Freshwater (pièce de théâtre)

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Freshwater
Auteur Virginia Woolf
Genre Comédie
Nb. d'actes Trois
Version originale
Titre original Freshwater : A Comedy
Langue originale Anglais
Pays d'origine Angleterre
Éditeur original Hogarth Press
Lieu de parution originale Londres
Date de parution originale 1976
Date de création 18 janvier 1935
Lieu de création Fitzroy Street, Londres
Version française
Traducteur Elisabeth Janvier
Lieu de parution Paris
Éditeur Des femmes

Freshwater (Eau douce) est une pièce de théâtre écrite et réalisée par Virginia Woolf en 1935.

Il s'agit de la seule œuvre dramatique de l'auteure. Bien que cette pièce n'ait été jouée qu'une fois du vivant de Virginia Woolf, elle a depuis été traduite dans de nombreuses langues, et jouée dans autant de pays. Freshwater est une courte comédie en trois actes qui propose une satire de l'époque victorienne[1].

Genèse et mise en scène[modifier | modifier le code]

Photo of Julia Margaret Cameron's home Dimbola Lodge in 1871, the setting for the play
Dimbola Lodge en 1871, le décor d'Eau Douce.

Virginia Woolf réalise des recherches sur la vie de sa grand-tante, la photographe Julia Margaret Cameron, dont elle publie les résultats dans un essai intitulé Pattledom (1925)[2], et plus tard, dans son introduction à son édition des photos de Cameron (1926)[3],[4]. Elle avait aussi commencé en 1923 à travailler à une pièce de théâtre basée sur un épisode de la vie de Cameron, mais ce projet n'avait pas connu pas de suite.

Finalement, la pièce est représentée le 18 janvier 1935 au studio de sa sœur Vanessa Bell, rue Fitzroy à Londres[5]. Woolf en est elle-même la metteur en scène, et les acteurs sont essentiellement des membres du Groupe de Bloomsbury : Leonard, son mari, sa sœur Vanessa, la fille de celle-ci, Angelica Garnett, et le père de cette dernière, Duncan Grant. La pièce n'est pas jouée à nouveau au cours de la vie de Virginia Woolf.

Le texte est trouvé parmi les papiers de Leonard Woolf après la mort de celui-ci en 1969[6], et n'est publié qu'en 1976. La maison d'édition Hogarth Press la publie alors, éditée par Lucio Ruotolo[7], qui vivait à l'époque dans la maison de Virginia Woolf, Monk's House[8],[5]. L'édition est illustrée par Edward Gorey[9].

Personnages[modifier | modifier le code]

Intrigue[modifier | modifier le code]

Photo of Alfred Tennyson's home at Freshwater, Harringford House in 1908
La demeure de Tennyson, Farringford House, à Freshwater.

La pièce tire son nom de Freshwater, un village sur l'île de Wight en Angleterre, où Julia Margaret Cameron, dans les années 1860, dans sa demeure nommée Dimbola Lodge, mène une vie de bohème entourée de plusieurs artistes et personnalités du monde littéraire, dont George Frederick Watts et Tennyson. La maison voisine de Tennyson, Farringford, est un autre lieu où convergent les artistes. L'intrigue tourne autour de la jeune actrice Ellen Terry et de ses tentatives pour échapper à son mariage avec Watts, plus âgé qu'elle. La pièce traite notamment d'histoires familiales, et se moque aussi des conventions de l'époque victorienne, que le groupe de Bloomsbury combat et auxquelles il souhaite échapper[10]. Les Cameron se préparent à partir pour l'Inde, tandis que Mme Cameron et Mme Watts s'attardent à dépeindre Ellen. Ellen, elle, s'intéresse à un jeune lieutenant naval, qu'elle conçoit comme sa chance de s'évader pour aller à Bloomsbury[6]. Ces différents points de l'intrigue rassemblent en un seul après-midi un certain nombre d'événements historiques[4].

Représentations[modifier | modifier le code]

À New York en 2009, les versions de 1923 et de 1935 sont combinées pour la première fois dans une production Off-Broadway, dans le cadre des célébrations du 128e anniversaire de Wirginia Woolf[11],[9]. À la suite de la représentation, Charles Isherwood loue notamment les jeux de mots, le langage de cette œuvre[12].

À Londres, la pièce est jouée en 2012 dans l'ancienne maison de Virginia Woolf au 46 Gordon Square (qui fait maintenant partie de l'École des Arts, Birkbeck College)[13]. Freshwater a également été réalisée dans la Monk's House, à Rodmell, dans le Sussex[14].

La pièce est traduite en français en 1982[15], en espagnol en 1980, et en allemand en 2017[16]. Elle est présentée à Paris en 1982 au Centre Pompidou, et à Mayence, en Allemagne, en 1994. La mise en scène de la production française est relancée en 1983, à New York, et compte notamment, parmi ses comédiens, Eugène Ionesco, Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute, Joyce Mansour, Guy Dumur et Florence Delay[17],[18].

Réception[modifier | modifier le code]

Portrait of Ellen Terry by Julia Margaret Cameron in 1864
Ellen Terry par Cameron, en 1864.

Bien qu'elle ait initialement été un travail de petite envergure, non destiné à la publication, et même parfois considéré comme frivole[19], cette pièce revêt un sens plus riche lorsqu'elle est mise en relation avec la démarche et les idées de Woolf. Derrière la trame dramatique qu'elle présente, la pièce propose une réflexion sur les changements générationnels et sur la liberté artistique. Tout comme Woolf, le personnage de Cameron lutte contre les catégories de classe sociale et de genre propres au monde victorien[10]. Les thèmes et les réflexions de ce texte annoncent les œuvres ultérieures de l'auteure que sont La Promenade au phrase et Une chambre à soi. Le vol en avion d'Ellen pour Bloomsbury est notamment analysé comme symbolisant la libération du patriarcat[4].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Virginia Woolf, Freshwater : A Comedy by Virginia Woolf (The 1923 & 1935 Editions), Musaicum Books, 2017 1935 (lire en ligne).
  2. (en) Virginia Woolf, The Essays of Virginia Woolf Volume Four 1925-1928, Harcourt Brace Jovanovich, p. 280.
  3. (en) Julia Margaret Cameron, Victorian photographs of famous men & fair women, Londres, Hogarth Press, 1973 1926.
  4. a b et c (en) Kristine Swenson, « Hothouse Victorians : Art and Agency in Freshwater », Open Cultural Studies,‎ .
  5. a et b J.J. Wilson, « Lucio Ruotolo. March 14, 1927 - July 4, 2003 », dans J.J. Wilson et Eileen Barret (dir.), Virginia Woolf Miscellany, Southern Connecticut State University, [en ligne]. https://virginiawoolfmiscellany.files.wordpress.com/2013/09/vwm63summer2003.pdf [consulté le 15 novembre 2018].
  6. a et b (en) « Freshwater : A Comedy », Harcourt Brace Jovanovich,‎ (lire en ligne).
  7. (en) Virginia Woolf, Freshwater : A Comedy, éd. Ruotolo Lucio, Harcourt Brace Jovanovich, 1976..
  8. (en) Virginia Woolf, Freshwater, Hastings, Delphi Classics, 2017 1935 (lire en ligne).
  9. a et b (en) « Gorey illustrations of Woolf in Freshwater », sur bloggingwoolf.wordpress.com, (consulté le ).
  10. a et b (en) Masami Usui, « Julia Margaret Cameron as a Feminist Precursor of Virginia Woolf », Doshisha Studies in English,‎ , p. 59-83 (lire en ligne).
  11. (en) Adam Hetrick, « Two Versions of Virginia Woolf's Freshwater Are Combined for World Premiere in NYC; Cast Announced », Playbill,‎ 2009. (lire en ligne).
  12. (en) Charles Isherwood, « Proof That Virginia Woolf Did Have a Light Side », New York Times,‎ (lire en ligne).
  13. (en) Aoife Monks, « Virginia Woolf's play expose the silly side of the Bloomsburry group », The Guardien,‎ (lire en ligne).
  14. (en) « 'Freshwater' play by Virginia Woolf », sur staylewes.org.
  15. (en) Rosalind Brackenbury, Miss Stephen's Apprenticeship : How Virginia Stephen Became Virginia Woolf, Iowa city, University of Iowa Press, (lire en ligne).
  16. (en) Virginia Woolf, Bloomsbury & Freshwater, trad. Tobias Schwartz, Berlin, Aviva Verlag, 2017 1935.
  17. (en) Kristin Helmore et Grace D. Polk, « Virginia Woolf would've loves NYU's 'Freshwater' », Christian Science Monitor,‎ (lire en ligne).
  18. (en) Eva Hoffman, « Rare cast from France in a rare Woolf play », New York Times,‎ (lire en ligne).
  19. (en) Christopher Wixson, « The Theatrical Woolf », English Literature in Transition, 1880-1920, vol. 57, n° 2,‎ (lire en ligne).


Liens externes[modifier | modifier le code]

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