Groupe aérien mixte 56 Vaucluse

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Groupe aérien mixte 56 Vaucluse
Création
Pays Drapeau de la France France
Branche Armée de l'air
Type escadron
Rôle transport
Garnison Base aérienne 105 Évreux-Fauville
Ancienne dénomination ELA 1/56
Équipement Caracal, Super Puma, C130H , Twin Otter
Décorations croix de guerre 1939-1945 - croix de la valeur militaire
Commandant historique Boris Delocque-Fourcaud

Le groupe aérien mixte 56 Vaucluse est une unité de transport de l'Armée de l'air française. Cette unité est créée sous le nom d'Escadrille de Liaison aérienne (ELA) 1/56 à Alger en , avant de devenir en 1967 le Groupe aérien mixte 56 Vaucluse.

Unité militaire peu connue et secrète, elle est l'unité de transport et de liaison des services spéciaux français, le SDECE puis aujourd'hui la Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE). Elle est essentiellement utilisée par le Service Action. L'essentiel de son fonctionnement ou de ses activités reste secret.

D'abord stationnée sur la base aérienne 218 de Persan-Beaumont, elle l'est depuis 1967 sur la base aérienne 105 d'Évreux-Fauville.

Histoire[modifier | modifier le code]

L'ELA 1/56[modifier | modifier le code]

Origine[modifier | modifier le code]

L'unité est née de la volonté du Général de Gaulle de disposer d'une escadrille de missions spéciales indépendante des Britanniques. Le Bureau central de renseignements et d'action crée une unité en avec deux avions Westland Lysander récupérés au Moyen-Orient auprès de la Royal Air Force. Constituée à Alger, l'escadrille travaille en pool avec le 148th Squadron of special duties du Royal Air Force Special Duties Service (en) britannique à partir de Brindisi, puis de la Corse pour préparer puis participer au débarquement de Provence, en [1].

Elle est décorée le de la croix de guerre 1939-1945.

Organisation[modifier | modifier le code]

En , l'unité stationne sur l’aéroport du Bourget et le devient l'ELA 1/56. Début 1946, l'unité s’installe à Persan-Beaumont.

Elle est commandée par Boris Delocque-Fourcaud, le créateur de cette formation qui devient la branche aérienne du « Service Action » du SDECE, le service de renseignement extérieur français créé à la fin de la guerre[2]. Tous les pilotes qu’il aura sous ses ordres à Persan ont fait leurs preuves durant le conflit : Roger Laty, Christophe Delmer ou encore Gabriel Mertzisen (dit « Gaby »), pilote de chasse du Normandie-Niemen [3].

L'escadrille dispose d'une quinzaine d’avions, souvent des modèles anciens mais à la robustesse éprouvée : Junkers Ju 52, Douglas C-47 Dakota, Fairey Barracuda, Siebel 204, Westland Lysander, Hurel-Dubois HD-321, Messerschmitt Bf 108, Fieseler Storch, etc.

En 1950, Robert Roussillat, ancien des Forces aériennes françaises libres (FAFL) prend le commandement de la base aérienne de Persan-Beaumont[4]. Il quitte son commandement après avoir été impliqué dans la mort d'une jeune spectatrice lors d'un meeting aérien organisé à Saumur en . Charles Christienne[5], son camarade de l'École de l'Air et son navigateur pendant la guerre sur le « Ville de Lorient » au groupe de bombardement Lorraine, lui succède. Charles Christienne conserve ce poste jusqu'en [6]. Il a pour successeur le commandant Fernand Nourigat[6].

L'année 1956 voit l'affectation d'un Hurel-Dubois HD-321 et de plusieurs Broussard. Des Nord 2501 Noratlas sont basés à Persan-Beaumont de 1963 jusqu'à la fermeture de la base en 1967.

L'ELA 1/56 est dissoute le . L'unité devient le GAM 56 et stationne sur la Base aérienne 105 Évreux-Fauville.

L’opération Minos[modifier | modifier le code]

L'une des opérations les plus secrètes est poursuivie entre 1949 à 1954. Le SDECE dépose clandestinement des agents de renseignement dans les différents pays de l'Est, derrière le rideau de fer. Ces volontaires avaient été recrutés dans des camps de réfugiés d’Allemagne de l’Ouest. Ils avaient été ensuite formés par le SDECE dans des centres d’instruction camouflés dans la banlieue parisienne.

Parachutés de nuit dans leur pays d’origine avec tout le matériel nécessaire, ils devaient chercher à organiser des réseaux de renseignement. Si aucun pilote n'est tué en mission, le capitaine Gabriel Mertzisen, vétéran du Normandie-Niemen, et le sergent-chef Gérard Farcy meurent lors d’un vol d’entraînement de nuit sur un Barracuda accompli prés de Lhar[7] dans la zone d'occupation française en Allemagne le [3].

Le GAM 56[modifier | modifier le code]

Ses appareils sont transférés au Groupe Aérien Mixte (GAM) 56 Vaucluse, créé sur la Base aérienne 105 d'Evreux. Le GAM 56 comprend des avions et des hélicoptères, ce qui explique la mention « Mixte ». Le , le GAM 56 est rattaché au commandement du transport aérien militaire.

L'unité dépend administrativement du commandement des forces aériennes (CFA) et est placée pour emploi aux ordres de la Direction des opérations de la DGSE[8].

Les opérations en Libye[modifier | modifier le code]

En 2012, l'unité reçoit la croix de la valeur militaire avec palme de bronze, à la suite des opérations sur le front libyen l'année précédente[8]. Durant la guerre de Libye, le GAM-56 se trouve fortement mis à contribution pour transporter des personnalités libyennes (Conseil national de transition) hors du pays et pour livrer des armes aux rebelles, notamment en les parachutant dans le Djebel Nefoussa[9].

Moyens[modifier | modifier le code]

Base[modifier | modifier le code]

De 1946 à 1967, l'unité est stationnée sur la base aérienne 218 de Persan-Baumont. Depuis 1967, l'unité est stationnée sur la base aérienne 105 d'Evreux.

Le GAM 56 utilise aussi d'autres aérodromes dont le terrain militaire de Perpignan-la-Salanque et station d'écoute de la DGSE[10] à Saint-Laurent-de-la-Salanque. Le terrain sert à l'entrainement pour le centre parachutiste d’instruction spécialisé du Service Action.

Appareils[modifier | modifier le code]

A ses origines, la flotte de l'ELA 56 était hétéroclite et peu opérationnelle. En mars 1948, le parc est composé (nombre d'avions disponibles entre parenthèses) de[7] :

Le GAM 56 est doté [Quand ?] d'hélicoptères Caracal de C-130H et Twin Otter (3 exemplaires).

Deux hélicoptères H225M Super Puma en service jusqu'en 2017 au sein de la flottille 32F de la Marine Nationale lui ont été transférés[11].

Incidents signalés[modifier | modifier le code]

L'unité connait plusieurs accidents aériens dans les années 2010 : un mécanicien navigant de Cougar est mort en [12], trois autres membres de l'unité ou de la DGSE dans un crash d'hélicoptère en Libye en [13].

On peut sans doute rattacher au GAM 56 le crash de l'avion de CAE Aviation, un Fairchild SA 227 Merlin IV qui s'écrase au décollage de l'aéroport international de Luqa, à Malte, le . Les cinq personnes à bord meurent sur le coup. Le pilote et le copilote étaient des salariés de CAE-Aviation et d’après certaines sources de jeunes retraités de l'unité[14]. Les trois passagers étaient des agents de la DGSE, ainsi que l'a annoncé le ministère français de la Défense. L’avion était affrété par le gouvernement français pour des missions de surveillance en mer Méditerranée[15],[16].

Drapeau[modifier | modifier le code]

Le drapeau du GAM 56 reprend les armoiries de la ville d'Avignon avec leurs trois clés d'or et un rapace qui les survole. En héraldique : De gueules à trois clefs d'or posées en face l'une sur l'autre, au chef de sable chargé d'un épervier d'or au vol en barre.

À côté de la croix de la valeur militaire se trouve également la Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Unites a ce jour », sur aha-helico-air.asso.fr (consulté le ).
  2. Roger Faligot et Pascal Krop, La piscine : Les Services Secrets Français, 1944-1984, Paris, Seuil, , 426 p. (ISBN 2-02-008743-X, EAN 978-2-02008-743-8).
  3. a et b « Le colonel Roussillat et le SDECE face au FLN (I) », sur devirisillustribusblog, (consulté le ).
  4. Georges Balsa (stagiaire) et Françoise de Ruffray, ARCHIVES DE LA DÉFENSE. Témoignages Oraux de l’Armée de l’Air. ÉTAT DES FONDS : SOUS-SÉRIE AI 8 ZP, Vincennes, Service historique de la Défense, (lire en ligne).
  5. Marcel Catillon, Mémorial aéronautique : qui était qui ?, Paris, Nouvelles Editions Latines, , 221 p. (ISBN 2-7233-0529-5, EAN 978-2-72330-529-7, lire en ligne), p. 48-49.
  6. a et b « Charles Christienne », sur Les Français Libres, de juin 1940 à juillet 1943 (consulté le ).
  7. a et b Alain Pelletier, « Les « Barracuda » de l'armée de l'air », Le Fana de l'aviation, no 336,‎ , p. 43-45.
  8. a et b https://www.defense.gouv.fr/espanol/dgse/tout-le-site/remise-de-la-croix-de-la-valeur-militaire-palme-de-bronze-au-gam-00.056
  9. Jean Guisnel, « L'unité aérienne de la DGSE reçoit la croix de la valeur militaire », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  10. Laure Moysset, « Pyrénées-Orientales : le département truffé de sites militaires "sensibles" », sur lindependant.fr, (consulté le ).
  11. [1]
  12. « Chute mortelle d'un Cougar du GAM-56 », sur helico-fascination.com (consulté le ).
  13. Cyril Bensimon, Madjid Zerrouky et Frédéric Bobin, « Trois membres de la DGSE morts en Libye, le gouvernement libyen proteste », sur Le Monde, (consulté le ).
  14. Jean Guisnel, « Crash d'un avion à Malte : la DGSE perd cinq hommes », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  15. Loïc, « Des membres des services de renseignement français décèdent dans le crash de leur appareil à Malte », sur Defens'aero, (consulté le ).
  16. « Crash d’un avion CAE à Malte : la piste des services secrets se confirme », Le Quotidien,‎ (lire en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • GAM56 Les aviateurs de la DGSE
  • Paul Villatoux, « L'escadrille masquée : Une histoire du I/56 Vaucluse », Le Fana de l'aviation, no 413,‎ , p. 18-25, et no 414, mai 2004, p. 64-76.