'à la conquête britannique en 1918, qui en fait un État souverain sous mandat anglais.

L'Irak sous les empires musulmans

La conquête arabe

La Mésopotamie est une des premières régions conquises par les Arabes musulmans au VIIe siècle. Disputée entre les Omeyyades et les Alides, elle reste au pouvoir des premiers après la sanglante bataille de Kerbala : c'est le point de départ de l'opposition entre sunnites et chiites.

L'âge d'or abbasside

L'Irak est ensuite le centre du califat abbasside de Bagdad.

Affaibli par la révolte des esclaves Zanj au IXe siècle, le califat ne domine plus directement que l'Irak central et méridional. Le nord, autour de Mossoul, appartient à des émirs indépendants, Hamdanides puis Zengides.

Le califat reste cependant le symbole de l'unité de l'islam sunnite. Les Turcs seldjoukides lui rendent hommage, de même que la plupart des princes musulmans.

Le déclin

Ravagé par les Mongols de Hülegü, puis par les Turcs orientaux de Timour, l'Irak perd son rôle central lorsque les derniers califes abbassides transfèrent leur résidence au Caire.

Aux XVIe et XVIIe siècles, l'Irak est un champ de bataille entre l'Iran des Séfévides et l'Empire ottoman. Le premier renforce l'implantation du chiisme autour des villes saintes de Kerbala et Nadjaf. Mais c'est le second qui reste maître du terrain, en s'appuyant sur les Turkmènes et les Arabes sunnites.

L'Irak, divisé en plusieurs provinces (au XIXe siècle, les vilayets de Mossoul, de Bagdad et de Bassora), est une portion plutôt pauvre et marginale de l'espace ottoman. Le détournement de la route des Indes par les Portugais et les autres Européens lui a fait perdre ce qui lui restait d'importance économique.

L'Irak disputé entre les impérialismes occidentaux

L'Irak, enjeu international pendant la Grande Guerre

Détail de l'Empire Ottoman par Vilayets

Dès le début du XXe siècle, le Royaume-Uni s'intéresse aux vilayets de Bagdad, Mossoul et Bassorah pour deux raisons essentielles : le pétrole et la sécurité de la route des Indes. L'Allemagne, elle aussi, tente d'y étendre son influence par le chemin de fer Berlin-Bagdad.

Lors de la Première Guerre mondiale, l'Empire ottoman se range aux côtés de l'Allemagne et de l'Empire autrichien. En réaction, dès le , les troupes britannico-indiennes du général Arthur Arnold Barret (en) entrent à Bassorah (Basra) qui constitue un point d'appui tactique dans la guerre[1]. En , elles tentent une marche vers le nord, mais sont encerclées par les Turcs: le siège de Kut-el-Amara s'achève par la capitulation de la garnison britannique le [1].

Après ce désastre, les Britanniques cherchent de nouveaux soutiens contre les Ottomans. Ils encouragent la grande révolte arabe de 1916-1918 en promettant l'indépendance aux Arabes à la fin de la guerre[1]. Parallèlement, le , le Britannique Sir Mark Sykes et le Français François Georges-Picot signent en secret les accords Sykes-Picot par lesquels la France s'attribue la tutelle de la Syrie et du vilayet de Mossoul excepté Kirkouk et le Royaume-Uni le reste de l'Irak.

Le , les troupes britanniques entrent dans Bagdad[1], et le général Maude se présente comme le libérateur. À la fin de la guerre, l'Irak ne passe pas sous administration directe du Royaume-Uni en raison des pressions américaines et de l'hostilité des populations. Les Britanniques passent par la Société des Nations pour obtenir le un mandat pour administrer la zone (Conférence de San Remo). Le , la Turquie, qui émerge d'un empire ottoman démantelé, nouvellement créée sur les ruines de l'Empire Ottoman, signe le traité de Sèvres qui l'oblige à reconnaître la perte de ses possessions arabes. Un Kurdistan autonome est également créé entre l'Est de l'Anatolie et le vilayet de Mossoul. La résistance de Mustapha Kemal empêche l'application du traité de Sèvres. Le traité de Lausanne accorde à la Turquie des frontières élargies vers l'Anatolie.

Un royaume sous influence

Dès 1920, le premier soulèvement anti-mandat est réprimé par des bombardements. L'insurrection, emmenée par les chefs populaires, dure de à , faisant pas moins de 10 000 morts[2]. Les chiites sont alors fortement opposés à la présence britannique en Iraq[3]. Le clergé chiite est durement réprimé, ce qui le conduit à retourner à son apolitisme premier[4].

En , les Britanniques font monter sur le trône d'Irak Fayçal ibn Hussein, un fils de Hussein ben Ali (cherif de la Mecque) qui avait été chassé de Syrie peu avant, sous le nom de Fayçal Ier[3]. Le Colonial Office donne alors le pouvoir à la minorité sunnite et le pays devient une forme de protectorat britannique[1],[3]. Pour sa part, Fayçal veut fonder un état fort et nationaliste et en 1921 il lance la création de l'armée[3]. En 1925, le vilayet de Mossoul est rattaché à l'Irak, mettant fin au Kurdistan et une constitution monarchique héréditaire est adoptée la même année.

Le , un énorme gisement de pétrole est découvert à Baba Gurgur, près de Kirkouk[1]. Les occidentaux fondent une compagnie, l'Iraq Petroleum Company (IPC), qui remplace la Turkish Petroleum Company fondée en 1911 par les Britanniques. L'Iraq Petroleum Company négocie avec le roi Fayçal Ier et obtient une concession sur pratiquement tout le territoire du pays. De ce fait, l'IPC devient quasiment le seul partenaire international du jeune État. Le Group Agreement signé le partage l'IPC entre cinq firmes pétrolières : Royal Dutch Shell, CFP (Total), l'Anglo-Iranian, Nedec et Gulbenkian.

Du royaume arabe à la république arabe

L'indépendance sous contrôle britannique

Couronnement de Fayçal Ier en 1921.
Timbre à l'effigie du roi Fayçal II, 1953

Le Royaume-Uni disposant ainsi d'un contrôle suffisant sur l'Irak, l'accord anglo-irakien du remplace le haut-commissaire britannique par un ambassadeur. L'Irak devient alors officiellement indépendant même si la tutelle britannique est encore forte. Le nationalisme arabe commence dès cette époque à se développer en particulier dans l'armée et débouche sur une tentative de coup d'État en 1936.

Le , la Turquie, l’Irak, l’Iran et l’Afghanistan signent le traité de Sa'dabad. Il prévoit entre autres une coordination de la lutte contre la « subversion » kurde.

Face au repli et au déclin de leur clergé, les chiites irakiens se rallient en nombre à des courants socialisants et laïcs à partir de la fin des années 1930. Très bien structuré et très actif sous la monarchie, le Parti communiste tient un rôle important dans les protestations des paysans qui demandaient des droits et qui s’opposaient aux mesures de répression de la part des propriétaires terriens, Les habitants des nouveaux quartiers populaires de Bagdad, qui se construisent sous la pression de l'exode rural, s’intéressent rapidement aux idées d’égalité et de justice que prône le Parti communiste[4].

L'Irak pendant la Seconde Guerre mondiale

Le , le coup d'État anti-britannique de Rachid Ali al Gaylani, met en place un régime républicain. Les soldats de Rachid Ali sont soutenus par l'Allemagne. Le Haut-commissaire et commandant en chef au Levant qui dépend de Vichy, le général Dentz, reçoit instruction en application des accords de Paris non encore signés de l'amiral Darlan, de livrer des armes sous contrôle de la commission d'armistice italienne. Ces armes seront livrées sabotées et ne pourront être utilisés contre les Britanniques. Par ailleurs, certains aérodromes servent d'escale à des avions allemands pour se rendre en Irak.

Le , à la suite de leur intervention, les Britanniques reprennent le contrôle de Bagdad et rendent la régence à Nouri Saïd - leur éminence grise.

L'aide même limitée apportée par la Syrie et le gouvernement de Vichy favorise l'intervention militaire que désirait le Général de Gaulle pour s'assurer une base opérationnelle et à laquelle jusqu'à cette date les Britanniques s'étaient opposés.

Craignant une occupation de la Syrie par l'Allemagne, ils vont intervenir avec l'aide des Forces françaises libres que De Gaulle imposa pour éviter une mainmise des Anglais sur ce pays qui avait fait depuis le début l'objet d'une rivalité entre la France et la Grande-Bretagne.

En 1948, l'Irak participe à la Guerre israélo-arabe de 1948-1949.

L'Irak dans l'après guerre

En 1946, d'importantes grèves secouent Kirkouk. Les protestataires dénoncent les conditions de travail, mais également la domination britannique sur l’entreprise pétrolière. Les représentants des partis progressistes sont emprisonnés. En 1948, lorsque le gouvernement signe un nouveau traité d’alliance avec le Royaume-Uni, des manifestations massives se produisent. La monarchie perd pendant quelques jours le contrôle des rues. La loi d’état d’urgence est aussitôt appliqué et Nouri Saïd, vétéran de la monarchie, qui a déjà assumé de nombreuses fois la direction du gouvernement, revient au pouvoir et verrouille la scène publique autour de lois anticommunistes. Le secrétaire général du Parti communiste irakien, Youssouf Salman, est pendu et les journaux sont censurés. Dès 1954, appartenir au Parti communiste entraine la déchéance de nationalité[5].

Dans le contexte de la guerre froide, Nouri Saïd signe le pacte de Bagdad en février 1955 et se trouve ainsi lié au Royaume-Uni. Dans le même temps, l'Égypte du colonel Nasser, où la monarchie avait été renversée en 1952, choisit de rejoindre la sphère d'influence de l'Union soviétique. Le nationalisme arabe continue de grandir dans l'armée irakienne.

Le , en réaction à la création de la République arabe unie, regroupant l'Égypte et la Syrie, l'Irak se fédère avec la Jordanie en « Union arabe de Jordanie et d’Irak ».

Une république tumultueuse

Le , le général Abdul al-Karim Qasim renverse le roi Fayçal II et le régent Abdul Illah. La famille royale est assassinée dans le palais et le Premier ministre Nouri Saïd tente de s'échapper mais est abattu. Le nouveau gouvernement bénéficie du soutien des exilés kurdes (dont il avait permis le retour) et du Parti communiste. Nombre de réformes sont adoptées dans les semaines qui suivent : réforme agraire, aides aux familles pauvres, plans urbains, etc[5]. Le gouvernement comprend Naziha al-Dulaimi, la première femme ministre de l'histoire de l'Irak et du monde arabe. Elle participe également à l'élaboration de la loi civile de 1959 sur les affaires civiles, qui est très en avance sur son temps dans la libéralisation des lois sur le mariage et l'héritage au profit des femmes irakiennes[6].

Cependant, il ne tarde pas à être bousculé par un conflit entre les partisans de Nasser (dont le général Kassem) et le parti Baas. Dès 1959, ce dernier tente, sans succès, un coup d'État. L'Union arabe de Jordanie et d’Irak est dénoncée et l'Irak se rapproche de la République arabe unie. En , l'Irak se retire du pacte de Bagdad. En , éclate la première insurrection kurde : Mustafa al Barzani lance une rébellion dans le nord de l’Irak avec pour slogan « autonomie pour le Kurdistan, démocratie pour l’Irak ». Le , Abdul Karim Qasim est assassiné lors d'un nouveau coup d'État. Le parti Baas prend le pouvoir. Le 18 novembre, Abdulasalam Arif prend le pouvoir en réprimant un nouveau soulèvement Baas. Saddam Hussein est emprisonné jusqu'à son évasion en 1966.

Le , un accord est passé avec le leader kurde Mustafa al Barzani et ouvre une perspective d'autonomie pour les Kurdes dans la future constitution. Le , les baasistes du général Ahmad Hasan al-Bakr encerclent le palais présidentiel et prennent le pouvoir le . Les Kurdes sont associés au pouvoir. Saddam Hussein est alors le numéro deux du régime et se charge d'organiser les milices baasistes qui vont réprimer les opposants nassériens et communistes. En mars 1970, le parti Baas entérine la création d’une région kurde autonome et leur accorde certains droits. La langue kurde devient la seconde langue du pays. En 1972, le traité soviéto-irakien établit des liens privilégiés entre l'Irak et l'Union soviétique. L'Irak conserve des relations avec la France. Le , Mustafa al Barzani, jugeant insuffisante la loi d'autonomie de 1970, déclenche la deuxième insurrection kurde avec le soutien de l'Iran et des États-Unis. En 1975, à la suite d'une médiation algérienne, l'Irak et l'Iran signent les accords d'Alger qui mettent fin au soutien iranien à la révolte kurde. Celle-ci est alors réprimée dans le sang. Un autre leader kurde, Jalal Talabani, prolonge cependant l'insurrection de l'UPK jusqu'en 1979.

Saddam Hussein

L'Irak de Saddam Hussein

Vice-président du Conseil de commandement de la révolution depuis 1969, Saddam Hussein remplace Ahmad Hasan al-Bakr en 1979 à la tête de l'État lorsque celui-ci se retire pour « raisons de santé ».

La guerre Iran-Irak

À la suite de la révolution islamique iranienne de 1979, l'Irak redoute une révolte des chiites du Sud du pays. Ces derniers ont toujours été dominés par l'élite sunnite même sous l'Empire ottoman. 30 000 chiites sont déportés. Le la guerre est déclarée à l'Iran officiellement au sujet de la frontière du Chatt-el-Arab (delta du Tigre et de l'Euphrate). C'est la guerre Iran-Irak ou « première guerre du Golfe », au coût humain et matériel catastrophique pour les deux États. Elle se complique, du côté irakien, par une nouvelle insurrection kurde.

En 1983, les forces irakiennes bombardent à l'arme chimique plusieurs villages kurdes du nord de l'Irak et renouvellent l'opération en 1988 sur la ville kurde de Halabja. Près de 6 000 personnes décèdent et 100 000 Kurdes fuient vers la Turquie. L'arme chimique est également utilisée contre l'Iran sur la ville de Sardasht en 1987 et 1988. (Source : Le Monde, ). Ce conflit s'achève sans résultat en 1988.

La guerre du Golfe (1990-1991)

Malgré les ressources pétrolières, la guerre Iran-Irak a laissé l'économie irakienne en piètre état. À l'été 1990 l'Irak envahit le Koweït sans penser que les États-Unis réagiront. La réaction internationale provoque la seconde guerre du Golfe.

Le , l'Irak accepte toutes les résolutions de l'ONU sans conditions. Dans la foulée, George H. W. Bush, président des États-Unis ordonne le cessez-le-feu sans chercher à poursuivre la guerre jusqu'à Bagdad. La version officielle explique cet arrêt brutal en indiquant que le renversement du régime irakien n'était pas l'objectif. Une autre thèse indique que comme l'Irak avait montré sa capacité à envoyer des missiles Scuds sur Israël et qu'il disposait alors d'armes chimiques, le régime irakien aurait réussi à dissuader les alliés d'aller plus loin.

Les accords de cessez-le-feu sont signés à Safwan le .

L'entre-deux-guerres du Golfe

Dès le , les Kurdes au Nord et les chiites au Sud se soulèvent contre le régime largement incités à le faire par les alliés. Saddam Hussein réprime violemment ces soulèvements et reprend le contrôle des zones kurdes avant la fin du mois mettant fin au « Kurdistan libre » proclamé quinze jours plus tôt. Le , l'ONU exige la fin de la répression contre les Kurdes et demande à Bagdad de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire (résolution 688). Le , les alliés organisent des parachutages de vivres pour aider les réfugiés kurdes fuyant la répression mais rejetés à la frontière turque (opération Provide comfort). L'Iran annonce également avoir recueilli près de 500 000 réfugiés irakiens mais déclare ne pas être en mesure d'en accueillir davantage. Le Croissant-Rouge turc achemine également de l'aide en Irak.

Le , le régime organise de somptueuses cérémonies pour fêter le 54e anniversaire de Saddam Hussein et célébrer l'« Irak nouveau ». Le , l'Irak demande un délai de cinq ans pour payer les réparations de guerre exigées par l'ONU.

À partir du , les alliés commencent à protéger les Kurdes et la communauté internationale impose une zone interdite au survol créant ainsi de fait un embryon d'État kurde.

À partir du , Saddam Hussein accepte finalement que les experts mandatés par l'ONU inspectent les installations de l'Irak pour détruire les armements non conventionnels et l'artillerie lourde. Dès le mois d'octobre, les premiers armements lourds sont détruits. Les inspecteurs de l'ONU resteront en Irak jusqu'en 1998.

Le 9 octobre, un accord est conclu entre les dirigeants kurdes et le gouvernement irakien après d'âpres combats dans la région de Kifri. Pendant douze ans, l'Irak subit un embargo aux conséquences catastrophiques (1,5 million de morts selon certaines sources) malgré le programme de l'ONU « Pétrole contre nourriture ».

Le Kurdistan autonome

Le , des élections sont organisées dans la région autonome Kurde, mais la région reste coupée en deux : une zone Nord sous contrôle du PDK (Parti démocratique du Kurdistan) et une zone Sud sous contrôle de l'UPK (Union patriotique du Kurdistan).

En , des troupes iraniennes envahissent une partie de la région autonome et plusieurs milliers de paysans kurdes fuient devant l'artillerie. De même, les turcs envahissent la zone dite "de protection" en avec 35 000 hommes. Les ingérences turques se poursuivront plusieurs années.

Après de violentes confrontations avec l’UPK, le PDK demande en l’aide des troupes irakiennes. L'UPK se trouve alors chassée d’Erbil, la capitale du Kurdistan d’Irak.

En , le PDK et l’UPK s'accordent sur la formation d’un gouvernement et d’un Parlement intérimaire au Kurdistan irakien (appelé Accord de Washington[7]).

Les États-Unis adoptent en l’Iraq Liberation Act qui prévoit un soutien de 97 millions de dollars à l’opposition irakienne, dont les partis kurdes, en vue de renverser Saddam Hussein.

Le  : le PDK et de l’UPK signent un accord de paix et relancent le « Parlement unifié » alors que Washington se prépare à envahir l'Irak.

À la fin de 2002, le Kurdistan d'Irak fait figure de « havre de paix » selon Gérard Chaliand. Il perçoit, à travers le programme « Pétrole contre nourriture », 13 % des revenus pétroliers irakiens. Les infrastructures et les services publics sont en pleine reconstruction ; on compte 800 000 enfants scolarisés et trois universités avec 20 000 étudiants et étudiantes[8]).

La « troisième guerre du Golfe »

Statue de Saddam Hussein abattue à Bagdad en avril 2003.

Le , les États-Unis subissent une vague d'attentats terroristes (voir attentats du 11 septembre 2001). Une coalition internationale chasse alors en 2002 les talibans du pouvoir en Afghanistan. Le gouvernement américain tente, fin 2002, de convaincre la communauté internationale qu'un lien existe entre les extrémistes islamistes d'Al-Qaïda et le gouvernement irakien. Devant le doute, il présente des éléments présentés comme des preuves indiquant que l'Irak a reconstitué un potentiel d'armes de destruction massive. Ces « preuves » sont nombreuses et très précises (il y a notamment des « clichés d'installations militaires irakiennes secrètes ») ; ainsi la thèse selon laquelle l'Irak possèderait des armes de destruction massive semblait à l'époque tout à fait plausible. Cependant, ces « preuves » sont rapidement contestées et aujourd'hui, il apparait clair que ce n'étaient que des faux.

Devant le risque de veto de la France ou de la Russie au Conseil de sécurité des Nations unies, une coalition réduite se forme pour envahir l'Irak et passe à l'action le . Cette Guerre d'Irak est officiellement achevée le 1er mai. En fait, si la résistance de l'armée régulière a été fort brève, la coalition est vite confrontée à une violence multiforme de factions et de groupes clandestins incontrôlables. Les attentats anti-américains, mais aussi anti-chiites, les actions des milices chiites et kurdes, le « maintien de l'ordre » exercé de façon brutale par les troupes américaines et par des unités de mercenaires, donnent l'impression d'un enlisement sans issue.

L'après Saddam Hussein

L'occupation des alliés

À la suite de la guerre, le pays est occupé par la coalition. Depuis lors, des actions de la guérilla ne cessent d'avoir lieu à Bagdad et dans le « triangle sunnite » formé par les provinces au Nord de la capitale.

Le , le pouvoir est remis entre les mains d'un gouvernement intérimaire dirigé par Iyad Allaoui.

Fin 2004, l'essentiel du pays est déclaré pacifié :

  • le Nord habité par les Kurdes, est autonome depuis presque dix ans, et en paix, même si à ses marges (Mossoul et Kirkouk) des attentats ont lieu ;
  • le Sud chiite est pacifié par les Britanniques et Polonais ;
  • le centre sunnite du pays est encore le principal lieu d'attentats contre les forces irakiennes et l'armée américaine (voir par exemple deuxième bataille de Falloujah).

En 2005, les attentats se multiplient, certaines villes sont parfois reprises par la résistance irakienne (Falloujah). Des journalistes et diplomates étrangers (y compris arabes) sont enlevés et exécutés par des membres déclarés ou non du réseau Al-Qaïda. De 2004 à 2008, une suite d'affrontements oppose la milice chiite de l'imam Moqtada Sadr, l'Armée du Mahdi, aux forces américaines et irakiennes, conflit marqué par le siège de Sadr City et l'occupation des lieux saints chiites de Nadjaf. En 2008, la milice chiite dépose les armes et accepte de rentrer dans le jeu politique.

Les élections législatives irakiennes de décembre 2005 voient la victoire d'une coalition chiite, l'Alliance irakienne unifiée, qui porte au pouvoir comme Premier ministre Nouri al-Maliki, le leader kurde Jalal Talabani étant président de la République depuis . L'abstention massive des sunnites réduit toutefois la portée de cette élection. Le renforcement des institutions irakiennes permet un début de transfert à l'autorité nationale.

La Pologne déclare en avril, retirer ses troupes en au plus tard[9]. Les États-Unis annoncent également fin 2005 un retrait progressif de leurs troupes sans toutefois donner de dates. Depuis 2005, la plupart des membres de la coalition ont retiré leurs contingents, souvent symboliques (Hongrie, Singapour, Italie, etc.). En 2008, il ne reste plus sur le terrain que le corps américain, renforcé en 2007, le corps britannique, dont le retrait est envisagé, et 35 000 mercenaires à l'action de plus en plus critiquée. Enfin, en décembre 2011, le président Barack Obama ordonne le retrait des dernières troupes terrestres américaines.

Une construction étatique encore fragile

Plus de 2 millions d'Irakiens vivent en exil, notamment en Syrie et Jordanie. Malgré la persistance des attentats et des enlèvements, l'Irak sort du marasme institutionnel et économique. Plusieurs raisons à cela, selon le magazine « The Economist », pour qui la flambée des prix du pétrole permet au pays de disposer d'argent frais en quantité telle que tout le monde y trouve son compte. Cause ou conséquence, l'accalmie sur les fronts militaires et la réduction des affrontements entre milices sont des facteurs de stabilité. Ainsi, Bassora voit son marché immobilier repartir avec un doublement des prix en quelques mois. Cet enrichissement s'accompagne d'une poussée massive de la corruption qui vaut à l'Irak, en 2013, d'occuper une des toutes dernières places (169e sur 176) du classement de Transparency International.

Les élections législatives irakiennes de 2010 sont remportées d'une courte tête par la coalition al-Iraqiyya qui, pour la première fois depuis 2003, obtient un vote important de la communauté arabe sunnite. Mais son chef, Iyad Allawi, est incapable de s'imposer au pouvoir et laisse Nouri al-Maliki à la tête du gouvernement.

L'Irak se dégage progressivement de la tutelle américaine. Les principaux contrats pétroliers sont désormais signés avec la Russie, le Royaume-Uni et la Chine plutôt qu'avec les États-Unis. L'Irak a renoué des relations amicales avec l'Iran. Le Kurdistan irakien a consolidé son autonomie et, en échange d'une part substantielle des profits pétroliers, renoncé à ses velléités d'indépendance. Cependant, en 2013, le gouvernement irakien est confronté à une série de manifestations pacifiques des provinces sunnites, et surtout à une recrudescence des attentats visant principalement la population chiite, faisant au total 5 350 morts de janvier à soit le chiffre le plus élevé depuis 2008[10].

L'offensive de l'État islamique

Alors que les élections législatives d'avril 2014 semblaient annoncer un retour à une certaine normalité politique, le pays bascule une fois de plus dans la guerre civile. Parmi les groupes armés qui s'opposent au pouvoir de Bagdad, l'État islamique, organisation djihadiste sunnite fondée en 2006 sous le nom d'État islamique en Irak, devient la force la plus redoutable. En , après une série de succès militaires, il s'empare de Mossoul, la deuxième ville du pays. Son chef, Abou Bakr al-Baghdadi, se proclame alors calife, successeur de Mahomet, et obtient l'allégeance de plusieurs groupes terroristes au Moyen-Orient, en Afrique et dans le Caucase. Le conflit, étendu à la Syrie, entraîne un nouvel exode de populations. La bataille de Tikrit, en , marque un premier recul de l'État islamique qui continue cependant d'occuper une grande partie du nord-ouest de l'Irak.

Le nouveau gouvernement formé en , dirigé par Haïder al-Abadi, du Parti islamique Dawa, ouvert aux partis chiites, sunnites et kurdes, semble avoir beaucoup de mal à s'imposer face à des alliés aux intérêts divergents: milices kurdes des peshmerga et du PKK, milices tribales sunnites, milices des partis chiites, ingérence de l'Iran et de la Coalition internationale en Irak et en Syrie[11].

Notes et références

  1. a b c d e et f « Iraq, une Chonologie Britannique », sur scholar.google.com (consulté le )
  2. Brigitte DUMORTIER, Pierre Rossi, Loulouwa AL RACHID et Philippe RONDOT, « IRAK », Encyclopedia Universalis,‎ (lire en ligne)
  3. a b c et d « Irak - Les clés du Moyen-Orient », sur www.lesclesdumoyenorient.com (consulté le )
  4. a et b Quentin Müller et Sabrine Lakhram, « Comment le communisme a façonné le chiisme politique irakien », sur Orient XXI,
  5. a et b Matthieu Rey, « 1958. Quand l’Irak découvrait l’espérance révolutionnaire », sur Orientxxi.info,
  6. Zahra Ali, « Women's rights are under threat in Iraq », Washington Post,‎ (lire en ligne)
  7. « Cahier documentaire sur le Golfe : Chronologie », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne)
  8. http://www.institutkurde.org/conferences/quel_avenir_pour_les_kurdes_en_irak/Gerard+CHALIAND.html Quel avenir pour les Kurdes en Irak ? par Gérard Chaliand, Institut kurde de Paris, 29 novembre 2002]
  9. « http://www.infosjeunes.com/index.php?action=article&id_article=140078 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  10. "Irak : série d'explosions meurtrières à Bagdad", Le Monde avec AFP, 27/10/2013.
  11. "Conflits en Irak/Syrie : où en est-on des forces en présence ?", Karim Pakzad, IRIS, 10 mars 2015 [1].

Article connexe

Bibliographie

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  • Abduljabbar Jaid, La Formation du royaume irakien : 1920- 1925, Mém. de thèse, Paris, EHESS, 1983.
  • Abduljabbar Jaid, Organisation du pouvoir en irak 1920-1941, Mém. de DEA, Paris : Université Paris-Sorbonne, 1984.
  • Abduljabbar Jaid, La Vie politique en Irak : 1920- 1941, Th. Lettres, Université Paris 3 (Sorbonne nouvelle), 1988.
  • (en) Edmund A. Ghareeb (et al.), Historical Dictionary of Iraq, Scarecrow Press, Lanham Md, 2004, 536 p. (ISBN 978-0-8108-4330-1)
  • (en) Matthew Elliot, Independant Iraq : the monarchy and British influence : 1941- 58, London New York, Tauris , 1996
  • Bernard Vernier, L'Irak d'aujourd'hui, Paris, Librairie Armand Colin, 1963, 494 pp.
  • Pierre- Jean Luizard, La Formation de l'Irak contemporain : le rôle politique des ulémas chiites à la fin de la domination ottomane et au moment de la construction de l'État irakien, Paris, Ed. du CNRS , 1991
  • (en) Charles Tripp, A History of Iraq, Cambridge : Cambridge University Press, 2000.
  • Numéro double du journal Marianne no 454-454 du
  • Le Monde diplomatique
  • Chapitre 4 de Irregular regular (1994) du colonel David Smiley (traduction de Thierry Le Breton sous le titre Au cœur de l'action clandestine. Des Commandos au MI6 - L'Esprit du Livre Éditions - 2008) consacré à l'intervention britannique en 1941.
  • 39-45 Magazine no 195 (2002). L'article La guerre en Irak de François de Lannoy détaille la campagne d'Irak de .
  • Le loup et le léopard. Ibn Séoud ou la naissance d'un royaume de Jacques Benoist-Méchin - Albin Michel - 1955. Chapitres XCIII, XCIV et XCV.
  • Légionnaires de Glubb Pacha de Godfrey Lias - Hachette - 1959. Chapitre 6. Sur la campagne britannique de 1941.
  • Soldat avec les Arabes de John Bagot Glubb Pacha - Plon - 1958. Sur la campagne britannique de 1941.