Galerie dorée

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Galerie dorée de la Banque de France
Vue partielle de la Galerie dorée.
Présentation
Type
Partie de
Style
Architecte
Construction
Hauteur
8 mètres
Propriétaire
Localisation
Pays
France
Commune

La Galerie dorée est une galerie d'apparat de style Régence située dans l’hôtel de Toulouse à Paris, actuel siège de la Banque de France, et dont elle est la pièce emblématique.

Avec la Galerie des Glaces du château de Versailles et la Galerie d'Apollon du palais du Louvre, elle est considérée comme l’une des plus somptueuses galeries françaises[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

XVIIe siècle : construction et décoration[modifier | modifier le code]

En 1635, Louis Phélypeaux de La Vrillière, secrétaire d’État de Louis XIII et collectionneur d’art, demande à François Mansart de lui construire un hôtel particulier, qui deviendra l’Hôtel de La Vrillière, actuel Hôtel de Toulouse[2],[3].

La Galerie Dorée y est construite entre 1635 et 1640[1],[4]. La conception de la galerie s'inspire de la galerie du palais Farnèse[5].

De 1646 à 1649, le peintre François Perrier orne la voûte de scènes mythologiques : Le Triomphe d’Apollon ; L’Aurore ; La Nuit ; Junon et Éole ; Neptune et Amphitrite ; Jupiter et Sémélé ; Pluton et Proserpine.

XVIIIe siècle : nouvelle campagne décorative[modifier | modifier le code]

La Galerie dorée sous Louis XVI, par Jean-François Garneray.

En 1713, Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse et bâtard légitimé de Louis XIV, achète l’Hôtel de la Vrillière et la demeure prend le nom d’Hôtel de Toulouse. Entre 1714 et 1719, il fait entièrement redécorer la Galerie par l’architecte Robert de Cotte. Le sculpteur François-Antoine Vassé, membre de l'Académie Royale de peinture et de sculpture et dessinateur général de la Marine royale, réalise de somptueux lambris[1],[3],[4].

La Galerie dorée sous le Premier Empire, par Jean-François Garneray.

Confiscation révolutionnaire[modifier | modifier le code]

En 1793, à la mort du duc de Penthièvre (fils du comte de Toulouse), l’hôtel est confisqué comme bien national. La Galerie sert d’entrepôt de papier à l’Imprimerie nationale. Elle subit altérations et vandalismes : des tableaux de maître sont envoyés dans différents musées (notamment au Louvre), d'autres sont découpés ; le monogramme du comte de Toulouse est brûlé... Les boiseries sont épargnées[1].

XIXe siècle : siège de la Banque de France - Vicissitudes[modifier | modifier le code]

En 1808, la Banque de France, créée huit ans plus tôt par Napoléon Bonaparte, achète l’Hôtel de Toulouse. Le 17 janvier 1810, elle y tient la première assemblée générale de ses actionnaires - les deux cents familles - avant de s’y installer en 1811.

Tout au long du XIXe siècle, l’état de la Galerie se détériore à cause de glissements de terrain et de l'instabilité des fondations due à une très forte sécheresse. Un rapport de 1858 suggère même de la raser. Le gouverneur de la Banque de France, Charles Le Bègue de Germiny, s'y oppose.

Entre 1870 et 1876, la Galerie est démontée et remontée par Charles Questel. Trop dégradées, les fresques de François Perrier ne peuvent être sauvées. Elles sont reproduites sous forme de toile marouflée, réalisées de 1865 à 1869 par Paul et Raymond Balze et les frères Denuelle.

En revanche, les boiseries de François-Antoine Vassé sont intégralement conservées.

Des copies remplacent les dix tableaux originaux déposés sous la Révolution.

La Galerie retrouve alors sa fonction d’accueil des assemblées générales des actionnaires de la Banque, qui s’y tiendront jusqu’à la nationalisation de l’établissement en 1936.

XXe siècle : lieu événementiel[modifier | modifier le code]

À partir de 1936, la Galerie accueille divers événements : réunions internationales ; conférences de presse ; examens oraux des concours de cadre de la Banque ; tournages de films (Tous les matins du monde en 1991 ; Vatel en 2000)[6] ; concerts et réceptions diverses[6].

XXIe siècle : restauration de 2014-2015[modifier | modifier le code]

Une étude de la société Perrot & Richard Architectes identifie les altérations de la Galerie dues aux travaux anciens (électrification du début du XXe siècle) et aux systèmes successifs de chauffage. Une minutieuse numérisation des boiseries et de la voûte est effectué par rayon laser. Une restauration complète débute en septembre 2014. Faisant appel aux techniques les plus récentes, elle concerne :

  • les boiseries et les peintures de la voûte, restaurées sur place à l’aide d’un échafaudage occupant toute la galerie. Pour supporter son poids, le parquet est totalement démonté et le sol renforcé par des structures métalliques ;
  • les toiles insérées dans les boiseries, déposées puis restaurées en atelier ;
  • les lambris repeints en « blanc de roi », leur couleur d’origine, à la place de la teinte verte héritée d’une restauration intermédiaire ;
  • le parquet, entièrement refait ;
  • les vitres, dotées d'un double vitrage biseauté spécialement créé par Saint-Gobain.

La réfection s’achève en juillet 2015. La Galerie dorée peut rouvrir au public, lors de visites hebdomadaires et à l'occasion des Journées du Patrimoine[7],[8],[9],[1],[10].

Chronologie[modifier | modifier le code]

L'assemblée générale de la Banque de France, tenue le 29 janvier 1852 dans la Galerie dorée, par A. Renard

Description[modifier | modifier le code]

Œuvre monumentale, la Galerie Dorée mesure 40 mètres de long, 6,5 mètres de large et 8 mètres de haut[6].

Voûte[modifier | modifier le code]

La voûte s'orne d'une fresque initialement peinte par François Perrier entre 1646 et 1649. Ordonnée autour des quatre éléments représentés dans chaque coin, elle évoque le règne de Louis XIII et la naissance de Louis XIV[11].

Depuis l'entrée, on trouve :

  • l'air avec Junon et Éole, qui évoque la régence d’Anne d’Autriche - Louis XIII mourant tente de retenir les vents, qui représentent les Grands du Royaume et la Fronde naissante (près de l'entrée, à gauche) ;
  • l'eau avec Neptune et Amphitrite, qui célèbre le mariage de Louis XIII et d’Anne d’Autriche en 1615 (à droite, face à l'air) ;
  • le feu avec Jupiter et Sémélé, qui rappelle la conception quasi-miraculeuse du Dauphin lors d’un d’orage, le 5 décembre 1637 (au fond, à gauche) ;
  • la terre avec Pluton et Proserpine, qui fait écho à la grave crise traversée par le couple et à sa réconciliation en août 1637 (à droite, face au feu).

Au centre du plafond, le char d'Apollon, précédé de l'étoile du matin Vénus et suivi de la Lune, traverse le ciel. Il évoque la naissance de Louis XIV - représenté par Apollon - le 5 septembre 1638, à 11 heures 45. L'emplacement des astres correspond au ciel astrologique du futur Roi-Soleil[12],[6]. Le Scorpion - signe ascendant du souverain (15e degré)[13] - apparaît à gauche, c'est-à-dire à l'horizon est. Le peintre avait donc connaissance de cet élément. Louis XIV était né sous la Vierge, son signe solaire. Mais l'astrologie ancienne considérait l'ascendant comme le vrai signe astral. Par contre, l'artiste a inversé le zodiaque : au dessus de l'horizon, on devrait trouver, après le Scorpion, la Balance, la Vierge (au milieu du ciel), le Lion, le Cancer, les Gémeaux et le Taureau. Or, on aperçoit le Sagittaire, le Capricorne, le Verseau, les Poissons, le Bélier et le Taureau, situés sous l'horizon à la naissance de Louis XIV.

L’œuvre originale n’existe plus. Lors de la restauration de 1865-1869, les peintures de Perrier, en mauvais état, sont remplacées par des copies dues à Paul Balze, à son frère Raymond et aux frères Denuelle.

Peintures[modifier | modifier le code]

Les dix tableaux de maître achetés par Louis Phélypeaux de la Vrillière illustrent des scènes peintes par Le Guerchin, Nicolas Poussin, Carlo Maratta, Pierre de Cortone, Alessandro Turchi et Le Guide, presque toutes tirées de l’histoire romaine. Une seule toile (l’Enlèvement d’Hélène, de Guido Reni) honore la mythologie grecque. Saisis à la Révolution, les originaux sont aujourd'hui conservés au Louvre et dans d’autres musées français selon le décret Chaptal[12]. Un seul tableau est de l'école française, celui de Nicolas Poussin qui vivant à Rome était alors assimilé à l'école romaine.

Des copies par les frères Balze (Paul Balze et Raymond Balze) les remplacent.

Boiseries[modifier | modifier le code]

De 1714 à 1719, lors d'une nouvelle campagne de décoration, les actuelles boiseries sont sculptées par Robert de Cotte et François-Antoine Vassé.

Deux trophées encadrent la Galerie :

  • au-dessus de la porte, le triomphe de Diane Chasseresse, accompagnée de bois de cerfs taillés dans un seul morceau de corne ;
  • à l’extrémité, au-dessus de la cheminée, Leucothée, déesse protectrice des marins, guide une proue de navire.

Cette iconographie évoque les charges du comte de Toulouse, amiral de France dès cinq ans et Grand veneur à vingt ans.

Des reproductions des dix tableaux d'origine sont insérées dans les boiseries.

Six miroirs disposés symétriquement réfléchissent la lumière des larges fenêtres.

Enfin, les boiseries des angles représentent chacune l'un des quatre continents. L'Afrique et l'Amérique veillent sur l'entrée tandis que l'Asie et l'Amérique trônent de part et d'autre de la cheminée[6],[1],[4].

Cheminée[modifier | modifier le code]

À l’opposé de l’entrée se situe une cheminée de 1813. Dans l'âtre, une plaque en bronze porte les armoiries Bourbon du duc de Penthièvre (fleurs de lys et bâton de la bâtardise) avec les ordres de la Toison d'or, de Saint-Michel et du Saint-Esprit.

Sur la cheminée trône un buste sculpté de Mansart. Il porte la haute perruque des architectes[6].

Lieu de tournage[modifier | modifier le code]

En 2019, une équipe de l'émission Secrets d'Histoire a tourné plusieurs séquences dans la galerie dans le cadre d'un numéro consacré aux favoris de Marie-Antoinette d'Autriche, intitulé Les favoris de Marie-Antoinette et diffusé le 13 janvier 2020 sur France 3[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f « La Banque de France ouvre les portes de sa Galerie Dorée », FIGARO,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. « GRAND FORMAT. Les palais parisiens dévoilent leurs dorures », L'Obs,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. a et b « Pleins feux sur la galerie Dorée de la Banque de France | Connaissance des Arts », Connaissance des Arts,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. a b et c Arnaud Manas, « Les transformations de la Galerie dorée du comte de Toulouse », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles,‎ (ISSN 1958-9271, DOI 10.4000/crcv.14438, lire en ligne, consulté le ).
  5. Étienne Goetz, « Banque de France, le faste à l'abri des regards », sur Les Echos, (consulté le )
  6. a b c d e et f « SOUS LES ORS DE LA GALERIE DOREE DE LA BANQUE DE FRANCE », sur La Critique Parisienne (consulté le ).
  7. « La Banque de France rouvre sa galerie dorée », sur Le Journal des Arts, (consulté le ).
  8. « La restauration des boiseries de la Galerie Dorée », Les Ateliers de la Chapelle,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. « Banque de France - Perrot & Richard, Architectes », sur www.perrot-richard.com (consulté le ).
  10. « La restauration de la Galerie dorée de la Banque de France », Banque de France,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. Arnaud Manas, « La fresque de François Perrier de la galerie de l’hôtel de La Vrillière : une nouvelle interprétation », Artibus et historiae, 82e série, vol. XLI,‎ , p. 287-303
  12. a et b « La Galerie dorée », Banque de France,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. voir le thème astral de Louis XIV : https://www.astrotheme.fr/astrologie/Louis_XIV_de_France.
  14. « "Secrets d’Histoire : Les favoris de Marie-Antoinette" lundi 13 janvier à 21h05. », sur les-infos-videos.fr (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]