Histoire de l'Afghanistan

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Cet article concerne l’histoire de l'Afghanistan.

L'Afghanistan depuis longtemps un enjeu entre diverses puissances[modifier | modifier le code]

Période pré-islamique[modifier | modifier le code]

Préhistoire[modifier | modifier le code]

La plus ancienne figuration humaine trouvée en Afghanistan, site d'Aq Köprük, v. 20 000 avant le présent.

Des centaines d'outils de pierre disséminés dans de nombreux sites, des outils de quartz du Paléolithique inférieur (haches , hachoirs et grattoirs) âgés de plus de 100 000 ans, attestent de la présence de l'activité humaine organisée à une date très précoce en Afghanistan[1].

Le site de Kara Kamar, dans la région de Balkh, relève du Paléolithique supérieur, avec quelques datations, par le carbone 14, autour de 32 000 ans avant le présent, mais il est difficile de dire s'il s'agit d'une culture « aurignacienne »[2]. Ces populations semblent avoir vécu de la chasse du cheval et du mouton. Environ 20 000 outils de silex datant de cette même période ont été découverts à 50 kilomètres de Kara Kamar, sur les sites d'Aq Köprük. Sur l'un de ces sites, dans des abris sous roche de ces vallées du sud de l'Hindou Kouch, des restes de moutons et de chèvres associés à de l'outillage lithique et osseux ont été datés d'environ 14 000 ans avant notre ère[3]. Ce qui indique la présence de communautés de chasseurs avant que n'apparaissent, toujours sur ces sites d'Aq Köprük, des populations néolithiques sans céramique aux VIIIe et VIIe millénaires [4].

Iran et Afghanistan : le bassin endoréique du Sistan et le fleuve Helmand (ou Hilmand)

Par ailleurs plusieurs sites archéologiques, dans le bassin de l'Hilmand, ont révélé les restes de villes du Chalcolithique afghan qui apportent des indices de l'ancienneté des échanges inter-régionaux :

  • Mundigak[5] (sur un affluent de l'Arghandab, à proximité de Kandahar), relève du Chalcolithique puis de l'Âge du bronze, au début du IVe millénaire. Ces populations établissent des relations vers l'Est avec celles du Baloutchistan (en particulier Mehrgarh, près de Quetta) au Pakistan[6]. Mundigak a établi des relations vers l'Ouest avec celles de Shahr-i-Sokhta, fondée en 3300 av. n. è., à la frontière de l'Afghanistan dans le bassin de l'Helmand, dont l'Arghandab est un affluent. Certains archéologues ont pu ainsi envisager une culture de l'Hilmand, depuis la seconde moitié du IVe millénaire jusqu'à la première moitié du IIIe millénaire (où elle atteint son apogée). Mundigak couvre alors plus de 50 hectares, Shahr-i-Sokhta environ 100 hectares. Un double mur de briques crues à Mundigak fait office de rempart équipé de bastions carrés. Un grand bâtiment à terrasses a été édifié. Dans les deux villes des pierres semi-précieuses, dont le lapis-lazuli, ont été travaillées ainsi que des vases en albâtre. Les relations qu'elles entretiennent avec les villes d'avant la civilisation de l'Indus ne fait aucun doute, ces dernières étant établies sur la bordure occidentale du fleuve, et ceci avant 2500.
  • Shortugaï (Âge du bronze, Nord-est de la Bactriane) et certains sites du Nord-ouest de l'Afghanistan et du Sud de l'Ouzbékistan participent du Complexe archéologique bactro-margien : culture de la Bactriane et de la Margiane. Elles constituent tout un réseau de communications entre les mondes indien, iranien et celles de l'Asie centrale. Les pillages de la fin des années soixante-dix ont révélé la richesse exceptionnelle de cette culture. Le site de Shortugaï est la première manifestation connue d'une colonisation, par la civilisation de l'Indus à sa période de plein épanouissement (v. 2500 -v. 2000), des régions situées au nord de la chaîne de l'Hindou-Kouch. En effet seuls des objets relevant de cette culture ont été trouvés sur ce site, à 20 km. d'Aï Khanoum et dans la même petite plaine, une région proche de riches gisements de « rubis » (en réalité, des spinelles) et surtout de lapis-lazuli et d'or, dans la région du Badakhchan [7]. Vers le XVIIIe siècle les grandes cités de l'Indus disparaissent, le système des échanges s'interrompt[8]. La culture de la Margiane-Bactriane se replie sur soi. À l'âge du fer les cultures de cette région gardent des traces de contacts avec la plaine de l'Indus (région de Mehrgarh) et du Ferghana. La conquête achéménide, au Ve siècle av. J.-C., a rétabli le circuit des échanges à longue distance depuis l'Iran jusqu'à l'Inde et l'Asie centrale.

C'est par l'Afghanistan que, selon la théorie de l'invasion aryenne (discutée), les populations indo-aryennes seraient passées pour s'installer dans la vallée de l'Indus vers le milieu du IIe millénaire.

Le nord-ouest de l'Afghanistan, la Bactriane, est occupée dès l'Âge du bronze[9]. La région est célèbre dès l'Antiquité grâce à ses ressources minérales et à ses terres fertiles. Ceci explique pourquoi de nombreux conquérants d'alors et d'aujourd'hui, encore, veulent s'en emparer.

Antiquité[modifier | modifier le code]

Empire achéménide

Au Ier millénaire, une partie de l'Afghanistan est peut-être intégrée au royaume des Mèdes.

La région est intégrée à l'Empire des Perses achéménides aux VIe et Ve siècles av. J.-C., entre les règnes de Cyrus II et de Darius Ier.

Des statues, des pièces de monnaie et des inscriptions témoignent du passage d'Alexandre le Grand vers 323 av. J.-C.. La colonie grecque d'Aï Khanoum est fondée au Nord-est de l'Afghanistan. Elle deviendra un relais essentiel sur l'une des routes de la soie et une ville importante du royaume de Bactriane.

Fin de l'Antiquité et premiers siècles[modifier | modifier le code]

En dépit du caractère éphémère de l'Empire d'Alexandre, certains royaumes grecs comme le royaume gréco-bactrien de Bactriane dans le nord-est et les royaumes indo-grecs (aux frontières indécises) lui succèdent durant, environ, deux cents ans. Ceux-ci débordent de l'Afghanistan sur le Nord Pakistan actuel : le Gandhara. La culture dominante dans ces royaumes a produit ce gréco-bouddhisme, dont les monastères, leurs stupas et les décors sculptés témoignent de la persistance de la culture issue de l'époque hellénistique et ce jusqu'aux Ve et VIe siècles où l'art gréco-bouddhique est toujours florissant. Aux IIe et IIIIe siècles, le Kâpissâ, dans la région de Kaboul, porte des traces de l'hellénisme, tandis que le Kapissa, à Shotorak et Païtava, développe un art bouddhiste qui lui est propre. Les sites de la période qui suit, jusqu'au IXe siècle, ont donné des indices qui prouvent que les monastères étaient encore en activité, avec le soutien de donateurs laïcs[10]. Après l'effondrement de l'Empire kouchan l'Afghanistan semble profiter du commerce sur la Route de la soie: en témoignent la construction des Bouddhas de Bamiyan ainsi que les monastères bouddhistes de Bamiyan et ceux de la vallée du Ghorband et le monastère de Fondukistan, aux Ve et VIe siècles .

Les gréco-bactriens et indo-grecs ont pour successeurs les Indo-Scythes (milieu IIe – Ier siècle av. J.-C.), puis le Royaume indo-parthe (au cours du ou juste avant le Ier siècle). Les datations sont difficiles à établir. Ainsi les dates correspondant à l'Empire kouchan (env. IerIIIe siècles) ne font pas l'objet d'un consensus. Cet empire s'est étendu, pour partie, sur l'actuel Afghanistan, le Pakistan et le Nord de l'Inde. Puis aux Ve et VIe siècles ce sont les Shvetahûna, ou Huns blancs, qui prennent possession de la région : du Gandhara et du Nord de l'Inde. Dans le même temps, la dynastie des Shahiyas de Kaboul, apparentée à des familles du Cachemire, occupe le pouvoir en Afghanistan, depuis la chute des Kouchans et jusqu'au IXe siècle. Leur défaite face aux perses musulmans s'inscrit dans le cadre de l’expansion de la religion musulmane avec les Saffarides (861-1003). Ceux-ci dirigent le pays depuis Zarandj. Leurs succèdent les dynasties Samanides (819-1005), perses, et Ghaznévides (962-1186), d'origine turque.

Bouddhisme et Route de la soie[modifier | modifier le code]

L'établissement de la Route de la soie reliant l'Empire romain à la Chine, et à l'Inde, ou inversement : reliant la Chine à l'Inde, et allant jusqu'à l'Empire romain, en passant par l'Afghanistan, se met en place sous la dynastie Han (-206 à + 220) et, plus précisément, daterait de l'empereur Wudi (141-87 av. J.-C.). Les caravanes étaient organisées, le plus souvent, par des Sogdiens (habitants une partie de l'Ouzbékistan qui englobait Samarcande et Boukhara : la Sogdiane).

Jusqu'à l'arrivée des Perses islamisés, le bouddhisme est présent partout en Afghanistan à côté du zoroastrisme, comme s'en font l'écho les voyageurs chinois, dont Xuanzang (pérégrination : 629-645) , qui visite cette partie du monde. Son voyage l'a mené en Inde, depuis la Chine, et même jusqu'au Sri Lanka, sans qu'il puisse l'atteindre. Le bouddhisme est donc encore vivant dans cette partie de l'Asie. Certaines réalisations voient même le jour grâce aux dons des derniers commanditaires bouddhistes jusqu'au VIIIe siècle[11]. Ce qui a laissé quelques ensembles monumentaux en Afghanistan. Les deux bouddhas de Bâmiyân, vus par Xuanzang, mais détruits par les Talibans en 2001 datent de cette période. Également les ensembles de monastères du Fondukistan et Tapa Sardar, dont les formes prennent une plus grande liberté par rapport au naturalisme classique, et parfois bien plus proches de l'art indien. Ce qui pourrait laisser penser à des communautés en relation avec l'Inde, au cœur de l'Afghanistan qui, à cette époque, est dirigé (en partie) par les Shahiyas de Kaboul, qui avaient des liens avec certaines familles du Cachemire.

Période islamique[modifier | modifier le code]

Khorasan[modifier | modifier le code]

Le Khorasan est l'une des principales provinces du grand Iran depuis l'époque des Sassanides. Il se rend indépendant du califat Islamique auquel il était rattaché depuis l'invasion des arabes. C'est sous la dynastie des Samanides originaires de Boukhara que le Khorassan et la culture persane renaissent. Peu avant l'an 1000 est fondé par Subuktigîn, beau-fils d'un esclave turc, un empire ayant pour capitale Ghaznî. Son fils Mahmûd est à l'origine d'une véritable expansion de l'islam: toute la région, de l'Afghanistan à Bénarès et du Panjâb au Goujerat, est convertie par les armes et pillée au cours de dix-sept campagnes.

Mahmûd de Ghaznî ambitionnait de réunir à sa cour les plus grands esprits de l'époque et patronna le poète Firdawsi, rédacteur du Shâh Nâmâ, l'épopée mythologique persane, et le grand savant encyclopédiste Al-Biruni, mais le "prince des médecins" Avicenne refusa d'entrer à son service et s'enfuit à Hamadan.

Ensuite vint le bref mais dévastateur passage de Gengis Khan. Une délégation de Gengis Khan envoyée à Ghaznî pour obtenir allégeance fut renvoyée après avoir eu la barbe brûlée. Humilié, Gengis Khan donna l'ordre de détruire tout ce qui vivait, hommes, bêtes et arbres.

Tamerlan engloba l'Afghanistan dans son empire, dont la capitale était Samarcande. Sous ses successeurs, les Timourides, Hérat fut, avec Samarcande, l'un des phares de la période culturelle et artistique brillante, qui couvre le XVe siècle, appelée Renaissance timouride.

Hérat fut la capitale de Shah Rukh, plus jeune fils de Tamerlan et père d'Oulough Beg, le prince-astronome de Samarcande, puis de Husayn Bayqara, grand mécène qui fit travailler le poète et mystique persan Djami, le poète et ministre turc Mir Alisher Navoï et le miniaturiste Behzad, père de la miniature indo-persane.

Le petit-fils de Tamerlan, Babur fonde un royaume à Kaboul puis se lance à l'invasion de l'inde du nord. Il sera à l'origine de la dynastie des Moghols et désignera deux capitales à son vaste empire : Delhi et Kaboul où il est aujourd'hui enterré aux jardins de Babur. C'est sous la dynastique Moghole que fleurit un échange entre les civilisations persanes et indiennes. À titre d'exemple, le sitar indien est créé par Amir Kushro, persan originaire de Balkh au XIVe siècle. Dérivé du Tambur Khorsanais, une quatrième corde et moult cordes sympathiques lui sont ajoutés pour l'adapter à la musique indienne.

Naissance de la dynastie Durrani en 1747[modifier | modifier le code]

Les siècles suivants furent dominés par les Moghols et les Perses, se combattant les uns les autres pour le contrôle de l'Afghanistan. La fin de cette période fut marquée par un perse, Nadir Shah, au milieu du XVIIIe siècle, qui envahit Delhi et pilla les trésors des Moghols, en particulier le fameux diamant Koh-I Nor, la montagne de lumière.

Les tribus afghanes, en particulier les Ghilzai et les Abdali, en dépit de guerres perpétuelles, trouvèrent une bonne raison avec un envahisseur perse de s'allier mais elles furent défaites et se soumirent à Nadir Shah. Quand finalement ce dernier fut tué, elles étaient libérées de la domination perse, indienne ou ouzbèque. En 1747, elles trouvèrent en Ahmad Khan, un jeune commandant de Nadir Shah, le leader dont elles avaient besoin et qui prit le nom de Ahmad Shah.

Ahmad Shah, un guerrier poète, caractère afghan idéal, passa sa vie à combattre les autres tribus et sous-tribus et étendit son empire du Khorasan perse jusqu'à Lahore. Après sa mort, le pays plongea dans le chaos pour plus de 150 ans, chaos ponctué par les guerres anglo-afghanes.

Période contemporaine[modifier | modifier le code]

Empire afghan[modifier | modifier le code]


Émirat et Royaume d'Afghanistan[modifier | modifier le code]

République d'Afghanistan[modifier | modifier le code]

  • juillet 1973 - août 1978 : Mohammed Daoud Khan est le premier président d'Afghanistan
    • Convaincu de la nécessité de s'opposer aux ingérences des puissances étrangères dans son pays et de préserver l'identité de celui-ci, Ahmad Shah Massoud rejoint la résistance en 1973. Il en deviendra l'un des fédérateurs et sera connu sous le nom de commandant Massoud.

Après 1978[modifier | modifier le code]

27 avril 1978 - 24 décembre 1979 : gouvernement communiste[modifier | modifier le code]

  • 27 avril 1978 : le Parti démocratique populaire d'Afghanistan, dirigé par Nur Mohammad Taraki renverse le régime de Mohammad Daoud.
  • Le nouveau gouvernement, d'orientation socialiste et prosoviétique, met en place une série de réformes collectivistes et sociales (alphabétisation, abolition des dettes paysannes,droit des femmes, réformes agraires…) qui contrarient les coutumes conservatrices afghanes. Le gouvernement entreprend de réformer ou d'abolir certaines pratiques traditionnelles de natures féodales : les mariages forcés et la dot sont interdits, l'âge minimum légal pour le mariage est rehaussée[13] et l'école est rendue obligatoire pour les filles[14]. Les femmes obtiennent par ailleurs le droit de ne pas porter le voile, de circuler librement et de conduire. Un projet de légalisation du divorce est rédigé mais n'est finalement pas instauré pour ne pas encourager les insurrections conservatrices. Très optimistes, les dirigeants communistes espéraient éliminer l’analphabétisme en cinq ans[15]. En 1988, les femmes représentaient 40 % des médecins et 60 % des enseignants à l'Université de Kaboul.
  • Une répression s'exerce contre les opposants au régime.

27 décembre 1979 - 15 février 1989 : occupation soviétique de l'Afghanistan[modifier | modifier le code]

Mohammed Nadjibullah, ancien chef du Khad, la redoutée police secrète afghane, est mis au pouvoir par Mikhaïl Gorbatchev en 1986.

Les troupes gouvernementales doivent faire face à l’aide moindre de l’URSS d’année en année et à une intensification des combats soutenus par le Pakistan voisin ainsi que par les États occidentaux dont les États-Unis. L’aide américaine aux rebelles, qui reçoivent plusieurs milliards de dollars de subsides et d’armements, devient décisive avec la livraison des missiles Stinger permettant d’abattre les hélicoptères et ruinant une stratégie soviétique de contre-guérilla jusqu’alors plutôt efficace[16].

1989-1992 - Après le départ des soviétiques[modifier | modifier le code]

En 1989, la guerre civile d'Afghanistan débute après le retrait des troupes soviétiques d'Afghanistan. Les communistes afghans se défendent seuls contre les moudjahidines

Après le départ des soviétiques, les Moudjahidins, sûrs de leur victoire, refusent tout cessez-le-feu. Le , exactement 14 ans après le coup d'État communiste, les Moudjahidins entrent dans Kaboul, le gouvernement de Nadjibullah tombe, le pouvoir est confié à Sibghatullah Mojaddedi et le commandant Ahmad Shah Massoud est nommé ministre de la défense.

En juin, Burhanuddin Rabbani est nommé à la tête de l'état avec le soutien de Massoud.

Début juin 1992, Les premiers combats explosent brutalement entre Sayyaf, un extrémiste soutenu par Massoud et un général hazara du Hezb-i-Wahdat nommé par Modjadidi pour prendre le contrôle du bâtiment de la sécurité nationale

En août 1992, marquant le début d'une vraie guerre civile, Gulbuddin Hekmatyar bombarde systématiquement Kaboul pour tenter de reprendre les positions tenues par Massoud allié à Abdul Rachid Dostom, ce dernier s'étant rallié à Hekmatyar avant la fin de l'année 1992.

1992-1996 : gouvernement des moudjahidin[modifier | modifier le code]

1996 - 2001 : le pouvoir taliban[modifier | modifier le code]

Le , les talibans prennent le contrôle de Kaboul. À partir de ce moment, ils ont un contrôle presque total du pays. Les groupes armés moudjahidins décident de s'unir pour former l'Alliance du Nord, pour combattre les talibans.

2001 - 2021 : seconde guerre d'Afghanistan[modifier | modifier le code]

La guerre civile entre l'Alliance du nord et les talibans ne prit réellement fin qu'en 2001 après l'effondrement du régime taliban, et la mise au pouvoir de Hamid Karzai, par la coalition menée par les États-Unis.

Le nouveau pouvoir en place, présidé par Hamid Karzai, tente de rétablir l'ordre avec le soutien militaire des troupes de la coalition menée par les États-Unis.

Le , l'ancien roi d'Afghanistan Mohammed Zaher Chah revient de son exil à Rome, en Italie. À la suite des pressions des États-Unis qui veulent faire de l'Afghanistan une démocratie, il renonce à régner à nouveau.

Le 13 juin, la Loya Jirga (« Grande assemblée » en français) élit officiellement Hamid Karzai chef du pouvoir exécutif pour un mandat de deux ans. Après, des élections nationales devront être organisées pour que le peuple puisse élire lui-même son président.

Le , sous mandat de l'ONU jusqu'en 2005, l'OTAN prend officiellement le commandement de l'International Security Assistance Force (ISAF), dont le mandat est renouvelé par l'ONU jusqu'en 2005.

En octobre 2004, la capitale Kaboul est le seul endroit du pays où le gouvernement d'Hamid Karzai est plus ou moins effectif.

Dans le reste du pays, les chefs de guerre, issus de l'ancienne Alliance du Nord, font tout pour conserver leur pouvoir. Plusieurs d'entre eux ont été intégrés au gouvernement provisoire. Mais à partir de mi-2004, Hamid Karzai et ses proches limogent petit à petit les chefs de guerre du gouvernement.

De leur côté, les quelques groupes talibans restants tentent de détruire le gouvernement d'Hamid Karzai en commettant des attentats.

Vote des femmes à Kaboul lors de l'élection présidentielle du 9 octobre 2004.

Le , les Afghans (hommes et femmes) sont appelés aux urnes pour élire leur président. Hamid Karzai est élu officiellement le 3 novembre, dès le premier tour, avec 55,4 % des voix. Son principal rival, Younous Qanouni, est battu avec 16,3 % des voix. L'élection fut entachée de quelques « problèmes », mais selon les observateurs internationaux, ces problèmes n'ont pas été assez importants pour fausser le résultat final.

Le 23 décembre, Hamid Karzai présente son nouveau gouvernement, qui compte au total 27 ministres. Sa volonté d'écarter du pouvoir les différents chefs de guerre afghans est maintenant entrée dans les faits. Le seul chef de guerre encore présent dans le gouvernement est Ismail Khan, en tant que ministre de l'énergie.

La violence n'est pas éteinte dans certaines régions : six policiers ont été décapités et quatre autres ont été tués le 9 juillet 2005 dans le sud du pays par des rebelles talibans.

Le , 12,5 millions d'afghans et d'afghanes participent aux élections législatives. Emma Bonino, la responsable de la mission d'observation de l'Union européenne (UE), a émis des doutes sur le véritable impact sur la vie politique afghane : « Ces élections ne déboucheront pas sur une démocratie viable à cause des imperfections du système électoral, de l'influence des seigneurs de la guerre, de la mise à l'écart des partis politiques par Karzai et de la poursuite de la guerre civile dans certaines parties du pays, ce qui a empêché les observateurs de se rendre dans les bureaux de vote de 5 des 34 provinces. » Cependant, l'enthousiasme des Afghans pour ces élections peut être considéré comme exceptionnel. Certains n'ont pas hésité à parcourir à pied plusieurs kilomètres pour se rendre à leur bureau de vote et cela malgré les menaces des Talibans. Ces élections sont également les premières où des femmes peuvent siéger au Parlement, sur les 5 800 candidats pour les 249 sièges du Parlement et les 420 postes des conseils provinciaux, il y avait 565 femmes. Et quels que soient les résultats, normalement disponibles au mois d'octobre, 25 % des sièges du Parlement et 30 % de ceux des conseils municipaux leur sont réservés suivant la Constitution. Selon l'envoyé spécial du journal britannique The Independent, elles pourraient avoir un impact significatif sur la vie politique, car « il est largement admis parmi la population afghane que les femmes sont moins corruptibles et plus détachées des liens tribaux. Elles n'ont pas de sang sur les mains et n'ont pas été impliquées dans les atrocités qui ont marqué le pays. Ce dernier point est un atout qui pourrait même pousser les hommes à voter pour elles. »

À partir de 2021: retour du régime Taliban[modifier | modifier le code]

  2021_en_Afghanistan 

Entre le et le , les talibans prennent 228 districts au gouvernement afghan, qui finit par s'effondrer. Le , après la chute de Kaboul ; le président afghan s'enfuit en déclarant que « les talibans ont gagné la guerre », tandis que les Américains quittent le pays dans une opération très confuse[17],[18]. Le nouveau gouvernement réprime particulièrement les femmes[19],[20] et les personnes LGBT[21]. Il doit faire face à la multiplication des attentats de l'EI[22],[23] et à un blocus diplomatique[24] et économique[25]: le gel des réserves de la banque centrale afghane à l'étranger et la suspension de l'aide du FMI plongent le pays dans un marasme économique et sanitaire[26],[27]. Les femmes sont progressivement écartées de l'espace public[28]: interdites de travailler pour les ONG[29], d'accéder à l'enseignement secondaire[30],[31] et supérieur[32].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Afghanistan: From Prehistory to the Median Empire », sur cemml.colostate.edu Cultural Property Training Resource / Colorado University, (consulté le )
  2. Louis Dupree, Afghanistan, 1973, reprint 2014, p. 261, Princeton University Press : [1] sur books.google.fr. Du même auteur Prehistoric research in Afghanistan : 1959-1966, 1972 et Anthropology in Afghanistan, 1976.
  3. Pierre Cambon 2002, p. 23.
  4. Pierre Cambon 2002, p. 23
  5. Carte des sites de la préhistoire et de l'âge du bronze en Afghanistan, avec l'indication des sites de Mundigak et de Shahr-i-Sokhta : « Afghanistan: From Prehistory to the Median Empire », sur cemml.colostate.edu, (consulté le ) .
  6. Pierre Cambon 2002, p. 23 qui fait allusion aux fouilles de Jean-Marie Casal de 1951 à 1958 : Fouilles de Mundigak, C. Klincksieck 1961 ; et à Catherine Jarrige et , J.-F. Jarrige, R. H. Meadow, G. Quivron, (1995/6), Mehrgarh Field Reports 1974-85: From Neolithic times to the Indus Civilization : [2] (illustrations) , aussi : Du néolithique à la civilisation de l'Inde ancienne : contribution des recherches archéologiques dans le nord-ouest du sous-continent indo-pakistanais Jean-François Jarrige in Arts Asiatiques 1995. [3]
  7. Henri Paul Francfort, Fouilles de Shortughaï : Recherches sur l'Asie centrale protohistorique, Paris, de Boccard, , 517 p. (ISBN 2-907431-02-1), 2 volumes.
  8. Pierre Cambon 2002, p. 27
  9. Simpson 2012, p. 22-31.
  10. Behrendt 2007, p. 84
  11. (en) Kurt A. Behrendt, The art of Gandhara in the Metropolitan Museum of Art, New York/New Haven (Conn.), the Metropolitan Museum of Art / Yale University Press, , 115 p. (ISBN 978-1-58839-224-4, lire en ligne)
  12. Firouzeh Nahavandi, Afghanistan, De Boeck Supérieur, , 128 p. (lire en ligne), p. 59.
  13. United Nations High Commissioner for Refugees, « Refworld | Women in Afghanistan: Pawns in men's power struggles », Refworld,‎ (lire en ligne)
  14. Olivier Thomas, « Afghanistan, le tournant », L'Histoire n°405, novembre 2014, p. 26.
  15. Christian Parenti, « Retour sur l’expérience communiste en Afghanistan », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. https://lvsl.fr/afghanistan-comment-le-cauchemar-islamiste-a-germe-sur-les-ruines-de-la-revolution/
  17. « Afghanistan : « Les talibans ont gagné », panique et sauve-qui-peut à Kaboul », sur L'Obs (consulté le )
  18. « Le Pentagone affirme que sa frappe ayant tué dix civils afghans était conforme au droit de la guerre », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. « La société civile afghane étouffée à huis clos », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. « L'Afghanistan, pays ruiné et affamé, où les femmes sont pourchassées, où les exécutions se multiplient », sur France Culture (consulté le )
  21. Ben Westcott CNN, « Afghanistan's LGBTQ community say they're being hunted down after Taliban takeover », sur CNN (consulté le )
  22. « En Afghanistan, la multiplication des attentats jette le doute sur la capacité des talibans à garantir la sécurité sur leur territoire », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. « En Afghanistan, « notre destin est la guerre, toujours la guerre » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  24. « Les talibans cherchent à briser leur isolement diplomatique », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  25. « Les talibans font face à l’assèchement des flux financiers internationaux », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  26. « En Afghanistan, « la pire crise humanitaire sur terre » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  27. Luc Mathieu, « Famine : l’Afghanistan plonge dans l’abîme », sur Libération, (consulté le )
  28. « En Afghanistan, le retour de l’ultra-rigorisme taliban », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  29. « En Afghanistan, les talibans interdisent aux femmes de travailler pour les ONG nationales et internationales », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  30. « En Afghanistan, collégiennes et lycéennes privées d’enseignement par les talibans », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  31. « Afghanistan : l’ordre taliban s’abat sur les derniers îlots de liberté des filles », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  32. « Les femmes n’ont désormais plus le droit d’aller à l’université en Afghanistan », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Assem Akram, Histoire de la guerre d'Afghanistan, Balland.
  • (en) Ludwig W. Adamec, Historical dictionary of Afghan wars, revolutions, and insurgencies, Scarecrow Press, Lanham, Md., 2005, LXXXVIII-403 p. + pl. (ISBN 0-8108-4948-8)
  • Michael Barry Le royaume de l'insolence : l'Afghanistan (1504-2001), Flammarion, Paris, 2002 (nouv. éd.), 510 p. (ISBN 2-08-210102-9)
  • Pierre Cambon (dir.), Afghanistan : une histoire millénaire : exposition, Barcelone, Centre culturel de la Fundacion « la Caixa » 2001, Musée Guimet, 2002, France, Espagne, Réunion des musées nationaux, , 205 p. (ISBN 2-7118-4413-7)
  • Jean-Pierre Clerc, L' Afghanistan : otage de l'histoire, Milan, Toulouse, 2002, 63 p. (ISBN 2-7459-0552-X)
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  • Laurent Dessart, L'Afghanistan, à l'orée des temps du libre jugement : précis historique, L'Harmattan, 2004, 224 p. (ISBN 2-7475-7117-3)
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Annexes[modifier | modifier le code]

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Article connexe[modifier | modifier le code]