Gustav Weißkopf

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Gustave Whitehead
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Gustav Weißkopf (né le à Leutershausen en Bavière, mort le à Bridgeport dans le Connecticut), est un pionnier américain de l'aviation d'origine allemande.

Gustav Weißkopf émigre aux États-Unis en 1893 et transforme son nom en Gustave Whitehead. Entre 1897 et 1915, il a conçu des planeurs, des machines volantes et des moteurs, après quoi il entra dans un relatif anonymat[1].

Depuis les années 1980, des amateurs d'aviation reproduisent des « Whitehead N°21 » à partir des plans qu'il a laissés, et ont réussi à en faire voler (en utilisant des moteurs et des hélices modernes).

On n'a jamais trouvé de photographie d'un vol réussi de Whitehead. En 2013, l'historien John Brown déclare en avoir trouvé une montrant une machine de Whitehead réalisant un vol motorisé[2]. Peu après, l'historienne Carroll Gray démontre que la photographie représente un planeur California de John Joseph Montgomery en 1905, écartant l'hypothèse de Brown[3].

Quelques auteurs avancent que Whitehead a réussi à effectuer un vol motorisé, le [4]. Cette thèse repose sur des articles de presse de 1901, et sur des témoignages recueillis en 1937 par une journaliste, Stella Randolph[5]. Que les coupures de presse reprennent vraisemblablement toutes un même article du Bridgeport Herald du [6], et que les témoignages recueillis par Randolph l'ont été au minimum trente-cinq ans après les faits présumés, rend la thèse difficile à établir[7].

Si le vol du était prouvé, cela ferait de Whitehead le premier homme à avoir réussi un vol motorisé et contrôlé. Ce vol prendrait la place de celui des frères Wright du , que la plupart des historiens de l'aéronautique jugent suffisamment vraisemblable et reconnaissent aujourd'hui comme le premier du genre.

En 1978, un pamphlet publié en Allemagne affirme que Weißkopf/Whitehead a été victime d'une cabale d'Orville Wright et de la Smithsonian Institution pour empêcher le monde de la recherche de reconnaître son apport à l'histoire de l'aviation, et l'antériorité de ses vols par rapport à ceux des Wright[8]. Un des auteurs, William O'Dwyer, présente une convention passée entre les Wright et l'Institution en 1948 comme le verrou à faire sauter pour entraîner la reconnaissance de Whitehead[9]. La Smithsonian Institution a continuellement répondu que la véracité des vols de Whitehead n'était pas suffisamment étayée, et qu'en cas de preuves, l'accord en question n'empêcherait pas de les reconnaître[7].

Le vol présumé du 14 août 1901[modifier | modifier le code]

Dessin du supposé premier vol en août 1901, sur la page 5 du Bridgeport Herald du 18 août 1901.

Les premières mentions de ce vol sont un article de presse écrit comme un reportage, paru dans le Bridgeport Herald du . Il est fait état d'un vol motorisé qui aurait été réalisé avec succès dans le Connecticut le [10]. L'article anonyme est accompagné d'un dessin qui représente l'engin en vol. Les propos de l'article de l’Herald sont repris au fil du mois d'août par le New York Herald, le Boston Transcript et le Washington Times, puis par de nombreux articles aux États-Unis les mois suivants[6].

Trois décennies plus tard, la journaliste américaine Stella Randolph prend connaissance de ces nombreux articles. Elle cherche des témoins pour établir que Whitehead a réalisé des vols motorisés dès 1901, et rassemble onze affidavit (déclarations sous serment). Elle les fait paraître en 1937 dans Lost Flights of Gustave Whitehead[5].

En 1945, Joseph Nathan Kane, animateur de l'émission radiophonique "Famous Firsts", interviewe Charles Whitehead en tant que fils du premier homme à avoir volé. L'idée que Gustave Whitehead fut le premier à voler est alors reprise dans des articles du magazine Liberty et du Reader's Digest, au large lectorat[11]. Face à l'ampleur que prend la rumeur, Orville Wright écrit une déclaration où il s'emploie à démontrer que les exploits présumés de Whitehead ne sont pas vraisemblables. Intitulée "The Mythical Whitehead Flight" (« le mythe du vol de Whitehead »), elle paraît en août 1945 dans le mensuel US Air Services[12].

Galerie[modifier | modifier le code]

Honneur[modifier | modifier le code]

L'astéroïde (63498) Whitehead est nommé en son honneur[13].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Fiche biographique de Gustave Whitehead sur le site Aerophiles.com
  2. John Brown, "Gustave Whitehead - Pioneer Aviator", 2013.
  3. "Update # 5: The Photographs - Whitehead Aloft They Are Not" Flyingmachines.org
  4. Il s'agit essentiellement de trois auteurs, non historiens :
    • Stella Randolph, journaliste, a écrit :
      • Stella Randolph, Lost Flights of Gustave Whitehead, Places, Inc.,
      • Stella Randolph, The Story of Gustave Whitehead, Before the Wrights Flew, G.P. Putnam's Sons,
    • William O'Dwyer, Major de la Royal Air Force, a co-écrit le troisième livre de Stella Randolph :
      • William O'Dwyer et Stella Randolph, History by Contract, Fritz Majer & Sohn, , 344 p. (ISBN 3-922175-00-7)
    • Susan O’Dwyer Brinchman, fille de William O'Dwyer, qui a écrit :
      • Susan O’Dwyer Brinchman, Gustave Whitehead : First in Flight, Apex Educational Media, , 432 p. (ISBN 978-0-692-43930-2)
  5. a et b Stella Randolph, Lost Flights of Gustave Whitehead, Places, Inc.,
  6. a et b Archives de la Library of Congress mentionnant mentionnant Gustave Whitehead via le service Chronicling America.
  7. a et b Douglas Malan, The Man Who Would Be King: Gustave Whitehead and the battle with the Smithsonian, 2005, Flyingmachines.org
  8. William O'Dwyer et Stella Randolph, History by Contract, Fritz Majer & Sohn, , 344 p. (ISBN 3-922175-00-7)
  9. L'accord en question, révélé en 1978, définit les conditions sous lesquelles le Wright Flyer est concédé, en 1948, à la Smithsonian Institution par Orville Wright. Avant cela, l'institut de recherche jugeait que le premier engin à avoir réalisé un vol motorisé était l’Aerodrome de Samuel Pierpont Langley. Celui-ci avait échoué à voler en octobre 1903 mais la Smithsonian l'avait fait modifier par Glenn Curtiss, jusqu'à ce qu'il parvienne à voler en 1914. Elle l'avait alors présenté rétrospectivement, en mentionnant la date d'octobre 1903, comme le premier engin conçu "capable" de voler. Elle écartait ainsi de la première place le Flyer et son vol de décembre 1903, par un procédé que les Wright jugeaient malhonnête. Le Smithsonian le reconnut en 1942, ce qui a convaincu Orville Wright de faire rapatrier le Flyer du Science Museum de Londres pour en faire don à la Smithsonian. Un texte est signé en 1948, à la mort d'Orville Wright. Il s'agit d'un accord dans lequel la Smithsonian, eu égard au différend qui l'avait opposé à Orville Wright au sujet de l’Aerodrome de Langley, s'engage alors à faire exposer le Wright Flyer comme le seul premier engin plus lourd que l'air par lequel un vol contrôlé et motorisé a pu être effectué.
  10. Page 5 de l'édition du Bridgeport Herald datée du 18 août 1901.
  11. Howard, Fred (1998). Wilbur and Orville: A Biography of the Wright Brothers. Courier Dover Publications. p. 437. (ISBN 0-486-40297-5).
  12. "Orville Wright in US Air Service, August 1945, p.9" Gustave Whitehead - Pioneer Aviator.
  13. « (63498) Whitehead = 2001 OQ65 », WGSBN Bulletin, vol. 3, no 13,‎ , p. 17 (lire en ligne).

Sources[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]