Hind Chelbi

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Hind Chelbi
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Biographie
Décès
Nom dans la langue maternelle
هند شلبيVoir et modifier les données sur Wikidata
Surnoms
صاحبة الزي الشلبي, زينب الغزالي التونسيةVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Maîtres
Mohamed Fadhel Ben Achour, Mohamed Habib Belkhodja (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Hind Chelbi (arabe : هند شلبي), morte le , est une universitaire tunisienne, chercheuse en sciences coraniques, ayant notamment enseigné l'interprétation (tafsir) des sens des versets (ayat) du Coran à l'université Zitouna.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Elle naît dans une famille historiquement liée à l'université Zitouna, son père Ahmed Chelbi y étant lui-même professeur.

Carrière[modifier | modifier le code]

Elle devient une hafida à un âge relativement précoce en mémorisant le Coran auprès du cheikh Mohamed ad-Dala'i, qui lui enseigne la lecture de Qaloun d'après Nafi' (ar).

Elle est l'une des premières femmes à étudier à la faculté de charia et de théologie de l'université de Tunis, où elle compte parmi ses professeurs Mohamed Fadhel Ben Achour, Ahmed Ben Miled, Ali Chebbi ou encore Mohamed Habib Belkhodja (ar). En 1968, elle obtient une ijaza en fondements de la religion (oussoul ad-dine), qu'elle complète par un doctorat, lui permettant à son tour d'enseigner dans cette faculté (renommée par la suite université Zitouna) à partir de 1981.

Incident avec Bourguiba[modifier | modifier le code]

Début , le président tunisien Habib Bourguiba organise, à l'occasion de la 27e nuit du ramadan (souvent considérée comme la Nuit du Destin), une cérémonie au palais présidentiel de Carthage où Hind Chelbi est invitée à s'exprimer sur « la place de la femme en islam »[1],[2].

Apparaissant voilée devant le chef d'État (connu pour qualifier le hidjab de « linceul noir » et de « misérable chiffon »[3]) à qui elle refuse par ailleurs tout contact physique[4], son entrée en scène fait forte impression tant sur le public présent sur place qu'aux milliers de personnes qui suivent la retransmission en direct à la télévision[1].

Lors de son allocution, elle critique ouvertement la politique bourguibienne, la jugeant contraire aux enseignements coraniques et prophétiques[5].

Beaucoup de Tunisiens se souviennent de cet incident mémorable comme le point de départ d'un bras de fer entre Bourguiba et les milieux islamistes[6] (auxquels Hind refuse d'adhérer malgré leurs sollicitations[7]).

Mort[modifier | modifier le code]

Elle meurt le des suites du Covid-19[8].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Vincent Geisser et Chokri Hamrouni, chap. 24 « Bourguiba dans la mémoire islamiste tunisienne », dans Michel Camau et Vincent Geisser, Habib Bourguiba : la trace et l'héritage, Paris, Karthala, , 663 p. (ISBN 2-84586-506-6 et 978-2-84586-506-8, OCLC 419226291, lire en ligne), p. 380.
  2. « Une femme a prononcé la causerie religieuse du vingt-septième jour du Ramadan à Tunis », Le Monde,‎ (ISSN 0395-2037, lire en ligne, consulté le ).
  3. Zakya Daoud, Féminisme et politique au Maghreb : sept décennies de lutte, Casablanca, Eddif, , 409 p. (ISBN 2-908801-92-2 et 978-2-908801-92-7, OCLC 36944704), p. 57.
  4. François Burgat, L'islamisme à l'heure d'Al-Qaida, Paris, La Découverte, , 238 p. (ISBN 978-2-7071-6640-1, DOI 10.3917/dec.burga.2010.01, lire en ligne), chap. 2 (« Des luttes nationales aux désillusions de la « recolonisation » : les trois temporalités de l’islamisme »), p. 72.
  5. (ar) Nadia Cherif, « رحيل العالمة الزيتونية المحجبة التي تحدت بورقيبة وبن علي! », sur echoroukonline.com,‎ (consulté le ).
  6. (en) Anne Wolf, Political Islam in Tunisia : The History of Ennahda, Oxford, Oxford University Press, , 269 p. (ISBN 978-0-19-086976-2 et 0-19-086976-3, OCLC 1289844950, lire en ligne), chap. 2 (« Tunisia's Muslim Brotherhood? »), p. 51.
  7. (en) Habib Boularès (trad. du français par Lewis Ware), Islam : the Fear and the Hope [« L'islam : La peur et l'espérance »], Londres, Zed Books, , 144 p. (ISBN 0-86232-944-2, 978-0-86232-944-0 et 0-86232-945-0, OCLC 22422357, lire en ligne), chap. 2 (« The Conditions of Revolution »), p. 23.
  8. (ar) Riadh Jegham, « حافظة القران …هند شلبي لم نرها في برامج التافهين », sur assarih.com,‎ (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]