Henri de Bourgogne (comte de Portugal)
| Henri de Bourgogne | ||
Comte Henri de Bourgogne-Portugal - Compendio de crónicas de reyes (Biblioteca Nacional de España). | ||
| Titre | ||
|---|---|---|
| Comte de Portugal | ||
| [1] – [2] (16 ans, 10 mois et 14 jours) |
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| Prédécesseur | Renaissance du comté | |
| Successeur | Thérèse de León | |
| Biographie | ||
| Dynastie | Dynastie de Bourgogne | |
| Date de naissance | ||
| Lieu de naissance | Dijon | |
| Date de décès | [3] | |
| Lieu de décès | Astorga | |
| Père | Henri de Bourgogne | |
| Mère | Sibylle de Barcelone | |
| Conjoint | Thérèse de León | |
| Enfants | Alphonse Ier Urraca Thérèse Sancha |
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| Héritier | Alphonse Ier | |
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| Comte de Portugal | ||
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Henri de Bourgogne, né en 1066 à Dijon et mort le à Astorga, est Comte de Portugal[4] de 1095 jusqu'à sa mort au siège d'Astorga en 1112.
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse en France et départ pour la Reconquista
[modifier | modifier le code]Né en 1066 à Dijon, dans le Duché de Bourgogne, Henri est le plus jeune fils d'Henri de Bourgogne et le petit-fils du duc Robert Ier [5],[6]. Ses deux frères aînés, Hugues Ier et Eudes Ier, héritent du Duché de Bourgogne [6].
Aucune trace de sa mère n'a survécu mais certains pensent qu'elle s'appelle Sibylle, d'après une nécrologie non datée annonçant le décès de « Sibilla, mater ducus Burgundie » (Sibylle, mère du duc de Bourgogne). L'historien Jean Richard suppose qu'elle aurait pu s'appeler Clémence [7]. En se basant sur l'introduction du surnom Borel dans la famille des ducs de Bourgogne, le généalogiste Szabolcs de Vajay suggère que la mère d'Henri est la fille de Bérenger-Raimond Ier de Barcelone et de son épouse Gisèle de Lluçà [8],[9],[10].
Il a été supposé que la mère d'Henri aurait pu être la tante maternelle de Raymond de Bourgogne qui serait alors son cousin germain [11]. Le frère d'Henri, Eudes Ier de Bourgogne, ayant épousé la sœur de Raymond, Sybille, l'interdiction des mariages entre cousins germains dans le droit ecclésiastique (sauf dispense papale) rend probable que la relation familiale entre les deux hommes soit plus distante [12].
L'une de ses tantes paternelles est Constance de Bourgogne, épouse d'Alphonse VI de León, et l'un de ses grands-oncles est Hugues de Cluny, l'une des personnalités les plus influentes de son temps [5]. La famille d'Henri est très puissante et gouverne de nombreuses villes dans le Royaume de France telles que Chalon, Auxerre, Autun, Nevers, Dijon, Mâcon ainsi que Semur[5].

Après sa défaite lors de la bataille de Sagrajas en octobre 1086, le roi Alphonse VI de Léon solicite l'aide des chrétiens de l'autre côté des Pyrénées. De nombreux nobles et soldats français répondent à l'appel, notamment Raymond de Bourgogne, Eudes Ier (frère d'Henri) et Raymond de Saint-Gilles [13].
Henri arrive dans la Péninsule Ibérique entre fin 1086 et début 1087, accompagné de son cousin éloigné, Raymond de Bourgogne [14], [15].
Trois de ces nobles français épousent des filles du roi Alphonse VI: Raymond de Bourgogne épouse l'infante Urraque (future reine de León), Raymond de Saint-Gilles épouse Elvire et Henri de Bourgogne épouse Thérèse de León en 1093 [16],[17].
Renaissance du comté de Portugal
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Une charte du 18 décembre 1095 intitule Henri «comte de Coïmbre» et il reçoit d'Alphonse VI de León les terres au sud du Minho, à l'origine du comté de Portugal [18]. Entre le 1er octobre 1096 et le 19 janvier 1097, Henri est mentionné dans des documents comme le comte de Tordesillas [19].
Entre 1096 et 1105, le comte Raymond de Bourgogne constate une diminution de son influence au sein de la curie royale et décide de conclure un accord avec son cousin Henri. La naissance du fils unique du roi Alphonse VI de Léon, Sancho Alfónsez, est également perçue comme une menace par les deux cousins qui acceptent de partager le pouvoir, le trésor royal et de se soutenir mutuellement [20]. En vertu de cet accord, qui bénéficie de la bénédiction de leur parent, l'abbé de Cluny [22], Raymond «promet sous serment à son cousin de lui remettre le Royaume de Tolède et un tiers du trésor royal à la mort du roi Alphonse VI». S'il ne peut pas livrer Tolède, il lui donnerait la Galice. Henri, en retour, promet d'aider Raymond à «obtenir tous les domaines du roi Alphonse VI et les deux tiers du trésor royal» [23],[24].
Les historiens situent le pacte vers 1096 et supposent que la nouvelle de cet accord aurait pu parvenir au roi qui, afin de contrer l'initiative de ses deux gendres, nomme Henri gouverneur de la région s'étendant « a flumine mineo usque in tagum » (du Minho jusqu'aux rives du Tage) [25]. Jusqu'alors, cette région est gouvernée par le comte Raymond, dont le pouvoir se limite désormais à la seule Galice, ce qui annule les termes du pacte [26],[28]. D'autres historiens démontrent que le pacte n'aurait pas été conclu avant 1103, plusieurs années après l'octroi de leurs titres respectifs aux deux comtes, ce qui implique que leur alliance a dû prévaloir sur leur hypothétique rivalité [27],[29].
Lorsque la veuve de Raymond, Urraque, devient reine de León et de Castille en 1109, les nobles castillans la pousse à se remarier avec le roi Alphonse Ier d'Aragon[30]. Le mariage a lieu début octobre 1109, des hostilités éclatent presque immédiatement entre les époux et Henri profite de la situation pour gouverner le comté de Portugal de manière pratiquement indépendante [31].
En 1110, Henri lève une armée en France puis signe une alliance avec Alphonse Ier d'Aragon contre la reine de Castille-et-León afin de se partager son royaume [32]. Le 26 octobre de la même année, ils battent ensemble la reine Urraque Ire à la bataille de Candespina, près de Sepúlveda [33].
Après sa victoire à Candespina, Henri est contacté par quelques nobles fidèles à la cause d'Urraque Ire afin de le persuader de rejoindre le parti léonais en échange du commandement de l'armée et d'avantages territoriaux. En 1111, il obtient les seigneuries de Zamora et d'Astorga[34] alors que, dans le sud du Portugal, la ville de Santarém est prise par les envahisseurs Almoravides.

Henri combat pour la reine Urraque Ire et meurt lors du siège de la ville d'Astorga le 1er novembre 1112 [35],[2]. Son corps est transféré à Braga où il est inhumé dans le chœur de la cathédrale qu'il a fondé [36].
Après sa mort, son épouse Thérèse de Léon gouverne le comté pendant la minorité de leur fils, Alphonse Henriques (futur roi Alphonse Ier de Portugal), qui n'a que trois ans [37].
Descendance
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De son mariage avec Thérèse de León [19],[38] sont nés:
- Urraca Henriques (vers 1095[39]–après 1169); a épousé le comte galicien Bermudo Pérez de Traba, fils du comte Pedro Froilaz de Traba, avec descendance[40];
- Sancha Henriques (vers 1097[39]–1163), épouse Sancho Nunes de Celanova[41] dont elle a des enfants et, après être devenue veuve, épouse Ferdinand Mendes, seigneur de Bragance, sans descendance par ce mariage [42];
- Teresa Henriques (née vers 1098) [39];
- Alphonse Henriques (1109[43]–1185), premier roi de Portugal, marié à Mathilde de Savoie [44].
Certains historiens attribuent au comte Henri la paternité d'un fils illégitime nommé Pedro Henriques [45] ou Pedro Afonso (mort en 1165), moine au Monastère d'Alcobaça où il est enterré [47].
Ascendance
[modifier | modifier le code]| 8. Robert II le Pieux (972 † 1031) roi de France | ||||||||||||||||
| 4. Robert Ier le Vieux (1011 † 1076) duc de Bourgogne | ||||||||||||||||
| 9. Constance d'Arles (983 † 1032) | ||||||||||||||||
| 2. Henri de Bourgogne (1035 † 1066) | ||||||||||||||||
| 10. Dalmace Ier (985 † av.1048) seigneur de Semur | ||||||||||||||||
| 5. Hélie de Semur (1016 † ap.1055) | ||||||||||||||||
| 11. Aremberge | ||||||||||||||||
| 1. Henri de Bourgogne (1066–1112) comte de Portugal | ||||||||||||||||
| 12. Raymond Borrell (972 † 1018) comte de Barcelone | ||||||||||||||||
| 6. Bérenger Raymond Ier le Courbé (1000 † 1035) comte de Barcelone | ||||||||||||||||
| 13. Ermessende de Carcassonne (975 † 1057) | ||||||||||||||||
| 3. Sibylle de Barcelone (1035–ap.1074) | ||||||||||||||||
| 14. Sunifred II († 1063) comte de Lhuça | ||||||||||||||||
| 7. Gisèle de Lluçà (1005 † ap.1065) | ||||||||||||||||
| 15. Ermesinde de Balçareni († 1074) | ||||||||||||||||
Notes et références
[modifier | modifier le code]- ↑ André de Mandach Naissance et développement de la Chanson de Geste en Europe V : la Geste de Fierabras Librairie Droz (ISBN 978-2-600-02867-7).
- Mattoso 2014, p. 34.
- ↑ Ferdinand-Jean Denis, L'univers, ou histoire et description de tous les peuples, de leurs religions, mœurs, coutumes, etc. Portugal, vol. 34, F. Didot, (lire en ligne).
- ↑ (en) Bernard F. Reilly, The Medieval Spains, Cambridge University Press, , 108 p. (ISBN 978-0-521-39741-4, lire en ligne).
- Mattoso 2014, p. 28.
- Martínez Díez 2003, p. 225.
- ↑ Richard 1958, p. 38–9.
- ↑ Vajay 1960, p. 158–61.
- ↑ Vajay 1962, p. 167.
- ↑ Vajay 1960, p. 160.
- ↑ Martínez Díez 2003, p. 105 & 225.
- ↑ Vajay 2000, p. 2–6.
- ↑ Martínez Díez 2003, p. 105.
- ↑ (en) BURGUNDY DUCHY (Foundation for Medieval Genealogy: DUKES of BURGUNDY 1032-1361 - HENRI de Bourgogne)
- ↑ Reilly 1982, p. 14, note 15, chapitre I.
- ↑ Martínez Díez 2003, p. 162.
- ↑ Biographie universelle, Volume 6, Weiss, 1841
- ↑ André de Mandach Naissance et développement de la Chanson de Geste en Europe V : la Geste de Fierabras Librairie Droz (ISBN 978-2-600-02867-7)
- Reilly 1982, p. 28.
- ↑ Rodrigues Oliveira 2010, p. 28-29.
- ↑ Martínez Díez 2003, p. 226.
- ↑ « Le texte non daté, qui nous est parvenu par Cluny, consiste en une courte note envoyée à l'abbé Hugo par l'intermédiaire d'un messager nommé Dalmacio Geret, qui comprend une copie des serments que les deux cousins avaient prêtés à la demande de l'abbé susmentionné ».[21]
- ↑ Martínez Díez 2003, p. 170.
- ↑ Reilly 1982, p. 27, note 55, chapitre I.
- ↑ Reilly 1982, p. 29, note 59, chapitre I.
- ↑ Martínez Díez 2003, p. 170-171.
- David 1948, p. 275–276.
- ↑ Le pacte entre les comtes Raymond et Henri est reproduit dans l'ouvrage cité en bibliographie.[27]
- ↑ Bishko 1971, p. 155–188.
- ↑ Rafael Altamira y Crevea, Espagne (1031-1248), dans « Histoire du monde médiéval », vol. V, , p. 877
- ↑ (la) Recueil des historiens des Gaules et de la France, Tome 12, Ex Gestis Comitum Barcinonensium (lire en ligne), p. 378
- ↑ (es) La web de las biografias - Urraca. Reine de Castille-et-León (vers 1079-1126) (La web de las biografias - Urraca. Reine de Castille-et-León (vers 1079-1126))
- ↑ (es) La web des biographies (La web de las biographies - Enrique de Borgoña o Capeto, Conde de Portugal (1057-1112).)
- ↑ (es) Diccionario biográfico español, Real Academia de la Historia (Diccionario biográfico español, Real Academia de la Historia - Enrique de Borgoña)
- ↑ (pt) L24EhT0_nlhKLs&hl=it&sa=X&ved=0ahUKEwiZqbjZ-ebZAhVF6RQKHWwLDQgQ6AEIMzAB#v=onepage&q=Pedro%20Barcelos%2C%20Tit.%20V%2C%20Reyes%20de%20Navarra%2C&f=false #ES Nobiliaire de D. Pedro Conde de Bracelos, pages. 26 n 27
- ↑ Caetano de Souza 1735, p. 37.
- ↑ Mattoso 2014, p. 34-43.
- ↑ Rodrigues Oliveira 2010, p. 25.
- Rodrigues Oliveira 2010, p. 28.
- ↑ López Sangil 2002, p. 89.
- ↑ López Morán 2005, p. 89.
- ↑ Pizarro 2007, p. 855 et 857–858.
- ↑ Rodrigues Oliveira 2010, p. 31.
- ↑ Rodrigues Oliveira 2010, p. 33.
- ↑ Caetano de Sousa 1735, p. 48–49, livre I.
- ↑ Manrique 1649, p. 413.
- ↑ HIC REQVIESCIT D. PETRVS ALPHONSVS, ALCOBATIAE MONACHUS, FRATER D. ALPHONSI ; ILLVSTRIS PRIMI REGIS PORTVGALLIAE, CVIVS LABORE, ET INDVSTRIA LOCVS ISTE CISTERCIENSI ORDINI, VIDELICET HVIC LOCO, DE ALCOBATIA FVUIT DATVS IN AERA M.C.LXXXV. QVO ANNÉE COEPIT REX ALPHONSVS PRIMVS PORTUGALLIAE SANCTARENAM. QVEM D. PETRUS ALPHONSI DE CLAVSTRO ALCOBATIAE VBI PRIVS FVERAT SEPVLTVS, IN DIE S. IOANNIS BAPTISTAE. AERA M.CCC.XXXI. D. DOMINICVS ABBAS TRANSTVLIT AD HVNC LOCVM[46]
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