Ha-shima

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Hashima (île))

Ha-shima / Gunkan-jima
端島 / 軍艦島 (ja)
Vue aérienne de Ha-shima en 2008.
Vue aérienne de Ha-shima en 2008.
Géographie
Pays Drapeau du Japon Japon
Archipel Archipel japonais
Localisation Mer d'Amakusa (mer de Chine orientale)
Coordonnées 32° 37′ 40″ N, 129° 44′ 18″ E
Superficie 0,063 km2
Géologie Île continentale artificialisée
Administration
Statut Patrimoine mondial Patrimoine mondial (2015, Sites de la révolution industrielle Meiji au Japon)

Préfecture Nagasaki
Démographie
Population Aucun habitant (2014)
Autres informations
Découverte Préhistoire
Fuseau horaire UTC+09:00
Site officiel www.gunkanjima-nagasaki.jpVoir et modifier les données sur Wikidata
Géolocalisation sur la carte : préfecture de Nagasaki
(Voir situation sur carte : préfecture de Nagasaki)
Ha-shima / Gunkan-jima
Ha-shima / Gunkan-jima
Géolocalisation sur la carte : Japon
(Voir situation sur carte : Japon)
Ha-shima / Gunkan-jima
Ha-shima / Gunkan-jima
Îles au Japon

Ha-shima (端島, Hashima?), aussi appelée Gunkan-jima (軍艦島?), est une île du Japon située dans la préfecture de Nagasaki à moins de vingt kilomètres au sud-ouest de la ville du même nom.

Après la découverte d'un gisement houiller en 1887, l'île accueille progressivement une mine puis une ville où résident les employés. La population croît fortement au point d'en faire l'un des lieux les plus densément peuplés au monde. La baisse de l'activité minière provoque le départ des derniers habitants en 1974, qui abandonnent l'île et ses infrastructures aux intempéries. Il s'agit depuis d'une ville fantôme[1], parfois qualifiée d'« île fantôme[2] ».

L'île fait partie des sites de la révolution industrielle Meiji au Japon : sidérurgie, construction navale et extraction houillère classés au patrimoine mondial.

Toponymie[modifier | modifier le code]

Ha-shima (端島, Hashima?) est aussi appelée Gunkan-jima, voire Gunkan-shima (軍艦島, Gunkanjima?, littéralement « île navire de guerre »). Ce surnom provient de sa ressemblance avec les cuirassés de la classe Tosa[3],[4].

Géographie[modifier | modifier le code]

Carte d'Ha-shima montrant ses agrandissements successifs.

Localisation[modifier | modifier le code]

Ha-shima est située dans le sud du Japon, sur la côte occidentale de l'île de Kyūshū. Elle est entourée par les îles Nakano-shima et Takashima au nord-est, les rochers Mitsuse au sud-est et par la péninsule de Nomo (en) à l'est et au sud. Ha-shima est baignée par la mer d'Amakusa, une petite portion de la mer de Chine orientale qui appartient à l'océan Pacifique et qui borde également la ville de Nagasaki dont elle est distante de moins de vingt kilomètres.

Administrativement, l'île appartient à la préfecture de Nagasaki.

Relief[modifier | modifier le code]

L'île originelle avait une forme allongée orientée nord-est - sud-ouest. Cette forme générale a été maintenue malgré les agrandissements qu'elle a subis entre 1899 et 1931. Depuis cette date, Ha-shima mesure 480 mètres de longueur pour 160 mètres de largeur, soit 6,3 hectares de superficie.

Le centre de l'île conserve son relief d'origine sous la forme de rochers escarpés. À ses pieds ont été aménagés des espaces plats ceinturés par des digues et des quais formant le littoral.

Constructions[modifier | modifier le code]

Ha-shima était une mine de houille et accueillait donc toutes les infrastructures nécessaires à cette activité. En surface, l'île était couverte d'immeubles abritant des habitations, des écoles, des commerces, des services, l'administration de la mine, un hôpital, etc.

Entre ces bâtiments étaient aménagés des espaces de circulation sous la forme d'allées et d'escaliers, des aires de jeu pour les enfants.

Ainsi, l'île était entièrement urbanisée, ses côtes étant formées par des quais et des digues.

Histoire[modifier | modifier le code]

Exploitation minière[modifier | modifier le code]

En 1810, un important gisement de houille est découvert sur l'île alors inhabitée. Celle-ci est achetée en 1890 par le conglomérat japonais Mitsubishi qui exploite cette ressource et installe ainsi sur Ha-shima la main-d'œuvre nécessaire.

Le site fut le théâtre de crimes de guerre durant la Seconde Guerre mondiale : alors que la Corée est sous occupation japonaise, 800 travailleurs forcés coréens sont envoyés sur l'île. Plus de 120 y sont morts et ceux tentant de s'échapper étaient soumis à des tortures extrêmes selon le rapport d'une commission d’enquête gouvernementale, publié en 2012[5]. Le Japon n'a jamais présenté d'excuses officielles ni dédommagé les victimes[6].

Après la guerre, la population augmente rapidement au point qu'en 1950, elle atteint 5 300 habitants pour 6,3 hectares de superficie, soit une densité de 83 500 hab/km2. Ces chiffres augmentent encore pour culminer à 84 100 hab/km2 pour l'ensemble de l'île et 139 100 hab/km2 pour le quartier des habitations en 1959. C'est alors une des plus fortes densités de population enregistrées au monde[7],[8].

Ha-shima connaît ensuite un déclin rapide avec le remplacement de la houille par le pétrole comme principale source d'énergie dans l'économie japonaise. L'activité des puits diminue au point que les derniers habitants sont évacués en 1974[3]. Les conditions climatiques, notamment le passage des typhons, accélèrent le délabrement des bâtiments et des installations minières abandonnés[9].

Tourisme[modifier | modifier le code]

L'île est jugée dangereuse et interdite d'accès jusqu'en 2009. Depuis, un bateau assure la liaison vers Ha-shima et la municipalité de Nagasaki a réalisé des travaux pour un montant de 100 millions de yens afin d'accueillir des touristes[10]. En 2011, 235 000 personnes ont suivi la visite guidée de l'île qui est limitée à un parcours aménagé[11].

Outre des touristes, d'anciens habitants ont pu y retourner pour la première fois depuis leur départ.

En 2009, le Japon demande l'inscription de l'île au patrimoine de l'humanité, liste de biens établie par le comité du patrimoine mondial de l'Unesco[3]. L'initiative est critiquée en Corée du Sud en raison de l'exploitation de travailleurs coréens sur le site industriel pendant la Seconde Guerre mondiale[12],[13],[14].

L'inscription de Ha-Shima ainsi que de 22 autres sites témoignant de la révolution industrielle japonaise a finalement lieu en 2015 sous la dénomination « Sites de la révolution industrielle Meiji au Japon : sidérurgie, construction navale et extraction houillère[15] ».

En , la numérisation des lieux est effectuée par Google et rendue accessible le mois suivant sur Google Street View[16].

Dans la culture[modifier | modifier le code]

Vue de Ha-shima en 2010.

Cinéma et télévision[modifier | modifier le code]

Ha-shima est présente dans plusieurs films et reportages. Elle apparaît dans un épisode de la série de docufiction Life After People, diffusé en 2009 par la chaîne de télévision américaine History[17].

Attiré par ses vestiges architecturaux, l'artiste français Louidgi Beltrame y tourne en 2010 un film intitulé Gunkanjima[18].

Le réalisateur français Aurélien Vernhes-Lermusiaux conçoit en 2012 une installation interactive immersive intitulée L'Empire dont la totalité des images est tournée sur l'île[19],[20].

Skyfall (2012), le 23e film de la série James Bond, réalisé par Sam Mendes, contient des vues générales de l'île[11].

L'île inspire également Christopher Nolan pour Inception en 2010, le décor étant reconstitué numériquement à partir de scènes filmées au Maroc[21].

En 2015, l'île sert de lieu de tournage pour le film live du manga L'Attaque des Titans[22].

Le film sud-coréen Battleship Island (2017), réalisé par Ryoo Seung-wan, raconte l'histoire des travailleurs forcés coréens envoyés sur l'île pendant la Seconde Guerre mondiale, précisément sous l'occupation japonaise de la Corée[23].

Littérature[modifier | modifier le code]

Montage, un manga de Jun Watanabe (ja) publié depuis 2010, se déroule partiellement sur l'île[24].

Le webcomic Atomic Robo (en) en fait la base secrète d'un des ennemis de Robo[25].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Vincent Joly, « Dans le cœur vide des villes fantômes  », Le Figaro Magazine,‎ semaine du 13 décembre 2013, p. 56-61.
  2. France Culture Hashima île fantôme
  3. a b et c (en) Yasuhiko Kawamoto, « Deserted 'Battleship Isle' may become heritage ghost ship », The Japan Times, (consulté le ).
  4. (en) Kerry Mcqueeney, « The most desolate city on Earth: Take a tour of the ghostly Battleship Island crumbling into the sea off the coast of Japan », Daily Mail, (consulté le ).
  5. (en) Kim Bo-eun, « Hashima ― forgotten island of tragedy », The Korea Times, (consulté le ).
  6. Annabelle Georgen, « Ha-shima, l'île fantôme qui fait tache dans l'histoire du Japon », sur Slate.fr,
  7. (en) « Japan's 007 island still carries scars of wartime past », sur CNN, (consulté le ).
  8. Aude de Tocqueville, Atlas of Lost Cities: A Travel Guide to Abandoned and Forsaken Destinations, Hachette, (lire en ligne).
  9. François Bougon, « Hashima, l'illusion d'une île », sur www.lemonde.fr, M le magazine du Monde, (consulté le ).
  10. Reiji Yoshida, « 'Warship Island' open to tourists once more », The Japan Times, (consulté le ).
  11. a et b (en) Andrew Bender, « The Mystery Island From 'Skyfall' And How You Can Go There », Forbes, (consulté le ).
  12. « Hashima (ou « Gunkanjima »), une ville fantôme insulaire », sur www.voyageurs-du-net.com (consulté le ).
  13. (en) Justin McCurry, « Battleship Island – a symbol of Japan's progress or reminder of its dark history? », sur the Guardian, (consulté le ).
  14. (en) « Japan Attempts to Put Island Where Koreans Were Worked to Death on World Heritage List », Dong-a Ilbo, (consulté le ).
  15. UNESCO Centre du patrimoine mondial, « Sites de la révolution industrielle Meiji au Japon : sidérurgie, construction navale et extraction houillère », sur whc.unesco.org (consulté le ).
  16. Maxime Bourdier, « Vidéos, photos. Google Street View : l'île de Skyfall et Inception, Hashima, peut être visitée virtuellement », sur www.huffingtonpost.fr, (consulté le ).
  17. (en) Umiko Sasaki, « Spelunking in Japan »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), USA Today, .
  18. Frédéric Bonnet, « Paroles d’artiste : Louidgi Beltrame », Le Journal des arts, (consulté le ).
  19. « Aurélien Vernhes-Lermusiaux », Ososphère (consulté le ).
  20. Sylvie Rollet, « L'Empire », sur panorama14.lefresnoy.net (consulté le ).
  21. (en) Jim Mann, « Hashima Island, inspiration for production designs in Skyfall and Inception - now on Google Streetview », sur jim-mann.com, (consulté le ).
  22. « L’Attaque des Titans : nouvelles informations sur le film live ! », sur www.manga-news.com (consulté le ).
  23. (en) Pierce Conran, « Period Escape Action-Drama Co-Stars SO Ji-sub and SONG Joong-ki », sur Korean Film Biz Zone, (consulté le ).
  24. « Le casse des 300 millions de yens en manga », sur www.japoninfos.com (consulté le ).
  25. « Volume 6, Two Faces of Tomorrow »

Annexes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]