Histoire de Gil Blas de Santillane
| Titre original |
(pl) Przypadki Idziego Blasa |
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| Éditeur |
Pierre Ribou |
L’Histoire de Gil Blas de Santillane, le plus souvent abrégé en Gil Blas, est un roman d’inspiration picaresque de l’écrivain français Alain-René Lesage, paru entre 1715 et 1735.
Typologie
[modifier | modifier le code]L’auteur s’inspire du modèle picaresque mais le détourne, dans la mesure où son héros qui, contrairement au picaro qui, cherchant à changer de milieu, échoue toujours dans son ascension, Gil Blas, part « d’aussi bas que possible et s’élever au plus haut point, en passant par les situations sociales les plus diverses. Il connait de nombreux revers suivis de retours de la fortune, mais finira par s’élever dans l’échelle sociale pour finir bien marié et père de famille[1]. »
Résumé
[modifier | modifier le code]Ce personnage né d’un écuyer et d’une femme de chambre quitte Oviedo à l’âge de dix-sept ans pour se rendre à l’université de Salamanque, après avoir été éduqué par son oncle chanoine Gil Perez.
Aspirant à devenir précepteur, son avenir estudiantin est rapidement bouleversé lorsque, à peine en route vers Salamanque, le hasard fait de Gil Blas le compagnon et le complice — bien malgré lui — de brigands de grand chemin, et l’amène ainsi à faire la connaissance, désagréable, de la justice. Le besoin et les suggestions de son ami Fabrice Nunez le font devenir valet. Les vicissitudes de la vie l’entraînent alors dans tous les degrés de la domesticité, ce qui lui permet d’observer de près toutes les classes de la société, tant dans l’État que dans l’Église. Mêlé à des fripons de toutes catégories, il va pratiquer lui-même la friponnerie, mais ce sera plus par contagion de l’exemple que par nature.
Gil Blas découvre ensuite la vie de différents milieux et professions : celle de médecin auprès du docteur Sangrado, celle des petits-maîtres auprès de Don Mathias de Silva, celle encore des comédiens avec Arsénie ; il approche aussi la société mondaine aux côtés d’une femme tenant salon, la marquise de Chaves. Après quoi, Gil Blas se met au service de l’archevêque de Grenade puis du duc de Lerme en tant que secrétaire.

Il gravit alors l’échelle sociale, jusqu’à avoir successivement deux domestiques qui le serviront avec des bonheurs variables… En effet, le premier, Ambroise de Lamela, « un garçon de trente ans, qui avait l’air simple et dévot » vole à son maître les 1 000 ducats qu’il avait reçus de doña Mencia de la Mosquera, mais Scipion, le second, entièrement dévoué, ira jusqu’à se laisser emprisonner avec son maître dans la tour de Ségovie.
Bientôt Gil Blas découvre l’amour. Tout d’abord auprès de la soubrette Laure qu’il rencontre, et qui lui fait découvrir la jalousie lorsqu’elle discute « familièrement » avec des comédiens. Vient ensuite la rencontre d’Antonia, une jeune paysanne dont il tombera amoureux, et qu’il épousera. Elle lui donnera un fils Alphonse. Malheureusement, le fils et l’épouse trépassent. Mais finalement, Gil Blas est séduit par Dorothée une noble désargentée qu’il épousera sans dot et qui lui donnera deux enfants.
Analyse
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« Dernier chef-d’œuvre du roman dit « picaresque »[2] », Gil Blas montre un héros à « l’école du monde[3] ». La localisation de l’action outre-Pyrénées, dans l’Espagne du Siècle d’or, n’ont d’espagnol que les noms et les lieux de la scène, et cette fiction est à la fois très française et très universelle[1], retrace l’esprit et les mœurs et les ridicules français[4]. Les différents milieux sociaux avec lesquels Gil entre en contact sont autant d’occasions pour Lesage de peindre des portraits corrosifs. Gil Blas est un « roman de caractères[4] », qui offre un « un tableau moral et animé de la vie humaine[3] », sans être moralisateur. Son héros ne se heurte pas au réel, mais s’y adapte[4]:vi. Gil Blas est un roman satirique et non philosophique. L’absence de règles romanesques, à la différence des autres genres littéraires, permettant d’échapper aux contraintes qui entravaient la création littéraire, un accent de vérité imprègne le roman d’un bout à l’autre. Chaque individu et ses passions particulières sont analysés séparément. Par une stratégie dont est coutumière le récit à la première personne, les personnages de Gil Blas s’approchent au plus près « de la synthèse entre fidélité au réel et invention[5] ». Quelque invraisemblables que soient ses aventures, Gil Blas les relate, non comme une fiction, mais comme des événements réels, où lui-même endosse plus ou moins implicitement un rôle de narrateur[6].
Influences
[modifier | modifier le code]De multiples influences de Gil Blas ont été signalées, depuis l’Antiquité, tant dans la forme[a], que sur le fond[b]. La liste est si longue et subjective qu’elle en est futile. Il en va de même pour les textes que Gil Blas pourrait avait influencé[c], le processus de création littérature s’accomplissant par imitation, inspiration, influence, etc[7].
Réception en Espagne
[modifier | modifier le code]Le cadre espagnol de cette œuvre, au caractère pourtant si français, a fait soupçonner l’emprunt du sujet à la littérature de ce pays. L’un des premiers à accuser Lesage de plagiat, Voltaire a signalé la Vie et aventures de l’écuyer Marcos de Obregon de Vicente Martinez-Espinel,mais Lesage n’y a fait, comme à nombre de romanciers espagnols, que des emprunts de détails. Incapables de trouver une source au plagiat allégué, un historien comme l’inquisiteur Juan Antonio Llorente a affirmé que Gil Blas devait être du à Antonio de Solís y Ribadeneyra, parce que, selon lui, seul celui-ci était capable d’écrire un pareil ouvrage. Faute de faits, le Père de Isla, a traduit l’ouvrage en espagnol, pour « le restituer à sa patrie et à sa langue[1]. »
Années de publication
[modifier | modifier le code]- Histoire de Gil Blas de Santillane, Livres i-vi ()
- Histoire de Gil Blas de Santillane, Livres vii-ix ()
- Histoire de Gil Blas de Santillane, Livres x-xii ()
Adaptations
[modifier | modifier le code]- Gil Blas de Santillane (1974), feuilleton télévisé français de Guy Kerner, Albert Rieux et Robert Vattier.
Éditions
[modifier | modifier le code]- Histoire de Gil Blas de Santillane, 850 gravures de Maurisset d'après Jean Gigoux, Paris, Paulin, 1836.
- Histoire de Gil Blas de Santillane de Lesage (présentation par Roger Laufer), Paris, Flammarion, coll. « Garnier-Flammarion », , 638 p. (ISBN 978-2-080-70286-9).
- Histoire de Gil Blas de Santillane de Lesage (édition d’Étiemble), Paris, Gallimard, coll. « Folio Classique », , 1053 p. (ISBN 978-2-070-39415-9).
- Histoire de Gil Blas de Santillane de Lesage (édition de l’Abbé Lejeune), Paris, P.C. Lehuby, , 504 p. (lire en ligne).
- Histoire de Gil Blas de Santillane de Lesage (ill. : vignettes de Jean Gigoux), Paris, Chez Paulin, , 972 p. (lire en ligne).
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]Références
[modifier | modifier le code]- Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des littératures, Paris, Hachette, , 2 vol. in-8º. (lire en ligne sur Gallica), p. 1237
- Jules Romains, « Lesage et le roman moderne », The French Review, Paris, vol. 21, no 2, , p. 97–99 (ISSN 2329-7131, lire en ligne).
- Jean-François de La Harpe, Cours de littérature ancienne et moderne, t. 3, Firmin Didot Frères, (lire en ligne), p. 527.
- Alain-René Lesage, Histoire de Gil Blas de Santillane, édition accompagnée de notes et précédée d’une notice sur Le Sage par Saint-Marc Girardin, Paris, G. Charpentier, , v-xx (OCLC 217542859, lire en ligne), v.
- ↑ Henri Coulet, Le Roman jusqu’à la Révolution, t. 2, Paris, Colin, , p. 11.
- ↑ Loïc Thommeret, La Mémoire créatrice : essai sur l’écriture de soi au XVIIIe siècle, Paris, L’Harmattan, , 442 p., in-8º (ISBN 978-2-29600-826-7, OCLC 70712251, lire en ligne), p. 206.
- ↑ Umberto Eco et Jean-Claude Carrière, N’espérez pas vous débarrasser des livres, Paris, Grasset, , 342 p. (ISBN 978-2-246-74279-1, OCLC 1476288322, lire en ligne)
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Eugène Baret, Mémoire sur l’originalité du Gil Blas de Le Sage, Paris, Imprimerie impériale, 1864.
- Cécile Cavillac, « La Dialectique du service dans l’Histoire de Gil Blas de Santillane », Revue d’Histoire Littéraire de la France, juil-, vol. 89 nº 4, p. 643-60.
- Cécile Cavillac, L’Espagne dans la trilogie picaresque de Lesage. Emprunts littéraires, empreinte culturelle, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2004. (ISBN 978-2-86781-334-4).
- Charles Dédéyan, Lesage et Gil Blas, Paris, Société d’édition d’enseignement supérieur, 1965.
- Béatrice Didier, D’une Gaîté ingénieuse : l’Histoire de Gil Blas roman de Lesage, Louvain ; Dudley, MA : Peeters, 2004. (ISBN 978-2-87723-775-8).
- Charles Frédéric Franceson, Essai sur la question de l’originalité de Gil Blas ; ou, Nouvelles observations critiques sur ce roman, Leipsic, F. Fleischer, 1857.
- Philippe Garnier, Retours et répétitions dans l’Histoire de Gil Blas de Santillane d’Alain-René Lesage, Paris, L’Harmattan, 2002. (ISBN 978-2-74753-256-3), (OCLC 51647611).
- Juan Antonio Llorente, Observations critiques sur le roman de Gil Blas de Santillane, Paris, Moreau, 1822.
- Frédéric Mancier, Le Modèle aristocratique français et espagnol dans l’œuvre romanesque de Lesage : l’histoire de Gil Blas de Santillane, un cas exemplaire, Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2001. (ISBN 9782840502005), (OCLC 48858356).
- Heinz Klüppelholz, La Technique des emprunts dans Gil Blas de Lesage, Frankfurt am Main ; Bern : Lang, 1981 (ISBN 978-3-82046-885-4), (OCLC 7557622).
- Hubert de Phalèse, Les Bons Contes et les bons mots de Gil Blas, Saint-Genouph, Nizet, 2002. (ISBN 9782707812711), (OCLC 51181370).
- * Jules Romains, « Lesage et le roman moderne », The French Review, vol. 21, no 2, , p. 97-99 (OCLC 2329-7131).
- Christine Silanes, Gil Blas de Santillane en Espagne. Les signes de l’adhésion espagnole à une espagnolade, Thèse de doctorat de l’Université de Paris IV, Paris-Sorbonne, 1998.
- Jacques Wagner, Lesage, écrivain (1695-1735), Amsterdam ; Atlanta, Rodopi, 1997. (ISBN 978-9-04200-169-5), (OCLC 36891328).
- Jacques Wagner (Dir.), Lectures du Gil Blas de Lesage, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, 2003. (ISBN 2-84516-214-6). Contient les études suivantes :
- Jacques Berchtold, « Le Bestiaire de Lesage : L’Exemple du Gil Blas et du Guzman d’Alfarache », p. 67-88.
- Marc-André Bernier, « La Séduction dans l’Histoire de Gil Blas de Santillane », p. 163-76.
- François Bessire, « Les Références à l’Antiquité et à la Bible dans le premier Gil Blas », p. 99-109.
- Pierre Brunel, « L’Histoire de Gil Blas de Santillane : Ibérie contre Hibernie », p. 25-33.
- Françoise Gevrey, « L’Histoire de Gil Blas de Santillane est-elle un roman d’aventures ? », p. 37-66.
- Gérard Luciani, « Un Écho de Gil Blas à Venise au XVIIIe siècle », p. 191-202.
- Alain Niderst, « Le Christianisme de Gil Blas », p. 133-41.
- Jean-Noël Pascal, « Gil Blas, un roman de dramaturge : Thèmes, procédés, scénarios », p. 111-30.
- Catherine Volpilhac-Auger, « Voyage au pays des noms : fonctions et modalités de la nomination dans Gil Blas de Santillane », p. 89-98.
Liens externes
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