Georges Frédéric Dentzel

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 Georges Frédéric Dentzel
Georges Frédéric Dentzel

Naissance
Bad Dürkheim (Comté de Linange-Dagsbourg-Hartenbourg)
Décès (à 72 ans)
Versailles
Origine Blason du comté de Linange-Dagsbourg-Hartenbourg Comté de Linange-Dagsbourg-Hartenbourg
Allégeance Drapeau de la France France
Grade Général de brigade
Années de service 17741815
Commandement Défense de Landau
Direction de l'hôpital militaire du Mans
Commandement des places de Weimar
Varsovie et Vienne
Conflits Guerre d'Indépendance américaine
Guerres de la Révolution française
Guerres napoléoniennes
Distinctions Baron de l'Empire
Officier de la Légion d'honneur
Chevalier de Saint-Louis
membre de l'ordre de Sainte-Anne
commandeur de l'ordre de Louis de Hesse
Autres fonctions Pasteur protestant
Député du Bas-Rhin
Famille Grand-père maternel de Georges Eugène Haussmann

Emblème

Georges Frédéric Dentzel, né le à Dürkheim, mort le à Versailles, est un homme d'Église et un homme politique français d'origine rhénane. D'abord aumônier du régiment Royal-Deux-Ponts puis pasteur de Landau, il est élu député durant la Révolution française, devient officier au sein de l'armée française puis baron d'Empire.

Biographie[modifier | modifier le code]

Georg Friedrich Dentzel, fils d'un boulanger de Dürkheim dans le Palatinat, a étudié la théologie luthérienne aux universités de Halle-sur-Saale en Prusse et d'Iéna en Thuringe, puis il s'engage en tant qu'aumônier dans le régiment Royal-Deux-Ponts, un régiment germanophone de l'armée française que le duc de Deux-Ponts avait acheté pour son fils et qui recrutait principalement en Allemagne, en Alsace et en Suisse. C'est l'un des seuls régiments français de l'époque à avoir un aumônier protestant en plus d'un aumônier catholique, les alsaciens et les étrangers ayant le droit de pratiquer un autre culte que le catholicisme. Avec son régiment, Dentzel fait la guerre d'indépendance américaine dans le corps expéditionnaire de Rochambeau. Il assiste à la bataille de Yorktown en 1781. Après la guerre, quand le contrat de Dentzel arrive à échéance, le Royal-Deux-Ponts est en garnison à Landau, ville qui était alors française depuis 1648. L'aumônier sur le point d'être démobilisé peut obtenir la charge de pasteur de Landau à condition d'être naturalisé français, ce qu'il obtient en  : il s'appelle désormais Georges Frédéric Dentzel. Il devient donc premier pasteur et président du consistoire de Landau et il épouse la même année Sybille Louise Wolff, fille du bourgmestre de la ville.

En septembre 1792, Dentzel est élu député du département du Bas-Rhin, le quatrième sur neuf, à la Convention nationale, où il siège sur les bancs de la Plaine[1]. Lors du procès de Louis XVI, il ne vote à aucun des quatre appels nominaux, étant alors de commission. Il est absent lors de la mise en accusation de Marat[2] et vote contre le rétablissement de la Commission des Douze[3].

En nivôse an II (janvier 1794), Dentzel est décrété d'arrestation sur les motions de Bourdon de l'Oise, de Danton et de Rhül, pour abus de pouvoir durant sa mission à Landau, et au titre qu'il est étranger[4]. En frimaire an III (novembre 1794), il est libéré et réintégré à son poste après un rapport de Thuriot qui atteste qu'il détient la nationalité française[5].

En vendémiaire an IV (octobre 1795), Dentzel est nommé par ses pairs au Conseil des Anciens en vertu du décret des deux-tiers[6]. Il est tiré au sort pour y rester jusqu'en prairial an VI (mai 1798)[7] et y est réélu aux élections de la même année[8].

Le coup d’État du 18 brumaire met fin à sa carrière politique. Le lendemain, lors du vote au Conseil des Anciens, ses convictions républicaines lui donnent le courage de voter contre Napoléon Bonaparte. Conscient des conséquences fâcheuses de ce vote et de ces événements pour sa carrière, Dentzel demande et obtient sa réintégration dans l'armée mais on le nomme directeur de l'hôpital militaire du Mans, fonction habituellement confiée à des officiers retirés du service, puis administrateur de l'hôpital militaire de Landau. Malgré ses demandes d'affectation et ses démarches pour obtenir de rester en activité il est mis à la retraite dès 1801. Il s'installe alors à Versailles, à l'Ermitage, ancienne propriété de la marquise de Pompadour qu'il a acheté en 1799 après avoir cédé les biens qu'il possédait à Landau.

Les demandes répétées de Dentzel pour être réintégré dans le service actif aboutissent enfin en 1806 : il est nommé auprès du vice-roi d'Italie Eugène de Beauharnais puis en Allemagne. Il commande les places de Weimar (où il rencontre Goethe), Varsovie et Vienne occupées par l'armée française. Il est affecté à l'armée d'Espagne en 1810-1811 où il est blessé à Valverde devant Badajoz le , puis à l’État-major du prince d'Eckmühl à Hambourg en . Il fait la campagne de Russie en 1812, est en Saxe en 1813 où il participe à la bataille de Dresde, puis fait la campagne de France (1814). Il est fait chevalier () puis officier () de la Légion d'honneur et est titré baron par Napoléon Ier le . Sa carrière militaire se termine à la fin de l'Empire : il est nommé général de brigade le , la veille de l'abdication de l'Empereur, puis mis en non-activité. Cette dernière promotion lui est confirmée deux fois par Louis XVIII les et sous le nom de maréchal de camp, ce grade, disparu en 1793, étant rétabli sous la Restauration. Il est fait chevalier de Saint-Louis le . Nommé à l’État-major du duc de Berry en , il est affecté à l’État-major général de l'armée pendant les Cent-Jours puis est définitivement mis à la retraite en .

Georges Frédéric Dentzel se retire à Versailles sous la Restauration, où il est membre du consistoire luthérien. Décédé le à Versailles, il y est inhumé dans ce qui était alors le carré protestant, au cimetière Notre-Dame.

Famille[modifier | modifier le code]

Il est le père de Louis Dentzel, lui aussi officier de l'armée française sous le Premier Empire, lieutenant-colonel en demi-solde sans affectation sous la Restauration, compromis dans les complots de la Charbonnerie contre le régime des Bourbons. Engagé volontaire dans l'armée insurrectionnelle grecque contre les Turcs, le deuxième baron Dentzel est mort célibataire et sans postérité à Vonitza : il était général de l'armée grecque, commandant l'armée de Grèce occidentale.

Georges Frédéric Dentzel est aussi le grand-père maternel de Georges Eugène Haussmann, célèbre préfet de la Seine, chargé notamment des grands travaux d'urbanisme de Paris sous le règne de Napoléon III.

Annexes[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

  1. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, p. 56.
  2. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793, p. 73.
  3. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 28 mai 1793, p. 535.
  4. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 83, séance du 27 nivôse an II (16 janvier 1794), p. 394.
  5. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 102, séance du 6 frimaire an III (26 novembre 1794), p. 215-216.
  6. L'Ami du peuple ou le défenseur des patriotes persécutés n°78 du 7 brumaire an IV (27 octobre 1795), p. 2.
  7. Gazette nationale ou le Moniteur universel n°167 du 7 ventôse an V (7 mars 1797), p. 6.
  8. Gazette nationale ou le Moniteur universel n°210 du 30 germinal an VI (19 avril 1798), p. 1.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (de) Otto Mehringer, Georg Friedrich Dentzel. Pfarrer - Jakobiner - General. Ein pfälzisches Schicksal, Speyer (Rhénanie-Palatinat, Allemagne) : Evang. Presseverband der Pfalz, 1983.
  • Norbert Chales de Beaulieu, Georges-Frédéric Dentzel (1755-1828), une destinée européenne, thèse de doctorat en histoire (université de Paris-IV-Sorbonne) sous la direction de Jean Tulard (1994, inédite).
  • Norbert Chales de Beaulieu, « Georg Friedrich Dentzel (1755-1828), une destinée européenne », in Contribution à l'histoire de la Révolution et de l'Empire/Beitrag zur Geschichte der Revolution und napoleonischen Zeit (1789-1815), sous la direction d'Hervé Brouillet. Baden-Baden (Bade-Wurtemberg, Allemagne) : AIAT 3/Forces Françaises en Allemagne / Direction de l'Enseignement Français en Allemagne, 1989.

Liens externes[modifier | modifier le code]