Gomphotherium

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C'est un animal qui ressemble à un éléphant mais avec un très long menton terminé par deux petites défenses et les défenses supérieures recourbées vers le bas.
reconstitution de Gomphotherium angustidens, Station de Métro Carpetana à Madrid, réalisation Quagga, photo Vivien Riout

Gomphotherium est un genre éteint de la famille des Gomphotheriidae (ordre des Proboscidea, comme les éléphants actuels). Selon Paleobiology Database, Trilophodon est un synonyme de Gomphotherium.

Description[modifier | modifier le code]

Squelette de Gomphotherium angustidens
Crâne de Gomphotherium

Les Gomphotheriums possédaient quatre défenses et des molaires raboteuses. Leurs quatre défenses étaient presque droites. Celles du bas se trouvaient le plus souvent tout près l'une de l'autre dans la mâchoire inférieure allongée et étroite, et elles ont pu être utilisées comme une pelle. Celles du haut étaient recouvertes d'une bande d'émail qui couvrait probablement toutes les défenses des proboscidiens anciens, mais a disparu chez les éléphants actuels. Elles font penser à des pics de mineurs et servaient probablement à creuser. Les Gomphotherium avaient également une courte trompe qui retombait sur la mâchoire inférieure (à peu près comme chez le tapir plus récent).

Historique[modifier | modifier le code]

Quatre dents d'un Gomphotherium (qui fut alors appelé le « mastodonte des Pyrénées ») furent trouvées en 1857 à Saint-Frajou près de L'Isle-en-Dodon, en Haute-Garonne. Elles sont conservées pour deux d'entre elles au Muséum national d'histoire naturelle, à Paris, et pour les deux autres au muséum de Toulouse[1].

À Mettmach, dans le quartier de l'Inn, à la limite de la forêt de Kobernauss, une défense de Gomphotherium a été découverte dans les années 1960.

Un squelette complet de Gomphotherium a été trouvé en 1971 dans le sable du bord de l'Inn, au sud de Mühldorf am Inn, en Bavière. Son âge a été estimé à environ 10 millions d'années. D'après son lieu de découverte, on a appelé l'animal Mühldorfer Urelefant, l'éléphant ancien de Mühldorf. Le squelette original est conservé au Musée d'État de Munich, un moulage se trouvant au muséum Senckenberg. Il s'agit d'un mâle d'environ 50 ans. Des altérations pathologiques anatomiques au pied arrière droit indiquent une blessure sérieuse de l'animal dans sa jeunesse. Il a été placé dans le groupe Gomphotherium aff. steinheimense.

Un squelette complet de Gomphotherium, trouvé à Sansan (Gers), est exposé au Muséum national d'histoire naturelle, à Paris.

En 2014, un agriculteur découvrit à Montesquieu-Guittaut (Haute-Garonne) le crâne fossile quasi complet du Gomphotherium d'où provenait les dents de 1857, en Haute-Garonne, mais de peur de voir son terrain envahi par des chercheurs de fossiles, il ne signala sa découverte au muséum de Toulouse que deux ans plus tard[1],[2]. Le fossile est désormais conservé dans ce muséum[1].

De nombreux fragments de Gomphotherium, sous espèce trilophodon, ont été découverts dans les gravières de Desnes (Jura).

Phylogénie[modifier | modifier le code]

Un squelette fossile de Platybelodon du Musée du roc, Wuhan, province de Hubei, Chine.
Molaire de Platybelodon

Les caractéristiques de leur denture avaient d'abord fait ranger les gomphotheriums parmi les Mammutidae (ou mastodontes). Ces derniers avaient quatre défenses et des molaires raboteuses. Les éléphants actuels n'ont plus que deux défenses et leurs molaires ont une surface masticatoire en forme de lamelles.

Cependant, par la forme allongée de leur crâne et leurs défenses le plus souvent droites, les gomphoteriums se distinguent des Mammutidae. C'est pourquoi ils sont aujourd'hui placés dans le groupe des Gomphoteriidae. Un groupe plus restreint de Gomphoteriums trilophodontes est parfois appelé trilophodontidae.

Phylogénie des genres d'éléphants ainsi que d'autres familles proches, d'après les caractéristiques de leur os hyoïde, selon Shoshani et al. (2007)[3], les caractéristiques anatomiques du squelette, selon Cozzuol et al. 2012[4], et les caractéristiques génétiques selon Meyer et al. 2017[5] :


Elephantimorpha

Mammutidae (mastodontes)


Elephantida

Gomphotheriidae (gomphothères)


Elephantoidea

Tetralophodon




Anancus




Paratetralophodon




Stegodontidae (stegodontides)


Elephantidae

Stegotetrabelodon




Stegodibelodon


Elephantinae

Primelephas



Loxodontini

Palaeoloxodon (éléphants à défenses droites)



Loxodonta (éléphants d'Afrique)



Elephantini

Elephas (éléphants d'Asie)



Mammuthus (mammouths)














le gomphothérium est de face, il a 4 défenses, deux grandes sur le crâne et deux petites sur la mandibule.
reconstitution de Gomphotherium angustidens, Station de Métro Carpetana à Madrid, réalisation Quagga, photo Vivien Riout

Formes voisines[modifier | modifier le code]

Les Platybelodon sont cousins des Gomphotheriums. Chez eux, les deux défenses inférieures se sont réunies pour former une pelle avec laquelle les animaux creusaient probablement dans les terrains limoneux des zones humides pour trouver des plantes aquatiques. Les représentants connus de ce genre sont les Platybelodon d'Afrique et d'Asie ainsi que l'Amebelodon américain. La forme primitive des Platybelodon a été trouvée en Europe : il s'agit d'Archaeobelodon qui vivait il y a 15 millions d'années. En 2004, les paléontologues d'Augsbourg en ont mis au jour un squelette presque complet.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c "Un crâne du « mastodonte des Pyrénées » au Muséum d’histoire naturelle de Toulouse", Le Monde.fr avec AFP, le 12 juillet 2018.
  2. Vivien Riout, « Le Mastodonte des Pyrénées: récit d'une découverte. », sur academia.edu, Revue de Comminges et des Pyrénées Centrales- N°1-2020, (consulté le )
  3. [2007] (en) Jeheskel Shoshani, Marco P. Ferretti, Adrian M. Lister, Larry D. Agenbroad, Haruo Saegusa, Dick Mol et Keiichi Takahashi, « Relationships within the Elephantinae using hyoid characters », Quaternary International, vol. 169-170,‎ , p. 174 (DOI 10.1016/j.quaint.2007.02.003, Bibcode 2007QuInt.169..174S, lire en ligne [sur researchgate.net]).
  4. Mario A. Cozzuol, Dimila Mothé und Leonardo S. Avilla: A critical appraisal of the phylogenetic proposals for the South American Gomphotheriidae (Proboscidea: Mammalia). Quaternary International 255, 2012, S. 36–41
  5. Matthias Meyer, Eleftheria Palkopoulou, Sina Baleka, Mathias Stiller, Kirsty E. H. Penkman, Kurt W. Alt, Yasuko Ishida, Dietrich Mania, Swapan Mallick, Tom Meijer, Harald Meller, Sarah Nagel, Birgit Nickel, Sven Ostritz, Nadin Rohland, Karol Schauer, Tim Schüler, Alfred L Roca, David Reich, Beth Shapiro und Michael Hofreiter: Palaeogenomes of Eurasian straight-tusked elephants challenge the current view of elephant evolution. eLife 6, 2017, S. e25413, doi:10.7554/eLife.25413

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Guy Michard, Pascal Tassy, Alexandre Mille, Le Secret de l'Archéobelodon. Deux siècles d'enquête sur un fossile mythique, Belin, , 144 p.

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Liens externes[modifier | modifier le code]