Guillaume du Merle VIII

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Guillaume du Merle VIII

Titre Baron de Messei
Allégeance Royaume de France
Grade militaire Capitaine général
Conflits Guerre de Cent Ans, Grande Jacquerie
Faits d'armes Défense de Domfront, bataille de Mello, poursuite de Geoffroy d’Harcourt, bataille d’Ecausseville, lutte contre les grandes compagnies
Biographie
Nom de naissance du Merle
Naissance avant 1330
Décès
Père Guillaume du Merle, baron de Messei, seigneur du Merle, de Couvrigny etc.
Mère Jeanne de Mathefelon

Image illustrative de l’article Guillaume du Merle VIII
Sceau avec vol banneret et couronne ducale, attributs des gouverneurs de province - blason Armorial Lebreton (13e s.)

Guillaume du Merle[1], petit-fils du maréchal Foucaud du Merle, est un chevalier normand du XIVe siècle, baron de Messei, capitaine général et bailli du Cotentin. chef de guerre contre les Grandes Compagnies et les Anglais en Normandie, décrit comme un des plus vaillants capitaines du dauphin Charles[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Épisodes navarrais[modifier | modifier le code]

Guillaume du Merle est tantôt aux côtés de Charles le Mauvais tantôt face à lui selon les changements d'alliance de ce dernier[3].

Il est ainsi cité en 1353 parmi les compagnons du Navarrais alors de retour en Normandie après sa violente querelle à la cour avec le connétable d’Espagne[4].

Trois ans plus tard, le Navarrais s'étant allié au roi d'Angleterre Édouard III, Guillaume du Merle tente vainement de faire face à leurs troupes à Domfront[5].

Peu après, alors que les Anglais viennent d'écraser les Français à Poitiers[6], Guillaume accompagne Robert de Clermont pour combattre Geoffroy d'Harcourt, allié du Navarrais, dont l'armée rebelle s'est implantée dans le Cotentin. Ils rejoignent d'autres troupes françaises pour anéantir le l'armée de Geoffroy d'Harcourt qui meurt bravement au passage des Veys[7].

Fin novembre 1357, Guillaume du Merle est de retour aux côtés du Navarrais que le dauphin, futur Charles V, a été contraint de libérer sous la pression des États Généraux. Il est présent dans la magnifique escorte de chevaliers qui accompagne le Navarrais lors de son entrée triomphale à Paris où ce dernier est très populaire [8].

Il est encore cité auprès du Navarrais le à la bataille de Mello menée contre les paysans de la Grande Jacquerie révoltés contre la noblesse et ses privilèges devenus intolérables depuis la défaite de Poitiers[9].

Face aux Anglais et aux Grandes Compagnies[modifier | modifier le code]

Écrasement de la jacquerie

En 1359, le dauphin nomme Guillaume du Merle capitaine de la ville et de la vicomté de Caen sur demande des bourgeois de la ville[10]. Il lutte dès lors[11] contre les Anglais et les Grandes Compagnies qui ravagent la province[12], notamment auprès de Bertrand du Guesclin qu’il remplace dans le Bessin[13] avant de le seconder en Basse-Normandie à partir de 1363.

Lutte contre les Grandes Compagnies

En , il bat les Anglais sous les murs du Merlerault puis à Ecausseville[14] quelques jours avant la victoire de du Guesclin à Cocherel la veille du couronnement du futur Charles V à Reims.

Peu après, il nettoie la région d’Argentan de concert avec le maréchal de La Ferté[15].

Nommé par le roi capitaine général[16] par deça la rivière de Saine en remplacement de du Guesclin, il est également bailli de Caen et du Cotentin avec pouvoir et autorité de garder et mener lesdits pays[17] et de pardonner, quitter et remettre tous crimes. Il affronte de nouveau les Grandes Compagnies, ce qui le conduit parfois à pendre ou noyer ses prisonniers pour cause qu’ils étaient excommuniés[18].

Il s'empare au début 1365 du fort de la Ramée avec le renfort d'Olivier de Mauny[19]. En mars, il applique dans sa région la trêve conclue entre les armées française et navarraise[20], puis pacifie le Cotentin et la région de Falaise dont il conquiert plusieurs forteresses. Il rétablit la paix en 1366 à Caen et à Saint-Lô[21]. Après avoir réapprovisionné une dizaine de forteresses, il assiège en mai le fort de Homme avec le sire de La Ferté[22] puis fait raser les forts non tenables au-delà de la Seine[23].

En juillet 1368, il est capturé dans une embuscade sur la route de la Roche-sur-Yon où il se rend sur ordre du roi pour faire lever le siège des Anglais[24]. Rapidement libéré contre une rançon acquittée par les bourgeois de Caen, il négocie en août le rachat de Vire occupée par les grandes Compagnies[25], en concertation avec le maréchal Mouton de Blainville.

En avril suivant, le roi le désigne à son trésorier parmi la quinzaine de gens d'armes à rémunérer... pour servir en nos présentes guerres[26].

En 1370, il réside dans la forteresse d’Exmes[27] dont il est capitaine. Il apparaît encore à une montre à Caen le accompagné d’une centaine de chevaliers, écuyers et archers.

. ........Armes du Merle

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. D'Hozier le dénomme "Guillaume II du Merle" dans son Armorial Général de France, Tome III, reg. 2, seconde partie. La numérotation VIII, d'usage plus récent, tient compte d'une filiation plus ancienne que celle adoptée par d'Hozier.
  2. Cf. Histoire générale ecclésiastique et civile du diocèse de Séez, Louis Pierre Hommey,1899.
  3. Charles le Mauvais, roi de Navarre, comte d'Évreux et beau-frère du roi de France Jean le Bon, revendiquait le trône de France et changea plusieurs fois d’alliances avec le dauphin, les Anglais et Étienne Marcel. Il se retournera en 1358 contre les Jacques quand la révolte parisienne tournera court
  4. Chef de la famillle d'Évreux, Charles de Navarre, était soutenu par la noblesse normande. Il était en conflit avec Charles de La Cerda, également prétendant et favori du roi, qui avait obtenu sa mise à l'écart. Leur algarade dans les appartements du roi se conclura par l'assassinat du connétable en janvier suivant. La présence de Guillaume du Merle est mentionnée par la Chronique des quatre premiers Valois (1327-1393) selon laquelle Charles et Philippe de Navarre s’en retournèrent en Normandie "accompagnés des seigneurs d'Harcourt, du comte de Namur, de Mgr de la Ferté, Mgr Guillaume du Melle" (à l'époque le nom "du Merle" pouvait être écrit "du Melle").
  5. Le Pays-Bas-normand, Société d'art et d'histoire, 1924, p. 35.
  6. Il fut probablement fait prisonnier par les Anglais à la bataille de Poitiers car il dut s'acquitter d'une rançon de deux cents écus que payèrent finalement les principaux habitants de Caen trois ans plus tard, le 3 septembre 1359.
  7. Selon la Chronique... op. cit., "Mgr Robert [de Clermont], Mgr le Baudrain de La Heuze et Mgr du Melle … entrèrent en clos de Costentin et poursuivirent les Navarrois... Adonc Mgr Godefroy de Harecourt… mist pié à terre et cuida que ceulx qui estoient à lui faissent comme lui.… Quant [il] vit de toutes parts ceulx de son parti fuir, il fit le signe de croix… Le Baudrain, Cleremont et les autres… [étaient] rangiés en bataille devant lui... Huit hommes...lui coururent sus …en la fin fut mort et occiz ledit monseigneur Godefroy de Harecourt".
  8. Selon la Chronique... op. cit., le roi de Navarre était "moult grandement accompagnié de nobles hommes comme monseigneur de Coussi, monseigneur l'eritier de Harecourt, monseigneur de Piquegny, monseigneur Amaury de Meullent, monseigneur du Melle..."
  9. La liste des gentilshommes de cette armée mentionnée par la Chronique... (op. cit.), commence par "monseigneur Louis de Harecourt, monseigneur de Piquegny, monseigneur d’Aubegny, le baron de Coussi, monseigneur Hue de Chasteillon, monseigneur de Roye, monseigneur Mathieu de Roye, monseigneur Raoul de Reneval, monseigneur de Preaulx, monseigneur Mouton sire de Blainville, le preux chevalier monseigneur de Buyville, monseigneur Guillaume du Melle..."'. Les chevaliers tuèrent 7 000 paysans pendant la bataille, puis exécutèrent 20 000 révoltés pendant les deux semaines suivantes.
  10. Alfred Coville, Les États de Normandie : leurs origines et leur développement au XIVe siècle, Impr. Nationale, 1894. Cf. également Gervais de La Rue, Mémoires d'antiquités locales et annales militaires, politiques et religieuses de la ville de Caen et de la Basse-Normandie, 1842. vol. 2, p. 225, qui qualifie également Guillaume du Merle de "grand bailli d'épée de la ville". L'Armorial Général de France, op. cit. , indique qu'il était "Capitaine de [la] ville et des chatel & vicomté de Caen" lors d'une montre du 11 décembre 1358.
  11. Guillaume du Merle est cité comme Grand bailli du Cotentin entre 1360 et 1368, avec permission de disposer de 40 archers pour sa garde. Il dispose à ce titre du pouvoir judiciaire sur les diocèses d’Avranches et de Coutances. Cf. La Chesnaye, Dictionnaire de la noblesse contenant les généalogies, l'histoire & la chronologie des familles nobles de France..., 1775, p. 69. Cf. aussi notice Wikipedia Cotentin.
  12. Il fait partie, en 1361, des négociateurs de l’évacuation par les Anglais des forteresses de Domfront, Messei, Condé-sur-Sarthe et d’autres lieux encore occupés malgré le traité de Brétigny. Cf. Gervais de La Rue, op. cit., p. 229 : "Le Bailli de Caen fait alors raser la forteresse de Quetiéville... [par] crainte de voir l'ennemi s'en emparer, et étendre plus facilement ses ravages. Guillaume et Jean du Merle, Jean de Tilly, Roger Suhart, Robert de Neuville, et un grand nombre d'autres Chevaliers, parcourent le pays et vont de place en place pour l'en expulser". Voir aussi Annuaire des cinq départements de l'ancienne Normandie, Association normande de Caen, 1908. Cette évacuation coûta vingt mille écus d'or.
  13. Selon Delisle dans Mandements no 97, les bailliages de Caen et du Cotentin dont Guillaume du Merle devint capitaine Général le 11 octobre 1364, étaient précédemment tenus par du Guesclin. À cette époque, selon Delisle, du Guesclin était assisté de chaque côté de la Seine par Guillaume du Merle et par Jean IV de Mauquenchy sire de Blainville. Cette date de nomination comme capitaine général est cependant contredite par Derache dans Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, volume 5, qui la situe quelques années plus tôt comme suit : "Guillaume du Merle, bailli de Caen et du Cotentin, eut ordre du roi, le 16 mai 1360, comme capitaine général et bailli de Caen et du Cotentin, de s'opposer aux gens qui pillaient, dérobaient et détruisaient le pays".
  14. Cf. Annuaire du Département de la Manche de 1895, p. 23, et Heinrich Denifle qui définit Guillaume du Merle comme "principal lieutenant de Du Guesclin" dans La désolation des églises, monastères et hôpitaux en France pendant la guerre de 100 ans, Picard, 1899.
  15. À partir du 12 juillet, Guillaume du Merle et le sire de La Ferté-Frênel, maréchal de Normandie, assiègent le château d’Echauffour qu'ils bombardent de quelque 3000 boulets, provoquant une reddition probablement hâtée par l’apparition de du Guesclin. Cf. Georges Bordonove, Charles V: le Sage, 1999, éditions Flammarion et Annales de Normandie de 1988, p. 45.
  16. Lettre patente données à Paris le 11 octobre 1364, contresignée U. de Beurs, le nommant capitaine général de tous les pays et lieux des bailliages de Caen et du Cotentin.
  17. Gervais de La Rue précise p. 235 que le roi ordonne alors à Guillaume du Merle de convoquer à Caen tous les Nobles du Grand Bailliage, et à Saint-Lo tous ceux du Cotentin, avec pouvoir de visiter tous les châteaux et forteresses et de faire prêter le nouveau serment de fidélité.
  18. Le Bulletin de la société des antiquaires de Normandie de 1932, Volumes 39 à 40, précise à propos de la prise du fort de la Ramée par Guillaume du Merle décrite plus loin, que "180 Anglais faits prisonniers, dont leur capitaine Hugues de Morville, furent noyés car ces brigands faisaient la guerre pour leur profit et avaient été excommuniées par le pape". Il faisait également "supplicier les chevaliers devenus des brigands". Cf. aussi Auguste Molinier, Chronique normande du XIVe siècle, 1882, p. 167 et 333, et Gervais de La Rue, op. cit., p. 219.
  19. Selon Léopold Delisle, "accompagné de quatre-vingt soldats et renforcé par Olivier de Mauny à la tête de soixante, Guillaume du Merle s'empare du fort de la Ramée utilisé par les Anglais pour piller la région. À pié...fut la besongne à merveille combattue... plus de la moitié des Engloiz mors en la place" (Léopold Delisle, Histoire du château et des sires de Saint-Sauveur-Le-Vicomte suivie de pièces justificatives, 1867, p. 137).
  20. Ces responsables étaient pour les diocèses de Rouen, Évreux, Lisieux, Sées, Bayeux, Avranches et Coutance Jean de La Ferté Fresnel et Claudin de Haranvilliers, maréchaux de Normandie, Guillaume du Merle, le sire de Tournebu et sept autres personnages.
  21. Selon D. Barbier dans sa notice sur Henry de Thiéville, de nombreuses compagnies de révoltés continuaient "à piller, rober et destruire le païs et noz subgiez". "Pour pitié et compassion", le roi donna l'"ordre à Guillaume du Merle, capitaine général de la Normandie, de se rendre à Caen et à Saint-Lô, avec une imposante armée afin de rétablir la paix". Voir aussi Hippolyte Sauvage, Les capitaines et gouverneurs du château de Saint Lo pendant la guerre de Cent ans, de 1337 à 1453, impr. A. Jacqueline (Saint Lo), 1902 ou encore Fiche no 0148 Maison O'mahony.
  22. Léopold Delisle, op. cit, p. 137
  23. Gervais de La Rue, op. cit., p. 236
  24. Léopold Delisle, Mandements(op. cit.), p. 332 et 333
  25. Guillaume du Merle fait partie des négociateurs. Le roi Charles V ratifie le rachat de Vire le 3 septembre à Paris. Cf. Gervais de La Rue, op. cit., p. 240 : "Il importait beaucoup qu'après le pillage de cette ville, on empêchât les Grandes Compagnies de pénétrer davantage dans la basse province, le Roi envoie Mouton de Blainville, Maréchal de France, pour se concerter avec Guillaume du Merle, et arrêter ces troupes...mais comme ils n'avaient pas de forces suffisantes pour les repousser, il fallut le faire à prix d'argent. On négocia donc avec quatre de leurs chefs.. Voir aussi Des grandes compagnies au quatorzième siècle, Ernest De Fréville, Bibliothèque de l'école des chartes, 1842, p. 258 et 281
  26. .cf. Collection de documents inédits sur l'histoire de France, volume 35, Impr. Royale, 1874, p. 254.
  27. Michel Nortier, Documents normands du règne de Charles V: 8 avril 1364-16 septembre 1380, p. 124. Pour l'anecdote, Guillaume du Merle fait alors installer des vitraux dans la chapelle et la grande salle du château.

Articles connexes[modifier | modifier le code]