Gilberto Freyre

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Gilberto de Mello Freyre (Recife – Recife,  (à 87 ans) était un sociologue, anthropologue et écrivain brésilien. Il est considéré comme l'un des grands noms de l'histoire du Brésil.

Biographie[modifier | modifier le code]

« Je suis un Brésilien, dont les ancêtres, installés depuis longtemps au Brésil, ont presque tous des origines lointaines dans la péninsule ibérique, avec un peu de sang amérindien. »

— Extrait de Terres du sucre : Nordeste[1]

Gilberto Freyre était un descendant de Portugais, d'Amérindiens, d'Espagnols, et de Néerlandais (Hollandais)[2].

Fils de Alfredo Freyre, juge et professeur d'économie politique de la faculté de droit de Recife, Gilberto Freyre a commencé ses études en fréquentant le jardin d'enfants du collège américain Gilreath en 1908. Il a son premier contact avec la littérature à travers Les Voyages de Gulliver. Cependant, malgré son intérêt, il ne parvient pas à apprendre à écrire, se faisant noter pour ses dessins. Il prend des cours particuliers avec le peintre Telles Júnior, qui se plaint de son insistance à déformer les modèles. Il commence à apprendre à lire et à écrire en anglais avec M Williams qui le félicite pour ses dessins.

En 1909, sa grand-mère maternelle qui le gâtait en supposant qu'il était retardé à cause de ses difficultés à apprendre à écrire, décède. Ses premières expériences de la vie rurale eurent lieu à l'époque où, enfant, il fait un séjour dans l'exploitation de canne à sucre de São Severino do Ramo appartenant à des membres de sa famille. Plus tard il écrira sur cette première expérience dans Pessoas, Coisas & Animais (Personnes, Choses & Animaux) ce qui a donné des pages qui comptent parmi ses meilleures.

Freyre a étudié à l'université Columbia aux États-Unis où il rencontre Franz Boas, sa principale référence intellectuelle. Son premier livre, qui est aussi le plus important est Casa-Grande & Senzala, publié en 1933. En 1946, Gilberto Freyre est élu à l'assemblée constituante sous l'étiquette de l'Union démocratique nationale (UDN) et en 1964, il appuie le coup militaire qui renverse João Goulart. De lui Monteiro Lobato dira :

« Le Brésil du futur ne va pas être ce que les vieux historiens ont dit et qu'ils répètent aujourd'hui. Il va être ce que Gilberto Freyre dit. Freyre est l'un des génies à la palette la plus riche et la plus éclairante que ces terres antarctiques aient jamais produits. »

Il occupa le fauteuil 23 de l'Académie pernamboucaine de lettres (pt) à partir de 1986.[réf. nécessaire]

Casa-Grande & Senzala[modifier | modifier le code]

Son premier et plus connu livre est Casa-Grande & Senzala, publié en 1933 et écrit au Portugal. Dans cette œuvre, Freyre refuse les doctrines racistes qui préconisaient le « blanchiment » du Brésil. Basé sur Franz Boas, il a démontré que le déterminisme racial ou climatique n'influence pas le développement d'un pays. Cependant, cette œuvre a donné naissance au mythe de la démocratie raciale au Brésil, à cause des relations harmoniques entre les races, ce qui a atténué l'esclavage brésilien - selon Freyre, celui-ci a été moins nocif que l'esclavage américain.

Contrairement à ce qu'on imagine, Casa-Grande & Senzala n'est pas un traité sociologique ou anthropologique. Basé sur sources historiques et sur ses réflexions personnelles, Freyre se disait un « écrivain versé dans les sciences sociales », pas un sociologue, comme il a écrit dans Comment et pourquoi je suis et je ne suis pas sociologue (1968).

Prix et distinctions[modifier | modifier le code]

Classement chronologique

  • prix de la société Filipe d'Oliveira, Rio de Janeiro, 1934
  • prix Anisfield-Wolf, USA, 1957
  • prix d'excellence littéraire de l'Académie pauliste des lettres (pt), 1961
  • prix Machado de Assis, de l'Académie brésilienne des lettres (pour l'ensemble de ses œuvres), 1962
  • prix Moinho Santista de « sciences sociales en général », 1964
  • prix Aspen, de l'institut Aspen, USA, 1967
  • prix international La Madonnina, Italie, 1969
  • Chevalier commandeur de l'ordre de l'Empire britannique, distinction conférée par la reine d'Angleterre, 1971
  • médaille Joaquim Nabuco, Assemblée Législative de l'État du Pernambouc, 1972
  • trophée Nouveau monde, pour Œuvres notables en sociologie et histoire, 44, São Paulo - trophée Journaux Associés, pour « plus grande distinction actuelle en arts plastiques » - prix Jabuti, de la chambre brésilienne du livre, 1973
  • Prix Esso en 2005
  • médaille d'or José Vasconcelos, Frente de Afirmación Hispanista de México, 1974
  • éducateur de l'année, Syndicat des professeurs de l'enseignement primaire et secondaire au Pernambouc et association des professeurs de l'enseignement officiel, 1974
  • médaille Massangana, fondation Joaquim Nabuco (pt) de recherches sociales, 1974
  • grand-croix Andrés Bello da Venezuela, 1978
  • grand-croix de l'ordre du mérite des Guararapes de l'État du Pernambouc, 1978
  • prix Brasília de littérature pour l'ensemble de ses œuvres, Fondation culturelle du district fédéral, 1979
  • prix Moinho Recife, 1980
  • médaille de l'ordre de Ipiranga de l'État de São Paulo, 1980
  • grand-croix de l'ordre d'Alphonse X le Sage, Espagne, 1983
  • grand-croix de l'ordre de Sant'Iago de l'Épée, Portugal, 1983
  • grand-croix de l'ordre du mérite Capibaribe de la ville de Recife, 1985
  • grand officier de la Légion d'honneur, France, 1986[3]

Œuvres[modifier | modifier le code]

Gilberto Freyre (à droite) avec ses amis Adonias Filho (pt) (à gauche) et Rachel de Queiroz (au centre).
  • Manifesto regionalista, 1926
  • Casa-Grande & Senzala, 1933 (traduction française Maîtres et Esclaves, Gallimard, coll. Tel, Paris 1978)
  • Sobrados e Mucambos, 1936
  • Nordeste, 1937
  • Assucar, 1939
  • Olinda, 1939
  • O mundo que o português criou, 1940
  • A história de um engenheiro francês no Brasil, 1941
  • Problemas brasileiros de antropologia, 1943
  • Sociologia, 1945
  • Interpretação do Brasil, 1947
  • Ingeleses no Brasil, 1948
  • Ordem e Progresso, 1957
  • O Recife sim, Recife não, 1960
  • Brasis, Brasil e Brasília, 1968
  • O brasileiro entre os outros hispanos, 1975
Traduction(s) en français
  • Maîtres et esclaves, la formation de la société brésilienne, 1978[4]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Gilberto Freyre (trad. du portugais par Jean Orecchioni, avant-propos de Jean Duvignaud), Terres du sucre : Nordeste, Paris, éd. Quai Voltaire, , 241 p. (ISBN 9782876531420, lire en ligne [sur archive.org]).
  2. (pt) « Freyre da Casa Grande », article sur Gilberto Freyre(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur bvgf.fgf.org.br, biblioteca virtual.
  3. « ??? »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur fundaj.gov.br
  4. [Freyre 1997] Gilberto Freyre (trad. Roger Bastide, préf. Lucien Febvre), Maîtres et esclaves : la formation de la société brésilienne [« Casa-grande & senzala : formação da família brasileira sob o regime da economia patriarcal »], Paris, Gallimard, (1re éd. 1933), 550 p. (ISBN 2-07-028387-9, présentation en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (pt) Edson Nery da Fonseca, Em Torno de Gilberto Freyre. Recife, Editora Massangana, 2007. (ISBN 978-85-7019-461-9)
  • (en) Peter Burke et Maria Lúcia G. Pallares-Burke, Gilberto Freyre : social theory in the tropics, Peter Lang, Oxford, 2008, 261 p. (ISBN 978-1-906165-04-8)
  • (pt) Ricardo Benzaquen de Araújo, Guerra e paz : « Casa-Grande & Senzala » e a obra de Gilberto Freyre nos anos 30, Editora 34, Rio de Janeiro, 2005 (2e éd.), 223 p. (ISBN 85-85490-41-1)
  • (pt) Maria Lúcia Garcia Pallares-Burke, Gilberto Freyre : um vitoriano dos trópicos, Editora UNESP, São Paulo, 2005, 481 p. (ISBN 85-7139-610-8)
  • (pt) Victor Villon, O Mundo Português que Gilberto Freyre Criou, seguido de Diálogos com Edson Nery da Fonseca. Rio de Janeiro, Vermelho Marinho, 2010. 220 p. (ISBN 978-85-62851-72-8)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]