Gabriële Buffet-Picabia

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Gabriële Buffet-Picabia
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Madeleine Françoise Marie Gabriële BuffetVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Conjoint
Francis Picabia (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Laure Marie Catalina Martinez-Picabia (d)
Gabriel François Martinez-Picabia (d)
Gabrielle Martinez-PicabiaVoir et modifier les données sur Wikidata
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Gabriële Buffet-Picabia (souvent orthographié Gabrielle Buffet-Picabia), née Madeleine Françoise Marie Gabriële Buffet[1], est une musicienne française et une personnalité liée au mouvement dada, née le à Fontainebleau et morte à Paris le .

Biographie[modifier | modifier le code]

Gabrielle Madeleine Françoise Marie Buffet est née le 21 novembre 1881 à Fontainebleau[2],[3]. Elle est la fille du colonel de cavalerie Alphée Buffet et de Laure Hugueteau de Chaillé. Elle est élevée dans une famille sensible au monde de l’art et grandit auprès d’un frère artiste peignant avec classicisme, bien loin des travaux dits visionnaires de son futur époux. L’accès aux classes de composition du Conservatoire est encore limité pour les femmes, elle s’inscrit alors à la Schola Cantorum de Paris en 1899. Elle y suit les cours de composition de Vincent d’Indy, entre 1900 et 1933. En 1906, elle part à Berlin pour poursuivre sa formation avec Ferruccio Busoni[4]. Âgée de 25 ans, à Berlin, elle rencontre Edgard Varèse, futur compositeur.

De passage à Versailles, elle fait la connaissance du peintre Francis Picabia[5] lors d'un trajet automobile, une panne les retenant dans un garage où ils conversent toute une nuit[6]. Ils se marient en 1909[7].

Elle abandonne la musique à cette époque pour se tourner vers la peinture. D'après deux articles qu'elle publie, elle semble déçue par la musique et pessimiste quant à son avenir. Contrairement à la peinture, la musique ne peut se suffire à elle-même. Elle partage avec Francis Picabia ses recherches picturales qui les mènent à une « peinture pure » d'après ses propres termes[4].

En octobre 1912, alors qu'elle se trouve avec sa mère dans la maison familiale d'Étival, Picabia l'y rejoint en compagnie de Guillaume Apollinaire et de Marcel Duchamp[8]. Le premier y acheva son fameux poème, Zone (le poème liminaire d'Alcools) ; ce voyage inspire au second quatre « notes marginales » « Route Jura-Paris » de La Boîte de 1914[9], prélude à son œuvre La Mariée mise à nu par ses célibataires, même.

Gabriële Buffet-Picaba soutient la création et la carrière de son mari. Elle organise des conférences et des expositions. En 1913, elle l'emmène à New York pour l'Armory Show en mars 1913; première grande exposition d'art aux États-Unis[10],[11],[5]. Leurs enfants sont placés dans une pension pendant ce temps[6].

Aux États-Unis, elle donne des conférences sur l'art moderne, rencontre Gertrude Stein et donne des interviews[1]. À son retour, elle souhaite ouvrir sa propre galerie d'art en 1914 mais le déclenchement de la Première Guerre mondiale met un terme au projet. Cependant, elle constitue une importante collection de peintures qui est perdue après sa mort[1]. Pendant la guerre, elle est volontaire auprès de la Croix-Rouge mais séjourne souvent à l'étranger, New York et Barcelone notamment, avec Francis Picabia qui tente d'échapper à la conscription[1].

Elle a quatre enfants avec Francis Picabia : Marie, Pancho, Gabrielle Cécile dite « Jeannine » et Vicente, et divorce en 1930.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle s'engage dans la résistance, de même que sa fille Jeannine[12],[3].

Elle apparaît à la télévision dans un documentaire de Jean-Marie Drot et Charles Chaboud intitulé Les Heures chaudes de Montparnasse, diffusé sur l'unique chaîne de télévision le lundi 18 mars 1963[13] et, en 1967, dans Dada, un documentaire de Marcel Janco et Greta Deses.

Elle meurt à plus de 104 ans le à Paris[14].

Distinction[modifier | modifier le code]

Postérité[modifier | modifier le code]

En août 2017, Anne et Claire Berest, ses arrière-petites-filles et petites-filles de Vincente Picabia, racontent son histoire dans leur ouvrage Gabriële[1], publié aux éditions Stock. Elles écrivent que c'est son frère qui lui présente Picabia ; elle ne rencontrera Marcel Duchamp que plus tard en apportant des tableaux chez le galeriste de son mari. Et c'est Picabia qui lui présente Apollinaire en juin 1912 en Angleterre. En 2023, elles publient la correspondance de Picabia avec Gabriële, Lettres et poèmes à Gabriële (Seghers, 2023)[16].

Publications[modifier | modifier le code]

  • « Impressionnisme musical », in La Section d’Or, n° 1, 9 octobre 1912
  • « Modern Art and the public », in Camera Work, juin 1913
  • « Musique d'aujourd'hui », in Les Soirées de Paris, n° 22, mars 1914, p. 181-183
  • Jean Arp, essai, coll. « L'Art abstrait », Presses littéraires de France, 1952
  • Aires abstraites, Genève, Pierre Cailler Éditeur, 1957 - préfacé par Jean Arp
  • « Picabia, l'inventeur », in L'Œil, n° 18, juin 1956
  • Rencontres avec Picabia, Apollinaire, Cravan, Duchamp, Arp, Calder, P. Belfond, 1977

Traductions[modifier | modifier le code]

Hommage[modifier | modifier le code]

Documentaire[modifier | modifier le code]

  • Marthe Le More, Gabriële Buffet-Picabia, la femme au cerveau érotique, Arte, 2022[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Claire Berest et Anne Berest, Gabriële, Paris, Stock, coll. « La Bleue », , 450 p. (ISBN 978-2-234-08032-4).
    Elle fit de ce quatrième prénom à la graphie insolite, son prénom d'usage.
  2. « GAIA 9 : moteur de recherche », sur archives-en-ligne.seine-et-marne.fr (consulté le ).
  3. a et b « Gabrielle Madeleine Françoise Marie Buffet épouse Picabia - Les Français Libres », sur www.francaislibres.net (consulté le )
  4. a et b B. A. Delattre, « Gabrielle Buffet et l’impossibilité d’une musique pure », sur OmbrElles, (consulté le )
  5. a et b Lisbeth Koutchoumoff, « Que voulez-vous, ma femme a un cerveau érotique... », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  6. a b et c Valérie Duponchelle, « Gabriële Buffet-Picabia, femme d'avant-garde », Le Figaro, supplément Le Figaro et vous,‎ 30 avril -1er mai 2022, p. 33 (lire en ligne).
  7. « Biographie de Francis Picabia par Beverley Calte », sur picabia (consulté le )
  8. Gabriële Buffet-Picabia, Aires abstraites, Pierre Cailler Éditeur, Genève, 1957.
  9. Duchamp du signe, Flammarion, coll. « Champs », 1994, p. 41-42.
  10. « Deux sœurs à la recherche de leur arrière-grand-mère », sur Connaissance des Arts, (consulté le )
  11. Petit Bulletin Lyon Connaître, « Gabriële Buffet-Picabia : sa vie, leur oeuvre », sur www.petit-bulletin.fr (consulté le )
  12. (en) Sherri Greene Ottis, Silent Heroes : Downed Airmen and the French Underground, University Press of Kentucky, , 331 p. (ISBN 978-0-8131-8838-6, lire en ligne)
  13. Télé 7 Jours n° 156, semaine du 16 au 22 mars 1963, pages 29 et 31.
  14. Archives en ligne de Paris, 16e arrondissement, année 1985, acte de naissance no 1890, cote 16D 275, vue 8/23
  15. Ordre de la Libération - base des médaillés de la Résistance française, « Fiche Gabrielle Madeleine Françoise Marie Buffet » (consulté le )
  16. Jean-René Van der Plaetsen, « Anne Berest, la mémoire des morts », Le Figaro Magazine,‎ , p. 32 (lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]