Franziska Giffey

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Franziska Giffey
Illustration.
Franziska Giffey en .
Fonctions
Bourgmestre de Berlin
Sénatrice à l'Économie, à l'Énergie et aux Entreprises
En fonction depuis le
(11 mois et 1 jour)
Bourgmestre-gouverneur Kai Wegner
Gouvernement Wegner
Prédécesseur Stephan Schwarz
Bourgmestre-gouverneure de Berlin

(1 an, 4 mois et 6 jours)
Gouvernement Giffey
Législature 19e
Coalition SPD-Grünen-Linke
Prédécesseur Michael Müller
Successeur Kai Wegner
Ministre fédérale allemande de la Famille, des Personnes âgées, des Femmes et de la Jeunesse

(3 ans, 2 mois et 5 jours)
Chancelier Angela Merkel
Gouvernement Merkel IV
Prédécesseur Katarina Barley
Successeur Christine Lambrecht
Maire de l'arrondissement de Neukölln

(2 ans, 11 mois et 6 jours)
Prédécesseur Heinz Buschkowsky
Successeur Martin Hikel
Biographie
Nom de naissance Franziska Süllke
Date de naissance (45 ans)
Lieu de naissance Francfort-sur-l'Oder (RDA)
Nationalité Est-allemande (1978-90)
Allemande (depuis 1990)
Parti politique SPD

Franziska Giffey Franziska Giffey
Bourgmestres-gouverneurs de Berlin
Ministres fédéraux de la Famille d'Allemagne

Franziska Giffey (/fʁanˈt͡sɪska ˈɡɪfaɪ/[a]), née Süllke le à Francfort-sur-l'Oder (République démocratique allemande), est une femme politique allemande membre du Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD). Elle est bourgmestre-gouverneure de Berlin de 2021 à 2023.

Elle est adjointe au maire de l'arrondissement berlinois de Neukölln entre et , année où elle prend sa succession avec le soutien d'une grande coalition SPD-CDU. En , elle entre au gouvernement allemand en qualité de ministre fédérale de la Famille.

Investie en cheffe de file aux élections régionales de 2021 à Berlin, elle démissionne de ses fonctions ministérielles en après des accusations de plagiat concernant sa thèse de doctorat. À la suite du scrutin berlinois, qu'elle remporte à la majorité relative, elle forme une coalition avec Les Verts et Die Linke.

En 2023, après une répétition des élections de 2021 qui voient la victoire relative de l'Union chrétienne-démocrate, elle décide de s'associer avec cette dernière. Elle cède alors la mairie à Kai Wegner.

Vie privée et professionnelle[modifier | modifier le code]

Franziska Süllke naît le à Francfort-sur-l'Oder. Elle épouse en Karsten Giffey, vétérinaire dont elle prend le nom de famille. Ils sont parents d'un enfant[1].

Elle commence à étudier l'enseignement de l'anglais et du français en à l'université Humboldt de Berlin, mais elle doit abandonner dès l'année suivante après qu'une dysphonie lui a été diagnostiquée, son médecin lui déconseillant très fortement de devenir enseignante[2].

Elle s'inscrit alors à l'université des sciences appliquées d'administration et de justice de Berlin (FHVR), où elle obtient en son diplôme en administration[3], puis un maîtrise en [4]. En , elle présente à l'université libre de Berlin une thèse de doctorat intitulée « La Voie de l’Europe vers les citoyens. La politique suivie par la Commission européenne pour faire participer la société civile »[5].

Elle s'installe en dans l'arrondissement berlinois de Neukölln et travaille au sein de la mairie comme responsable des affaires européennes. À cet égard, elle représente à plusieurs reprises le gouvernement de Berlin auprès du Parlement européen et de la Commission européenne[6].

Élue locale à Berlin[modifier | modifier le code]

Membre du Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) depuis [1], Franziska Giffey est nommée en adjointe au maire de Neukölln, déléguée à l'Éducation, aux Écoles, à la Culture et aux Sports[7].

Le , elle est élue maire de l'arrondissement, succédant à Heinz Buschkowsky (de), démissionnaire pour raisons de santé ; elle remporte au cours du scrutin 43 voix favorables, soit six de plus que le total des élus du SPD et de l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) qui la soutenaient, devenant la première femme maire de cet arrondissement de la capitale fédérale[8].

À ce poste, elle défend notamment le rôle de l'école comme moteur de l'intégration dans un quartier extrêmement cosmopolite, et se dit opposée à la présence de signes religieux dans l'enceinte scolaire[6].

Ministre fédérale de la Famille[modifier | modifier le code]

Franziska Giffey et Angela Merkel en 2019.

Lorsque la chancelière fédérale Angela Merkel constitue le son quatrième gouvernement, unissant une nouvelle fois la CDU-CSU et le SPD, Franziska Giffey est choisie par les sociaux-démocrates comme nouvelle ministre fédérale de la Famille, des Personnes âgées, des Femmes et de la Jeunesse[9]. Elle est ainsi la seule ministre — outre la chancelière — à être issue de l'ancienne Allemagne de l'Est[5].

Elle défend en suivant la décision controversée d'une école s'étant procuré des burkinis pour ses élèves musulmanes. Selon elle, l’initiative permet de pousser les filles musulmanes à pratiquer la natation dans le respect de leur pratique religieuse, tout en s'intégrant avec leurs camarades[10]. Cette position est critiquée, notamment par la secrétaire d’État à l’Intégration Serap Güler et l'islamologue Birgit Ebel, qui dénoncent ce choix[11].

Le suivant, elle se rend à Chemnitz, cinq jours après le meurtre d'un citoyen allemand par un demandeur d'asile, ce qui avait déclenché de violentes manifestations d'extrême droite. Elle est alors la première membre du gouvernement fédéral à se déplacer dans cette ville de Saxe[5].

Elle présente le , aux côtés d'Angela Merkel, le premier plan fédéral en faveur de l'égalité des sexes de l'histoire allemande, qui préconise l'augmentation du nombre de femmes aux postes de direction des secteurs public et privé, met en place un quota de 30 % de femmes dans les conseils d'administration de plus de 600 entreprises — six fois plus qu'avec la réglementation alors en vigueur — et appelle à une meilleure représentation féminine dans la vie politique[12].

Lors du conseil des ministres du , elle remet sa démission en raison d'accusation de plagiat concernant sa thèse de doctorat en sciences politiques, passée en . Le SPD indique qu'elle sera remplacée par la ministre fédérale de la Justice Christine Lambrecht jusqu'aux élections fédérales du 26 septembre 2021[13]. Déjà mise en cause deux ans auparavant, elle avait rejeté ces accusations, assurant avoir réalisé son travail « de bonne foi »[5].

Bourgmestre-gouverneure de Berlin[modifier | modifier le code]

Franziska Giffey reçoit les félicitations de Dietmar Woidke après son élection par la Chambre des députés.

Franziska Giffey est élue le co-présidente du Parti social-démocrate de Berlin, aux côtés du président du groupe parlementaire à la Chambre des députés Raed Saleh (de), puis obtient deux jours plus tard l'investiture du comité directeur pour se présenter en cheffe de file du parti aux élections régionales du 26 septembre 2021[14]. Un congrès régional convoqué spécialement à cet effet le ratifie cette investiture par 85,7 % de suffrages exprimés[15].

Le SPD remporte les élections berlinoises à la majorité relative, avec 21,4 % des suffrages. Elle négocie ensuite un accord de coalition avec Les Verts (18,9 %) et Die Linke (14,1 %). En désaccord avec Die Linke sur plusieurs questions, notamment le logement, elle avait d'abord tenté d’écarter ce parti au profit d'un accord avec le Parti libéral-démocrate (7,1 %) avant d'y renoncer[16]. Le pacte de coalition est scellé près de deux mois après le scrutin et publiquement présenté le suivant, prévoyant l'élection du nouveau sénat le [17].

Le , un congrès en ligne du SPD de Berlin ratifie le traité de coalition par 91,5 % des voix[18], suivi une semaine plus tard par une assemblée des Grünen qui l'approuve par 96,4 % des suffrages exprimés[19]. La Linke indique le que lors d'un référendum interne, les militants berlinois ont validé l'entente à 74,9 %[20].

Le , Franziska Giffey est effectivement élue bourgmestre-gouverneure par 84 voix pour et 52 contre, soit dix voix de plus que la majorité requise et huit voix de moins que le total de sa coalition[21]. Elle devient ainsi la première femme élue maire de la capitale allemande[22],[b].

Défaite électorale et départ du pouvoir[modifier | modifier le code]

À la suite de l'annulation des élections de 2021 en raison d'un chaos logistique, un nouveau scrutin est organisé le 12 février 2023. Le SPD perd trois points par rapport aux élections précédentes. Ce revers historique est attribué principalement aux difficultés de la municipalité à juguler la forte hausse des loyers et la pénurie croissante d’enseignants. Le SPD et ses alliés conservent toutefois leur majorité[23].

Franziska Giffey renonce finalement à reconduire sa coalition les Verts et Die Linke et choisit de faire alliance avec l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU). L'accord de coalition entre les deux partis prévoit qu'elle soit bourgmestre (adjointe au chef du gouvernement) et sénatrice à l'Économie, dans la grande coalition que dirige Kai Wegner. Parmi les sociaux-démocrates, cette alliance avec la droite est loin de faire l’unanimité : les douze mille adhérents du SPD à Berlin ne l’ont validée qu’à 54,3 %. Franziska Giffey est pour sa part très contestée dans son propre parti, où il est question de la remplacer à la tête de la fédération berlinoise du SPD[24].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Prononciation en haut allemand standardisé retranscrite selon la norme API.
  2. Louise Schroeder a déjà exercé ces fonctions en 1947 et en 1948 mais par intérim.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (de) Jens Picket, « Mächtig stolz auf Schwiegertochter », Volksstime,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. (de) « Franziska Giffey in Neukölln: Diese Frau wird Buschkowskys Nachfolgerin », Berliner Zeitung,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. (de) « Neue Vorwürfe gegen Giffey: "Ein Flickenteppich aus Plagiaten" », T-Online,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. (de) « Hochschule wird Giffeys Masterarbeit nicht prüfen », Frankfurter Allgemeine Zeitung,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. a b c et d « En Allemagne, une ministre accusée de plagiat lors de la rédaction de sa thèse », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. a et b « Allemagne : Franziska Giffey, une femme de l'Est au ministère de la Famille », Le Point,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. (de) « "Reform vernünftig umsetzen" », Die Tageszeitung,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. (de) « Franziska Giffey als Bürgermeisterin gewählt », Der Tagesspiegel,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. « Olaf Scholz, le nouveau poids lourd de Merkel IV », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. « Polémique des burkinis en Allemagne », Euronews,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. N. Makaveli, « Allemagne : le port du burkini pour les élèves musulmanes lors des cours de natation fait polémique », Tunisie Numérique,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. « L'Allemagne dévoile un plan pour renforcer l'égalité des sexes », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. « Allemagne: la ministre de la Famille démissionne sur des soupçons de plagiat », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. (de) « SPD-Landesvorstand nominiert Giffey als Spitzenkandidatin », RBB 24,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. (de) « Giffey ist SPD-Spitzenkandidatin für die Wahl in Berlin », Frankfurter Allgemeine Zeitung,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. Bruno Odent, « Allemagne. Berlin repart du pied gauche », L'Humanité,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. (de) « Berlin: Das steht im Koalitionsvertrag von SPD, Grünen und Linken », Berliner Zeitung,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. (de) « SPD stimmt klar für Rot-Grün-Rot - Giffey sieht "starken Rückenwind" », Rundfunk Berlin-Brandenburg,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. (de) « Berlins Grüne stimmen Koalitionsvertrag zu », Der Tagesspiegel,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. (de) « Berliner Linke stimmt für Regierungsbeteiligung », Der Tagesspiegel,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  21. (de) « Giffey zur Regierenden Bürgermeisterin gewählt », Tagesschau,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  22. « La sociale-démocrate Franziska Giffey élue maire de Berlin », La Libre Belgique,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  23. « La percée des conservateurs à Berlin met la coalition du chancelier Scholz sous pression », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  24. « Berlin bascule à droite, une première depuis vingt-deux ans », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]