Guerre de Saintonge
Date | Juillet 1242 |
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Lieu | Aquitaine (comté de Saintonge) |
Casus belli | Accession du capétien Alphonse au comté de Poitou |
Issue | Victoire française |
Royaume de France Comté de Poitiers |
Royaume d'Angleterre Maison de Lusignan |
Louis IX de France Alphonse de Poitiers |
Henri III d'Angleterre Hugues X de Lusignan |
8 500 | 18 000 |
1 500 | 11 000 |
Batailles
La Guerre de Saintonge est un court conflit entre le roi Louis IX de France et le roi Henri III d'Angleterre et ses alliés aquitains. Le principal affrontement eut lieu à Taillebourg où les Français remportèrent la victoire. Forts de ce succès, ils assiégèrent victorieusement la ville de Saintes.
Causes de la guerre
Apportée en dot aux Plantagenêts par le mariage d'Aliénor d'Aquitaine avec Henri Plantagenêt (futur Henri II d'Angleterre) en 1152, le Poitou constitue depuis lors un des principaux fiefs d'un duché d'Aquitaine sous influence anglaise. En 1204, dans un contexte de fortes tensions entre Capétiens — qui cherchent à reprendre pied en Aquitaine — et leurs vassaux Plantagenêts, le roi Philippe Auguste déclare son rival anglais Jean sans Terre félon et confisque conformément au droit de commise ses terres du Poitou, décision contestée par le roi-duc Jean puis par son fils et successeur Henri III.
Quelques années plus tard, le roi de France Louis VIII, successeur de Philippe Auguste, offre à son fils cadet Alphonse le Poitou, pendant que l'aîné hérite du trône sous le nom de Louis IX. En , Louis IX annonce lors des festivités de Saumur que son frère est maintenant assez âgé pour prendre possession du comté de Poitou. Mécontents de la présence des Capétiens en terre aquitaine, le baron Hugues X de Lusignan et sa femme Isabelle d'Angoulême rassemblent des hommes d'armes de la noblesse poitevine, mais les négociations entre Hugues et Alphonse n'aboutissent pas. Afin de soutenir son frère, le roi Louis IX assemble une armée que certains chroniqueurs ont estimé à 50 000 hommes, chiffre vraisemblablement exagéré. Les Français marchent sur l'Aquitaine et prennent plusieurs places fortes appartenant aux Lusignan. Afin de contrer l'armée française, le roi-duc Henri III d'Angleterre accoste à Royan et rejoint le baron de Lusignan. L'armée commandée par les deux hommes a été estimée à 30 000 combattants, chiffre là encore probablement exagéré. Les échanges de lettres entre les deux souverains ne purent sauver la paix, et Louis IX décida de prendre la ville de Saintes, capitale du comté de Saintonge.
Déroulement de la guerre
Les deux armées se rencontrent à Taillebourg, de part et d'autre de la Charente que franchissait un unique pont praticable à cet endroit. Le roi de France est hébergé par le seigneur de Taillebourg, Godefroi de Rancon, et les Anglo-Aquitains campent au sud du fleuve, vers le village de Saint-James. Au bout de deux jours d'observation, le , l'avant garde anglo-aquitaine reçoit l'ordre d'aller prendre possession de la rive gauche du fleuve. Cependant ils rencontrent des troupes françaises et un combat s'engage. Louis IX envoie alors la totalité de son armée traverser le fleuve en utilisant non seulement le pont mais aussi des bateaux et des pontons. Ne pouvant résister à la charge de la chevalerie française, les Anglais battent en retraite et se réfugient dans la ville fortifiée de Saintes. À la suite d'une dispute avec Hugues de Lusignan, qui lui avait menti sur le nombre de soldats qu'il possédait, le roi Henri préfère quitter la ville et se réfugie à Blaye, puis à Bordeaux. Louis IX assiège Saintes le . Hugues de Lusignan, estimant ne pas disposer de moyens suffisants pour résister à un siège, se rend le lendemain.
Conséquences de la guerre
Louis IX ne pousse pas son avantage et renonce à prendre le reste de la Guyenne aux Plantagenêts, car il craint que la conquête puisse être qualifiée d'illégitime, et aussi afin d'entamer une période de paix avec les Anglais et de se consacrer aux Croisades. Une trêve de 5 ans est signée à Pons. Le traité de Paris de 1259 consacre la victoire du parti français. D'âpres négociations font cependant qu'il intègre une clause spécifiant qu'auquel cas où Alphonse de Poitiers viendrait à mourir sans héritier, les terres situées au sud du fleuve Charente la (Haute Saintonge) reviendraient dans le giron anglo-aquitain. C'est précisément ce qu'il advient en 1271. Le Poitou et la Basse Saintonge restent sous administration française, et la Haute Saintonge repasse sous l'autorité des rois d'Angleterre en leur qualité de ducs d'Aquitaine.