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Godillot

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Poilu en uniforme militaire de 1915.

En France, un godillot est un terme familier mais vieilli pour désigner une grosse chaussure, d'où dérive, par l'argot, le terme « godasse »[1].

Avant la Seconde Guerre mondiale, il désignait une chaussure militaire du nom d'un fabricant et fournisseur de l'armée française, Alexis Godillot (1816-1893), associé à Heilbronner[2]. En effet, il industrialise la production de chaussures pour le gouvernement impérial, Napoléon III étant vexé de la réputation de « va-nu-pieds » de ses soldats. Son nom servit par antonomase à désigner le type de chaussures qu'il fabriquait.

Solide chaussure en cuir à lacets, avec des clous dans les semelles, elle devient incontournable dans l'armée française, puis se diffuse avec le développement du scoutisme et de la randonnée.

Sur le plan militaire, elle est remplacée après le second conflit mondial par des chaussures à semelle Vibram, plus confortable et légère car en caoutchouc, même si la réputation de solidité du godillot demeure[3].

Parti godillot

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Le mot acquiert une nouvelle signification au cours des naissances de la France libre et du RPF. Chez les gaullistes, il est synonyme d'adhésion ardente et confiante au chef. Les adversaires du général de Gaulle, en particulier les communistes, l'emploient, dès 1948, avec une connotation méprisante. Les militants des formations de gauche y voient une image propre à dénoncer une aveugle discipline du parti[4].

L'usage du terme pour désigner des parlementaires remonte aux années 1960 : Le Canard enchaîné l'attribue au député gaulliste André Valabrègue, qui dément et affirme avoir plutôt déclaré que les gaullistes étaient « les bons souliers de marche du général de Gaulle »[2],[5],[6]. Selon Antoine de Baecque, Le Canard enchaîné est en tout cas l’organe qui diffuse l'expression « s’il ne l’a pas inventée »[6]. L'expression « parti godillot » et dans une moindre mesure le mot « godillot » lui-même sont passés à la postérité pour désigner des membres d'un parti politique suivant sans discuter la ligne du parti, ou des parlementaires, — les « députés godillots » —, obéissant sans discuter à leur gouvernement[7]. Le terme « playmobil » est parfois utilisé dans le même sens, par exemple en 2019 lors d'un débat sur la réforme des retraites[8],[9].

Bibliographie

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Notes et références

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  1. Étymologie de « Godasses », Base CNRTL.
  2. a et b « Godillot » dans l'émission Merci Professeur ! de Bernard Cerquiglini.
  3. Martine Fournier, résumé du livre d'Antoine de Baecque Les Godillots. Manifeste pour l’histoire marchée (Anamosa, 2017), Sciences humaines n°295, août-septembre 2017, pages 70.
  4. Claire Andrieu, Philippe Braud, Guillaume Piketty, Dictionnaire De Gaulle, Paris, Robert Laffont, , 1265 p. (ISBN 9782221102800), p. 557
  5. Antoine de Baecque Manifeste pour une histoire marchée
  6. a et b Antoine de Baecque, « Comment les députés fidèles au gouvernement sont devenus des «godillots» », sur Slate.fr, (consulté le ).
  7. "Député godillot" : petite histoire de l'insulte politique préférée de nos élus
  8. Cette députée LREM traitée de Playmobil sur LCI vaut le détour(nement)
  9. “C'est moi que vous traitez de Playmobil ?” Une députée LREM s'indigne

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