Gouvernement Laurent Fabius

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Gouvernement Laurent Fabius

Ve République

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Le Premier ministre Laurent Fabius en 1984.
Président François Mitterrand
Premier ministre Laurent Fabius
Formation
Fin
Durée 1 an, 8 mois et 3 jours
Composition initiale
Coalition PS - MRG - PSU
Ministres 16
Secrétaires d'État 27
Femmes 6
Hommes 37
Représentation
VIIe législature
289  /  491
Drapeau de la France

Le gouvernement Laurent Fabius est le 18e gouvernement de la Ve République française.

Cet article présente la composition du gouvernement français sous le Premier ministre Laurent Fabius du au , pendant la présidence de François Mitterrand (1981-1995)[1].

Contexte de formation[modifier | modifier le code]

Contexte politique et économique[modifier | modifier le code]

Le gouvernement Pierre Mauroy est tombé du fait de la "guerre scolaire" autour du projet de loi Savary, dans un contexte de montée du chômage et de chute de confiance envers les socialistes. Le Président souhaite charger le nouveau Premier ministre de poursuivre la modernisation du pays, de rétablir les grands équilibres, et de préparer les élections législatives de 1986 pour qu'elles soient perdues le moins mal possible.

Choix des ministres[modifier | modifier le code]

Le choix de François Mitterrand pour son deuxième Premier ministre se porte sur Laurent Fabius, pour ses qualités intellectuelles et personnelles, pour sa communauté de vues avec lui, et pour son âge, devenant à l'époque le plus jeune Premier ministre de l'histoire de France, à 37 ans et 10 mois. Fabius détient ce record pendant 39 ans jusqu'à la nomination de Gabriel Attal le 9 janvier 2024 à 34 ans et 9 mois.
Mitterrand espère ainsi donner un "coup de vieux" aux dirigeants de l'opposition et relancer la dynamique socialiste[2].

Étaient également en lice pour ce poste Pierre Bérégovoy, qui deviendra le dernier Premier ministre socialiste du Président avant que ne débute la deuxième cohabitation, Michel Rocard, qui sera son premier chef de gouvernement après sa réélection, et Jacques Delors, qui espère être choisi. Le choix de Fabius n'est soutenu que par Gaston Defferre et Robert Badinter. Delors développe alors l'ambition de servir autrement, en étant élu Président de la Commission européenne[2].

Laurent Fabius joint le maire de Figeac, Martin Malvy, qui se trouve dans un petit village corse pour ses vacances, et lui propose le poste de Secrétaire d’État auprès du ministre du Redéploiement industriel et du Commerce extérieur, chargé de l’Énergie, qu'il accepte immédiatement. Il appelle Alain Calmat, ancien champion du monde de patinage artistique devenu chirurgien, à qui il propose la Jeunesse et les sports. Calmat effectue une intervention chirurgicale pour se donner le temps de réfléchir, et accepte.

Lors de son dernier entretien avec François Mitterrand avant de démissionner, Pierre Mauroy recommande au Président de conserver son directeur de cabinet, Michel Delebarre, comme ministre. Mauroy le propose aux PTT. Fabius n'en tient pas compte et lui propose le portefeuille de l'Emploi, qu'il refuse, préférant devenir préfet de région. Seulement, Jean-Louis Bianco l'annonce comme ministre du gouvernement au même moment où Delebarre téléphone au Premier ministre pour lui signifier son refus. Il devient ainsi Ministre du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle.

François Mitterrand intègre Jean-Pierre Chevènement au gouvernement en tant que ministre de l'Éducation nationale, créant la surprise car il ne faisait pas partie du dernier gouvernement de Pierre Mauroy. Il est chargé de régler dans les deux mois qui suivent la guerre scolaire. Cette nomination permet à Mitterrand de s'éviter les critiques d'un virage à droite, car Chevènement représente une branche contestataire du Parti socialiste. En le nommant à ce poste, Mitterrand écarte Michel Rocard, que Fabius pensait nommer.

Pour compenser la perte de l'Education nationale, Fabius propose à Rocard un grand ministère technique, une sorte de MITI à la française autour du Plan, qu'il refuse. Il lui offre alors le Ministère de l'Agriculture, qu'il accepte.

Pierre Bérégovoy, qui visait Matignon, se retrouve déçu en n'obtenant "que" les Finances. Gaston Defferre, qui voulait rester à l'Intérieur, est nommé au Plan et à l'Aménagement du territoire, car Mitterrand entendait placer à l'Intérieur un ministre plus jeune, chargé de moderniser la police et la reprendre en main. Pierre Joxe, qui conduit avec beaucoup de fermeté depuis 1981 les 285 députés du groupe socialiste, obtient le ministère.

Comme ce fut le cas pour quelques ministres durant les septennats de François Mitterrand, certains titulaires de poste restent à leur place. Claude Cheysson conserve les Affaires étrangères, Charles Hernu, la Défense, Robert Badinter, la Justice, et Jack Lang, la Culture.

Le départ des communistes fait que trois socialistes remplacent les quatre communistes : Paul Quilès à Charles Fiterman aux Transports, Michel Delebarre cumule les portefeuilles de Jack Ralite à l'Emploi et de Marcel Rigout à la Formation professionnelle, et Jean Le Garrec obtient le poste d'Anicet Le Pors à la Fonction publique.

Le gouvernement est complété le lundi 23 juillet par la nomination de ministres-délégués et de secrétaires d’État, construisant un gouvernement de quarante-quatre membres.

Féminisation du gouvernement[modifier | modifier le code]

Le gouvernement compte six femmes ministres et secrétaires d'État : Édith Cresson, Georgina Dufoix, Huguette Bouchardeau, Yvette Roudy, Edwige Avice et Catherine Lalumière. Georgina Dufoix et Huguette Bouchardeau sont promues, l'une succédant à Pierre Bérégovoy au grand ministère des Affaires sociales, et l'autre devenant ministre de l'Environnement.

Profil sociologique[modifier | modifier le code]

Ce gouvernement est, comme tous les gouvernements socialistes sous François Mitterrand (cf. République des professeurs), marqué par l'importance numérique des anciens enseignants : 24,4 % des ministres ont été enseignants du supérieur, 9,5 % enseignants du secondaire, et 11,5 % sont issus des professions intellectuelles (contre 19,4 %, 7,5 % et 10,4 % en moyenne sur la période 1981-1986)[3].

Les hauts-fonctionnaires des Grand corps de l'État sont moins présents que la moyenne du premier septennat (7,1 % en l'occurrence, contre 10,4 %), et presque moitié moins présent qu'entre 1959 et 1981 (13,7 %). Les hauts-fonctionnaires hors Grands corps (préfectorale, diplomatie, etc.) sont plus représentés que la moyenne 1981-1986 (16,7 % contre 13,4 %) et que la moyenne 1959-1981 (13,2 %)[3].

11,9 % des ministres sont issus des professions libérales, et 16,7 % des cadres supérieurs du privé, contre 12 % et 14,9 % en moyenne entre 1981 et 1986, et 13,7 % et 19,8 % en moyenne entre 1959 et 1981[3].

Coalition[modifier | modifier le code]

Le 17 juillet, alors que le nom du nouveau Premier ministre va être annoncé, François Mitterrand négocie avec Charles Fiterman, ministre des Transports et tête de file des ministres explique, pour que les communistes restent au gouvernement Fabius. Il tente de les persuader de l'intérêt de rester en avançant qu'ils pourront recueillir, dans les prochains mois, les fruits de la politique de rigueur. Fiterman refuse, expliquant au chef de l'Etat que la situation est devenue intenable pour les communistes du fait de la politique économique menée par Mitterrand.

Laurent Fabius tente à son tour de convaincre Georges Marchais, André Lajoinie et Fiterman, en leur proposant quatre ministères sur quarante, dont deux ministères économiques, l’Énergie et le Plan. Après une réunion en Comité, les communistes votent contre leur participation au nouveau gouvernement, contre l'avis des ministres qui avaient participé au troisième gouvernement Pierre Mauroy.

Composition initiale[modifier | modifier le code]

Laurent Fabius est nommé le [4], les ministres le [5],[6] et les ministres délégués et secrétaires d'État le [7],[6].

Le « tournant de la rigueur » opéré par le président François Mitterrand après la défaite de la gauche aux municipales provoque le départ des communistes de la majorité présidentielle, qui ne compte plus que 289 députés (58,9 % des sièges) à l'Assemblée nationale.

Ministres[modifier | modifier le code]

Image Fonction Nom Parti
Premier ministre Laurent Fabius PS
Ministre d’État chargé du Plan et de l'Aménagement du territoire Gaston Defferre PS
Ministre de l'Économie et des Finances Pierre Bérégovoy PS
Garde des Sceaux, ministre de la Justice Robert Badinter PS
Ministre des Relations extérieures Claude Cheysson PS
Ministre de la Défense Charles Hernu PS
Ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation Pierre Joxe PS
Ministre de l'Agriculture Michel Rocard PS
Ministre du Redéploiement industriel et du Commerce extérieur Édith Cresson PS
Ministre de l'Éducation nationale Jean-Pierre Chevènement PS
Ministre des Affaires sociales et de la Solidarité nationale Georgina Dufoix PS
Ministre de l’Urbanisme, du Logement et des Transports Paul Quilès PS
Ministre du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme Michel Crépeau MRG
Ministre des Affaires européennes et Porte-parole du gouvernement Roland Dumas PS
Ministre du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle Michel Delebarre PS
Ministre de l’Environnement Huguette Bouchardeau PSU
Ministre de la Recherche et de la Technologie Hubert Curien DVG
Ministre délégué à la Culture Jack Lang PS
Ministre déléguée chargée des Droits de la femme Yvette Roudy PS
Ministre délégué chargée de la Jeunesse et des Sports Alain Calmat PS
Ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement André Labarrère PS
Ministre délégué chargé de la Coopération et du Développement Christian Nucci PS
Ministre délégué chargé des P.T.T. Louis Mexandeau PS

Secrétaires d'État[modifier | modifier le code]

Image Fonction Nom Parti
Secrétaire d’État auprès du ministre de la Défense Edwige Avice PS
Secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargé de la Fonction publique et des Simplifications administratives Jean Le Garrec PS
Secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargé des Techniques de la communication Georges Fillioud PS
Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie, des Finances et du Budget, chargé du Budget Henri Emmanuelli PS
Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie, des Finances et du Budget, chargé de la Consommation Catherine Lalumière PS
Secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires sociales et de la Solidarité nationale, chargé des Retraités et des Personnes âgées Joseph Franceschi PS
Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, chargé des Départements et des Territoires d’outre-mer Georges Lemoine PS
Jean Auroux Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Urbanisme, du Logement et des Transports, chargé des Transports Jean Auroux PS
Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale, chargé des Universités Roger-Gérard Schwartzenberg MRG
Secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargé de l'économie sociale Jean Gatel PS
Secrétaire d’État auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens combattants et Victimes de guerre Jean Laurain PS
Secrétaire d’État auprès du ministre du Redéploiement industriel et du Commerce extérieur, chargé de l’Énergie Martin Malvy PS
Edmond Hervé Secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires sociales et de la Solidarité nationale, chargé de la Santé Edmond Hervé PS
Secrétaire d’État auprès du ministre des Relations extérieures Jean-Michel Baylet MRG
Secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires sociales et de la Solidarité nationale, chargé des Rapatriés Raymond Courrière PS
Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Agriculture, chargé de l’Agriculture et de la Forêt René Souchon PS
Secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargé de la Prévention des risques naturels et technologiques majeurs Haroun Tazieff SE
Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale, chargé de l’Enseignement technique et technologique Roland Carraz PS
Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Urbanisme, du Logement et des Transports, chargé de la Mer Guy Lengagne PS
Secrétaire d’État auprès du ministre du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme Jean-Marie Bockel PS

Remaniements[modifier | modifier le code]

Remaniement du 7 décembre 1984[modifier | modifier le code]

Le remaniement du [8] est liée à la démission de Claude Cheysson qui devient le commissaire européen chargé de la politique méditerranéenne et des relations Nord-Sud :

  • Ministre des Relations extérieures : Roland Dumas (en remplacement de Claude Cheysson)
  • Suppression du poste de ministre des Affaires européennes (jusqu'alors occupé par Roland Dumas)
  • Secrétaire d’État auprès du ministre des Relations extérieures, chargé des Affaires européennes : Catherine Lalumière
  • Porte-parole du gouvernement : Georgina Dufoix (PS)
  • Ministre de la Culture : Jack Lang (changement de titre)
  • Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie, des Finances et du Budget, chargé du Budget et de la Consommation : Henri Emmanuelli (changement d’attribution)

Remaniement du 4 avril 1985[modifier | modifier le code]

En désaccord avec le fait d'introduire la proportionnelle intégrale pour les prochaines Élections législatives de 1986, Michel Rocard démissionne[9],[10] et il est procédé à un remaniement le [11] :

  • Ministre de l’Agriculture : Henri Nallet (à la suite de la démission de Michel Rocard)
  • Ministre délégué auprès du ministre de l’Agriculture, chargé de l’Agriculture et de la Forêt : René Souchon

Remaniement du 21 mai 1985[modifier | modifier le code]

Edgard Pisani nommé en haut-commissaire de la Nouvelle-Calédonie, entre au gouvernement le [12],[13] :

  • Ministre chargé de la Nouvelle-Calédonie : Edgard Pisani
  • Yvette Roudy, jusqu'alors ministre délégué chargé des Droits de la femme, devient ministre de plein exercice.

Remaniement du 20 septembre 1985[modifier | modifier le code]

Le remaniement du [14] est liée à la démission de Charles Hernu en lien avec l’affaire du Rainbow Warrior :

  • Ministre de la Défense : Paul Quilès
  • Ministre de l’Urbanisme, du Logement et des Transports : Jean Auroux (en remplacement de Paul Quilès)
  • Suppression du poste de secrétaire d’État auprès du ministre de l’Urbanisme, du Logement et des Transports, chargé des Transports (jusqu'alors occupé par Jean Auroux)

Remaniement du 15 novembre 1985[modifier | modifier le code]

Ce remaniement[15] est liée d'une part à la démission d’Edgard Pisani[13] et d'autre part à la nomination d'un secrétaire d’État chargé des Transports non pourvu depuis le  :

  • Démission d’Edgard Pisani et suppression du poste de ministre chargé de la Nouvelle-Calédonie
  • Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Urbanisme, du Logement et des Transports, chargé des Transports : Charles Josselin qui entre au gouvernement
  • Ministre des P.T.T. : Louis Mexandeau (changement de titre)

Remaniement du 19 février 1986[modifier | modifier le code]

À la suite de la démission de Robert Badinter en prévision de sa nomination, intervenue le , à la présidence du Conseil constitutionnel, il est procédé au remaniement du [16] :

  • Garde des Sceaux, ministre de la Justice : Michel Crépeau ;
  • Ministre du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme : Jean-Marie Bockel (en remplacement de Michel Crépeau) ;
  • Suppression du poste de secrétaire d’État auprès du ministre du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme (jusqu'alors occupé par Jean-Marie Bockel).

Modification du 12 mars 1986[modifier | modifier le code]

Ce remaniement[17] est lié à la démission de Georges Fillioud nommé conseiller d'État[18] :

  • Suppression du poste de secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargé des Techniques de la Communication (jusqu'alors occupé par Georges Fillioud).

Actions[modifier | modifier le code]

Politique industrielle et de l'emploi[modifier | modifier le code]

Le nombre annuel de faillites ayant doublé depuis le choc pétrolier de 1973, s'établissent à 25 000 par an en 1984, une loi sur le sauvetage juridique, économique et social des entreprises en difficulté avait été adoptée le 1er mars 1984. Le gouvernement Fabius en fait voter une seconde pour compléter la première le 25 janvier 1985.

Laurent Fabius lance les Travaux d'utilité collective (TUC) en septembre 1984, afin de permettre aux jeunes de bénéficier de stages dans des administrations ou dans des associations, qui les préparent à leur entrée sur le marché du travail. Cela permet également de réduire artificiellement dans les statistiques le nombre de chômeurs. À la fin de l'année 1985, 180 000 TUC sont actifs, dont 40 % dans des communes.

Les socialistes instaurent en 1985 une baisse de 50 % à 45 % de l'impôt sur les bénéfices des sociétés pour celles qui consacrent leurs profits à l'auto-financement et non à la distribution de dividendes aux actionnaires. Cela sera supprimé l'année suivante par le gouvernement de Jacques Chirac.

Finances publiques[modifier | modifier le code]

Le gouvernement Fabius réforme également la manière dont la France finance son déficit. Jusqu'à 1986, l'Etat français pouvait se financer, sur la dette à long terme, de deux manières : soit en lançant des emprunts auprès des citoyens, qui étaient souscrits dans les banques et les bureaux de poste, soit en faisant appel aux banques dont il était propriétaire. Pour la dette à court terme ("dette flottante"), il se tournait vers la banque centrale. Ce système est modifié en février 1986 pour être rendu plus facile, plus efficace et moins coûteux : l’État émet, par adjudication auprès d’organismes spécialisés des titres dématérialisés qui sont utilisés par les banques dans leurs paniers de fonds de placement et collatéraux. Les OAT (obligations assimilables du Trésor) peuvent se coter à terme sur le MATIF parisien, le Marché à terme des instruments financiers[19].

Analyse de la popularité[modifier | modifier le code]

Le choix de Laurent Fabius comme Premier ministre est accueilli avec scepticisme, sinon sarcasme, par les éditorialistes. Considéré comme un simple technocrate et relais du Président, Le Monde écrit que ce dernier a choisi « un Premier ministre qui sera son double ». Le Quotidien de Paris titre « Mitterrand se nomme à Matignon » tandis que Libération affiche, dans la même veine, « Mitterrand Premier ministre » avec la photo de Fabius à côté du titre. Les Français se montrent plus indulgents, un sondage de l'institut Louis-Harris montrant, fin juillet, que 60 % d'entre eux font confiance à Laurent Fabius pour diriger le gouvernement.

Plus de quatre mois après sa nomination, l'action de Laurent Fabius est considérée comme satisfaisante par 49 % des interrogés par la SOFRES, tandis que seuls 37 % jugent au même moment faire confiance au Président Mitterrand. L'"effet Fabius" reste limité, car il ne profite pas au Président, ni au Parti socialiste. Le journaliste Alain Duhamel note que « La mise en orbite de la fusée Fabius est un succès dont la planète présidentielle ne bénéficie en rien »[20].

Démission[modifier | modifier le code]

La démission de ce gouvernement est publiée au JO du , à la suite de la défaite de la gauche aux élections législatives de 1986. Le successeur de Laurent Fabius, Jacques Chirac forme alors le gouvernement Jacques Chirac 2.

Relations avec le parlement[modifier | modifier le code]

Le , le Premier ministre obtient la confiance de l'Assemblée nationale sur la déclaration de politique générale par 279 voix pour, 157 contre et 46 abstentions[21].

Détails du vote sur la déclaration de politique générale du 24/07/1984
Position Groupe Non-inscrits Total
COM SOC UDF RPR
POUR 0 278 0 0 1 279
CONTRE 0 0 62 87 8 157
ABSTENTION 44 0 0 0 2 46
NON-VOTANT 0 7 0 2 0 9

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Tous les gouvernements depuis 1958 », sur assemblee-nationale.fr (consulté le ).
  2. a et b Favier, Pierre, 1946-, La Décennie Mitterrand : les épreuves (1984-1988), Paris, Seuil, , 774 p. (ISBN 2-02-012891-8, 978-2-02-012891-9 et 2-02-014427-1, OCLC 25057306, lire en ligne)
  3. a b et c Birnbaum, Pierre., Les Elites socialistes au pouvoir : les dirigeants socialistes face à l'Etat, 1981-1985, Presses universitaires de France, (ISBN 2-13-039351-9 et 978-2-13-039351-1, OCLC 13459377, lire en ligne)
  4. Décret du 17 juillet 1984 portant nomination du Premier ministre
  5. Décret du 19 juillet 1984 portant nomination de membres du gouvernement
  6. a et b Gouvernement Fabius sur le site de l'Assemblée Nationale
  7. Décret du 23 juillet 1984 relatif à la composition du gouvernement (source Légifrance) 1re page et 2e page
  8. Décret du 7 décembre 1984 relatif à la composition du gouvernement
  9. Georges-Marc Benamou, « Les quatre vérités de Michel Rocard », sur nouvelobs.com, Le Nouvel Observateur, (consulté le )
  10. « 1985 - Le 1er ministre, Michel Rocard démissionne », sur marmitevingtieme.canalblog.com, La marmite du 20e siècle (consulté le )
  11. Décret du 4 avril 1985 relatif à la composition du gouvernement
  12. Décret du 21 mai 1985 relatif à la composition du gouvernement
  13. a et b « Edgard Pisani, souvent honni en Nouvelle-Calédonie », sur dnc.nc, Demain en Nouvelle-Calédonie, (consulté le )
  14. Décret du 20 septembre 1985 relatif à la composition du gouvernement
  15. Décret du 15 novembre 1985 relatif à la composition du gouvernement
  16. Décret du 19 février 1986 relatif à la composition du gouvernement
  17. Décret du 12 mars 1986 relatif à la composition du gouvernement
  18. Yves Agnès, « Le fidèle ferrailleur », Le Monde,‎ (ISSN 0395-2037, lire en ligne, consulté le )
  19. Daniel, Jean-Marc, (1954- ...), Le gâchis français : 40 ans de mensonges économiques, Paris, Tallandier, dl 2015, ©2015, 265 p. (ISBN 979-10-210-0287-6, OCLC 924058241, lire en ligne)
  20. SOFRES, Opinion publique 1985, Paris, Galimmard,
  21. https://archives.assemblee-nationale.fr/7/cri/1983-1984-extraordinaire3/014.pdf

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]