Hemarina

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Hemarina
Histoire
Fondation
Cadre
Type
Forme juridique
Société anonyme à conseil d'administration (s.a.i.)Voir et modifier les données sur Wikidata
Domaines d'activité
Biologie marine, hématologie, substitut sanguin, industrie pharmaceutique, recherche-développement en autres sciences physiques et naturellesVoir et modifier les données sur Wikidata
Siège
Pays
Organisation
Directeur
Franck Zal (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
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Identifiants
SIREN
Frank Zal, fondateur et PDG d'Hemarina

Hemarina est une société basée à Morlaix (Finistère, France) spécialisée dans la fabrication de substituts sanguins à partir du ver arénicole. Elle a été fondée en 2007 par Franck Zal, chercheur au CNRS.

Histoire[modifier | modifier le code]

Franck Zal travaillait dans le domaine des pigments respiratoires des invertébrés avant de se spécialiser dans le domaine de l’hémoglobine des invertébrés marins et leur transport d’oxygène. En 2007, il décide de quitter le CNRS et il fonde Hemarina à Morlaix, dans le Finistère nord. Ce laboratoire biopharmaceutique est spécialisé dans le développement de produits de santé issus de sa plateforme technologique propriétaire (M101), qui repose sur les propriétés de l’hémoglobine du ver marin arénicole. C'est un spin-off du CNRS et de Sorbonne Université (Paris VI).

La société rachète en 2013 un ancien élevage de turbot à L'Épine, sur l'île de Noirmoutier, pour lancer la première ferme aquacole de reproduction et d'élevage de vers marins de l’espèce Arenicola marina[1].

Arenicola marina

Produits[modifier | modifier le code]

La technologie Hemarina, repose sur l'hémoglobine de ver arénicole, naturellement extracellulaire, de haut poids moléculaire, fonctionnant sur une large plage de température (de 4 à 37 °C) et ne nécessitant aucun cofacteur pour libérer l'oxygène. Cette molécule est une érythrocruorine 250 fois plus petite qu'un globule rouge humain, mais grâce à ses 156 globines (alors que l'hémoglobine des mammifères n'en contient que quatre) 40 fois plus oxygénante qu'une hémoglobine humaine[2]. Un des atouts essentiels de cette technologie est l’absence d’effet vasoconstricteur et hypertenseur tel qu’on peut l’observer avec les HBOC (Hemoglobin-Based Oxygen Carrier) de première et seconde générations manufacturés à partir d’hémoglobine animale (bovine ou porcine) ou humaine. Un autre atout est que la molécule est dissoute et non glycosylée, donc d'universalité d'utilisation (à la différence de la compatibilité des antigènes glycosylés des groupes sanguins érythocytaires ABO et Rh)[3].

Les applications de cette technologie sont :

  • la conservation des tissus lors des transplantation d'organes, HEMO2life®
  • l'oxygénation lors de pathologies ischémiques, HEMOXYCarrier®
  • les pansements oxygénants favorisant la cicatrisation, HEMHealing®
  • des gels contre les maladies parodontales et les péri-implantites, HemDental-Care®
  • mais aussi : les cultures de cellules, la fermentation, le traitement de la parodontite etc. HEMOXCell®, HEMBoost®

HemoxyCarrier[modifier | modifier le code]

L'HemoxyCarrier est composé d'hémoglobine extracellulaire qui permet la restauration d’une oxygénation optimale de l’organisme sans les effets secondaires (vasoconstriction principalement). De plus, grâce également à l’activité antioxydante intrinsèque de la molécule, il permet de réduire les dommages neurologiques dans la phase post-traumatique d’un choc, qu’il soit ou non hémorragique. HemoxyCarrier se présente sous la forme de sang en poudre, transportable et sans risque de contamination pour l'homme (contrairement aux poches de sang humain ne pouvant être conservées plus de 42 jours et pouvant présenter un risque de contamination par transfusion sanguine).

Des tests précliniques ont déjà été effectués sur des animaux par un laboratoire de l'US Navy, qui souhaite pouvoir utiliser HemoxyCarrier pour effectuer des transfusions d'urgence pour les victimes de bombes[4],[5].

Hemo2life[modifier | modifier le code]

En janvier 2018, le produit Hemo2life, à base de molécule d'hémoglobine d'arénicole, fut utilisé pour la conservation du greffon par le professeur Lantieri lors d'une greffe du visage[6].

Ce produit est également utilisé pour accélerer la reprise de fonction du greffon dans les greffes de rein[7],[8].

Dans le cadre de la pandémie de maladie à coronavirus de 2019-2020, Hemo2life pourrait diminuer l’état inflammatoire des cellules pulmonaires et améliorer le traitement du syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) qui entraîne de nombreux décès des patients les plus gravement atteints par la Covid-19. Un essai clinique a été autorisé[9],[10] puis suspendu par l'ANSM en raison d'une étude non clinique sur des porcs ayant occasionné une létalité de 100 %[11]. Un nouveau protocole d’essai a été déposé à l’ANSM[12].

En 2022, Hemo2life a obtenu le marquage CE permettant d'utiliser ce produit en Europe[13].

HEMHealing[modifier | modifier le code]

Un patient brûlé gravement a été traité en 2023 au CHU de Nantes avec un pansement de la société Hemarina. Sa cicatrisation a été plus rapide et plus satisfaisante qu'avec un pansement classique[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Les vers marins, donneurs universels du sang du futur », sur LExpress.fr, (consulté le )
  2. Loïc Mangin, « Un ver marin contre la détresse respiratoire », sur pourlascience.fr, .
  3. (en) Morgane Rousselot, Eric Delpy, Christophe Drieu La Rochelle, Vincent Lagente, Ralph Pirow, Jean-François Rees, Agnès Hagege, Dominique Le Guen, Stéphane Hourdez, Franck Zal, « Arenicola marina extracellular hemoglobin: a new Promising blood substitute », Biotechnol J., vol. 1, no 3,‎ , p. 333-345 (DOI 10.1002/biot.200500049).
  4. « Transplantation d'organes : Hémarina lève 8 millions d'euros », sur La Tribune (consulté le )
  5. Tony Le Gall, Valérie Polard, Morgane Rousselot et Auréline Lotte, « In vivo biodistribution and oxygenation potential of a new generation of oxygen carrier », Journal of Biotechnology, vol. 187,‎ , p. 1–9 (ISSN 1873-4863, PMID 25034433, DOI 10.1016/j.jbiotec.2014.07.008, lire en ligne, consulté le )
  6. « Le premier homme à se faire greffer un deuxième visage a bénéficié de l'hémoglobine de ver marin », sur Sciences et Avenir (consulté le )
  7. Hélène Pédech, « Des vers marins pour augmenter la réussite des greffes de rein », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  8. (en) Raphael Thuillier, Eric Delpy, Xavier Matillon et Jacques Kaminski, « Preventing acute kidney injury during transplantation: the application of novel oxygen carriers », Expert Opinion on Investigational Drugs, vol. 28, no 7,‎ , p. 643–657 (ISSN 1744-7658, PMID 31165652, DOI 10.1080/13543784.2019.1628217, lire en ligne, consulté le )
  9. « Dix patients vont tester la molécule Hemo2Life d'Hemarina issue d'un ver marin. », L'Usine Nouvelle,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. « Covid-19 : un essai clinique avec du sang de ver marin va enfin pouvoir commencer », sur France 3 Bretagne (consulté le )
  11. « Covid-19 : interruption de l'essai clinique avec du sang de vers marins », sur France 3 Bretagne,
  12. « Hemarina reprend la lutte contre le Covid-19 avec un nouveau test de sa molécule issue de ver marin », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  13. « Un produit de conservation des greffons à base d'un ver marin obtient le marquage CE : La société morlaisienne Hemarina va pouvoir vendre son innovation en Europe », sur France 3 Bretagne (consulté le )
  14. « "La cicatrisation a été spectaculaire avec ce pansement". Un grand brûlé sauvé grâce à du sang de ver marin », sur France 3 Bretagne, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]