Fresque de salle de garde

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Les fresques de salle de garde, ou fresques carabines, sont des peintures murales, le plus souvent obscènes, décorant les lieux de repos (salle de garde) des personnels dans les centres hospitaliers.

Elles sont présentes dans une trentaine de salles en France, principalement en Île-de-France[1]. Dans un contexte de dénonciation des comportements sexistes à l'hôpital[2], elles deviennent une pratique gênante et anachronique[1]. En France, le gouvernement cherche à imposer leur interdiction en 2023[3],[4].

Dans l'histoire[modifier | modifier le code]

Un magazine national français d'art contemporain[5] évoque de grands noms d'artistes, peintres ou illustrateurs, ayant collaboré à la mise en place de ces fresques : Gustave Doré, Stéphane Baron, Bellery Desfontaines, Olivié-Bon, Quatre, Isaac d'Hatis, Frédéric Delanglade. Des légendes évoquent même Toulouse-Lautrec ou Foujita, mais leurs fresques n'existant plus, il est compliqué d'en affirmer la véracité. Plus récemment, Gérard Lauzier, ou Charb (malheureusement inachevée). Pour Patrick Le Fur, par ces prédécesseurs, les fresques de salle de garde appartiennent pleinement à l'histoire de l'art[6].

Le Quotidien de l’Art confirme ce qui précède : dans un article du , dans le contexte de la communication d’une instruction ministérielle du portant sur le retrait de certaines des fresques[4],[7], la revue indique que selon la légende, des artistes illustres, parmi lesquels, outre Gustave Doré, Foujita et Toulouse-Lautrec déjà cités, Oscar Domínguez, Vuillard ou encore Puvis de Chavannes, auraient participé à la réalisation de certaines de ces fresques[8].


Polémiques[modifier | modifier le code]

En 2015, la fresque du CHU de Clermont-Ferrand fait scandale : une scène de viol est accompagnée de critiques du projet de loi santé de la ministre Marisol Touraine[9]. Certains internes défendent une pratique traditionnelle[9],[10], d'autres dénoncent des manifestations de comportements machistes dans les hôpitaux[11],[12].

Symbolisme[modifier | modifier le code]

L'ethnologue Christian Hottin exprime dans son rapport concernant les fresques de salle de garde en 2003 les liens qui se tissent entre les différents acteurs des rites collectifs internes aux salles de garde :

« Rapport symbolique : l'œuvre d'art, en raison (entre autres) de sa visibilité, de son coût et du prestige attaché au travail artistique, peut constituer un support pérenne des représentations élaborées par le groupe à l'intention de ses membres ou en direction de l'extérieur (autres communautés ou collectivités plus vastes telle que la Nation). Créée pour participer à la constitution de l'identité collective, elle peut devenir par le biais d'une réappropriation patrimoniale, élément constitutif du sentiment communautaire. Deux intuitions, développées en hypothèses de travail et étayées lors d'une recherche antérieure portant sur les décors des palais universitaires, supposaient, d'une part, que les représentations supportées par les œuvres d'art ne pouvaient être dissociées de celles développées via d'autres médias utilisés par les groupes humains étudiés (principalement les textes et les cérémonies assimilables à des rites collectifs) et, d'autre part, que ces représentations, quel que soit leur mode d'expression, s'articulaient autour des mêmes thématiques, quelle que soit la position relative de leurs producteurs au sein du groupe (élèves, anciens élèves, professeurs, dirigeants administratifs). »[13]

Les élus sont peu nombreux et triés sur leurs compétences : être médecins ou pharmaciens en formation, être internes. Selon Côme Bureau, ils sont respectés en tant qu'individus, pour leurs qualités d'administrés, leur langage, leur répartie et leur savoir-vivre."[14]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Patrice Josset, La Salle de garde. Histoire et signification des rituels des salles de garde du Moyen Âge à nos jours, éditions Le Léopard d'Or, , 270 p., 14 × 22 cm (ISBN 2-86377-139-6, présentation en ligne)[15]
  • Côme Bureau pour l'APPI et le PDD Internes, fossiles et parasites, Le petit livre rouge de la Salle de Garde, La Médicale, 2017 (rééd.), 60 p. (présentation en ligne)

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « En salle de garde, des fresques obscènes intouchables », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. « Harcèlement à l’hôpital : entre humour carabin, sexisme et faits graves, les avis divergent », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. « Les « fresques carabines » à caractère sexiste ou pornographique dans les salles de garde d’hôpitaux devront être retirées », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  4. a et b LIBERATION et AFP, « Lutte contre les violences sexuelles : les fresques obscènes dans les hôpitaux vont être retirées », sur Libération (consulté le ).
  5. Le Fur,, Artension 114 [« Les fresques de salles de garde... de l'art ou du cochon? »], Paris, Artension (no 114), (lire en ligne), pp 84-87
  6. Patrick Le Fur, Artension : le magazine de l'art vivant, Lyon (no 114), , 104 p. (lire en ligne), p. 84 à 87
  7. « Société. Le gouvernement demande le retrait des fresques à connotation sexuelle dans les hôpitaux », sur www.dna.fr (consulté le )
  8. Léopold Vassy, « Fresques carabines : fin d'un art grivois à la française ? », Le Quotidien de l 'Art, no 2627,‎ (lire en ligne Accès payant)
  9. a et b Cécile Bourgneuf, « Fresque polémique du CHU de Clermont-Ferrand : les internes se défendent », sur Libération, (consulté le ).
  10. Cécile Bourgneuf, « Fresque : les internes font corps », sur Libération, (consulté le ).
  11. Cécile Bourgneuf, « Clermont-Ferrand : «Les étudiants mettent tout sur le même plan, le cul comme les résultats aux examens» », sur Libération, (consulté le ).
  12. Anne Gervais, « La fresque de Clermont-Ferrand est l’expression caricaturale du sexisme du monde hospitalier », sur Libération, (consulté le ).
  13. Christian Hottin, « Fresques des Salles de garde des hôpitaux de Paris », Labyrinthes n°14,‎ hiver 2002-2003, p. 75 à 100 (lire en ligne [PDF])
  14. Côme Bureau pour l'APPI et le PDD Internes, fossiles et parasites, Le petit livre rouge de la Salle de Garde, La Médicale, 2017 (rééd.), 60 p. (présentation en ligne), p. 9
  15. Eric Favereau, « Fesses en fresques à l'hôpital », sur Libération, (consulté le )