Gaston Caulet du Tayac

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Gaston Caulet du Tayac, né le rue du Bac à Paris et mort dans le 6e arrondissement de Paris le est un journaliste républicain et communard. Il joue un rôle important dans l'insurrection de La Guillotière, à Lyon, le puis est déporté en Nouvelle-Calédonie.

Biographie[modifier | modifier le code]

Républicain et communard[modifier | modifier le code]

Fils d'un haut fonctionnaire à la direction générale de la Caisse des Dépôts et Consignations et ancien officier de la garde de Napoléon Ier[1], Gaston Caulet du Tayac devient journaliste et militant républicain à la fin du Second Empire[2]. Il est condamné à des amendes et emprisonné à deux reprises en 1869 et en 1870 pour ses activités républicaines[1].

Au déclenchement de la guerre de 1870, il s’engage dans un régiment de zouaves[1].

Journaliste au Cri du Peuple[1], engagé dans la Commune de Paris, il entre dans le cabinet de Raoul Rigault avec le titre de commissaire spécial[1],[2]. Il est donc membre de la Commission de la Sûreté générale[3]. Il se considère comme blanquiste[4].

L'insurrection de La Guillotière[modifier | modifier le code]

Avec Charles Dumont[5],[6], la Commune de Paris l'envoie à Lyon le , où il arrive en passant par Bâle. Ils sont chargés d'obtenir du maire de Lyon, Jacques-Louis Hénon, un ajournement des élections municipales[1],[2]. En effet, Adolphe Thiers, chef du gouvernement de Versailles, a décidé d'organiser des élections municipales et de nommer tous les maires des villes de plus de 20 000 habitants, pour mieux isoler la Commune de Paris[7]. Les communards veulent que ces élections permettent d'élire les maires et ils refusent donc qu'elles soient organisées comme prévu[8].

Caulet du Tayac rencontre Hénon le [4], mais le maire de Lyon éconduit les deux délégués de la Commune de Paris[5] et maintient les élections[1],[2]. Caulet du Tayac ne réussit pas non plus à rallier à sa cause le directeur du journal lyonnais républicain radical, Le Progrès[4]. Caulet du Tayac et Dumont lancent un appel au boycott de ces élections, préalable à une future proclamation de la Commune. Ils échouent dans ces deux objectifs[5].

Après être retournés en Suisse pour éditer des affiches appelant à la révolte[8], Caulet du Tayac et Dumont prennent part à l'insurrection de La Guillotière[1],[2],[6], quartier ouvrier de Lyon. Cette émeute a lieu le jour où sont prévues les élections, le . Vers 7 heures du matin, un groupe de 25 à 30 hommes prend la mairie de La Guillotière, et, rejoints par d'autres, ils atteignent un effectif maximum de 150. Ils dressent des barricades. L'armée réprime cette révolte le jour même, tirant au canon sur la mairie[3].

Les deux délégués de la Commune de Paris, Caulet du Tayac et Dumont, sont envoyés auprès du chef de la garde nationale de Lyon, le général Bourras, dans l'espoir « d'établir, si possible, une entente révolutionnaire ». Ils ne parviennent pas à le voir et sont arrêtés[4]. Vers 23 heures, la dernière barricade se rend. Cette répression militaire fait au moins une trentaine de morts et plusieurs dizaines de blessés chez les insurgés[3]. Les élections ont lieu la semaine suivante[5].

Jugement et déportation[modifier | modifier le code]

Après la Commune, Caulet du Tayac est jugé par le premier conseil de guerre[1]. Il y proclame publiquement ses convictions :

« Je suis athée, socialiste et révolutionnaire. Athée, parce qu'en fouillant les annales des peuples de l'univers, en considérant les événements contemporains, j'ai conclu que chaque fois qu'on avait eu du sang à verser, une grande iniquité à commettre, on s'était abrité derrière une divinité quelconque. Socialiste, parce que je veux l'affranchissement du travail comme je veux l'émancipation de l'idée. Révolutionnaire, parce que je crois que le moment est venu de faire prévaloir quand même la justice et la vérité[3],[9]. »

Il est condamné le à la déportation dans une enceinte fortifiée[1] et déporté en Nouvelle-Calédonie[2], tandis que Dumont est détenu à la centrale de Clairvaux[6]. En Nouvelle-Calédonie, parmi ses codétenus figure le jeune Henry Bauër, qui décrit ainsi leur relation : « Pendant cinq ans, mon compagnon de tous les jours est Caulet de Tayac : nous prenons nos repas ensemble, nous avons mêmes lectures, mêmes préoccupations, mêmes sentiments »[10].

Caulet du Tayac est atteint d'une phtisie qui s'aggrave tellement que le gouverneur de la Nouvelle-Calédonie demande sa grâce[2]. Gracié le [1], il rentre en France en passant par l'Australie et meurt rapidement après[1],[2]. Selon Henry Bauër : « Celui de mes amis que j'aimais le plus, Caulet de Tayac, si intelligent, si vaillant, a rendu l'âme au bout de cinq ans d'agonie, un mois après sa rentrée à Paris. »[10].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k et l « Caulet du Tayac Gaston », dans Le Maitron.Dictionnaire biographique mouvement ouvrier mouvement social, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne).
  2. a b c d e f g et h Bernard Noël, Dictionnaire de la Commune, t. 1, Paris, Flammarion, coll. « Champs » (no 35 et 54), , 327+291 p., p. 108-109.
  3. a b c et d William Serman, La Commune de Paris (1871), Paris, Fayard, , 621 p. (ISBN 9782213013541), p. 304, 430-431.
  4. a b c et d Julian Archer, « La Commune de Lyon (mars-avril 1871) », Le Mouvement social, no 77,‎ , p. 5-47 (lire en ligne).
  5. a b c et d Jeanne Gaillard, Communes de province, Commune de Paris 1870-1871, Paris, Flammarion, coll. « Questions d'histoire » (no 26), , 186 p., p. 83, 91.
  6. a b et c « Dumont Charles, Pascal », dans Le Maitron.Dictionnaire biographique mouvement ouvrier mouvement social, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne)
  7. Maurice Moissonnier, « 1869 – 1871 – Lyon des insurrections entre tradition et novation », dans Gilbert Larguier et Jérôme Quaretti (dir.), La commune de 1871 : utopie ou modernité ?, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, , 448 p. (ISBN 978-2-908912-87-6, DOI 10.4000/books.pupvd.36700, lire en ligne), p. 105–120.
  8. a et b « Discussion », dans Gilbert Larguier et Jérôme Quaretti (dir.), La commune de 1871 : utopie ou modernité ?, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, , 448 p. (ISBN 978-2-908912-87-6, DOI 10.4000/books.pupvd.36700, lire en ligne), p. 179-185.
  9. Bernard Noël, Dictionnaire de la Commune, t. 1, Paris, Flammarion, coll. « Champs » (no 35 et 54), , 327+291 p., p. 54.
  10. a et b Henry Bauër, Mémoires d'un jeune homme, Paris, G. Charpentier et E. Fasquelle, , 322 p. (lire en ligne), p. 248, 283.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notices biographiques[modifier | modifier le code]

  • « Caulet du Tayac Gaston », dans Le Maitron.Dictionnaire biographique mouvement ouvrier mouvement social, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne).
  • Bernard Noël, Dictionnaire de la Commune, t. 1, Paris, Flammarion, coll. « Champs » (no 35 et 54), , 327+291 p., p. 108-109.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]