Equus hemionus hemippus

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Âne sauvage de Syrie

L’âne sauvage de Syrie, onagre de Syrie ou encore Hémippe était une sous-espèce du genre Equus et une sous-espèce d’Equus hemionus décrite par Saint-Hilaire.

Description[modifier | modifier le code]

Hémippe galopant au jardin zoologique de Schönbrunn en 1915

L'hémippe, haut d'un mètre au garrot[1], était le plus petit équidé et il ne pouvait pas être domestiqué[2]. Sa coloration changeait avec les saisons : un pelage olive fauve pour les mois d'été et jaune sable pâle pour l'hiver[1],[3]. Il était connu, comme les autres onagres, pour être indomptable et était comparé à un cheval pur-sang pour sa beauté et sa force[2].

Répartition et habitat[modifier | modifier le code]

L'hémippe vivait en Irak, Syrie, Palestine, Jordanie et dans péninsule arabique. Son biotope était constitué de déserts, semi-déserts, prairies arides et steppes de montagne.

Écologie et comportement[modifier | modifier le code]

Régime[modifier | modifier le code]

L'âne sauvage de Syrie était un brouteur. Il se nourrissait d'herbes, de feuilles, d'arbustes ou de branches d'arbres.

Prédation[modifier | modifier le code]

Les ânes sauvages syriens étaient la proie des lions asiatiques, des léopards d'Arabie, des hyènes rayées, des ours bruns de Syrie, des loups d'Arabie et des tigres de la Caspienne. Les guépards asiatiques et les chacals dorés ont pu également avoir chassé leurs poulains.

Relation avec les humains[modifier | modifier le code]

Préhistoire[modifier | modifier le code]

Les os d'un âne sauvage syrien ont été identifiés sur un site archéologique datant de 11 000 ans à Göbekli Tepe, en Turquie[4]. L'écriture cunéiforme du troisième millénaire avant notre ère rapporte la chasse d'un « équidé du désert » (anše-edin-na), apprécié pour sa viande et sa peau, qui pourrait avoir été E. h. hemippus[5]. Bien que les ânes sauvages syriens n'aient pas été eux-mêmes domestiqués, un centre d'élevage important à Tell Brak a produit un hybride de l'âne sauvage et de l'âne, appelé kunga, qui était un animal de trait d'une grande valeur économique et symbolique pour l'élite de la Syrie et de la Mésopotamie[5],[6],[7].

Sumer et les Kúnga[modifier | modifier le code]

Le kunga, hybride d'un hémippe mâle et d'une ânesse domestique, le premier hybride d'élevage, a été utilisé comme animal de trait en Mésopotamie de 2600 avant notre ère à l'arrivée du cheval à la fin du IIIe millénaire.

Ils apparaissent dans des inscriptions cunéiformes et leurs ossements se trouvent dans des sépultures du troisième millénaire avant notre ère. La taille de ces hybrides, plus grande que les exemples modernes des deux espèces parentales, a conduit à supposer que les ânes sauvages syriens utilisés historiquement dans l'élevage du kunga étaient de plus grande taille que les individus observés dans les populations sauvages des 18e et 19e siècle[5].

Antiquité[modifier | modifier le code]

Assyriens capturant un âne sauvage au VIIe siècle avant notre ère

L'art assyrien du 7e siècle avant notre ère trouvé à Ninive révèle une scène de chasse dans laquelle des chasseurs capturent des hémippes avec des lassos.

Xénophon d'Athènes mentionne les ânes sauvages syriens dans son Anabase datant d'environ 370 avant notre ère. Il rapporte qu'ils étaient les animaux les plus couramment rencontrés en Syrie avec les autruches, les outardes et les gazelles. Xénophon déclare que les cavaliers chassaient parfois les ânes, ces derniers pouvant facilement distancer les chevaux. Il a dit que les ânes ne courraient que sur une courte distance devant les chevaux avant de s'arrêter, d'attendre que les chevaux se rapprochent, puis de courir devant encore une fois. Il a décrit les ânes comme impossibles à attraper sans une planification minutieuse. Xénophon a également raconté que la viande des ânes avait le goût d'une version plus tendre de la venaison.

On pense que cela pourrait être « l'âne sauvage » qu'Ismaël a été prophétisé comme étant dans la Genèse de l'Ancien Testament. Des références apparaissent également dans les livres de l'Ancien Testament sur Job, les Psaumes, Jérémie et le Deutérocanonique de Siracide[8]. Le Coran, le principal livre de l'islam, dans la sourate al-Muddaththir, fait référence à une scène d'ḥumur (arabe : حُـمـر, « ânes » pluriel de حمار) fuyant une qaswara (arabe : قَـسـورة , 'Lion'), pour critiquer les personnes qui s'opposaient aux enseignements de Mahomet, comme soutenir le bien-être des moins riches.

Hybrides ultérieurs[modifier | modifier le code]

En plus du kunga de l'âge du bronze, quelques hybrides modernes ont été produits par le zoo de Londres à la fin du 19e siècle. En 1878, un âne sauvage syrien a été croisé avec un âne sauvage indien (une sous-espèce différente), et en 1883 un croisement inter-espèces entre un mâle âne sauvage syrien et une femelle âne sauvage abyssin a produit un poulain qui était coloré comme le père, et décrit comme « un bel animal » mais « vicieux et indomptable »[9].

Extinction[modifier | modifier le code]

Illustration de 1869

Les voyageurs européens au Moyen-Orient au cours des 15e et 16e siècle ont rapporté avoir vu de grands troupeaux[8]. Cependant, leur nombre a commencé à décroitre fortement au cours des 18e et 19e siècle, en raison d'une chasse excessive. Son existence a été mise en péril par les combats de la Première Guerre mondiale. Le dernier spécimen sauvage connu a été abattu en 1927 à al-Ghams près de l'oasis d'Azraq en Jordanie et le dernier spécimen captif est mort la même année au jardin zoologique de Schönbrunn, à Vienne[10].

Remplacement[modifier | modifier le code]

Après l'extinction de l'âne sauvage syrien, l'onagre persan d'Iran a été choisi comme sous-espèce appropriée pour repeupler le Moyen-Orient en remplacement d'E. h. hemippus. L'onagre de Perse a ensuite été introduit dans les aires protégées d'Arabie saoudite et de Jordanie. Il a également été réintroduit, avec le kulan turkmène, en Israël, où ils produisent tous deux des hybrides d'ânes sauvages dans les montagnes du Néguev et la réserve de Hai Bar.

Espèces apparentées[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Francis Harper, Extinct and Vanishing Mammals of the Old World, New York, American Committee for International Wild Life Protection, , 367–371 p. (LCCN 46000560, hdl 2027/mdp.39015023915971 Accès libre, lire en ligne)
  2. a et b Samuel Sidney, The Book of the Horse, Cassell & Co. Ltd., (lire en ligne), 180
  3. Mazin B. Qumsiyeh, Mammals of the Holy Land, Texas Tech University Press, (ISBN 0-89672-364-X, lire en ligne Inscription nécessaire), 191 — syrian wild ass
  4. James Gorman, « The kunga was a status symbol long before the thoroughbred », New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. a b et c E. Andrew Bennett, Jill Weber, Wejden Bendhafer, Sophie Chaplot, Joris Peters, Glenn M. Schwartz, Thierry Grange et Eva-Maria Geigl, « The genetic identity of the earliest human-made hybrid animals, the kungas of Syro-Mesopotamia », Science Advances, vol. 8, no 2,‎ , eabm0218 (PMID 35030024, DOI 10.1126/sciadv.abm0218, S2CID 245963400)
  6. Rita Dolce, « Equids as Luxury Gifts at the Centre of Interregional Economic Dynamics in the Archaic Urban Cultures of the Ancient Near East », Syria: Archéologie, Arte et Histoire, vol. 91, no 91,‎ , p. 55–75 (DOI 10.4000/syria.2664)
  7. Jill A. Weber et Mark Beech, Archaeozoology of the Near East, Oxford, Oxbow Books, , 340–352 p., « Elite equids 2: seeing the dead »
  8. a et b Botterweck, G. Johannes, Ringgren, Helmer et Fabry, Heinz-Josef, Theological Dictionary of the Old Testament, vol. 12, Wm. B. Eerdmans Publishing, , 73–76 p. (ISBN 0-8028-2336-X, lire en ligne).
  9. Annie P. Gray, Mammalian Hybrids: A checklist with bibliography, Farnham Royal, England, Commonwealth Agricultural Bureaux, , 49, 55-56 (lire en ligne)
  10. Maas, Peter, « Equus hemionus hemippus » [archive du ], The Extinction Website (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]