Guérilla en Ciscaucasie

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Guérilla en Ciscaucasie
Description de cette image, également commentée ci-après
Dmitri Medvedev parlant avec Alexandre Bortnikov, le chef du FSB, à propos de mesures anti-terroristes en Tchétchénie en 2009.
Informations générales
Date [réf. nécessaire]
Lieu Russie (Ciscaucasie)
Issue

Victoire de la Russie

Destruction de L'émirat du Caucase, stabilisation de la situation dans le Caucase du Nord
Belligérants
Drapeau de la Russie Russie Émirat du Caucase
Drapeau de l'État islamique État islamique (depuis 2015)
Commandants
Drapeau de la Russie Dmitri Medvedev
Drapeau de la Russie Vladimir Poutine
Drapeau de la Russie Anatoli Serdioukov
Dokou Oumarov
Aliaskhab Kebekov
(principalement)
Rustam Asildarov dit Abou Mohammed Kadarsky †
• Abou Yassir †[1]
Forces en présence
80 000 soldats 600 insurgés (source russe de janvier 2013[réf. nécessaire])
inconnues
Pertes
1 079 à 1 110 tués[3]
2 282 à 2 646 blessés[4]
2 247 tués et 2 448 capturés[5]

602 civils tués (2010–2016)[2]

La guérilla en Ciscaucasie s'inscrit dans la continuité des conflits post-soviétiques et de la seconde guerre de Tchétchénie, après le . Elle comprend de nombreux attentats, perpétrés en Tchétchénie et dans les républiques voisines de Daghestan, d'Ingouchie, de Kabardino-Balkarie et d'Ossétie du Nord-Alanie, par des militants islamistes liés au mouvement séparatiste tchétchène et à l'émirat du Caucase. Les forces russes n'ayant pas réussi à annihiler les insurgés durant la seconde guerre de Tchétchénie, la rebellion reste active et a menacé le bon déroulement des Jeux olympiques d'hiver de 2014 se tenant à Sotchi[6].

Contexte[modifier | modifier le code]

Immédiatement après la fin des opérations militaires majeures du second conflit tchétchène, le président russe Vladimir Poutine réaffirma les bases de la nouvelle politique de Moscou en Tchétchénie : transfert du maintien de l’ordre à la milice locale, élection d’un président et d’un parlement au suffrage universel, traité de délimitation des pouvoirs entre la fédération de Russie et la république de Tchétchénie et reconstruction. Environ 7 000 combattants (selon les sources russes, cependant le gouvernement tchétchène nie toutes ces affirmations) ont été amnistiés. Mais malgré les assurances de normalisation de la part du Kremlin, quelques groupes de combattants séparatistes et islamistes armés n'ont pas déposé leurs armes et continuent toujours, de façon sporadique, à mener des actes de résistance.

Le , un hélicoptère Mil Mi-26 russe est abattu près de Khankala à l'est de Grozny par un missile 9K38 Igla tiré par les séparatistes tchétchènes et s'écrase dans un champ de mines, résultant en la mort de 127 soldats à bord, considérée comme la plus grosse catastrophe aérienne qu'ait subie l'armée russe[7], [8]. Deux jours plus tard, une journée de deuil national est décrétée par le président Vladimir Poutine[9].

En 2005, plus de 200 combattants indépendantistes ont été désarmés, selon le chef du FSB, Nikolaï Patrouchev. La mort d'Aslan Maskhadov le a porté un coup dur à la logistique des rebelles. Les attaques contre les forces fédérales prennent de plus en plus un caractère sporadique et moins coordonné. Dans le même temps, des groupes armés islamistes lancent en octobre une attaque terroriste contre Naltchik, capitale de la république de Kabardino-Balkarie, faisant une centaine de morts. Selon la déclaration du président tchétchène Alou Alkhanov faite le , la diminution sensible des activités des combattants atteinte en 2005 grâce, notamment, à la neutralisation de leurs chefs, permettrait maintenant de réduire encore les effectifs des forces fédérales russes dans la république, les organes de l'ordre locaux étant dorénavant aptes à garder la situation en Tchétchénie sous leur contrôle.

Après la mort de Sadoullaïev, Dokou Oumarov devient le chef du mouvement séparatiste. En dépit de la mort de plusieurs chefs indépendantistes, les affrontements entre les forces de l'ordre - troupes russes ou milices locales - et la rébellion restent fréquents. Selon une source proche de l'État-major régional des Forces fédérales, il y aurait encore entre 1 000 et 1 500 combattants séparatistes en activité. En mai 2006, les forces tchétchènes du gouvernement pro-fédéral découvrent le quartier général d'Oumarov dans un bunker dans le village d’Assinovskaïa, mais celui-ci parvient à s'échapper[10].

Déroulement[modifier | modifier le code]

2009[modifier | modifier le code]

Le , le régime d'opération dit antiterroriste en vigueur en Tchétchénie depuis 1999 a été levé[11]. Cela marque la fin officielle de la seconde guerre de Tchétchénie.

2011[modifier | modifier le code]

Le , une opération des forces russes en Ingouchie fait 17 morts parmi les rebelles caucasiens. Dokou Oumarov est cité comme l’une des potentielles victimes[12]. Dokou Oumarov lui-même dément cette affirmation dans un appel téléphonique à Radio Free Europe/Radio Liberty[13].

2012[modifier | modifier le code]

La Ciscaucasie reste, en 2012, la zone des conflits armés les plus meurtriers d'Europe. En 2011, on y compte 750 morts et au moins 628 blessés (forces de sécurité, insurgés et civils) et, du 1er janvier au , 516 morts et 397 blessés[14].

2014[modifier | modifier le code]

La mort de Dokou Oumarov est confirmée par un communiqué publié en par l'émirat du Caucase, sans donner toutefois de précisions sur le lieu et les circonstances de son décès. Sa disparition avait été évoquée une première fois en , quelques semaines avant les Jeux Olympiques de Sotchi, par Ramzan Kadyrov, qui affirmait avoir la certitude que le chef des rebelles caucasiens était mort[15]. Le , Ali Abou Muhammad al Dagestani se présente comme son successeur officiel à la tête de l'émirat du Caucase. Le , le FSB confirme la mort d'Oumarov, indiquant que ce dernier a été tué au cours d'une opération militaire[16].

Dans la nuit du 3 au , 24 personnes sont tuées dans une attaque perpétrée par des insurgés islamistes à Grozny, dont 14 membres des forces de sécurité et 10 insurgés selon Ramzan Kadyrov[17]. L'attaque a été revendiquée par l'émirat du Caucase. Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière depuis celle menée contre le parlement de Grozny en 2010[18].

2015[modifier | modifier le code]

Le , une partie de l'émirat du Caucase annonce prêter allégeance à l'État islamique. Abou Mohammed al-Adnani, porte-parole de l'EI, annonce dès le que l'allégeance est acceptée[19]. Cependant, cette déclaration fut rejetée par les dirigeants de l'Émirat[20].

L'État islamique revendique une attaque à l'arme à feu dans la nuit du 29 au , au Daghestan (sud de la Russie)[21].

2016[modifier | modifier le code]

Le , une attaque à la voiture piégée, attribuée à l'État islamique, fait 2 morts et 19 blessés au Daghestan[22].

Le , les autorités russes annoncent que Roustam Asildarov, émir de l'État islamique pour le Caucase du Nord, a été éliminé par le FSB à Makhatchkala, dans le Daghestan[23].

2017[modifier | modifier le code]

Pertes[modifier | modifier le code]

Année Tués Blessés
2009 508[24] 574[24]
2010 754[25] 956[25]
2011 750[26] 628[26]
2012 700[27] 525[27]
2013 529[28] 457[28]
2014 341[29] 184[29]
2015 209[30] 49[30]
2016 202[31] 85[31]
2017 134[32] 41
2018 83[33] 27
2019 32[34] 14
2020 49[35] 12
Total 4 291 3 540

Attentats liés à l'insurrection[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Romain Caillet, twitter, 6 mars 2016.
  2. 356 tués (2010–2011), [1] 78 tués (2012), [2] 104 tués (2013), [3] 37 tués (2014), [4] 19 tués (2015), [5] 32 tués (2016), [6] au total 602 décès répertoriés
  3. 235 morts (2009), [réf. nécessaire] 225 morts (2010), [7] 190–207 morts (2011), [8][9] 211 morts (2012), [réf. nécessaire] 127 morts (2013), [10] 41–55 morts (2014), [11][12] 18 morts (2015), [13] 32 morts (2016), [14] au total 1 079 à 1 110 décès répertoriés
  4. 686 blessés (2009), [réf. nécessaire] 467 blessés (2010), [15] 462–826 blessés (2011), [16][17] 405 blessés (2012), [réf. nécessaire] 166 blessés (2014), [18] 31 blessés (2015),[19] 65 blessés (2016), [20] au total 2 282 à 2 646 blessés répertoriés
  5. 270 tués et 453 capturés (2009), [21] 349 tués et 254 capturés (2010), [22] 384 tués et 370 capturés (2011), [23] 391 tués et 461 capturés (2012), [réf. nécessaire] 260 tués (2013), [réf. nécessaire] et 88 capturés[réf. nécessaire] 259 tués et 445 capturés (2014), [24] 172 tués (2015), [25] 162 tués et 377 capturés (2016), [26] au total 2 247 décès répertoriés et 2 448 capturés
  6. (en) « FEATURE-Caucasus insurgency casts pall over Russian Olympics », sur Reuters, .
  7. (en) « Chechen gets life for killing 127 Russian soldiers », The Guardian, .
  8. (en) « Russia outraged by Chechnya crash », sur BBC News, .
  9. (en) « Russia to mourn helicopter dead », sur BBC News, .
  10. « Chechnya’s Police Find Umarov’s Shelter »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur kommersant.com.
  11. « Tchétchénie : levée du régime d'opération antiterroriste », RIA Novosti, .
  12. « Le terroriste caucasien Oumarov est-il mort ? », sur Radio France internationale, .
  13. « Le chef rebelle du Caucase russe vivant », Le Figaro, .
  14. (en) The North Caucasus : The challenges of integration (I) Ethnicity and conflit : Europe Report N°220, International Crisis Group, , 45 p. (lire en ligne), p. 5
  15. « Tchétchénie : la mort de Dokou Oumarov confirmée par les islamistes », Le Monde,
  16. « La Russie confirme la mort de Dokou Oumarov », Le Monde,
  17. « Tchétchénie: 24 tués dans une attaque de rebelles islamistes à Grozny », L'Express,
  18. « Tchétchénie: l'Emirat du Caucause revendique un assaut à Grozny », RFI,
  19. AFP, « Les rebelles islamistes du Caucase russe font allégeance à l'État islamique », L'Orient-Le Jour, .
  20. « État islamique : et maintenant, l'implantation dans le Caucase et en Russie », sur Atlantico.fr (consulté le ).
  21. « Russie : l'organisation EI revendique l'attentat au Daguestan », sur Radio France internationale, .
  22. (en) Associated Press, « Car Bomb Kills 2 Police, Wounds 19 In Russia's Dagestan », sur NDTV, .
  23. Le Monde avec AFP, « L’« émir » de l’EI dans le nord du Caucase a été tué, affirme le FSB », Le Monde, .
  24. a et b « Нургалиев: с начала года на Северном Кавказе нейтрализовано более 700 боевиков », Caucasian Knot,‎ (consulté le )
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  26. a et b « Инфографика. Статистика жертв на Северном Кавказе за 2011 год по данным "Кавказского узла". », Caucasian Knot,‎ (consulté le )
  27. a et b « Инфографика. Статистика жертв на Северном Кавказе за 2012 год. », Caucasian Knot,‎ (consulté le )
  28. a et b « Инфографика. Статистика жертв на Северном Кавказе в ноябре 2013 года по данным "Кавказского узла" », Caucasian Knot,‎ (consulté le )
  29. a et b « По итогам 2014 года Чечня стала единственным регионом СКФО с ростом числа жертв конфликта », Caucasian Knot,‎ (consulté le )
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  31. a et b « В 2015 году число жертв конфликта на Северном Кавказе снизилось вдвое », Caucasian Knot,‎ (consulté le )
  32. Кавказский Узел, « В 2016 году число жертв конфликта на Северном Кавказе выросло на 11% », sur Кавказский Узел (consulté le )
  33. Кавказский Узел, « Инфографика. Статистика жертв на Северном Кавказе за 2017 год по данным Кавказского Узла », sur Кавказский Узел (consulté le )
  34. (ru) « In 2018, the count of conflict victims in Northern Caucasus dropped by 38% », sur Caucasian Knot (consulté le )
  35. (en-US) « Is Political Conflict Supplanting Insurgency as the Main Challenge in the North Caucasus? », sur Jamestown (consulté le )