Gogotte

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Gogotte
Description de cette image, également commentée ci-après
Gogotte au Royal Ontario Museum, Toronto, Canada
Catégorie Roche sédimentaire
Sous-catégorie Roche détritique terrigène
Composition chimique
99 % de silice (SiO2 ) et faible quantité de calcium et magnésium
Structure
botryoïde
Texture Sable consolidé
Couleur blanc
Utilisation
décoration, collection, spéculation
Affleurement Massif de Fontainebleau
Dureté roche très friable à cohérente
Formation de – 300 000 ans à – 7 000 ans (sur 3 périodes)

La gogotte est une concrétion gréseuse de sables siliceux très purs, souvent appréciée pour sa forme, provenant en particulier du sable de la forêt de Fontainebleau.

Historique de la description et appellations[modifier | modifier le code]

En Lorraine, au XIXe siècle, le mot gogotte était employé pour désigner des personnes prénommées Marguerite, dont le diminutif est Margot[1].

Dans le patois vosgien, Gôgotte (gô-gôt’) signifiait une oie dans le langage enfantin et Gogothe (gô-gôt’), le diminutif du prénom Agathe[2].

En patois champenois, on apelle gogottes les groseilles à maquereau.

Enfin, dans Les vacances de Zéphir[3], publié par Jean de Brunhoff en 1936, il est question de Gogottes qui se cachent derrière de gros cailloux.

Autrefois appelées poupées de grès, elles sont dénommées gogottes depuis les années 1970[4]. Les scientifiques parlent de grès siliceux, de lentilles silicifiées ou de concrétions multilobées.

Formation[modifier | modifier le code]

Les concrétions proviennent d’une roche sédimentaire, constituée de dépôts marins il y a environ 35 millions d'années, pendant l’oligocène. La mer puis la pluie et l’eau des nappes phréatiques ont déposé la silice qui a eu pour effet de cimenter les grains de sable et de former ainsi ces concrétions particulières.

Gogotte de Fontainebleau au Muséum d’Histoire naturelle de Bourges

Les zones concentriques indiquent des étapes successives de silicification.

Gogottes de Fontainebleau

Datation[modifier | modifier le code]

Des échantillons de calcite contenues dans les gogottes ont permis de les dater selon trois grandes périodes de formation :

-7 000 ans à -15 000 ans, soit la fin de la dernière période glaciaire ;

-30 000 ans à -50 000 ans, glaciation de Würm ;

-300 000 ans, début de la glaciation de Riss[5].

Caractéristiques physico-chimiques[modifier | modifier le code]

Epi Vaccaro, le responsable du laboratoire de pétrologie du Musée d'Histoire Naturelle de Londres a analysé une gogotte offerte au musée par Daniel Eskenazi, collectionneur et marchand d’objets d'art asiatique en 2017. D'une part, la diffractométrie de rayons X (DRX) montre que la poudre de la concrétion est presque exclusivement composée de quartz. D'autre part la microscopie électronique à balayage (MEB) a confirmé que cet échantillon est composé principalement de cristaux de quartz. L'analyse révèle également de petits grains de calcaire composés de calcium et de magnésium. Cette étude montre que cette roche est légèrement poreuse[6].

Gogotte au Natural History Museum, Londres

On peut observer à la surface des taches rouges ou brunes dues à l’oxyde de fer[7].

Gisements[modifier | modifier le code]

Le Bilboquet dans les Sables du Cul de Chien près de Noisy-sur-École (forêt domaniale des Trois Pignons)

Les gogottes proviennent en particulier du massif de la forêt de Fontainebleau dont le sable blanc et fin est d’une grande pureté. Quant aux rochers de cette forêt, fréquentés par les varappeurs, on peut dire que ce sont de grosses gogottes, selon Patrick De Wewer, géologue au Musée national d’histoire naturelle[8].

Utilisation[modifier | modifier le code]

Le roi Louis XIV a fait décorer quelques-unes des fontaines du parc du château de Versailles de gogottes provenant de la forêt de Fontainebleau[9].

Gogottes entourant un bassin du Bosquet des Trois Fontaines du Parc du château de Versailles
Gogotte au Souterroscope des Ardoisières

Curiosités naturelles[modifier | modifier le code]

Ces curiosités géologiques ont leur place dans les musées d’histoire naturelle, toutefois, si les collectionneurs apprécient leurs formes esthétiques, le commerce des curiosités géologiques augmente de façon exponentielle depuis le début du XXIe siècle[10].


Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Victor Thiéry, Société des chasseurs de la Haute-Garonne, « Souvenirs de Lorraine », Journal des chasseurs,‎ , p. 189 (lire en ligne)
  2. Haillant, Nicolas, Essai sur un patois vosgien. Dictionnaire phonétique et étymologique, Épinal, V. Collot (lire en ligne)
  3. BnF, « Babar à la BnF »
  4. Pierre Thomas, Laboratoire de Géologie de Lyon / ENS Lyon, « Les concrétions gréseuses, gogottes et autres poupées de la molasse sableuse miocène du Bas Dauphiné et leur utilisation par le facteur Ferdinand Cheval », Ressources scientifiques pour l'enseignement des sciences de la Terre et de l'Univers,‎ (lire en ligne)
  5. Médard Thiry, Jean-Michel Schmitt, Christophe Innocent, Isabelle Cojan, Association des Sédimentologistes Français, « Sables et Grès de Fontainebleau : que reste-t-il des faciès sédimentaires initiaux ? », 14ème Congrès Français de Sédimentologie,‎ , p. 31 (lire en ligne)
  6. Evaccaro, NHM London, « Sir David Attenborough unveils our latest acquisition | Curator of Petrology », sur naturalhistorymuseum.blog,
  7. Géopolis, « En savoir plus sur les gogottes »,
  8. Eskenazi Ltd, « Gogottes : A Rift in Time »,
  9. Pierre Thomas, Laboratoire de Géologie de Lyon / ENS Lyon, « Les gogottes des Sables de Fontainebleau et d'ailleurs, de rares beautés naturelles qui ont séduit le Roi Soleil »,
  10. Emma Crichton-Miller, Apollo, « Collectors' Focus Natural-history objects », Apollo Magazine Ltd,‎ (lire en ligne)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Pierre Thomas, Laboratoire de Géologie de Lyon / ENS Lyon, « Les gogottes des Sables de Fontainebleau et d'ailleurs, de rares beautés naturelles qui ont séduit le Roi Soleil », Planet Terre,‎ (lire en ligne)

Pierre Thomas, Laboratoire de Géologie de Lyon / ENS Lyon, « Les concrétions gréseuses, gogottes et autres poupées de la molasse sableuse miocène du Bas Dauphiné et leur utilisation par le facteur Ferdinand Cheval », Planet Terre,‎ (lire en ligne)

Thiry, M., Innocent, C., Girard, J., Milnes, A., Franke, C., & Guillon, S., « Sand calcites as a key to Pleistocene periglacial landscapes », Quaternary Research,‎ , p. 225-244 (lire en ligne)

Thiry, M., De Ascenção Guedes, R., Chiappero, P.-J., Martaud, A., 2020b, Les calcites de Fontainebleau, Seine-et-Marne, et autres calcites sableuses revisitées …, Le Règne Minéral, 156, p. 7-37

Thiry, M., 2016. Les Calrefs de Fontainebleau: occurrence et genèse. Bulletin Association des Naturalistes de la Vallée du Loing 89, 111–133

Thiry, M., Bertrand-Ayrault, M., Grisoni, J.-C., 1988. Ground-water silicification and leaching in sands: example of Fontainebleau Sand (Oligocène) in the Paris Basin. Geological Society of America Bulletin 100, 1283–1290.

Thiry, Médard, Marie Nieves Liron, Patrick Dubreucq, and Jean-Claude Polton. Curiosités géologiques du massif de Fontainebleau. 2017. Guide géologique. BRGM Éditions Orléans, France

Médard Thiry, « Les calcites de Fontainebleau : une clé pour dater la silicification des grès ? », hal-00762302,‎ , p. 1-12 (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

« Minéraux de calcite de Fontainebleau Une belle histoire... racontée par Médard Thiry », sur geosciences.minesparis.psl,

Vidéo externe
https://vimeo.com/264995075 Gogottes: A Rift in Time, Eskenazi