Henri Charles Stroh

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Henri Charles Stroh
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 57 ans)
Nationalité
Activités
Conjoint
Marianne Stroh née Gueylard
Enfant
Pierre Stroh
Jean-François Stroh
Bernard Stroh (1920-2011)
Autres informations
A travaillé pour
Distinction
Officier de la Légion d'Honneur

Henri Charles Stroh est un ingénieur, directeur des usines Schneider et Cie au Creusot et résistant français, né le à Paris d'une famille alsacienne protestante ayant fui l'Alsace lors de l'occupation allemande. Déporté pour faits de résistance mais sous un prétexte fallacieux, il serait décédé juste après la libération du camp de Buchenwald en avril 1945. Le tribunal d'Autun le déclare « disparu[1] et mort pour la France », le [2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille et formation[modifier | modifier le code]

Henri Charles Stroh est né le d'une famille modeste. Il vit à Paris où il fait de brillantes études d'abord au collège Rollin puis au lycée Saint-Louis. Il est plusieurs fois lauréat du concours général, bachelier à 15 ans ; puis à 18 ans en 1905, il est admis à l'École normale supérieure (France) et à l'École polytechnique, où il arrive premier au concours de Paris et troisième sur toute la France[3]. Finalement, il opte pour l'École Polytechnique[4], d'où, en 1907, il est classé 25e à la sortie. Il entre alors à l'école d'application du génie maritime avec le grade d'ingénieur de 3e classe et d'où il sort 6e en 1909, il a alors 21 ans.

Henri Stroh parle couramment l'anglais, l'allemand, l'italien, connaît aussi l'espagnol et parfaitement le dialecte alsacien. En 1943, il étudie le russe. Il est protestant[5] et croyant.

Carrière[modifier | modifier le code]

De 1909 à 1911, Henri Stroh travaille à Cherbourg, où il se spécialise dans la construction de sous-marins. Il s'occupe ensuite de l'atelier des torpilles à Toulon jusqu'au mois d'. Le , il est promu ingénieur 1re classe. Le , le ministre de la Marine, Monsieur Baudin, envoie une dépêche au vice-amiral commandant en chef et préfet maritime de Toulon où l'on trouve : « Tout ce qui se rapporte à la torpille Schneider a été étudié par M. Stroh avec une remarquable compétence et une application qui ne s'est jamais démentie pendant une période d'essais particulièrement laborieuse. » Un témoignage de satisfaction est accordé à l'ingénieur de 1re classe du génie maritime Stroh.

En 1915, Henri Charles Stroh dirige une équipe chargée de la reconstruction des ponts routiers dans la zone des combats. Il participe ensuite à l'armement des sous-marins et torpilleurs chargés de l'expédition des Dardanelles. Il passera 71 jours en mer. Il est ensuite chargé de la construction et de la mise en service d'un nouvel atelier de torpilles à l'arsenal du Mourillon (Toulon). De 1925 à 1933, il réorganise l'usine de torpilles de Saint-Tropez, propriété des Aciéries de Firminy associées à la compagnie Batignolles-Châtillon de Nantes.

Le , il est embauché chez Schneider et Cie en tant que directeur adjoint et le de la même année il est promu directeur de l'ensemble des usines du Creusot, du Breuil et de Montchanin. Le , les usines sont occupées par une division militaire de la Großdeutschland. Henri Charles Stroh négocie avec l'occupant pour préserver une certaine autonomie de l’entreprise, malgré leur contrôle de plus en plus pesant, à tout niveau de la hiérarchie. En total accord avec la direction générale Schneider, il instaure une politique de production minimum. On lui reproche les 28 000 heures nécessaires à la réalisation d'une locomotive au Creusot contre 10 000 heures chez Borsig, une usine allemande, et lui de prétexter le mauvais état des voies ferrées pour justifier le déraillement des machines. Pour cette raison et sous le prétexte fallacieux de vol de carburant (il avait en fait enterrer deux citernes de benzol), il est arrêté le et déporté à Buchenwald le [3]. A la libération du camp le 11 avril 1945 il est vivant ; cependant étant en zone soviétique, il disparait fin avril 1945.

Distinction[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • Henri-Charles Stroh, Maxime Laubeuf, Sous-marins, torpilles et mines, Éd. J.-B. Baillière et fils, 1923.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Elvire de Brissac, Il était une fois les Schneider (1871-1942, Éd. Grasset, 2007, p. 217, (ISBN 2246725399).
  2. Jacques Guardien, « Extrait du jugement de disparition de Henri Stroh », greffe du tribunal civil et de première instance d'Autun,‎ (lire en ligne).
  3. a et b André Prost, « Henri Charles Stroh, ingénieur patriote », bulletin de l'Académie François Bourdon, vol. 4,‎ (lire en ligne)
  4. « Les polytechniciens morts en déportation », sur x-Résistance.
  5. Jacques Poujol, Protestants dans la France en guerre : 1939-1945. Dictionnaire thématique et biographique, Éd. de Paris, 2000, p. 34, (ISBN 2846210004).
  6. Jean-Pierre Coulez, L'allée Henri-Charles-Stroh a été inaugurée, Le journal de Saône-et-Loire, 26 avril 2014.
  7. Une rue Henri-Charles-Stroh, Le journal de Saône-et-Loire, 19 décembre 2012.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • André Prost, Henri-Charles Stroh ingénieur patriote, Bulletin de l'académie François Bourdon, no 4, , p. 5-11.
  • Christian Chevandier, Jean-Claude Daumas, Travailler dans les entreprises sous l'Occupation, Éd. Presses universitaires de Franche-Comté, 2007, (ISBN 2848672110).

Liens externes[modifier | modifier le code]