Front austro-serbe (Première Guerre mondiale)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Front austro-serbe

Informations générales
Date -
Lieu Serbie
Casus belli Attentat de Sarajevo
Issue Capitulation de l’Autriche Hongrie. Fondation de la Yougoslavie.
Belligérants
Triple-Entente
Triple-Alliance / Empires centraux
Commandants
Forces en présence
  • 400 000 soldats (1914)
    250 000 soldats (automne 1915)
    90 000 soldats (septembre 1918)
  • 45 000 soldats (1914)
  • 240 000 soldats (août 1914)
    140 000 soldats (octobre 1914)
  • 500 000 soldats (automne 1915)
  • 150 000 soldats (automne 1915)
Pertes
Militaires
Militaires

Première Guerre mondiale

Batailles

Front des Balkans


Front d'Europe de l'Ouest


Front italien


Front d'Europe de l'Est


Front africain


Front du Moyen-Orient


Bataille de l'Atlantique

Dès la déclaration de guerre de l'Autriche-Hongrie au royaume de Serbie, des opérations militaires mettent aux prises d'une part les forces serbes et monténégrines, et d'autre part les forces austro-hongroises appuyées à partir de 1915 par les forces allemandes et bulgares puis ottomanes. Elles débutent par le bombardement de Belgrade par l'artillerie austro-hongroise. Cependant, l'armée austro-hongroise, engagée par ailleurs sur le front russe, ne peut venir à bout de la Serbie. À l'automne 1915, l'arrivée de renforts allemands et l'entrée de la Bulgarie dans la Première Guerre mondiale permet aux forces des empires centraux de mener une offensive convergente aboutissant à la conquête puis à l'occupation conjointe de la Serbie. Après la retraite de l'armée serbe par l'Albanie, les opérations se poursuivent dans le sud de la Macédoine.

Les belligérants[modifier | modifier le code]

Dès le déclenchement de la Crise de juillet, le 28 juin 1914, les deux principaux protagonistes, l'Autriche-Hongrie et la Serbie se font face.

Objectifs militaires et politiques[modifier | modifier le code]

La liaison directe avec l'Empire ottoman[modifier | modifier le code]

Dès les premiers jours du conflit, la question de la continuité des liens terrestres entre l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie d'une part, l'Empire ottoman et plus tard la Bulgarie d'autre part, se pose avec acuité[1].

Ainsi, en 1915, les objectifs du commandement allemand dans les Balkans visent à la réalisation d'un ensemble politique, économique et militaire géographiquement homogène, structuré autour des voies ferrées reliant la mer du Nord au Golfe Persique[1].

Les opérations[modifier | modifier le code]

Le front entre la double monarchie et la Serbie apparaît rapidement secondaire dans le conflit européen. Il est cependant actif durant tout l'été et l'automne 1914, à l'automne 1915, puis, après la retraite serbe, connaît à partir de 1916 une phase statique, avant de constituer un front mobile durant les dernières semaines du conflit, en septembre et octobre 1918.

La campagne de 1914[modifier | modifier le code]

Les opérations débutent dès la déclaration de guerre de la double monarchie à la Serbie, le 28 juillet 1914 dans la soirée, par le bombardement de Belgrade par l'artillerie austro-hongroise. Ainsi, ce front constitue le premier à s'enflammer en 1914 lors du déclenchement de la guerre. Au cours des semaines qui suivent, les opérations se limitent à une guerre de patrouilles le long de la frontière austro-serbe[2]. Parallèlement à cette guerre de patrouilles, les services d'espionnage austro-hongrois parviennent à faire sauter les ponts ferroviaires, coupant les lignes de chemin de fer reliant Belgrade à Salonique, principal port par lequel les Alliés approvisionnent la Serbie[3].

Le les Serbes repoussent les forces austro-hongroise près de Mokra-Gora.

Le 12 août 1914, les forces austro-hongroises se lancent à l'assaut de la Serbie, le commandant austro-hongrois, Oskar Potiorek, souhaitant remporter une victoire rapide contre la Serbie par une manœuvre de flanc. Cette tentative est définitivement stoppée par deux victoires serbes, au Mont Cer le 17 août et à Jadar, le 21[2]. À la suite de ces victoires, les Serbes, appuyés par les Monténégrins, pénètrent en Bosnie-Herzégovine.
Le , les troupes serbes commandées par le général Yourichitch mettent déroute l'armée autrichienne à la bataille d'Adar[4].
Mais ils doivent se retirer : au début d'octobre, à la suite de la résistance des unités austro-hongroises[5], l'avance serbe à l'intérieur de la double-monarchie est stoppée sur la route de Palé à Sarajevo[6]. Le 18 octobre, les unités serbes repassent la Drina, marquant la frontière entre le royaume de Belgrade et la double monarchie[5].

À l'issue de cette campagne, les Serbes ont repoussé les Austro-hongrois du territoire serbe, mais se montrent incapables, pour des raisons logistiques et matérielles, d'exploiter leurs victoires à l'intérieur de la double monarchie[7]. De même, les unités de la double monarchie ne sont pas plus parvenues à écraser la Serbie, conformément aux souhaits de Conrad[8].

La campagne de 1915[modifier | modifier le code]

Militaires austro-hongrois avec un télémètre à Matovici, Serbie, v. 1914-1915.

En 1915, l'entrée en guerre de l'Italie aux côtés de la Serbie, puis de la Bulgarie aux côtés des puissances centrales, modifient les conditions de la confrontation austro-serbe. Au printemps, les Austro-hongrois doivent déployer des unités face à l'armée italienne, prélevées aussi sur le front de Serbie; à l'automne, appuyées par des éléments allemands, les unités austro-hongroises débutent une nouvelle campagne de Serbie, que l'intervention bulgare soutient efficacement quelques jours plus tard.

Dans les premiers mois de l'année 1915, la guerre sur le front austro-serbe prend la forme d'une guerre de patrouilles. En avril, cependant, les Russes demandent une offensive serbe de soutien à l'avancée russe dans les Carpates; le lancement de l'offensive allemande de printemps remet en cause la planification alliée[7].

Cette occasion manquée, l'entrée en guerre de l'Italie ravive les espoirs alliés d'une offensive serbe, mais les soupçons serbes, nés des négociations avec la Bulgarie, incitent le gouvernement du royaume de Belgrade à ne pas donner suite aux demandes d'offensive[9].

Ainsi, après des semaines de préparation voulue la plus discrète possible[10],le 6 octobre 1915, l'artillerie austro-hongroise installée sur la rive droite du Danube pilonne les positions serbes installées sur la rive gauche du fleuve[11]. Les premiers combats sont violents et les troupes germano-austro-hongroises progressent difficilement devant la résistance de l'armée et de la population serbes[12].

Au début de l'année 1916, le Monténégro, presque totalement encerclé par la conquête de la Serbie, est à son tour réduit. Au terme de plusieurs jours de combat et de bombardement aériens et terrestres violents, le royaume capitule le 16 janvier, le roi s'embarquant pour l'Italie avec sa cour et une partie de sa famille[13].

La capitulation monténégrine menace les routes de retraite serbes, tant celles qui empruntent les voies de passage monténégrines que celle qui serpentent en Albanie; ainsi, des itinéraires sont planifiés, afin de mener les Serbes épuisés à Scutari et à Saint-Jean de Médua[14].

Le front de Macédoine[modifier | modifier le code]

Le front d'Albanie[modifier | modifier le code]

Issue[modifier | modifier le code]

La solidité du front austro-hongrois est remise en cause par l'armistice bulgare. Ainsi, durant le mois d'octobre 1918, les troupes de la double monarchie retraitent vers les frontières de la double monarchie.

Retraite germano-austro-hongroise[modifier | modifier le code]

Dès l'annonce de l'armistice bulgare, les stratèges austro-hongrois, mais aussi allemands, tentent de stopper la progression des unités alliées qui remontent depuis la Macédoine grecque; face à une avance menée avec rapidité et témérité par des unités franco-serbes bien équipées, mais ravitaillée au gré des villages serbes qu'elles trouvent sur leurs routes, les germano-austro-hongrois tentent de concentrer une armée dans la région de Nič, puis à la frontière austro-serbe[15].

Une armée austro-allemande, composée de 10 divisions austro-allemandes et placée sous le commandement de Hermann Kövess, est alors concentrée dans la région de Belgrade, mais, face aux initiatives franco-serbes, ces troupes ne peuvent pas s'opposer efficacement à la rapide reconquête de la Serbie, en dépit de la constitution rapide d'un front organisé dans les derniers jours d'octobre 1918[15].

Ainsi, le 29 septembre, Uskub, en Macédoine serbe, est conquise par les troupes alliées[16]. Nič, puis Mitroviča sont conquises le 22 octobre; le 1er novembre, Belgrade est libérée par les troupes franco-serbes, avec le régent Alexandre à leur tête[15].

L'armée d'Albanie opère sa retraite de façon ordonnée, sans graves troubles internes, Karl von Pflanzer-Baltin parvenant à ramener dans les frontières de la monarchie non seulement ses unités, mais aussi son matériel, tandis qu'il est talonné par les unités franco-serbes[17].

Arrêt des hostilités[modifier | modifier le code]

Le 12 novembre, alors que la Hongrie a proclamé son indépendance, une convention est signée entre les représentants du gouvernement de Budapest et les militaires franco-serbes commandant les unités remontant depuis la Macédoine.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Le Moal, 2008, p. 86
  2. a et b Le Moal 2008, p. 48.
  3. Schiavon 2011, p. 88, note 3.
  4. Excelsior du 6 septembre 1914 : La déroute autrichienne à la bataille d'Adar, page 4
  5. a et b Schiavon 2011, p. 88.
  6. Le Moal 2008, p. 49.
  7. a et b Schiavon 2014, p. 118.
  8. Schiavon 2011, p. 79.
  9. Schiavon 2014, p. 119.
  10. Schiavon 2011, p. 118.
  11. Le Moal 2008, p. 88.
  12. Le Moal 2008, p. 89.
  13. Le Moal 2008, p. 100.
  14. Le Moal 2008, p. 101.
  15. a b et c Schiavon 2011, p. 229.
  16. Schiavon 2011, p. 228.
  17. Schiavon 2011, p. 231.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Dušan T. Bataković et al. (trad. Ljubomir Mihailovic), Histoire du peuple serbe, Lausanne (Suisse) Paris, L'Age d'homme, , 386 p. (ISBN 978-2-8251-1958-7, lire en ligne), p. 245-266.
  • Jean-Paul Bled, L'agonie d'une monarchie : Autriche-Hongrie 1914-1920, Paris, Tallandier, , 463 p. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • François Cochet et Rémy Porte, Dictionnaire de la Grande Guerre 1914-1918, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins »,
  • Fritz Fischer (trad. Geneviève Migeon et Henri Thiès), Les Buts de guerre de l’Allemagne impériale (1914-1918) [« Griff nach der Weltmacht »], Paris, Éditions de Trévise, , 654 p. (BNF 35255571) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Frédéric Le Moal, La Serbie du martyre à la victoire. 1914-1918, Paris, Éditions SOTECA, 14-18 Éditions, coll. « Les Nations dans la Grande Guerre », , 257 p. (ISBN 978-2-916385-18-1) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Pierre Miquel, La Grande Guerre, Paris, Fayard, (réimpr. 1990, 1992), 663 p. (ISBN 978-2-213-01323-7).
  • Pierre Renouvin, La Crise européenne et la Première Guerre mondiale, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Peuples et civilisations » (no 19), (réimpr. 1939, 1948, 1969 et 1972) (1re éd. 1934), 779 p. (ISBN 978-2-13-030564-4, BNF 33152114).
  • Max Schiavon, L'Autriche-Hongrie la Première Guerre mondiale : La fin d'un empire, Paris, Éditions SOTECA, 14-18 Éditions, coll. « Les Nations dans la Grande Guerre », , 298 p. (ISBN 978-2-916385-59-4) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Max Schiavon, Le front d'Orient : Du désastre des Dardanelles à la victoire finale 1915-1918, Paris, Taillandier, , 378 p. (ISBN 979-10-210-0672-0) Document utilisé pour la rédaction de l’article

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]