Henri de La Tour d'Auvergne (1611-1675)

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Henri de La Tour d’Auvergne
vicomte de Turenne
Henri de La Tour d'Auvergne (1611-1675)
Portrait par l'entourage de Philippe de Champaigne.

Surnom Turenne
Naissance
Château de Sedan
Décès (à 63 ans)
Bataille de Salzbach
Mort au combat
Origine Français
Allégeance Drapeau des Provinces-Unies Provinces-Unies (1625-1630)
Drapeau du royaume de France Royaume de France (1630-1675)
Grade Maréchal général des camps et armées du roi
Conflits Guerre de Trente Ans
Guerre de Dévolution
Guerre de Hollande
Faits d'armes Bataille de Nördlingen
Bataille de Zusmarshausen
Bataille de Bléneau
Bataille des Dunes
Bataille de Turckheim
Autres fonctions colonel général de la cavalerie
Famille Maison de La Tour d'Auvergne
Henri de La Tour d'Auvergne.

Henri de La Tour d'Auvergne, dit Turenne (Sedan, -Salzbach, ), est un gentilhomme et célèbre militaire français passé à la postérité sous le nom que lui donne son titre de vicomte de Turenne.

Maréchal de France en 1643 et maréchal général des camps et armées du roi en 1660, il est l'un des meilleurs généraux de Louis XIII puis de Louis XIV. Figure populaire, stratège de grand talent, gloire militaire du Grand Siècle par excellence, sa carrière se trouve néanmoins entachée par la première série d'exactions commises en Palatinat du Rhin en 1674, plus généralement connue sous le nom de « ravage du Palatinat ».

Famille

Issu de l'illustre Maison de La Tour d'Auvergne dont descend la reine de France Catherine de Médicis, il est le fils cadet de Henri de La Tour d'Auvergne, duc de Bouillon et prince souverain de Sedan, vicomte de Turenne, premier gentilhomme de la chambre d'Henri IV, maréchal de France en 1592. Par sa mère, Élisabeth de Nassau, il est le petit-fils de Guillaume Ier, prince d'Orange et Stathouder de Hollande, Zélande et Frise. Son frère aîné qui relèvera les titres de leur père est Frédéric-Maurice de La Tour d'Auvergne (1605-1652), longtemps l'âme de la Fronde, qui devra céder sa principauté à la France.

Élevé dans la religion réformée, il se convertit au catholicisme en 1668 sous l'influence de Bossuet, notamment après la lecture de son livre Histoire des variations des Églises protestantes. Il accède aux plus hautes dignités : prince étranger en 1651, maréchal de France en 1643 puis maréchal général en 1660.

Turenne épouse en août[1],[2] 1651[Note 1] Charlotte de Caumont La Force, fille d'Armand Nompar de Caumont. Elle mourut en 1666[4]. Ils n'eurent pas d'enfants.

Guerre de Trente Ans

Cadet d'une famille souveraine, il est destiné à la carrière des armes. Pendant la guerre de Trente Ans, par commission du , le jeune vicomte lève à l'âge de 14 ans, un régiment d'infanterie qui porte son nom[5].

La même année, il fait ses premières armes dans l'armée hollandaise, sous les ordres de son oncle, le stathouder Frédéric-Henri d'Orange-Nassau, en tant que simple soldat puis il lui offre un commandement en 1626. Le régiment qu'il avait créé en France est licencié en . En 1627 et 1628, il participe aux sièges de Klundert, de Willemstad et dans la plupart des expéditions contre Spinola. Il s'illustre notamment dans l'armée hollandaise, aux côtés de Frédéric-Henri d'Orange-Nassau, au siège de Bois-le-Duc en 1629, contre les Espagnols.

Cependant, il choisit l'année suivante de passer au service de la France, plus prestigieux et son régiment d'infanterie est rétabli, le , sous le nom de régiment d'Eu[5].

Richelieu le nomme colonel et il participe au siège de La Mothe en 1634, où ses états de service lui valent une promotion au grade de maréchal de camp. Après avoir participé à diverses campagnes en Lorraine, sur le Rhin et dans les Flandres, il s'empare notamment de Saverne en 1636, où il manque de perdre un bras[6], et de Landrecies en 1637. Il dirige l'assaut sur la puissante forteresse de Vieux-Brisach en 1638 et obtient sa capitulation le 17 décembre[7],[8].

Sa réputation allant croissant, il sert en Italie de 1639 à 1641 sous le commandement d'Henri de Lorraine-Harcourt et s'illustre à plusieurs reprises, puis participe comme commandant en second à la conquête du Roussillon en 1642. Louis XIII disparaît le , et c'est Anne d'Autriche, régente de France, qui le fait maréchal de France, le 19 décembre. Turenne n'a alors que 32 ans[9]. Il est envoyé en Alsace où les armées françaises sont en position délicate. Empruntant sur ses deniers[10], il réorganise l'armée et traverse le Rhin au mois de juin 1644 avant d'opérer sa jonction avec les forces de Condé, qui prend le commandement. Il participe aux sièges de Mayence et de Philippsburg et aux batailles de Fribourg (1644) et Nördlingen (1645) aux côtés de Condé[11]. Celui-ci reparti, il mène ensuite avec ses alliés suédois une campagne décisive qui se termine par la victoire de Zusmarshausen le et son armée dévaste la Bavière. Les traités de Westphalie sont signés peu après et mettent fin à la guerre de Trente Ans.

Guerres de Louis XIV

Un temps passé du côté des Frondeurs, il échappe à l'arrestation dont sont victimes d'autres princes (dont Condé) et cherche l'aide des Espagnols. Il connaît à cette occasion l'un de ses rares revers militaires en étant vaincu lors de la bataille de Rethel le . Après la libération des princes, il se réconcilie avec Mazarin et obtient le commandement des armées royales lorsque Condé se révolte à nouveau. Après l'indécise bataille de Bléneau le , il bat l'armée espagnole commandée par Condé à la bataille du faubourg Saint-Antoine le et réoccupe Paris le , obtenant définitivement le pardon de Louis XIV. Poursuivant la lutte contre Condé et les Espagnols, il les bat à Arras le mais est à son tour sévèrement battu à la bataille de Valenciennes le . Il remporte néanmoins la décisive victoire des Dunes, près de Dunkerque, le , et le traité des Pyrénées signé l'année suivante met fin à la guerre franco-espagnole.

Durant la guerre de Dévolution, il dirige l'armée française qui envahit la Flandre et s'empare de plusieurs villes.

En 1672, il est nommé capitaine général par Louis XIV. Durant la guerre de Hollande, battu par les Impériaux de Raimondo Montecuccoli, il est obligé de repasser le Rhin en 1673. Il prend sa revanche le , à la bataille de Sinsheim, où il empêche la jonction des deux armées ennemies. Un mois plus tard, il ordonne le ravage du Palatinat. Il vainc à nouveau les Impériaux en Alsace à la bataille d'Entzheim en , mais devant la disproportion des forces, il se replie sur Saverne et Haguenau, laissant les Allemands prendre leurs quartiers d’hiver en Alsace.

Document relatant la création de la médaille, datée 1675, relatant la défaite de l'armée allemande par les troupes de Turenne, extrait de Médailles sur les principaux évènements du règne entier de Louis le Grand, avec des explications historiques par l'Académie des inscriptions et belles-lettres, 1723.

En plein hiver il fond sur Belfort le , entre dans Mulhouse le 29. Les Impériaux sont basés à Turckheim, dans une vallée des Vosges (côté alsacien). Sa stratégie consiste à surprendre l'ennemi en attaquant par la montagne. Il monte au-dessus de la ville de Thann, passe à côté du château de l'Engelburg (qui n'a pas encore été détruit par Louis XIV), et établit son camp à l'endroit encore dénommé aujourd'hui « camp Turenne ». Puis son armée longe la crête et, arrivée au-dessus du camp adverse le , déboule dans la vallée et prend l'adversaire par surprise qui est mis en fuite.

Les Impériaux sont contraints de battre en retraite et de repasser le Rhin. Louis XIV donne de nouveau à Turenne le commandement de la campagne de 1675, où il se trouve de nouveau face à Montecuccoli. Pendant deux mois, tous deux déploient leurs dons de manœuvriers. Lors de la bataille de Salzbach, enfin Turenne est sur le point d’amener son adversaire sur les positions qu’il juge souhaitables pour une bataille décisive, lorsqu'il est tué par un boulet de canon. Raimondo Montecuccoli se serait alors écrié : « Il est mort aujourd'hui un homme qui faisait honneur à l'Homme ! ». Selon les mémorialistes du temps, la France entière le pleure, et le peuple rassemblé sur les routes honore « le bon Monsieur de Turenne » lors du passage du convoi funèbre vers Paris[12]. Son oraison funèbre fut prononcée par Fléchier en l'église Saint-Eustache[13].

Postérité

Un nombre important de places, rues et avenues porte le nom du maréchal.

Iconographie

Une médaille à l'effigie de Turenne fut exécutée par le graveur Thomas Bernard en 1683. Un exemplaire en est conservé au musée Carnavalet (ND 0579).

Une autre médaille à l'effigie de Turenne, due au graveur Henri Auguste, fut frappée en 1800 à l'initiative de Lucien Bonaparte, à l'occasion du transfert des restes du maréchal aux Invalides. Un exemplaire en est conservé au musée Carnavalet (ND 1130).

Ascendance

Notes et références

Notes

  1. La date de 1653 est parfois donnée, erronément[3].

Références

  1. Suzanne d'Huart et Catherine Grodecki, « L'inventaire après décès de Turenne », Annuaire-Bulletin de la Societe de L'Histoire de France, Librairie Droz,‎ , p. 104 (ISBN 9782354070991, lire en ligne)
  2. Jean Bérenger, Turenne, Fayard, coll. « Biographies historiques », , 626 p. (ISBN 9782213638836, lire en ligne)
  3. Camille-Georges Picavet, Documents biographiques sur Turenne, 1611-1675, C. Robbe, , 185 p. (lire en ligne) :

    « La date de 1653 est souvent inexactement donnée. »

  4. Camille-Georges Picavet, Documents biographiques sur Turenne, 1611-1675, C. Robbe, , 185 p. (lire en ligne) :

    « [...] qui mourut en bonne protestante en 1666. »

  5. a et b Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, Chronologie historique-militaire, pages 32 et suivantes.
  6. Histoire de Turenne par Just-Jean-Étienne Roy, page 6.
  7. Histoire de Turenne par Just-Jean-Étienne Roy, page 22.
  8. Dictionnaire des sièges et batailles, Tome 1, pages 443–444.
  9. Histoire de Turenne par Just-Jean-Étienne Roy, page 38.
  10. Histoire de Turenne par Just-Jean-Étienne Roy, page 40.
  11. Émile Charvériat, Histoire de la guerre de trente ans, 1618-1648 : Période suédoise et période française, 1630-1648, vol. 2, É. Plon et cie, (présentation en ligne).
  12. http://www.vallee-du-ciron.com/Documents/Ouvrages/Michelant/1675.Turenne.htm.
  13. Abbé Duplessy, Paris religieux, Guide artistique, historique et pratique, A. Roger et F. Chernoviz Éditeurs, Paris, 1900, p. 22.
  14. Joseph Fr. Michaud, Jean Joseph François Poujoulat, Nouvelle collection des mémoires pour servir à l'histoire de France, 1838, p. 315 à 317.
  15. Boyer-Mas 1938.
  16. « La dossière de cuirasse de Turenne et le boulet qui l'a tué à Sasbach » [PDF], Musée de l'Armée (consulté le )

Voir aussi

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Bibliographie

  • Le vicomte de Turenne, dans Charles Perrault, Les Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, chez Antoine Dezallier, 1697, tome 1, p. 25-26 (lire en ligne).
  • François Raguenet, Histoire du vicomte de Turenne, par l'Abbé Raguenet. Nouvelle édition plus correcte que les précédentes. Amsterdam : Vlam, 1788. [A Amsterdam, Chez Barthelemy Vlam, Libraire. 1788.], In-12°, 359, [1 (table)] p., une planche de médailles, gravée par Meunier, à déplier.
  • Just-Jean-Étienne Roy, Histoire de Turenne, 1850. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Léo Armagnac, Histoire de Turenne, maréchal de France, Tours : Mame, 1888 (lire en ligne).
  • Jules Roy, Turenne - Sa vie, les institutions militaires de son temps, Paris, 1896.
  • Maxime Weygand, Turenne, Munich, 1938.
  • André Boyer-Mas, Comment le cœur de Turenne est à Saint-Paulet (Aude) : ou les tribulations posthumes d'un grand cœur, Toulouse, Éditions Privat, .
  • Jean Bérenger, Turenne, Paris, Fayard, 1987, 616 p. (ISBN 978-2-213-01970-3)
  • Laurent Jalabert et Cédric Moulis (dir.), « Nouveaux regards sur Turenne, 400e anniversaire de la naissance d'Henri De La Tour d’Auvergne (1611-1675) », Actes du colloque tenu les 17 et à Sedan, publiés dans Annales de l'Est, avec le concours de la Société d'histoire et d'archéologie du Sedanais, 6e série, 61e année, 2013, 336 pages.
  • Lucien Bély, Dictionnaire Louis XIV, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1405 p. (ISBN 978-2-221-12482-6).

Articles connexes

Liens externes