Heim (toponyme)

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Le mot allemand Heim (prononcé /haɪ̯m/), correspondant au “home” anglais, est un équivalent du mot français « maison » au sens de « foyer »[1]. C'est aussi un appellatif toponymique (suffixé) utilisé dans de nombreux noms de localités d'Allemagne, d'Autriche, et en France, d'Alsace et de Lorraine thioise, comme dans Altheim et Bergheim.

Phonétique[modifier | modifier le code]

Le h graphique initial est une consonne prononcée [h] et le graphe ei représente la diphtongue [aʲ] (éventuellement [eʲ] dans certains dialectes).

En revanche, l'allemand standard n'admet pas d'exception : le h graphique y est toujours articulé : DeidesHeim.[pas clair]{{|}}

Signification[modifier | modifier le code]

Le s précédent heim indique l'appartenance dans les types toponymiques germaniques les plus récents[pas clair], comme le ’s en anglais (génitif saxon) : « maison de … »

Par exemple, dans le cas de Fegersheim (Bas-Rhin), le nom se décompose en Feger|s|heim, interprété par étymologie populaire comme « maison du balayeur », mais Feger est peut-être à l'origine un nom de personne : Fagher[2]), comme dans Andol|s|heim (Ansulfisheim en 768[2]), « maison d'Ansulf »[2], Mol|s|heim, « maison de *Mol ».

Dans le cas d'Ohnenheim, l'étymologie populaire interprète ce nom comme ohne Heim (« sans foyer »), mais Ohnen- représente peut-être en réalité l'anthroponyme germanique Ono, malgré l'absence du -s- génitif.

Toponymes apparentés[modifier | modifier le code]

Cette structure (anthroponyme suivi de -heim) se trouve aussi en néerlandais et en flamand (-hem), en anglais (-ham).

On la trouve aussi en France dans des régions de langue d'oïl qui ont été marquées par des influences germaniques, notamment en Normandie (-ham : Calvados : Ouistreham, Étréham, etc.) / -hem / -an / -ain (Calvados : Surrain, Surreheim en 1225).

On trouve aussi ces termes devenus des noms autonomes, parfois précédés de l'article défini masculin : Le Ham (Manche, Calvados, Mayenne), Le Hamel (Normandie, Picardie) (d'où vient le français « hameau »), parfois sans article : Ham (Picardie, Belgique, Lorraine).

Le toponyme -heim en France[modifier | modifier le code]

-heim en France (bleu).

En Alsace[modifier | modifier le code]

Bien que le [h] soit prononcé traditionnellement dans les toponymes alsaciens, il a tendance à s'amuïr dans la bouche des locuteurs francophones, aussi bien dans Hœnheim que dans Lingolsheim. Les Alsaciens francophones ne prononcent le [h] dans heim que lorsque celui-ci n'est pas précédé d'un [s].

En alsacien, le heim suivant un s est simplifié en -he : « Molsheim » devient Molshe. Là encore, le h ne se prononce pas [h], mais est devenu muet [ɸ].

En Lorraine[modifier | modifier le code]

En Lorraine mosellane, huit localités sont concernées : Fleisheim, Hilbesheim, Lengelsheim, Lixheim, Mittersheim, Vescheim, Vieux-Lixheim et Weidesheim.

Mais certaines localités anciennement en -heim sont aujourd'hui francisées ou ont pris une forme différente au fil du temps (-om, -em). On peut citer[3],[4] : Many (anciennement Niderheim), Manom (Monheim), Cattenom (Kettenheim), Bréhain-la-Ville (Breheim), Achain (Escheim), Dalhain et Dalem (Dalheim), Fixem (Fuxheim / Fixheim), Bibiche (Binerssheim), etc.

Sur le plan dialectal, en francique lorrain, -heim adopte différentes formes selon les localités.

Dans la zone du francique rhénan, on trouve la forme -um[5] : Lixhum pour Lixheim, Hilshum pour Hilbesheim et Weschum pour Vescheim.

Dans cette même zone linguistique[pas clair], si heim est juste après un [s], parfois il disparaît (comme en alémanique d'Alsace)[5] : Mittesch pour Mittersheim et Lengelse pour Lengelsheim.

Dans la zone du francique mosellan et du luxembourgeois, -heim devient -em.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Et non pas au sens de « bâtiment », Haus.
  2. a b et c Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, Paris, Librairie Guénégaud, (ISBN 2-85023-076-6)
  3. Ernest de Bouteiller, Dictionnaire topographique de l'ancien département de la Moselle, rédigé en 1868 sous les auspices de la Société d'archéologie et d'histoire de la Moselle, Paris, Imprimerie nationale
  4. Henri Lepage, Dictionnaire topographique du département de la Meurthe, Paris, Imprimerie impériale, 1862
  5. a et b Geoplatt